Platon fut notre premier maître et même notre seul maître. Il exerça sur nous celle sorte d'attraction qu'il compare lui-même « à la vertu de l'aimant, se communiquant d'anneau en anneau et formant comme une chaîne d'inspirations ». Puis, de Platon, nous remontâmes à Socrate. La conclusion de notre mémoire sur Platon contenait des Essais de philosophie platonicienne écrits avec l'enthousiasme de la jeunesse, sous l'influence de la grande doctrine idéaliste que nous venions d'étudier et de commenter.
Les Idées ne sont pas seulement des principes transcendants; elles sont aussi, par l'intermédiaire de nos pensées et de nos désirs, des forces immanentes, agissant en nous et, par nous, dans le monde. L'idéal, entendu de cette manière, est le fondement de l'art, de la morale, de la politique même.
Platon n'admettait pas un nombre indéfini d'opérations intellectuelles; il les ramenait toutes à deux : faire d'un plusieurs, et de plusieurs un. Ces deux opérations, à leur tour, consistent également à concevoir l'un et le multiple sous une même raison ou idée, par le moyen du jugement.
Le premier élément de vitalité dans le platonisme, c'est donc le monisme plus ou moins conscient et plus ou moins conséquent qu'il renferme, c'est, en un moi, la croyance à l'unité radicale des choses.
Platon eût demandé sans doute à Kant comment expliquer qu'il existe en nous de simples formes indépendantes de l'expérience, et s'il est possible de garder cette position intermédiaire entre l'empirisme pur et le rationalisme, qui admet une intuition ou conscience quelconque d'une réalité supra-sensible.