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Nul, je le trouve hors sujet. L'auteur saute du coq à l'âne, pas de constante. On y parle d'éducation, de médecine et d'armée....
Je l'ai lu entre les lignes....
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Comment est-on passé du supplice à la discipline? La question que pose Foucault est complexe. Il montre pour commencer la justice telle qu'elle se jouait durant l'Ancien Régime. Il s'agit de punir les crimes en fonction du préjudice subi par la société et, à travers celle-ci, par le roi. le supplice avait valeur d'exemple. Il était un spectacle, la vengeance d'une société bafouée. Plus le crime était odieux, plus la souffrance du criminel, celle de son corps, augmentait. Rapidement pourtant, vers la fin du dix-huitième siècle, un système tout autre se met en place, celui de la prison. Foucault tente de comprendre le succès de cette institution pourtant décriée dès ses débuts avec les mêmes arguments qu'on entend aujourd'hui encore : inefficacité, production de criminalité, création de récidive, etc. Il montre que c'est à travers la discipline, c'est-à-dire la volonté et la capacité d'une surveillance constante des individus en vue de les ramener sur le droit chemin, que la prison devient un modèle. Il montre que le pouvoir s'y cache tout en s'y renforçant et que la dimension disciplinaire du pouvoir n'est pas l'apanage de la seule prison, qu'elle se manifeste à l'armée, à l'école, dans les usines, bref, qu'elle quadrille la société pour mieux contrôler que chacun est à sa place. Nous vivons encore sous le joug de la discipline. Comment s'en libérer?
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Tout d'abord, il est important de préciser qu'il n'y a pas une seule lecture de Surveiller et punir. Tout ouvrage peut être lu et interprété différemment. Surveiller et punir comme les autres et bien plus qu'un certain nombre...
Surveiller et punir est un livre difficile à cataloguer : Est-ce une étude philosophique ou un livre d'histoire ? Est-ce une analyse des 18ème et 19ème siècles ou un diagnostic de la société des années 1970, date de publication de l'ouvrage ? Difficile à dire.il est important de lire Surveiller et punir comme ce qu'il est au premier abord à savoir, une histoire de la naissance de la prison ou encore comme l'histoire d'une mutation, qui s'est produite aux 18ème et 19ème siècle, celle de la punition à la surveillance.

Mais si Surveiller et punir est une histoire parmi d'autres, elle n'est pas vraiment une histoire comme les autres. D'une part, c'est une histoire historiquement datée, publiée en 1975, dans un contexte particulier.
En effet, de nombreuses révoltes ont lieu dans les prisons françaises, durant l'hiver 1971-1972 puis pendant l'été 1974. D'autre part, Surveiller et punir est construit selon une méthodologie bien particulière : par exemple, pour démontrer sa thèse, Foucault n'hésite pas à choisir délibérément ses documents. Enfin, Surveiller et punir n'est pas une simple histoire de la naissance de la prison : au delà, elle est une généalogie du pouvoir disciplinaire.
A ce jour en 2015 , Foucault ne s'était pas vraiment trompé...sur tout ce qu'il allait advenir

Michel FOUCAULT (1926-1984) est diplômé de l’Ecole Normale Supérieure, titulaire d’une licence en philosophie, de psychologie et un diplôme de psycho-pathologie. Ses premiers travaux scientifiques portent sur les maladies mentales. C’est dans ce champ de recherche qu’il publiera en 1961 Folie et Déraison : histoire de la folie à l’âge classique. Michel FOUCAULT est nommé au Collège de France en 1970 et il introduira lors de sa leçon inaugurale le concept qui va guider ses travaux par la suite : le pouvoir.
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Où Foucault développe sa vision d'une mutation vers la société disciplianaire.
Surveiller et punir peut être lu comme un livre d'histoire, l'histoire d'une mutation, du châtiment féodal à une organisation globale de la surveillance autour de la prison. Il peut être lu comme une vision, celle d'une société dont les rouages essentiels sont voués à la discipline : école, caserne, hôpital, prison. Il peut être lu enfin comme une analyse de son temps. le livre paraît au milieu des années 70, au moment où la question de la prison se pose de façon particulièrement aiguë.
Foucault s'attache à montrer comment le passage de la punition à la surveillance entraîne l'ensemble de la société, et que la prison devient un outil déterminant du pouvoir dans cette perspective disciplinaire globale.
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Dans « Surveillé et punir », Foucault décrit le passage d'une société de punition à une société de surveillance (généalogie de la morale). Foucault montre que, dans notre société disciplinaire, le corps n'est plus une donnée naturelle, qu'il est investi, requis, traversé par des procédures qui le rendent docile, obéissant afin qu'il puisse être utile (les disciplines). Les corps sont dressés ni par une institution, ni par un appareil mais en application de savoirs-pouvoirs diffus, omniprésents, anonymes, étendus, détaillés, pointilleux, d'une machinerie sans titulaire (micro pouvoirs), comportant instruments, techniques, procédés, niveaux d'application, cibles (micro physique). En les dépersonnifiant, les corps sont individualisés, assignés à un espace pour être normés, archivés, et constamment surveillés. C'est la vie elle-même qui devient objet de pouvoir. Foucault dévoile dans « Surveiller et punir » le rapport qui existe entre un ensemble de techniques de pouvoir, qui prend pour cible les corps, les vies, et la généralisation de la prison. Pour Foucault, c'est la société disciplinaire qui produit, de l'extérieur, certes comme résultat le plus radical et le plus abouti, la prison.


Foucault décrit méticuleusement le passage des supplices aux cellules, de la vengeance à la punition, d'une société de terreur, de spectacle où une multitude contemple quelques-uns à une société de surveillance où une multitude est surveillée par un petit nombre. L'idée de vengeance du souverain attaquée dans sa souveraineté a été abandonnée au profit d'une technologie du redressement par la société toute entière lorsqu'elle est atteinte dans ses fondements. Foucault montre comment, sous la double impulsion d'une orthopédie morale et d'une architecture qui en fournit la possibilité, l'ère carcérale a pris naissance. Un dispositif visant à l'amendement des coupables, au châtiment de l'âme est dans nos sociétés modernes mis systématiquement en place. Les prisonniers sont individuellement encellulés et mis sous surveillance constante. le retour sur soi, l'intériorisation de la faute doit permettre de réifier les âmes sans meurtrir les corps ; la méfiance généralisée doit forcer à l'obéissance. La société ne puni pas moins mais différemment nous dit Foucault. Elle punit avec une sévérité atténuée mais avec plus de généralité. Ce que la peine a perdu en densité, elle le gagne généreusement en étendue. La civilisation disciplinaire a produit la prison mais elle n'a pas eu à faire à une fille ingrate. Bonne élève, la prison a carcéralisé en retour la société toute entière étendant ses procédures arbitraires hors d'elle-même. Un pouvoir carcéral s'est autonomisé du contrôle de la justice et de l'opinion, il a cogéré la peine en inventant des procédés inédits et généralisables (la prison s'est révèlée aussi comme un lieu de production d'un savoir : comportementalisme, techniques de classification, de gestions spécifiques du temps et de l'espace ...).


Foucault dans « Surveiller et punir » affirme : la prison n'échoue pas, elle réussit ! Il faut, nous dit-il, pour s'en persuader, sortir de l'explication interne de la gestion des détenus et se préoccuper de ce qui en amont l'alimente : la production des illégalismes. Les illégalismes sont des éléments positifs du fonctionnement social. Tout espace législatif ménage des espaces profitables et protégés où la loi peut être violée, d'autres où elle peut être ignorée, d'autres enfin où les infractions sont sanctionnées. La bourgeoisie parvenue au pouvoir n'a plus supporté les anciens illégalismes populaires. La centralité du matériel et de la propriété privée, la prise en compte du corps force de travail de l'ouvrier (rendement, absentéisme, migration ...) ont impliqué une reconfiguration autre des illégalismes. La prison a été l'instrument de réaménagement du champ de ces nouveaux illégalismes, la courroie de distribution de son économie. La prison a localisé une plèbe déclarée dangereuse, elle l'a marginalisée, coupée de ces racines sociales pour former une certaine forme d'illégalisme professionnel : la délinquance. Dit autrement, la délinquance a été cette découpe intentionnelle historique de certains illégalismes dans l'épaisseur des illégalismes que la prison a eu pour tâche de cerner, d'exalter, de stigmatiser. Analysée à la lumière cette économie des illégalismes, la prison s'est révélée un efficient appareil d'intégration plutôt qu'exclusivement de répression. Il y a eu en effet de multiples intérêts à cette professionnalisation. La délinquance a entretenu un conflit idéologiquement profitable avec le restant de la population, elle a favorisé l'acceptation de la répression et le contrôle policier sur l'ensemble de la société et elle a servi de main-d'oeuvre à la bourgeoisie pour surveiller, infiltrer et manipuler le prolétariat. Elle a pesé sur l'illégalisme populaire et laissé dans l'ombre l'illégalisme des classes au pouvoir.


Foucault met enfin à jour, avec la prison, le personnage qui allait désormais dominer la scène judiciaire : l'individu dangereux. Extrapolé à partir de faits indéniables mais aussi isolés et (ou) résolus qui se transforment en tendances natives, dispositions permanentes, l'individu dangereux est à la fois considéré comme malade et criminel sans être l'un ou l'autre. Il a la double appartenance au champ judiciaire et au champ médical. Un déplacement a été ainsi significativement opéré : ce n'est plus l'acte qui est désormais répréhensible mais son auteur. La psychiatrie dans notre société contemporaine est devenue le vecteur dominant de la scène judiciaire avec la question centrale de la dangerosité et ses deux corrélats : l'accessibilité à la peine et la curabilité des détenus. La notion de risque est aujourd'hui mise en avant et la peine est le moyen non de punir mais de prévenir. Foucault pensait que si la dangerosité traduit souvent un danger imaginaire, une virtualité, les mesures pour la circonscrire en revanche étaient réellement productives d'insécurité, de peurs et d'obsessions sécuritaires.


Michel Foucault déclarait : « Ecrire ne m'intéresse que dans la mesure où cela s'incorpore à la réalité d'un combat, à titre d'instrument, de tactique, d'éclairage ». « Surveiller et punir » est-il l'instrument souhaité par l'auteur ? Est-ce que cette subtile mécanique peut encore rogner quelques barreaux, ouvrir quelques portes, élargir quelques brèches, écarter certains murs ? Elle l'a indiscutablement fait. Une fois lu, faut-il ranger sagement l'ouvrage sur une étagère, faire quelques commentaires élogieux, approximatifs ou savants et retourner à la routine des peccamineux surveillants, des portiques mouchards, des orwelliens ronds-points et des incertaines coursives ? Un spectre de Foucault semble pourtant encore hanter l'espace du carcéral.
Foucault avec « Surveiller et punir » a durablement changé notre regard, il a rendu inévidentes nos évidences les plus quotidiennes. Il a montré selon quelle nécessité la prison est advenue et du même coup comment elle pourrait disparaître. le recours à l'incarcération comme dispositif pénal privilégié n'est en effet pas de toute éternité. Il a montré plus généralement comment du savoir produit du pouvoir disciplinaire dans la société toute entière.
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Il est toujours interessant de découvrir la vision de la société et des évolutions de celle çi par le biais de la pensée .
Ce livre se propose de démontrer que suivant l'auteur , le progrés serait néfaste à l'homme.
Si l'on peut éventuellement étre d'accord avec certains points , il y a quand méme de gros désaccords .
En effet le progrés n'est pas l'ennemi de l'humain , au contraire .
Il permet à celui ci de parvenir à une autonomie qui n'était que réve auparavant . Dire que le progrés est nefaste c'est un peu se replier dans sa coquille et cela n'est clairement pas une solution .
Si Foucault à raison sur certains aspects , il se fourvoie totalement sur d'autres , ce qui fait que la lecture de cet opus peut laisser comme image celle d'un esprit important certes , mais en décalage total par rapport aux réalités de la vie et de la société .
Certes cela n'empéche nullement de découvrir cet opus qui est par bien des aspects digne d'intéret .
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Ce texte reste fondamental pour comprendre notre époque présente, bien qu'il ait été publié dans les années 1970 et que son auteur soit décédé en 1984 – lorsque que l'on parle de surveiller et punir, c'est un comble de mourir cette année-là !
Foucault expose l'évolution de la surveillance et la sanction vers une rationalisation. Il envisage le monde moderne dans la perspective d'une surveillance généralisée. Et malgré les quelque quarante années qui nous séparent de son essai, force est de lui donner raison. L'informatique nous le démontre !
Il explique aussi comment la sanction a glissé de la torture du condamné à l'exécution rapide : on est passé des supplices de Ravaillac ou Damien à la guillotine. Puis, les exécutions publiques ont disparu ; avec elles une excitation au voyeurisme morbide. Au passage, je rappelle aux plus jeunes qu'à l'époque de ce livre la peine de mort est encore en application en France. Elle sera abolie en 1981.
L'espace carcéral aussi s'est rationalisé, comme les espaces hospitalier et de travail, deux lieux où l'on archive et surveille également les individus. S'agissant de l'espace de travail, sa rationalisation atteindra son paroxysme avec la taylorisation, ce découpage des tâches qui transformera l'homme en machine-outil. Pour les prisons, la maltraitance physique du prisonnier s'est muée en privation de liberté.
Autrement dit, l'homme contrôle l'homme, ce qui oblige à repenser la liberté.
Mais la sanction – et c'est maintenant moi qui parle – n'en reste pas moins essentielle pour maintenir un équilibre viable et limiter les instincts individuels. Ne dit-on pas : « Ma liberté s'arrête là où commence celle des autres » ? L'éducation ne saurait suffire : il faut une répression, raisonnée certes, mais une répression tout de même, pour que les règles de vie en commun soient respectées. Car vivre ensemble – mot aujourd'hui galvaudé, voire perverti – est un jeu qui peut s'avérer dangereux si chacun établit ses lois personnelles sans souci de l'autre.
Toutefois, quelles que soient mes divergences d'opinions d'avec Foucault - sans la prétention d'égaler son savoir! -, elles n'empêchent pas certaines convergences intellectuelles. Car, je le rappelle, Surveiller et punir est un essai majeur.
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Difficile de résumer un livre aussi dense, érudit et complexe du fait des processus qu'il décrit. Michel Foucaut brosse une histoire de la prison qui débute au Moyen Age avec le supplice des corps, « seul bien accessible » au temps de la féodalité, qui incarne plus tard le droit de punir du souverain. La punition doit être publique, marquer les esprits et non seulement les corps.
Progressivement nait l'idée que le châtiment doit avoir une analogie avec le crime commis et que la réparation doit profiter à la société, c'est le début des travaux forcés et du bagne, puis de l'institution carcérale.
L'homme étant très créatif ( !), il va au cours des siècles multiplier les lieux, outils et méthodes qui permettront de contraindre, non plus le corps, mais l'esprit. L'usine, l'école, la prison (et le panoptique de Bentham) – autant d'endroits où s'exercent discipline et dressage sous de multiples formes.
C'est un livre à lire, et à relire car on y découvre toujours de nouvelles champs de réflexion. C'est certes un peu ardu, engagé (la pensée de Foucault est marquée d'un point de vue idéologique) mais quand même incontournable pour comprendre certains débats
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Un essai sur la prison, l'éducation, la surveillance, sur la liberté au sens large, sur l'illusion de la liberté. Cet ouvrage m'a beaucoup apporté sur toutes ces notions.
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Le livre sur les mécanismes de la justice pénale qui m'a accompagné tout au long de ma propre expérience de cette soi-disante justice. Après une analyse historique, Michel Foucault pose la question : pourquoi continue-t-on à faire des lieux criminogènes, qui ne fonctionnent pas, et dont on entretient l'opacité et la violence ? Son analyse sociologique offre une démonstration magistrale.
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