J'ai trouvé ce second tome un ton en-dessous du premier, pour plusieurs raisons.
Première difficulté : cette période (1930 à 1950) m'intéresse moins que celle autour de la Grande Guerre. J'étais donc probablement plus exigeant envers le livre, dans l'espoir qu'il attise mon intérêt ou m'apprenne des choses nouvelles qui relance ma curiosité pour ces années.
Deuxième difficulté : la situation politique et sociale dans le monde est nettement plus complexe que vingt ans plus tôt, et donc il est encore moins aisé d'en dresser un tableau à la fois juste, complet et objectif en "seulement" neuf cent pages.
Troisième difficulté : j'ai trouvé le style de
Follett beaucoup plus laborieux dans ce tome, surtout au début. Les personnages m'ont semblé moins approfondis, l'enchaînement des scènes moins fluide, les descriptions moins travaillées (voire parfois bâclées). La forme générale m'a donc un peu déçu.
Quatrième difficulté : le nazisme. Ce que j'avais beaucoup apprécié dans le tome 1, c'était la relative impartialité dont avait su faire preuve l'auteur. Il n'y avait ni Bien ni Mal, ni Gentils ni Méchants, tout le monde était un peu l'un et l'autre, quel que soit le pays et le bord politique (même si on sentait évidemment les partis pris de l'auteur, ça restait léger). Mais comment faire preuve de la même impartialité face aux crimes des nazis ? à l'holocauste ? J'avais espéré que
Follett y parvienne, d'une certaine manière, pour éviter de sombrer dans l'excès de "les nazis sont les méchants absolus, il n'y a que du Mal en eux" et pour esquisser les causes qui ont pu conduire des humains à soutenir cette idéologie (sans pour autant justifier ni accepter leurs crimes). Mais le roman débute alors que le nazisme et sa violence sont déjà installés, et je me demande toujours comment autant d'humains ont pu verser là-dedans...
Cinquième difficulté : le fond. Je l'ai trouvé beaucoup moins travaillé que dans le tome précédent. Certains événements clés sont livrés en une maigre ligne comme s'il s'agissait de faits divers. D'autres sont oubliés. Aucune (ou peu) d'explications sont données sur les objectifs et les implications politiques de décisions capitales (alors que c'était souvent très judicieusement fait dans le 1, et j'avais adoré, j'avais appris énormément de choses sur le dessous des cartes). L'aspect social (comment vivent et pensent les gens de l'époque) se limite aux socialistes anglais et à la très haute aristocratie est-américaine. Et à côté de cette légèreté, il y a des longueurs interminables sur des scènes de romances, en particulier dans tout le premier quart, qui n'apportent absolument rien ni à
L Histoire, ni à l'intrigue, ni au contexte social. J'ai trouvé ce premier quart désespérément long, et la suite tristement expédiée.
Je ressors donc de cette longue lecture avec un sentiment mitigé. Oui, ça reste bien fait, bien documenté, très riche et enrichissant. Mais ça reste décevant par rapport à ce qu'avait démontré
Follett avant. J'attends donc avec appréhension de me lancer dans le troisième et dernier tome, parce que je crains que toutes les difficultés que j'ai rencontrées dans celui-ci n'y soient amplifiées (période plus complexe, beaucoup d'événements dans beaucoup de zones, période qui m'intéresse un peu moins, et risque que la troisième génération de personnages soit encore plus capillotractée que la seconde)