Carmen toute crue.
"L'éditeur sans interdit" Tabou spécialisé dans la bande dessinée érotique propose en 2023 une réédition de "
Carmen Bond" du grand dessinateur catalan
Alfonso Font, paru initialement en 1987 chez l'éditeur belge Magic Strip, dans sa collection Himalaya, difficile à dénicher depuis des lustres. La nouvelle édition reprenant les dix courts récits en quatre planches est enrichie d'une histoire inédite de 14 pages, "Démonika la chasseuse d'âmes". Pour l'occasion, l'album a été toiletté dans sa traduction et sa colorisation. L'oeuvre a fait peau neuve.
Mix entre
Carmen, femme fatale de
Prosper Mérimée et James Bond, espion britannique de
Ian Fleming, "
Carmen Bond" démine les situations les plus tendues à l'aide de sa plastique explosive. Connoté années quatre-vingt et humour potache, le recueil a tout de même pris un peu de plomb dans l'aile à la relecture, trois décennies plus tard même si tout cela se parcourt encore sans déplaisir, tout étant fluide, quelquefois glacial comme dans la chute de Tarzan, par exemple. On peut aussi penser à
Carlos Gimenez, autre artiste ibère et frère d'armes d'
Alfonso Font qui a produit des oeuvres alimentaires dispensables aujourd'hui tels "
Amor, amor !!" (1991), "Aux risques de l'amour" (1994) ou encore "Amour toujours" (1993), tous parus chez Fluide glacial, magazine humoristique façon farces et attrapes. Font a beaucoup produit notamment pour le marché français. Fleurant les quatre-vingt ans en 2024, le dessinateur (né en 1946) n'a pas abdiqué et continue à fournir sans faillir son quota de planches aux éditions italiennes Bonelli pour la série Tex Willer. Son trait vif et lapidaire n'hésite pas à buriner les mâles visages mais il sait aussi infléchir délicatement les courbes féminines, insufflant une indéniable sensualité dont bénéficie
Carmen Bond et son téton rebondi.