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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Richard Ford se sert de Frank Bascombe pour proposer au lecteur une visite guidée des Etats-Unis des années 80, vue de l'intérieur agité de l'un de ses représentants. Pas ou très peu d'action, pas de rebondissements, pas de mystère caché dans le placard, ni même de tentative de faire de l'accroche en anticipant les malheurs à venir. C'est un déroulé chronologique, au fil de pensées du narrateur. Loin, très loin de la zénitude. Et si son fils, au centre du propos, a du mal à s'empêcher « de penser qu'il pense qu'il pense ». Franck lui pense en permanence au premier degré, et c'est déjà un boulot à plein temps.

Toute la première partie est consacrée à la profession de Frank, agent immobilier, aux prises avec un couple un peu paumé. C'est le talent de Richard Ford de permettre à cet épisode oh combien banal, de se muer en une mine d'infos sur le fonctionnement de la société américaine middle class. Il nous propose aussi et c'est sans doute ce qui fait adhérer le lecteur, une fine analyse psychologique des personnages, au travers de dialogues savoureux.
Encore une fois, on n'est pas dans un thriller, toute l'angoisse suscité se borne à savoir si la maison sera achetée ou pas!

C'est donc Paul, 15 ans, en proie à de nombreux démons, qui va donner l'occasion à Frank de se poser dix mille questions de plus. L'ado flirte avec la délinquance, extériorise ses angoisses par des tics vocaux. le remariage de sa mère n'arrange rien. Et c'est un curieux match de ping-pong verbal qui va peu à peu créer une connivence entre père et fils. C'est à cette occasion que surviendra une sorte de drame qui modifie le rythme du récit, et les relations entre les personnages.

Reste la vie sentimentale de Frank, pas simple. le divorce n'est pas vraiment digéré. Les relations avec Sally, sa nouvelle compagne sont ponctuelles. Mais voilà, Sally aimerait bien qu'il s'engage un peu plus, et la tension est plus que palpable.

On comprend que ça s'agite entre les deux oreilles de notre personnage, qui doit mener de front et seul ces trois combats, et les jauger à l'aune du sens de la vie et du temps qui passe. C'est même physiquement assez éprouvant.

Il y a quelque chose de proustien chez Richard Ford : dans le style d'écriture, avec de longues phrases très travaillées (rendons hommage au traducteur), et dans l'analyse psychologique fine des personnages, qui sont eux aussi en quête de sens, pris dans une farandole dont ils ne maitrisent pas la cadence et le but.

C'est aussi une lecture exigeante, qu'il est difficile de survoler, et qui prend donc du temps, sans que cela soit un pensum, bien au contraire. le roman est long et ne peut se lire que lentement. Mais l'humour allège le propos.

Pas de chance pour moi, après avoir apprécié En toute franchise, je souhaitais reprendre la saga Bascombe dans l'ordre chronologique, qui n'est pas l'ordre de parution des tomes en français.

Il eut fallu commencer par Un week-end dans le Michigan

Challenge Pavés 2015-2016
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C'est drôlement chouette l'indépendance. Les Américains fêtent la leur le 4 juillet et quand ça se goupille bien, ça leur fait un beau week-end, comme celui de Franck que décrit Independance, à la fin des années 80.
L'indépendance, c'est un peu le rêve de tout un chacun, non ? Franck y est parvenu : Il envisage de voter pour le candidat indépendant à l'élection présidentielle car le duel Dukakis-Bush ne lui convient pas vraiment.
Il a divorcé, disons plutôt qu'il s'est fait divorcer (ce sont les femmes qui tranchent la plupart du temps, comme chez nous), mais il est toujours amoureux. Il s'en accommoderait presque, de son « indépendance » retrouvée. Mais, lorsqu'elle lui annonce qu'elle se remarie, pfff… ! Gros coup de blues !
« Il n'est jamais aisé de comprendre le choix de votre ex-épouse quand elle se remarie à moins que ce ne soit avec vous. »
Pour se consoler, Franck a retrouvé une bonne amie qu'il visite à intervalle plus ou moins régulier. Ca pourrait devenir sérieux, elle semble prête, mais lui, pas encore. Pas question de renoncer à son indépendance, n'est-ce pas ?
Pour son indépendance financière, il s'est reconverti dans l'immobilier, en free-lance bien sûr. Et, profitant de sa connaissance du marché local, il s'est constitué à crédit un patrimoine locatif de deux maisons. Tout va bien même si les locataires ne sont pas toujours aussi faciles qu'on le souhaiterait et les acheteurs, ceux qui vont l'occuper pendant une bonne partie de son week-end, sont vraiment très compliqués.
Il faut quand même avouer que le pendant de l'indépendance, c'est la solitude.
« Sans Ann et mes enfants à proximité, je me sentais aussi solitaire, accessoire et exposé qu'un gardien de phare en plein jour. »
Les enfants se sont éloignés, le garçon file un mauvais coton, il serait temps de renouer un contact sérieux. le week-end Independance serait idéal pour faire un petit peu de tourisme en visitant deux « Hall of fame », ces institutions typiquement américaines. Entre ses locataires, ses acheteurs, son ex-femme, sa future ex-copine, son fils, le mari de son ex-femme et une pléthore de personnages secondaires mais non dénués d'intérêt, c'est une plongée au coeur de « l'american way of life » qui nous est proposée. C'est bavard, il ne se passe rien de vraiment extraordinaire mais pour qui réussit, comme moi, à s'identifier un peu au personnage principal, les pages se tournent sans difficulté, le lecteur étant vraiment immergé dans le quotidien de l'Amérique de l'Est, entre New Jersey et Connecticut pendant ce week-end festif si particulier.
« le long de Seminary Street, devenue depuis le boom économique une sorte de "grande rue du miracle commercial" qu'aucun d'entre nous n'appelait de ses voeux, tous les commerçants ont installé sur les trottoirs des "feux d'artifice de soldes", où ils balancent des rossignols au rencart depuis Noël, sous des stores bardés de banderoles patriotiques et d'inscriptions accrocheuses qui proclament que le gaspillage d'un argent durement gagné constitue le mode de vie américain. »
Ex-mari encore épris, amant charmant et distant, père soucieux mais éloigné, vendeur attentif, voisin courtois, propriétaire conciliant, touriste curieux, solitaire perdu dans ses pensées, Franck endosse avec succès tous ces rôles.
Original et très américain, ce roman est singulièrement à part. Une raison supplémentaire de faire preuve d'indépendance d'esprit en le lisant.
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Challenge ABC 2013/2014
Franck Bascombe s'apprête à passer le week-end du 4 juillet avec son fils. Au programme: virée "entre hommes", avec discussion sur le mal-être de Paul, tentatives de (re)trouver une complicité père-fils après le divorce et le remariage de la mère.
Et vous voilà embarqué dans la vie de Franck: emmener des clients indécis visiter des maisons, réclamer un loyer à des locataires indélicats, regretter votre ex-femme et détester son nouveau mari, discuter avec le gérant de votre baraque à hamburgers, passer la soirée avec votre maîtresse et la quitter maladroitement, rouler dans les encombrements du 4 juillet, tenter une conversation avec votre fils, le laisser finalement prendre des risques, stupidement , et finalement laisser sa mère prendre les décisions à l'hôpital...
Un roman en nuances, qui flâne doucement d'une page à l'autre, jamais longtemps dans la même humeur, drôle et tragique, émouvant et désabusé. Un vrai plaisir!
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New Jersey, Frank Bascombe ex journaliste sportif, est devenu agent immobilier. Son divorce prononcé, c'est un homme désabusé qui circule dans les rues en ce week-end de fête ou il doit récupérer son fils chez son ex-femme.
Richard Ford retrouve Frank Bascombe, personnage ordinaire d' "Un week-end dans le Michigan", un type en plein doute existentiel. L'on retrouve cette lenteur propre à l'écriture de Ford, ou il dissèque les maux de ces contemporains avec fatalisme et cynisme. On peut avoir le sentiment d'une certain immobilisme car l'action est minimalisme mais force est de constater que Ford possède un style qui mérite qu'on s' y attarde, l'Amérique vécut au quotidien par des personnages ordinaires.
Intéressant.
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Dernier Pulitzer de l'année.
Contre toute attente, je n'ai pas encore failli et je parviens (parfois difficilement je le concède) à en lire un par mois. 🥳

Bienvenue dans l'esprit hautement agité de Frank Bascombe, la quarantaine, divorcé, deux enfants, ex-agent sportif, ex-écrivain, actuellement agent immobilier et associé dans une buvette (le mythe américain de l'homme qui peut se réinventer mille fois plus une). En cette veille de week-end de fête nationale, Frank s'apprête à aller chercher son fils pour passer avec lui quelques jours ; l'occasion de discuter "d'homme à homme" avec cet adolescent qui manifeste quelques problèmes de comportement et que sa mère remariée parvient difficilement à contenir.

Au travers de trois relations, et via de multiples coups de fil, discussions à bâtons rompus et autres échanges de points de vue, Frank expose sa vision de la vie (la "Période d'Existence", comme il l'appelle). Il la dissèque, l'analyse, et parfois la remet en question.
1/ Son fils Paul (tel père, tel fils, en termes de cerveau qui turbine) le renvoie à sa vision de la famille, de l'éducation, et, sujet plus épineux, à sa responsabilité en tant que père.
2/ Sally, l'amie qu'il "voit" mais sans donner de nom ni de statut à leur relation, va le pousser à s'interroger sur sa vie amoureuse.
3/ Les Markham, un couple de clients difficiles (mais personnages plutôt savoureux), vont cristalliser les réflexions au sujet de sa vie professionnelle.

C'est une peinture pointue et réaliste d'une Amérique de la fin des années 80, telle que peut l'envisager "un progressiste classique (et peut-être foireux)". Et je ne suis pas surprise qu'il ait obtenu le Prix Pulitzer 1996.
J'ai apprécié à la fois les personnages et le style très travaillé. C'est parfois triste et désabusé certes, mais c'est aussi ce qui m'a plu ici, allié aux petites touches d'espoir qui se dégagent çà et là.
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Une petite dizaine d'année ont passé depuis « Un week-end dans le Michigan » on retrouve Franck Bascombe désormais agent immobilier, très bien implanté dans sa petite ville Haddam. de plus en plus désabusé et avec une bonne dose de cynisme il nous raconte son quotidien. À la différence de nombreux lecteurs, j'ai préféré « Un week-end dans le Michigan », dans celui-ci quelques passages m' ont paru interminables, certains propos ou idées revenaient presque mots pour mots une centaine de page plus loin et puis les thèmes me parlaient et m' intéressaient beaucoup moins.
Quand à l'accident qui sert d'accroche dans la quatrième de couverture, il ne survient qu' à la toute fin du livre, c'est un point culminant dans le récit et non un rebondissement spectaculaire.
Une découverte à poursuivre.
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