Galice, 1808. Les troupes napoléoniennes sont embourbées dans une guerre de guerrillas, orchestrée par des civils qui profitent de leur connaissance du terrain pour mener des actions rapides, avant de disparaitre dans les montagnes.
Lorsque les Français en déroute après la bataille d'Espinosa (Cantabrie) abandonnent un canon de trois tonnes, des Espagnols s'en emparent et le trainent par monts et par vaux pour canonner différentes places fortes, jusqu'à Palencia.
C.S. Forester, connu pour être le « papa » » du Capitaine Hornblower et l'auteur du classique African Queen, délaisse la mer pour les terres espagnoles en proie à la guerre d'Indépendance.
Sous sa plume, l'imposante pièce d'artillerie devient un personnage à part entière: «
Le canon venait de remporter une nouvelle victoire. Naguère, il n'avait fait que démolir des murailles; à présent, il avait démoli une discipline, une organisation, un esprit de corps. »
Les autres protagonistes, hommes du peuple, lointains descendants d'Irlandais, prêtre effrayant et sans pitié qui n'hésite pas à empoisonner les farines avec de l'arsenic pour faire trépasser dans d'atroces souffrances tout un régiment… gravitent autour de lui, le protègent. Mais malheur à eux, et malheur aux officiers français, Fusiliers de la Garde Impériale, Gouverneur de la Merced qui se trouveraient dans sa ligne de mire..
Dans
le Canon, la guerre est sale, brutale (les morts civils et militaires sont légion) et inédite puisque des hommes très jeunes et inexpérimentés se révèlent fins stratèges face à la Grande Armée.
Ni romanesque, ni chevaleresque, cette geste guerrière restera l'une des mes préférées sur la Guerre d'Indépendance avec la série des
Sharpe, bien sûr! Et elle m'a fait oublier la ridicule adaptation cinématographique signée Stanley Kramer (Orgueil et Passion!) au casting on ne peut plus hétéroclite (Cary Grant, Sinatra, Sofia Loren) qui donnait au spectateur l'impression d'être sur son canapé un samedi après-midi devant Cine de barrio, à contempler ces films produits sous Franco avec des folclóricas qui poussent la chansonnette dans des décors de carton-pâte, ambiance Los Guerilleros (Rocío Jurado) ou Venta de Vargas (Lola Flores).