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sur 525 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
L'oxymore du titre constitue déjà tout un programme ! Comment, pour qui, pourquoi un crime peut-il être sans importance ? C'est aussi ce qui préoccupe Irène Frain qui introduit ainsi son oeuvre : " J'ai entrepris d'écrire ce livre quatorze mois après le meurtre, quand le silence m'est devenu insupportable."
En effet, alors que sa soeur aînée, Denise, a été sauvagement molestée et laissée pour morte dans sa maison de Brétigny-Sur-Orge et qu'elle est restée sept semaines dans le coma avant de décéder après cette violente agression, personne ne s'est donné la peine d'avertir Irène Frain avant son enterrement, personne n'a cherché à resserrer les liens familiaux pour faire face au drame, les policiers en charge de l'enquête trainent à rendre leurs conclusions et la justice est un "Mastodonte" qui peine à réagir. Comment dans ce cas parvenir à faire face à cette catastrophe ? Même si l'autrice n'a pas revu sa soeur depuis des années, Denise était pour elle, sa marraine et même une mère de substitution et un modèle. Elles ont dormi dans le même lit, elles ont lu et nagé ensemble lorsqu'elles habitaient encore à Lorient. La mort atroce de Denise ne cesse de tourmenter l'auteure qui passe de l'espoir à la colère et à la culpabilité, de l'attente à l'action, pour enfin prendre la décision d'écrire ce livre. Alors ce livre, comment le qualifier ? Un roman ? Il est vrai que lasse de n'avoir aucun interlocuteur, l'autrice imagine ses entretiens avec le procureur et retrace ainsi ses relations avec Denise et avec le reste de sa famille. Depuis des années les liens sont rompus, Denise s'est mariée sans inviter sa famille, sa mère, par le biais d'une lettre d'une soeur plus jeune a rendu l'autrice responsable de découvrir ce qui avait conduit Denise à l'hôpital psychiatrique. C'est pour l'autrice, une découverte, elle ignorait que sa soeur, une jeune femme brillante et intellectuellement précoce, était malade. Et comment avoir des réponses alors que le secret médical impose le silence. Elle réussit cependant à apprendre que sa soeur souffrait de bipolarité et le médecin la met en garde car elle est personnellement menacée...
Le texte est écrit naturellement comme composé à partir de notes, cette écriture donne du crédit à la dimension autobiographie du récit et contribue pour une large part à l'émotion que suscite le texte et à l'intérêt qu'il suscite. Les précisions sociologiques qui situent le lieu du crime donnent aussi du relief à ce récit, ancré dans une réalité sociologique et urbanistique. Alors, roman ? Récit autobiographique ? Roman autobiographique ? Chronique judiciaire ? Ce livre est inclassable mais il est à lire, assurément.


Lien : http://www.lirelire.net/2020..
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Frain Irène – "Un crime sans importance : récit" – Seuil, 2020 (ISBN 978-2-02-145588-5) – format 21x14cm, 250 pages. – prix Interallié 2020

Il ne s'agit pas ici d'un roman : Irène Frain relate sans fard, sans digression, à la pointe sèche et en toute honnêteté les suites de l'assassinat ignoble de sa soeur aînée, à coups de marteau, le samedi 8 septembre 2018 (cf p. 204), agressée, torturée et mise à mort dans son pavillon de la banlieue parisienne, à Brétigny-sur-Orge, comme sept autres femmes âgées dans le même périmètre (cf p. 121) avant elle, et encore de nombreuses autres après !

Et depuis ?
Rien, absolument rien : la bonne et grande "justice" de la doulce France n'a pas de temps à perdre avec ce "crime sans importance" ne concernant finalement qu'une vieille femme, donc très peu porteur dans les médias si chers à nos magistrat(e)s et avocat(e)s...

Irène Frain le dit elle-même : elle enrage face à l'inertie qui lui oppose "le mastodonte", terme par lequel elle désigne si justement la "justice" française, peu intéressée par ce meurtre ordinaire, dans une banlieue ordinaire, en lisière d'un de ces "territoires perdus de la République" (cf Georges Bensoussan pseud. Emmanuel Brenner).

La justice française, et plus particulièrement la magistrature, ne consacre plus la moindre énergie ni la moindre attention à de tels "faits divers". En collusion, en osmose, avec les médias, elle ne s'intéresse plus qu'à des affaires politiques à grand tapage, gaspillant allègrement l'argent du contribuable en procès interminables contre des hommes et femmes politiques toutes et tous catalogué(e)s "à droite" – par le plus grand des "hasards" judicieusement piloté par le "syndicat de la magistrature" (celui du "mur des cons").
Chirac étant décédé, Dominique Baudis ayant été suffisamment traîné dans la boue, Balladur et Marine le Pen (pour laquelle la justice s'autosaisit !!!) constituent déjà des proies non négligeables. En revanche, Strauss-Kahn et Dodo la Saumure n'encourent aucune pénalité, tout comme Darmanin, puisqu'ils n'ont fait "que" se servir de prostituées...

Le summum fut atteint avec l'affaire Fillon, dans laquelle notre justice – mondialement réputée pour sa lenteur – s'imposa de battre des records de vitesse : une procédure en à peine quarante-huit heures (du jamais vu), des dossiers fuitant dans la presse sitôt déposés sur le bureau des juges... Il va de soi que le financement pour le moins miraculeux de la campagne de Macron n'a point retenu l'attention de nos juges, ni d'ailleurs la demande d'enquête introduite par le député Olivier Marleix : le PNF choisit "soigneusement" ses priorités.

La magistrature, puissamment relayée par les médias, a ainsi démontré qu'elle pouvait modifier le cours d'une consultation électorale.
Mais la chasse à courre la plus spectaculaire et la plus tenace est réservée à Sarkozy, qui osa – crime impardonnable – évoquer la responsabilité des juges lorsque l'un d'entre eux s'avéra avoir par négligence remis en liberté Tony Meilhon, un marginal "bien connu des services de police et de justice", qui, dès sa remise en liberté, s'empressa d'assassiner Laëtitia Perrais (janvier 2011).
Sacrilège ! Sarkozy osait dire sans fard qu'un magistrat était un salarié comme un autre, devant rendre des comptes (comme tout un chacun) lorsqu'il commet une grave erreur professionnelle : absolument in-ad-mi-ssi-ble pour nos magistrats, qui descendirent immédiatement dans la rue pour protester.

Juste pour mémoire, rappelons – parmi tant d'autres – quelques unes des pétaudières judiciaires provoquées par nos braves magistrat(e)s, un véritable florilège depuis Bruay-en-Artois (1972) comprenant par exemple les affaires Roland Agret (1973), Christian Ranucci (1974), Emile Louis (1981-2001), Guy Georges (1981-1997), Gregory Villemin (1984, toujours en cours), Francis Heaulme (1984-1992), Omar Raddad (1991), Patrick Dills (1987), Outreau (1997), sans oublier bien évidemment l'affaire Fourniret (merci à la police belge).
Ce n'est là qu'un aperçu très très partiel, très très lacunaire. Avec de tels ratés, on comprend que nos braves magistrat(e)s veuillent à tout prix exercer leur noble sacerdoce sans aucun contrôle sous couvert d'indépendance...

Une jeune femme, Cintia Lunimbu, a récemment (juillet 2017) payé de sa vie la toute belle indulgence envers Jean-Baptiste Rambla, un brave prévenue qui avait assassiné son ex compagne et venait d'être libéré... tiens, ça vous rappelle l'affaire Meilhon ? vous avez vraiment mauvais esprit...

Le meurtre de la soeur d'Irène Frain est, pour l'instant, à l'abri de toute erreur, puisque ne donnant lieu à aucune investigation, ce qui n'est pas un cas rare, comme le montrent les nombreux autres assassinats commis dans le même périmètre à la même époque.
Et à supposer que l'on juge un jour le coupable, le laxisme proverbial de nos tribunaux lui assure une peine réduite à son minimum, il pourra même demander à être relâché immédiatement s'il juge ses conditions de détention indignes de sa noble personne...

Après avoir assassiné sa compagne en juillet 2003, Bertrand Cantat fut rapatrié le plus vite possible en France (on allait tout de même pas le laisser dans les inconfortables prisons lituaniennes), obtint sa liberté conditionnelle dès juillet 2007 et définitive en 2011 (la justice peut travailler vite !) ; son épouse se suicide (alors qu'il était sur les lieux) en janvier 2010. Avec ce très joli palmarès, il remonte se faire applaudir sur les planches. L'ignominie n'a plus aucune limite...

Ainsi va la justice dans notre pays, entre irresponsabilité revendiquée et collusion médiatique complaisante...
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De Stendhal à Marguerite Duras , en passant par Truman Capote à Franck Maubert nombreux sont les auteurs qui empruntent au fait divers l'intrigue de leur récit, de leur roman.
Mais quand une personne est touchée dans son sang, et qu'il n'y a pas d'enquête en cours, comment apaiser sa colère, sa douleur? L'impunité est impossible. Inspiré d'un fait divers, qui a touchée de très près, Irène Frain « cette victime invisible » pour la justice est sa soeur ainée Denise. Un crime sans importance est le récit du meurtre de sa soeur d'une violence cruelle et inouïe. Dans une banlieue tranquille, ou presque, à 25 kilomètres de Paris, Denise, soixante dix neuf ans, qui vit seule est sauvagement attaquée chez elle en plein jour dans sa maison dans une impasse par un individu. Elle décède après sept semaines dans le coma. Sa soeur cadette, Irène Frain, est informée par sa famille tardivement par mail. Quatorze mois après le meurtre, lorsque le silence lui est devenu insupportable. Irène FRAIN raconte le terrifiant mur de silence devant elle
Elle tente d'élucider ce qui a bien pu se passer ce samedi. Sa litanie de conjectures, de questions infinies pourquoi et comment reste dans le silence douloureux des limbes. le rapport d'enquête n'est toujours pas remis au tribunal. Il n'y a pas de juge d'instruction. Sauf qu'il s'agit apparemment d'une série d'agressions similaires. Dans ce maëlstrom Kafkaïen, elle noircit des carnets à la recherche de la lumière. Dans sa quête de vérité, le silence de sa famille la tourmente également. Elle devient la femme en manteau bleu noir honnie par sa famille car écrivain. Aucune information ne filtre.
Un journaliste qui a couvert l'affaire l'informe un an plus tard que «c'était pas beau à voir», « elle a été massacrée» Son ami Pierre lui souffle: «Cette mort ne peut pas rester sans voix.» Dans cette essaim d'insomnies, et d'injustice, resurgissent les vestiges de son enfance illuminée par Denise une maman de papier comme le scelle cette photo qu'elle retrouve de la jeune femme brune, avec cet air d'Audrey Hepburn sûre d'elle. C'est Denise qui lui a transmit cet amour lumineux des livres, de la musique. Denise si brillante l'émerveillait. Elles étaient proches puis l'énigmatique Denise a pris ses distances, leur lien a divergé sans raison. Elle apprendra plus tard, que sa soeur souffrait de troubles bipolaires. Sa famille s'est toujours enlisée dans le silence et les secrets. A travers les pages sensibles de son récit, Irène Frain élève sa voix, pour vaincre tous ces silences. Elle dénonce les faits, cette réalité sociale, la léthargie de la procédure de masse. Elle élude le pathos, renoue le lien qui l'unissait à sa soeur et rétablit avec respect son humanité pour l'empêcher d'être une victime invisible. Denise à qui elle doit tant.
« le sang versé exige de la société un minimum d'explications »

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C'est un récit autobiographique. Celui de l'auteur qui raconte son ressenti et son combat pour que justice soit faite suite au meurtre de sa soeur de 79 ans.
Irène frein choisit de mettre ses mots sur sa détresse, ses émotions et son impuissance face à la police et à la justice.

Le meurtre d'une vieille dame de 79 ans chez elle, même si elle a été brutalisée avec beaucoup de violence , n'est pas assez interessant pour les hommes de lois?

Ce livre est aussi l'histoire de la relation entre deux soeurs qui ont 11 ans d'écart, leur enfance, leur adolescence mais aussi le début de leur vie de jeunes adultes.

C'est très bien écrit. La lecture est fluide et le roman est très beau. L'auteur se livre beaucoup et cela se ressent .
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" Cette mort ne peut pas rester sans voix. "

Un samedi de fin d'été, en pleine journée, dans une banlieue ordinaire assez tranquille où le taux de délinquance n'est pas particulièrement élevé, une femme de soixante dix-neuf ans est assassinée chez elle. Elle vivait seule dans un modeste pavillon au fond d'une impasse à la lisière d'un bois et à proximité d'un "quartier sensible". Sauvagement agressée, laissée pour morte, elle décédera après quelques semaines de coma. C'était une femme discrète, secrète voire énigmatique, elle s'appelait Denise, c'était la soeur aînée de l'auteure. Une soeur dont elle a été très proche avant que leurs liens ne finissent pas se rompre. Irène Frain a commencé ce récit quatorze mois après les faits quand le silence lui est devenu insupportable.

Irène Frain a ressenti l'impérieux besoin de savoir ce qui s'est passé, de comprendre comment sa soeur Denise avait pu se retrouver ainsi au mauvais endroit au mauvais moment. Déjà confrontée au silence que lui oppose sa famille, elle va se retrouver face au silence de la presse, de la police et de la justice dans une affaire où le policier qui a fait les investigations n'a toujours pas rendu son rapport quatorze mois après les faits empêchant la nomination d'un juge d'instruction. Oppressée par ce silence, la colère prend alors le pas sur l'accablement, et Irène Frain décide de livrer sa propre enquête et de consulter un avocat.

J'ai aimé la façon dont Irène Frain introduit son récit en ne présentant la victime comme sa soeur qu'à la page 60, j'ai aimé la distance qu'elle prend dans ce début de récit puis lorsqu'elle relit les carnets qu'elle a tenus juste après le drame. J'ai apprécié la construction du récit où alternent des faits précis, des souvenirs et des échanges avec un homme de loi imaginaire.
Ce fait-divers tragique est l'occasion pour elle de revenir sur son histoire familiale qu'elle dit avoir évoquée dans d'autres livres. Je n'ai lu que peu de romans d'Irène Frain et j'ai découvert ici une partie de son histoire au sein d'une famille où le silence a toujours recouvert les douleurs familiales. " On m'a emmurée dans le silence ". Irène Frain souligne le rôle essentiel que Denise, sa "fée-marraine", la reine de sa famille, a eu dans son enfance et la façon dont elle l'a éveillée à la culture. Elle revient aussi sur l'origine de leur éloignement dans des passages particulièrement émouvants.
Au delà de l'histoire intime d'Irène Frain, ce récit a une forte dimension sociale. J'ai été révoltée par l'indifférence qui peut entourer le meurtre d'une vieille dame, d'une invisible dans une banlieue et dans une société que l'auteure dépeint de façon implacable. le double silence auquel Irène Frain est confrontée, familial et judiciaire est particulièrement impressionnant. Irène Frain nous fait vivre son combat de façon très forte, ce récit d'une incontestable qualité littéraire est très prenant et très émouvant, on comprend la rage et l'impuissance de l'auteure face à l'inertie de l'appareil judiciaire et on ne peut que partager sa colère et sa crainte que le dossier ne soit classé. J'imagine le désarroi des familles qui n'ont pas la notoriété d'Irène Frain et qui, confrontées à une telle situation, n'ont pas les mêmes armes qu'elle. Ce récit à la fois intime et social est également un très bel hommage de l'auteure à sa soeur qui ne peut pas laisser indifférent.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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L'auteure relate un fait divers, l'agression et l'assassinat de sa soeur ainée. Elle recompose ses souvenirs, les brasse, les façonne et les refaçonne. Elle exprime sa colère devant LES SILENCES. Silence de la police, silence de la justice, du Mastodonte, silence de la famille, silence d'elle-même et déni de secrets familiaux.
Cette colère, elle pense la maîtriser, parfois, souvent même, elle lui échappe. Cette colère qui comme une longue maladie revient sans cesse. Et pourtant savoir n'est pas forcément un bienfait. On peut savoir et ne rien comprendre. Alors comment comprendre quand on ne sait rien ?
Ces silences qui nourrissent cette colère, colère d'impuissance. L'auteur est en danger, danger d'être prisonnière de cette douleur, de sa souffrance. Seule l'écriture peut la sauver. Très beau récit.
L'auteure, devra-t-elle revenir nous narrer l'issue de cette affaire ou alors préfèrera-t-elle garder pour elle ce passé ?
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Au delà de l'enquête et de l'analyse féroce du "système", nous lisons le récit d'une souffrance insurmontable sauf à décortiquer les flux et reflux d'une vie. L'écriture précise nous éclate l'âme. L'amour,la douleur, l'incompréhension, la colère nous entraînent pour essayer de comprendre pourquoi il y a des "crimes sans importance". La conscience aiguë de la banalité d'un fait divers peu glamour -pensez donc, un meurtre d'une vieille dame dans un petit pavillon au fond d'une impasse !- dénonce le curseur de l'émotion collective. Irène Frain méritait le Renaudot pour ce livre.
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Une septuagénaire est agressée par un inconnu dans son pavillon…
Non! Reprenons.
Une femme est assassinée, battue à mort, par un fou dangereux, qui a déjà sévi et sévira encore. Pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraitre, deux ans après le meurtre, l'affaire n'a toujours pas été instruite par un juge.

Cette femme, cette soeur, cette mère, cette fille, cette voisine, cette amie, cette grand-mère, Denise n'intéresse personne, son crime est sans importance, à part peut-être pour Irène Frain. Et pour cause, c'est sa soeur. Elle ne sera au courant du crime que sept semaines après les faits, sept semaines pendant lesquelles Denise est restée dans le coma, sans que personne ne daigne la prévenir.

Devant le mutisme des proches de sa soeur, décidée à laisser Denise entre les mains de leur dieu, le silence de la presse, la police et la justice, Irène Frain ne peut plus se taire. Elle écrit.

"- Mais comment font ceux qui ne peuvent pas écrire?
– Ils écrivent une maladie. Souvent un cancer."

Irène Frain va dérouler le fil de leur histoire, une histoire douloureuse, empoisonnée par les non-dits, le mauvais amour et la maladie mentale. La construction narrative est faite de digressions maitrisées, de réflexions bouleversantes, d'écrits dans l'écrit, de colère qui monte, le tout servi par une plume absolument remarquable.

Ce roman, c'est aussi un regard acerbe sur notre société, dans laquelle les "vieux", au sens plus large "les invisibles" sont perçus comme quantité négligeable. La façon dont on parle des "personnes à risque de plus de 65 ans" depuis le début de l'épidémie n'en est qu'un exemple de plus.

Quand je vois la bibliographie d'Irène Frain, je me demande comment j'ai pu passer à côté de cette merveilleuse autrice. Ne manquez ce roman bouleversant et dites-moi vite ce que je dois lire d'autre de cette grande écrivaine!

Lien : https://carpentersracontent...
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Dans ce livre, Irène Frain livre le récit de son incompréhension du silence qui a suivi le meurtre de sa soeur aînée.
Silence de la police tout d'abord qui communique peu (voire rien) sur cette affaire d'agressions en série. Puis, le silence de la justice et enfin, le silence de sa propre famille!

Pour raconter ce drame, elle emploi un style simple, fluide et précis des faits et de ses émotions. Concernant les faits, son style est même parfois volontairement froidement descriptif , comme pour mettre une distance entre elle et l'horreur à laquelle elle doit faire face. Il faudra en effet attendre la page 60 pour qu'elle nomme sa soeur autrement que par les termes de "victime", "la morte", "la vieille femme", "la défunte", "la septuagénaire". Son récit est empreint de respect et de questionnements.

Afin que le lecteur comprenne bien son acharnement à faire la lumière sur ce qui s'est passé, Irène Frain explique les relations qu'elle a entretenu avec sa soeur et pourquoi il était si important pour elle de lui donner une voix en écrivant ce livre. Elle dévoile ainsi son enfance, et pour ceux qui (comme moi) ne connaissaient pas ses récits biographiques déjà parus, c'est assez bouleversant!
La situation était me semble t-il déjà assez dramatique comme cela sans en plus devoir y ajouter le rejet familial dont l'auteur a été l'objet. "-Ah! la famille!"

En cherchant à comprendre, elle décrit également un instantané du mode vie des Français :
Tout d'abord, ceux qui s'horrifient sur l'instant du drame et qui aussi rapidement reprennent leurs activités de fin d'été pour profiter au mieux des derniers beaux jours...
Ainsi, la description de moments graves liés à l'enquête contraste fortement (pour ne pas dire violemment) avec les descriptions météorologiques annonçant un superbe été indien où chacun projette ses futurs moments de détente...
Ensuite, elle évoque la dégradation progressive du cadre de vie de ceux qui avaient choisi la campagne pour compagne, celle-ci laissant peu à peu sa place à d'énormes zones commerciales où chacun vient s'abrutir faute de savoir occuper leurs temps de loisirs.

Irène Frain a une forme de "chance" en étant une personnalité littéraire connue puisque sa (belle) plume lui permet d'évacuer colère et angoisses. D'ailleurs, elle-même se demande comment font ceux qui, confrontés à pareille situation n'ont pas ce recours pour y faire face.

Elle n'aura pas travaillé pour rien, car si 2 ans après les faits, le meurtrier court toujours, elle aura obtenu de la justice le dossier de sa soeur 4 jours avant la sortie de ce livre! La patience est vraiment la mère de toutes les vertus!
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C'est d'abord le recit d'un crime, qui n'est pas nommé en tant que tel car la victime, la soeur aînée, Denise, d'Irene Frain était une vieille personne, une invisible.
Cest aussi le récit aussi d'une colère froide, maîtrisée face au ”mastodonte” qu'est la justice quand elle ne s'applique pas.
Denise c'est ma grand-mère, ma mère, ma voisine, bravo Irène Frain de lui avoir rendu la lumière avec autant de justesse...
J'en reste bouleversée...
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