Je voulais lire ce livre depuis longtemps, et ça faisait plusieurs mois qu'il dormait dans ma pile à lire sans que je n'y touche. J'ai enfin sauté le pas. Et je ne sais pas si je ressors de cette lecture en l'ayant appréciée ou, si, au contraire, elle m'a ennuyé·e.
Je ne sais pas si c'était spécifique aux livres écrits à des dates proches du début du XXe siècle, mais j'ai eu une l'impression qu'il ne se passait pas grand-chose, qu'il n'y avait presque pas d'action (comme c'était le cas avec «
Anne de Green Gables » de l'écrivaine
Lucy Maud Montgomery – et encore, avec ce livre, c'était encore plus marqué). Je suppose que ça devait être le cas pour nombre de romans écrits à cette période et que la littérature a évolué au fil du temps, ce qui fait que j'ai eu beaucoup de mal à accrocher. Ce livre relate une tranche de vie, celle d'un adolescent qui devient adulte,
Maurice.
Et le moins qu'on ne puisse dire, c'est que ce personnage m'a énervé·e à plus d'une reprise dans ma lecture. Sérieusement. Si j'avais pu lui mettre des claques, je l'aurais fait.
Maurice s'apitoie sur son sort tout le temps (certes, sa situation – être un homme gay dans une Angleterre qui, à l'époque, criminalisait les relations entre deux membres de même genre – est compliquée, mais parfois, les grands pavés semblent un peu mélodramatiques), est extrêmement misogyne et est, au final très toxique
(dire dans une lettre à l'homme qui l'a quitté qu'il va sûrement se suicid€r m'a vraiment semblé être l'acte d'une personne violente ? franchement, ce passage passe comme une lettre à la poste dans le roman mais m'a profondément choqué·e.)
Autre point qui m'a paru étrange, c'est le cheminement du personnage de Clive.
Quand on grandit dans une société hétéronormative et homophobe, il est compliqué de découvrir que l'on aime les personnes de même genre, pas l'inverse. Clive déclare être devenu hétéro, cette déclaration sort de nulle part, et aucune scène qui vient montrer que c'est la pression familiale et sociale qui l'a fait se ranger dans ce qu'on attend de la norme. Son personnage m'a paru traité de manière très étrange.
Le début (
Maurice qui découvre son homosexualité et commence à relationner avec Clive) et la fin (
Maurice et sa relation avec Alec) valent cependant le détour, mais le milieu du livre (la relation entre
Maurice et Clive qui part dans tous les sens et se détériore à vitesse grand V et les rapports de force destructeurs entre
Maurice et sa famille) stagne et n'est pas forcément plaisant, sans compter que les grandes envolées sur le monde bourgeois ne parviennent pas à nous faire oublier que tous les personnages appartenant à cette catégorie sociale sont snobs et dédaigneux.
Je ne dirais cependant pas que je n'ai pas aimé ce livre, parce qu'au fond, une part de moi l'a apprécié. C'était intéressant de pouvoir plonger au coeur de la fin du XIXe siècle/début XXe siècle et de constater comment la société a évolué depuis, comment les gens vivaient leur homosexualité dans une société anglaise profondément homophobe.
À lire si vous voulez vraiment avoir un tableau de l'homosexualité dans la société anglaise de l'époque, sinon, je pense que vous pourrez trouver d'autres romans plus passionnants que celui-ci !