Un grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil de m'avoir permis de découvrir ce livre dans le cadre de la Masse Critique.
Cela faisait un moment que je lorgnais sur ce livre. Depuis sa sortie, je crois. La photo de cette petite fille en première de couverture m'a interpellée. Ce devait être dans son regard. Une fatalité semblait s'être ancrée dans ses iris. Je n'aurais pas su dire quoi, mais je ne savais surtout pas dire qui. Est-elle la victime de ce « crime sans importance » ? Un double homicide, devrait-on dire, le crime était le premier et le traitement de ce dernier portait le coup fatal. Celui qui provoque la mort non plus du corps mais de l'âme, de la personne en tant que telle, d'une vie qui s'est construite jour après jour pour être finalement réduite en poussière en l'espace de quelques secondes, ou minutes. Des heures, peut-être. Car que sait-on de ce crime ? Pas grand-chose, précisément.
Il ne s'agit pas seulement de dénoncer l'injustice face à ce crime que l'on semble s'évertuer à ne pas résoudre, mais surtout de mettre des mots sur ce chemin de croix auquel sont confrontées les victimes collatérales – celles qui perdent leurs proches brutalement, avec l'intervention d'un tiers, comme un pied de nez au destin. Celles qui se heurtent à l'insensibilité de l'administration et repoussent le temps du deuil, indéfiniment.
Irène Frain couche toutes ces étapes sur papier, dans un style qui m'a beaucoup plu – colère, sarcasme, fatalisme, amertume et ces quelques lueurs d'espoir bienvenues.
Un émouvant témoignage sur les liens de la famille, sur le deuil, l'obsession, la maladie mentale, la société ou encore le consumérisme – un ensemble de causes à effet qui parfois explosent en un million de morceaux mais qui, parfois, peut aussi générer du bon. Mais ça,
Irène Frain ne le dit pas.