Résilience d'un éleveur. Résilience : capacité de résistance au choc d'un métal. Voilà de quoi est fait notre homme.
Je cite :
"La mondialisation des échanges impose à l'agriculture une restructuration en profondeur, en amont comme en aval. Nous sommes entrés dans une nouvelle ère, où le consommateur dicte sa loi. Dorénavant, c'est à nous de lui offrir ce qu'il a envie de consommer et non plus à lui de consommer obligatoirement ce que nous lui proposons".
Ce constat m'intrigue car il ne correspond pas à mon sens à une réalité indiscutable, en tout cas, en ce qui me concerne je me serais bien satisfaite de consommer les produits de la ferme tels qu'ils étaient avant conditionnement. Je pense au contraire que nous sommes contraints de consommer ce qui se trouve à notre disposition en quantité souvent démesurée et de moindre qualité. Je ne retrouve pas le lait de la ferme que faisait bouillir ma grand-mère et qui produisait cette crème épaisse, ni ces gros oeufs bien jaunes, ni ces légumes du jardin etc. Bien évidemment, il n'est pas question de démentir la trajectoire d'un homme, une vie de labeur, une vie bien remplie.
Je cite à nouveau :
"Car l'avenir, ce n'est pas ce qui vient vers nous, mais c'est ce vers quoi nous allons et qu'il faut savoir anticiper".
Il me semble toutefois que l'avenir nous rattrapera de toutes les façons possibles et je me demande si tout un chacun est bien capable de ce type de résilience. Aujourd'hui en effet il convient d'être adaptable à toute situation, à tous travaux, à toute remise en question. Mais il me semble que de fait, on trouve des personnes assimilées à des fonctions et à des tâches qui ne sont pas en correspondance, ni à leurs aspirations ni à leurs qualités.
Il me semble que cet éleveur dont on parle a été sa vie durant un homme honnête et courageux, responsable et droit dans ses bottes, c'est vrai !
Mais je me demande s'il a pris le temps d'être un homme heureux quand jamais il ne s'est trouvé apaisé dans une situation stable puisqu'il a dû s'adapter constamment et indéfiniment. Au début, en prenant le livre, je voyais l'animal en couverture. Une belle laitière, cet animal resplendissant que je recherchais dans nos campagnes avoisinantes, en Bourgogne. Et puis, quand on emmenait la vache au taureau ; quand aujourd'hui : l'insémination artificielle. Tout cela me rend bien triste, en effet, car je suis totalement impuissante quant à la marche du monde. Il y a des images dans ce livre, des chevaux, un âne, l'éleveur lorsqu'il était petit, puis les vaches en stabulation. Forcément, dans mon esprit d'enfance, moi je vois les vaches qui paissent en liberté.
Au moins, aurait-on dû oeuvrer pour qu'il subsiste de petites fermes et des gens plus près des animaux ; on aurait pu prétendre au droit de vivre de façon traditionnelle avec moins d'ambition et plus de simplicité ; enfin, il me semble qu'on aurait pu. Je n'ai certes que bien mal défendu l'aspiration de la jeunesse pour ce métier tel que s'y attache l'auteur, mais si j'en juge par le témoignage de
Jean-Marc Fournier, il conviendra d'y aller avec les bagages universitaires qui conviennent ; d'avoir de la détermination et la capacité d'adaptation nécessaire, sans oublier souligne l'auteur, de sauvegarder une place conséquente à l'accomplissement de sa vie privée. Il faudra aussi et surtout bien s'entourer par les nombreux organismes professionnels compétents qui l'ont accompagné et se préserver des médisances qui sont légions dans ces domaines de l'exploitation agricole.
Merci à l'auteur pour ce beau témoignage et merci à Babelio pour cette opération masse critique aux éditions Jets d'encre.