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EAN : 9782283024379
128 pages
Buchet-Chastel (04/02/2010)
3.06/5   25 notes
Résumé :
" Ils ne m'auront pas. C'est la fusion qui a tout chamboulé. Numéro Un a rapidement mis les choses au point, comme il disait. Une nuit, on a déposé ma porte. En arrivant le matin, j'ai eu un moment d'hésitation avant de pénétrer dans mon bureau. Bien qu'il ait été démeublé, je continue de m'y rendre chaque jour. Assis à califourchon sur la chaise que j'ai dégotée dans un débarras, je les observe avec délectation. La résistance est un exercice subtil de composition q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Votre bureau, vous le préférez vide? Telle est la perspective que dresse Frank de Bondt, écrivain belge installé à Paris, dans le cadre de son troisième roman, justement intitulé "Le Bureau vide", qui vient de sortir aux éditions Buchet - Chastel. L'ouvrage se présente comme un petit traité de résistance en milieu hostile; voyons ce qu'il en est!

Particulièrement pertinente, la couverture, illustrée par un certain ou une certaine A. B.-D et représentant une chaise à roulettes, annonce la couleur: il va être question de sièges dans ce petit livre (120 pages). Se glissant dans la peau du personnage de Marc Deleuze, l'auteur explique sans délai à son lecteur que tout est dans cette commodité, à plus d'un titre. Cela explique la première quête du personnage, DRH fichu à la porte sans ménagement... mais désireux de s'incruster, confortablement assis, dans l'entreprise qui l'employait, malgré cet oukase: pour tenir, il lui faut s'asseoir.

Marc Deleuze recherche donc une chaise, socle de sa résistance. L'auteur se lance donc dans une typologie des sièges qui sont utilisés au sein d'une entreprise, personnels ou interchangeables, avec ou sans accoudoirs - renvoyant eux-mêmes à ce terme de "siège" d'une entreprise, lieu où elle a sa place. le DRH évincé considère qu'il a sa place au sein de l'entreprise qui l'a éjecté...

... une entreprise qui s'appelle "Domus", ex-"La Maison". Des "non-noms" d'entreprise qui en disent tout l'anonymat, encore souligné par le "non-nom" de son patron, baptisé "Numéro Un" (mais sa directrice de la communication s'appelle Cécilia, ce qui semble tout de suite moins innocent). de manière plus littéraire, l'auteur affirme cet anonymat dès les premières phrases de son récit: "Ils ne m'auront pas", dit l'incipit - avec ce "Ils" si usuel et si commode quand on n'est pas en mesure de mettre un visage sur quelque chose qui nous dépasse. Ce "ils" est prolongé par l'utilisation du "on" dès le deuxième paragraphe du récit. Tout cela pour dire le côté anonyme, sans visage, d'une hiérarchie présentée comme décidant seule, en autiste, du sort de son personnel, même le plus haut placé.

Traité de résistace en milieu hostile, avons-nous dit? le lecteur sera un peu déçu s'il prend au pied de la lettre cet argument, figurant sur le bandeau qui orne le dernier opus de Frank de Bondt. Plutôt qu'à une guérilla active entre ce collaborateur licencié devenu parasite et le personnel encore en place, on assiste à une épreuve de résistance passive de la part dudit cadre, qui observe, narquois, une entreprise vibrionner autour de lui sans s'en soucier. On ne lui parle pas, on détourne le regard... le lecteur aurait peut-être aimé une confrontation plus saignante, obligeant Marc Deleuze à opérationnaliser une véritable stratégie (éventuellement reproductible par le lecteur...) afin de s'incruster vraiment.

Reste que ces regards détournés, cette ignorance feinte de la part d'une grande partie du personnel (sauf deux ou trois fidèles, de sexe féminin, dont Edmonde, personnage moliéresque de la "bonne" plus astucieuse et plus fine que les maîtres), donnent à la situation un tour réaliste: difficile de regarder en face, voire de saluer un collègue qui vient d'être limogé. Cet ouvrage a priori rigolo prend ainsi un tour amer qui lui sied bien et n'est pas forcément attendu du lecteur.

Marc Deleuze va-t-il finir ses jours dans l'entreprise, monument historique parfaitement inutile? Pas de spoiler ici, même si le fait que Marc Deleuze apporte un sac de couchage pour se coucher sur place annonce la fin - tant il est vrai qu'un homme couché, même s'il a l'excuse de la maladie, est un homme fichu, ce que rappelait déjà le personnage de Kuddl dans "Der Mann im Strom" de Siegfried Lenz (1958). Au final, cet ouvrage est fort sympathique! Mine de rien, sur un ton faussement léger qu'on n'attend pas forcément, il donne quelques coups d'oeil réalistes sur le monde du travail, par étincelles, et révèle avec justesse l'importance profonde d'éléments qu'on croit anodins, tels la forme de la chaise, l'épaisseur de la moquette ou l'existence d'une porte au bureau.

Un roman à lire assis, donc... de préférence dans un fauteuil de direction revêtu de cuir.

Lien : http://fattorius.over-blog.c..
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Avant d'ouvrir le livre, je me suis attardée sur la couverture. On croirait les murs et le sol fait de carton, la lumière vient d'une seule ampoule et au milieu de ce vide trône une chaise à roulettes. Légèrement oppressante, cette couverture dépeint avec excellence l'idée de ce que le lecteur va découvrir.

Marc Deleuze, DRH de 52 ans, a été gentiment invité par sa hiérarchie à se trouver une autre occupation. Façon élégante de l'informer qu'il est à présent libre de tout engagement et pas le bienvenu dans son entreprise.

Marc ne l'entend pas de cette oreille et décide de continuer à se rendre à son travail. Chaque jour qui suit l'annonce de cette séparation, le bureau de Marc se vide. Petit à petit Son bureau lui est retiré, puis Sa chaise, Son canapé, Ses abonnements aux journaux…jusqu'au moment où un matin Marc constate que Sa porte n'est plus là. Comme je viens de l'apprendre, un Cadre sans porte n'est rien !
Ce dernier acte était sensé l'achever ? Que nenni, il renforce plutôt sa volonté d'aller au bout et se met non sans mal en quête de quoi assoir son postérieur. Personne n'est prêt à lui en céder une chaise facilement. Il finit par en dégoter une, minable, en PVC qu'il s'amusera chaque jour à déplacer (tout en restant dans ce qui fût son bureau). Cette chaise est à ses yeux le symbole de la résistance.
Et ses ex-collègues me demanderez-vous ? ont-ils sortis les banderoles ? menacés de faire grève ? manifestés une sorte de solidarité envers leur ancien DRH ?

Et bien non ! La Direction les a invités à ignorer les agissements de cet "emmerdeur", ce qu'il font sans trop se forcer. Ils sont passifs, gênés de devoir lâcher un « Bonjour » timide quand ils ne peuvent faire autrement. Seule la serveuse de la cantine philosophe avec lui de temps en temps le midi.

L'auteur pousse la situation à l'extrême jusqu'à friser parfois l'absurde. Je me suis demandé ce qu'il cherchait à me démontrer, où il voulait m'emmener. Voulait-il dénoncer les méthodes de management et gestion du personnel absurdes ? les débarquements systématiques des quinquas pour les remplacer par des jeunes loups aux dents longues ? Ou tout simplement pousser à l'extrême un comportement puéril ?
Je pense que ce pamphlet aurait eu plus de sens et de poids si l'auteur s'était contenté de rester au plus près du réel. J'ai du mal à croire que de concert, tout ses collègues se soient mis à lui tourner le dos, qu'il ait encore accès à l'entrée de l'immeuble ou à la cantine, qu'aucun vigile ne soit venu le déloger ou encore qu'il n'y ait eu aucun échange musclé avec la direction ou même certains membres de cette société.

Pour en discuter c'est par ici ...
Lien : http://www.valunivers.fr/201..
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Marc Deleuze, DRH de la Maison, découvre un beau matin son bureau vidé. La porte a été déposée. Il ne reste plus que la moquette. Décidé à ne pas céder, il va vivre des mois de jouissive résistance face à l'hostilité, l'indifférence et l'embarras de ceux et celles qui furent ses collègues au sein de la direction du groupe. On veut l'ignorer mais lui observe tout, d'un oeil lucide et féroce. Chaque jour il s'installe entre ses quatre murs, seul avec la chaise en PVC qu'il a dégotée non sans mal au sous-sol.
Dans son bureau vide, sans téléphone, il lit le journal ou fait balcon, à califourchon sur sa chaise, devant le couloir qui traverse la direction générale où Numéro Un a remplacé, à la faveur d'une OPA, son ami Bertrand.
Narguer est un exercice captivant mais accaparant. le désoeuvrement ne s'improvise pas non plus ; il exige une véritable organisation. Mais une fusion peut en cacher une autre…

"La résistance est un plat qui se mange chaud, mais qui n'est pas à l'abri d'un refroidissement".

Il ne faut s'attendre à rien avec ce roman. Censé faire rire (jaune) ou au moins sourire, il n'a pas réussi avec moi. Je comptais cruellement les pages qu'il me restait pour abréger ma souffrance. Bon j'exagère un peu mais la lecture n'a pas été plaisante.

Le roman parle d'une forme de dictature, du pouvoir au bureau mais aussi politique. Marc va être viré mais continué à être payer pendant ce temps. Il squatte le bureau et pourtant personne n'use de la force pour le faire partir mais les gens espèrent quand le faisant paria ils se débarrasseront de lui.

Même en parler m'est difficile donc le mieux faites vous votre propre opinion?!

Lien : http://laccrodeslivres.canal..
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Dans son bureau vide, sans téléphone, Marc passe ses journée à lire le journal ou faire de la résistance suite à sa mise au placard à la suite d'une fusion qui n'a pas été une réussite pour tous.

Ce roman n'est en fait qu'une énième critique de la façon dont marche une multinationale. Seulement voilà, même si certains passages font sourire, il n'en reste pas moins que l'on tourne vite autour du pot un peu comme Marc dans son bureau vide. Sur le même thème j'avais mille fois préféré Les heures souterraines de Delphine de Vigan, qui traitait le sujet avec beaucoup plus de profondeur.

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"Ils ne m'auront pas"


Directeur des ressources humaines et des relations sociales dans une multinationale, un beau bureau dans une tour de la Défense, une voiture de fonction avec sièges en cuir, ça, c'est le passé de Marc Deleuze.
Le présent, c'est un bureau vide, mis à part une chaise moche récupérée au sous-sol, et les regards fuyants ou aveugles des ex-collègues.
Il n'appartient plus à la Maison, mais continue à occuper son bureau, découvrant l'art subtil de ne rien faire.

Ce "conte moderne" est l'occasion pour l'auteur de décrire les rouages et les bassesses de la vie d'entreprise, dans un style caustique qui fait mouche. Son héros n'est pas antipathique, la brebis galeuse garde des contacts avec son ex-secrétaire et la préposée au nettoyage de la cantine et n'oublie pas un collègue qui s'est suicidé dans le garage souterrain.

C'est drôle et sérieux à la fois, à mille lieues de mon quotidien (heureusement), mais assez réaliste, je crois...
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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critiques presse (1)
A la fin de ce roman rondement mené, écrit avec élégance, on en vient assurément à regretter le patronat paternaliste des Trente Glorieuses. catholique, réactionnaire, patriote, gueulard, mais qui, au fond, avait du cœur.
Lire la critique sur le site : LeSpectacleduMonde
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Une porte est un privilège. C'est comme une frontière. Personne ne la franchit sans autorisation. Peu à peu je me suis rendu compte cependant que sans elle de nouvelles perspectives s'offraient à moi. Mon territoire devenait illimité. Rien ne le bornait plus. Je me suis mis à rêver de libre-échange avant de convenir assez rapidement que, privé de porte, un cadre est privé de visites. Où frapper? Aujourd'hui, je reconnais que c'est un grand bonheur de n'avoir plus à passer, chaque matin, la porte de son bureau. Je serais désolé si ce battant sur lequel figurait autrefois mon nom en lettres dorées reprenait sa place.

P.10
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