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Voilà un livre qui a bousculé ma vision de l'Histoire !
Tous nos manuels et livres nous narrent l'histoire comme si le centre du monde avait toujours été l'Occident (Europe et Etats-Unis), ici, Peter Frankopen déplace ce centre du monde vers Les routes de la soie, un territoire allant de la Méditerranée orientale aux frontières de la Chine.
Rappel utile pour constater que des villes comme Bagdad, Kandahar, Herat, Mossoul, Samarcande et tant d'autres furent en leur temps des villes importantes et riches, loin donc de l'image que nous en avons aujourd'hui...
Résumer ce livre d'histoire de plus de 700 pages est évidemment impossible, l'auteur entamant son récit à partir de la Mésopotamie, la Perse, les conquêtes d'Alexandre le Grand jusqu'à notre époque !
Ce ne fut pas évidemment un livre que je lus d'une traite; il fourmille de détails, de lieux, de personnages, d'événements
J'ai eu souvent recours aux diverses cartes contenues dans cet ouvrage, et ai essayé de replacer les lieux cités dans les frontières actuelles tant celles-ci ont été mouvantes.
J'ai énormément appris, trop peut-être pour me souvenir de tout - l' histoire du monde depuis la nuit des temps est vaste !
J'ai apprécié également le regard de l'auteur sur des événements récents : la chute du Shah d'Iran, Saddam Hussein, la guerre Iran-Irak, l'Afghanistan et l'importance qu'eut dans ces événements la vision à court terme de l'Occident, les Etats-Unis surtout soutenant l'un pour se tourner secrètement vers l'autre. Une vision d'historien m'a aidé à replacer ces faits et à m'en rappeler la chronologie.
C'est un livre d'histoire qui me servira de livre de référence et à qui je ferai appel à l'avenir.
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Peter Frankopan s'intéresse à deux millénaires d'histoire du monde, depuis la naissance du christianisme vus, non de l'Europe comme le plus souvent, mais du Moyen-Orient.
Il montre comment cette région de l'Asie, longtemps symbolisée par la Perse, a été au coeur des affrontements religieux (judaïsme, christianisme, islam) dans les premiers siècles.
Il montre également comment cette région a été au coeur des enjeux économiques et géopolitiques mondiaux : création de la route de la soie (et des épices) pour les échanges entre l'empire romain et la Chine, conquêtes d'Alexandre le Grand de l'ouest vers l'est, déferlement des hordes barbares venues du nord et de la Russie, puis conquêtes de Gengis Khan, de l'est vers l'ouest.
Même les grandes catastrophes semblent partir de là. Ainsi, l'épidémie de peste noire qui, au milieu du 14ème siècle, décima l'Asie, l'Europe et le nord de l'Afrique, prit-elle naissance dans les steppes humides de l'Asie centrale.
L'Europe se relèvera plus vite et plus forte de cette hécatombe : l'Italie avec ses grands ports (Gênes et Venise notamment), le Portugal et l'Espagne, grands explorateurs du monde, puis l'Angleterre e la Hollande, grands navigateurs, et enfin la Russie, avec son accès terrestre à la région.
C'est le pétrole, avec la découverte des immenses réserves de l'Irak, de l'Iran, de l'Asie centrale et de l'Arabie, qui remettra le Moyen-Orient au coeur de l'histoire, d'abord sous la domination des anglais. Mais ceux-ci sont progressivement chassés au 20ème siècle, et ce sont alors les États-Unis qui cherchent à en prendre le contrôle à distance, avec deux objectifs : conserver un accès à la ressource pétrolière et empêcher l'URSS d'étendre son influence vers cette région du monde.
Mais ils s'y prendront si maladroitement que la région échappera à leur contrôle, avec toutes les conséquences que l'on vit aujourd'hui. Et c'est maintenant la Chine qui apparaît comme la nation potentiellement dominante sur cette région.

L'ambition du livre semble assez bien atteinte : l'angle de vue choisi permet d'analyser l'histoire contemporaine sous de nouvelles perspectives, avec des analyses des événements qui sont des découvertes pour le lecteur. Cette volonté d'examiner l'histoire depuis un centre du monde qui n'est pas l'Europe est assez bien respectée, sauf me semble t'il pour la période qui va du 15ème au 18ème siècles, où le discours est plus centré sur l'Europe et l'Amérique. C'est avec l'émergence de la Russie au 19ème siècle que le livre va à nouveau se focaliser sur le Moyen-Orient.
Ce n'est pas un livre qu'on lit d'une seule traite : près de mille pages, plus de 700 sans les notes, nécessitant une bonne concentration. Mais on peut prendre son temps et le lire tranquillement chapitre après chapitre, comme je l'ai fait, sans difficulté.
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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L'Histoire, en Europe, on la connaît bien : d'abord les Grecs, puis l'Empire Romain, ensuite l'essor de la Chrétienté, à laquelle succèdent les Lumières, pour se terminer par la révolution industrielle. Toutefois, si on regarde plus attentivement, on remarquera que cette histoire ne concerne qu'un seul continent. Dans le meilleur des cas, on retiendra vaguement les Perses, Attila, Gengis Khan, l'empire ottoman, comme autant de piqûres de moustiques qui nous ont brièvement agacé.

Peter Frankopan vient remettre le Moyen-Orient au milieu de l'Histoire, avec ce colossal essai de 900 pages, dont 150 de références, excusez du peu. Il montre comment les empires meurent et naissent ; comment les pouvoirs politique, militaire et économique se sont baladés des bords de l'Atlantique à ceux du Pacifique en un mouvement incessant ; comment des petites cités-états deviennent le centre du monde en moins d'un siècle, et comment des empires tentaculaires s'effondrent sur eux-mêmes en quelques générations à peine.

À noter toutefois que l'essai se limite à l'Eurasie : de l'Afrique, on n'évoquera que le Maghreb, le continent américain ne fera son apparition qu'avec les États-Unis, tout comme l'Australie qui fera son entrée seulement comme colonie anglaise. Il y a cependant déjà de quoi faire, et une bonne dose d'idées reçues à briser.

L'histoire contemporaine reste bien développée, et montre que les récents conflits (Afghanistan, Iran, Irak, Syrie…) ont des racines historiques profondes. Les alliances et les inimitiés entre puissances peuvent avoir comme origines un lointain différent entre deux souverains ou une trahison encore mal digérée aujourd'hui.

Certains morceaux d'histoire m'ont paru être traités trop légèrement, donc je ne considérerai pas ce livre comme la vérité absolue ; mais comme Les croisades vues par les Arabes d'Amin Maalouf, il permet d'étudier un sujet qu'on pensait connaître par coeur sous un autre angle, ce qui est toujours enrichissant.
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L'auteur pratique avec talent une histoire panoramique et il n'est pas possible de résumer objectivement un livre aussi touffu : 732 pages dont 85 pages de notes et de références, 10 cartes, un index détaillé. le premier message reçu est la permanence des routes de la soie, depuis la préhistoire jusqu'au 21e siècle. le second est le changement de perspective pour ceux qui ont acquis par l'école ou les lectures une vision occidentale du monde eurasien. le troisième est la multiplicité et les renversements des alliances.

La permanence d'abord. Les échanges est-ouest sont attestés depuis la plus haute antiquité, bien avant la progression par l'ouest d'Alexandre et de ses successeurs et l'expansion des Hans en sens opposé. Ces échanges ont été fréquemment rompus ou confisqués par les descentes des « barbares » du nord, Vikings Rus', Huns ou Mongols. Barbares pour leurs prédécesseurs qui se voyaient légitimes, mais qui deviennent administrateurs avisés après leur conquête : la Pax Mongolica a assuré la sécurité des routes plus longtemps et plus efficacement que la Pax Romana.

Le changement de perspective. Si les « barbares » n'ont fait que des incursions transitoires en occident, c'est que l'occident n'avait guère d'intérêt pendant le haut moyen-âge. Il était pauvre, ignare et dépeuplé par comparaison à la Perse ou au monde arabe. La chrétienté elle-même était beaucoup nombreuse dans l'Asie de Constantinople que dans l'Europe de Rome. Un tournant survient à la première croisade, quand Constantinople s'épuise dans les guerres civiles et aux frontières. C'est alors que notre « histoire nationale » fait surface : « La chrétienté avait été sauvée par les braves chevaliers qui avaient parcouru des milliers de milles jusqu'à Jérusalem. La Ville sainte avait été libérée par les chrétiens – pas par les Grecs orthodoxes de l'Empire byzantin, mais ceux de Normandie, de France et de Flandres qui constituaient l'immense majorité de l'expédition » (p 174). Nous avons oublié le versant sombre de cet avènement : les carnages, la cupidité, le cynisme des croisés vis-à-vis de leurs frères orientaux, la renaissance d'un antisémitisme européen.

La multiplicité et les renversements des alliances. Les peuples voisins de la grande route sont multiples, organisés en empires, royaumes et dynasties dont beaucoup sont inconnus du public, et ce monde fluctue avec l'émergence ou la décadence des religions. « Le commerce avait ouvert la porte où s'engouffrait la foi » (p 53). Certaines religions sont en expansion comme la chrétienté, d'abord orientale puis romaine ; d'autres sont stables (le bouddhisme) ou en régression numérique (le judaïsme) ; une autre émerge dans un formidable élan : l'Islam, en partie développé sur les décombres de la Perse et du zoroastrisme. Pour l'auteur, la puissance de l'Islam est renforcée par ses origines guerrières et sa force économique : « Muhammad déclara que les biens confisqués aux non-croyants seraient conservés pour les fidèles. Les intérêts économiques et religieux étaient donc clairement réunis. Les premiers convertis furent récompensés par une partie plus importante des dépouilles, dans un système pyramidal de fait. La pratique fut officialisée au début des années 630 par la création d'un Diwan, bureau chargé de gérer la distribution de butin. La part revenant aux chefs de fidèles, au calife, était de 20 %, mais la majorité était partagée par ses partisans et ceux qui participaient aux attaques réussies. Les premiers fidèles étaient le plus grand bénéficiaire de nouvelles conquêtes, mais les nouveaux convertis aspiraient à jouir des fruits du succès. Il en résulta une force d'expansion irrésistible » (p 105). On verra dans les siècles suivants des alliances à bascule : une tolérance de l'Islam pour le judaïsme ; un soutien des juifs aux musulmans à l'encontre des chrétiens ; après la Réforme et la montée en puissance de l'Espagne enrichie par l'Amérique, la guerre des Anglais et la révolte des Hollandais qui s'allient avec les ottomans, faute de débouché transatlantique (ils créeront plus tard leurs compagnies orientales), sous un prétexte religieux. Et les Amériques précisément ? Un autre monde, une autre histoire, traités brièvement parce qu'ils sont « hors champ », mais qui n'ont jamais compromis les routes de la soie : bien au contraire, le nouveau continent fournit au seizième siècle les métaux précieux qui accélèrent l'inflation et l'importation des richesses orientales.

Suivent des chapitres sur la montée en puissance de l'Europe du Nord, sur les conflits anglo-russes en Asie centrale, sur « la route de la guerre », « la route de l'Or noir », « la route du génocide », sur la « nouvelle Route de la Soie » de Xi Jinping, et l'on comprend le pluriel du titre. Aux échanges de marchandises, de religions et d'agressions, il reste à ajouter les échanges de germes et les grandes épidémies, la « Route de la Mort et de la Destruction ».

L'impression dominante en fermant le livre est le pessimisme, une constante dans l'étude de l'histoire. Frankopan souligne que rayonnement de nos sociétés occidentales est le fruit de progrès dans la stratégie, l'architecture militaire, la construction navale et la précision des armes, avec pour moteurs la cupidité et le cynisme, bien plus que les Lumières. Les preuves du cynisme augmentent en nombre avec le temps et la précision des sources, mais il a toujours existé : le « doux commerce » de Montesquieu est une utopie des vainqueurs.

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Quel magistral survol spatio-temporel. Depuis Alexandre le Grand à Ben Laden. A faire lire à toute la crapulerie actuelle qui s'attaque aux statues, qui comprendrait (dans l'hypothèse optimiste où leur cerveau le permettrait) comment le monde a fonctionné, comment l'Histoire a façonné la planète dans laquelle nous vivons. Ils pourraient apprendre par exemple quelles civilisations ont contribué à l'édification de la culture universelle et celles qui n'ont rien produit. Comment au travers des tragédies sans fin, des massacres sans nombre, des destructions définitives, des épidémies, l'humanité a produit des Léonard, des poèmes persans, des bijoux et parures d'une finesse éblouissantes, des miniatures mogholes…
L'auteur y montre aussi l'aveuglement géopolitique, la rapacité et la cupidité… Comme a dit Valéry, les civilisations sont mortelles.
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Remarquable analyse historico-économique des différents flux de marchandises, d'influences religieuses et philosophiques, luttes de pouvoir ... entre l'Europe, le Moyen-Orient et l'Asie avec parfois les influences ou conséquences de et pour les Amériques et l'Afrique.

On traverse les siècles, les empires, ... avec toujours la recherche de l'enrichissement des élites, la "sécurisation" dans le temps de ces avantages ... mais la notion de temps pour l'homme n'est certainement pas celle de l'Histoire.

Ce livre devrait être lu par tous ceux (trop nombreux certainement) qui n'ont comme connaissances historiques que ce qu'ils ont appris à l'école.

Remarque: il s'agit d'un livre historique, pas un roman ... donc plus ardu à lire.
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Dans cet excellent livre d'histoire, l'(auteur décentre le regard et fait du Moyen Orient le centre du monde. C'est autour des évènements intervenus sur cette partie de la planète que l'interprétation des mouvements historiques va se faire. On commence bien entendu dans l'antiquité par la circulation de produits de luxe qui va engendré également la circulation des idées et des religions avant de revenir vers les produits de luxe et les ressources énergétiques notamment.
Cette interprétation propre à l'auteur permet de donne un nouvel éclairage à bon nombre d'évènements de l'histoire avec un grand H et de décrypter les intentions derrière les propagandes.
C'est un ouvrage passionnant.
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Quel essai stimulant ! Les 750 pages de cet ouvrage valent la peine d'être lues. Et pour cause, c'est toute l'histoire du monde qui est faite et refaite à partir d'un angle d'approche nouveau : se concentrer sur l'Asie centrale plutôt que l'Occident.

Le début sur l'Antiquité est pour moi le plus intéressant. On étudie des périodes trop méconnues : Alexandre le grand, l'essor des monothéismes, les conflits entre l'empire romain et l'empire perse (mention spéciale au pauvre Valérien qui a servi de table vivante pour le shah perse avant d'être dépecé vivant...). Cette partie nous rappelle notamment que le christianisme était une religion plus asiatique qu'européenne, et que son adoption par l'empire romain l'a condamné en Orient.

Viennent ensuite l'âge d'or islamique avec de bonnes descriptions de l'avancée et du luxe de cette civilisation, les croisades, les invasions mongoles, le jeu des cités italiennes en Méditerranée. Bref, des périodes qu'on connaît, mais rarement en détail. Ce livre nous rafraîchit donc la mémoire en apportant son lot de petites anecdotes croustillantes sans délaisser la rigueur scientifique.

Puis on assiste à l'essor de l'Occident, on histoire en théorie plus connue, mais en pratique pas forcément comprise. Les richesses du nouveau monde sont accaparées par l'Espagne (notamment la mine d'argent de Potosi) mais profitent aussi à l'Asie centrale par les échanges économiques qui s'y tissent avec l'Europe (d'où la création, par exemple, du Taj Mahal au XVIIe siècle).

Vient ensuite la concurrence entre les pays européens pour dominer le commerce mondial. Une compétition dont, on le sait, les Anglais sortent vainqueur, même si en France on est rarement capable d'expliquer pourquoi. Les routes de la soie donne la solution (le contrôle d'une région qui commence par "Ben" et termine par "gal"...).

La dernière partie de l'ouvrage, sur le XXe siècle, a le mérite d'offrir un regard novateur sur la première guerre mondiale, dont l'auteur voit l'origine dans la rivalité anglo-russe (thèse paradoxale vu que les deux pays sont alliés, mais l'auteur est plutôt convainquant) ainsi que sur la seconde, où il insiste sur l'obsession nazi pour le contrôle de la moitié sud de l'URSS pleine de pétrole et de blé, des ressources dont le IIIe Reich manque cruellement. La suite est une série d'événement familiers : coups d'état de la CIA, rivalité entre l'URSS et les Etats-Unis, pays pleins de ressources qui souhaitent s'émanciper de la tutelle occidentale (qui se manifeste par les compagnies pétrolières...). Ces passages, les plus actuels, sont un peu longs et moins originaux. J'ai pourtant été surpris que l'auteur passe rapidement sur l'échec du panarabisme de Nasser, dont il oublie d'expliquer la cause par l'épuisement de l'armée égyptienne dans une guerre au Yémen. On en ressort avec une impression de gâchis, les diplomates américains étant autant à blâmer que les autocrates des pays d'Asie centrale, eux qui avaient les moyens de développer leurs pays, mais ont préféré investir dans l'armée, déclarer des guerres, et se neutraliser mutuellement, au grand damne de leurs populations (un scénario familier des Européens qui ont un peu de mémoire...).

Une fois la dernière page tournée, que nous reste-t-il ? L'impression d'avoir beaucoup appris, qu'on pourra à l'occasion relire un ou deux chapitres quand on s'intéressera à une des nombreuses périodes décrites. Mais aussi la frustration d'une histoire pas aussi décentrée qu'attendue. L'Europe, l'Angleterre, les Etats-Unis restent très (trop ?) présents à mon goût par rapport aux pays d'Asie centrale, la Chine, l'Inde ou encore la Russie. Quant à la conclusion géopolitique elle est aussi étonnante : il faudra collaborer avec des pays riches en ressources, l'auteur en cite beaucoup de réalisations comme preuves (par exemple la statue géante et dorée du président du Turkménistan qui tourne avec le Soleil), mais on est frustré de ne pas lire un mot clé : la malédiction des ressources naturelles. En effet, ces pays débordant de ressources naturelles (hydrocarbures notamment) ne brillent pas aux classements internationaux du développement. Ainsi, les déclin de la domination économique occidentale ne profite pas (encore?) aux populations d'Asie centrale.
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Attention : pavé lumineux et génial !

Pas loin de mille pages au format poche (avec les notes) pour raconter 2500 ans d'histoire depuis l'empire Perse et celui d'Alexandre jusqu'aux soubresauts des guerres du Golfe, de la désastreuse politique américaine dans cette région du monde et de l'émergence des nouvelles routes de la soie, comme le dit Xi Jinping. le coeur de ces nouvelles routes est bien la Chine à laquelle s'ajoutent les pays émergents du centre de l'Asie, riches en ressources naturelles, comme ils l'étaient il y a des siècles avant la relativement brève période de domination de l'Occident européen et américain.

Comme l'auteur l'indique à l'occasion d'une interview lue sur le site de la revue "Hérodote"
"... le point fondamental est que 65% de la population mondiale vit à l'est d'Istanbul ; c'est de là que viennent 70% des énergies fossiles ainsi qu'une grande proportion du blé et du riz"

L'analyse de Frankopan démontre que cette partie du monde, en gros avec l'Iran comme pivot, est, dans la longue durée, le réel coeur du monde, celui des échanges entre l'espace méditerranéen et l'orient indien et chinois avec, selon les périodes, des centres de gravité qui ont pu varier : Rome, Bagdad, les empires des steppes, la Chine, ou, de manière excentré, la lointaine Angleterre. Par échanges, il faut entendre le commerce qu'évoque les routes de la soie mais aussi celui des hommes, des idées et des religions.
Plusieurs chapitres sont consacrés aux religions : l'orient chrétien, l'expansion de l'islam mais aussi les échanges avec le bouddhisme, l'hindouisme, le jaïnisme..

Malgré tout, une grande place est laissée à l'Occident et à l'Europe à partir des bouleversements des circuits commerciaux apportés par les dites grandes découvertes. Ces nouveaux chemins que la lointaine Europe ouvrent pour accéder aux richesses de l'Orient s'accompagnent de la découverte, par hasard, d'un continent jusqu'alors inconnu. Cette nouvelle richesse qui se déverse sur le monde va perturber l'économie jusqu'en Chine. Ce sont ces richesses qui vont créer les conditions de la domination occidentale le XIX ème siècle est celui de la domination de l'Angleterre. La découverte du pétrole va replacer ces pays au coeur des échanges, alors que les puissances coloniales (l'Angleterre relayée après guerre par les États-Unis) s'épuisent et se perdent lors des rivalités de la Guerre Froide.

Il s'agit du livre d'un occidental dont les connaissances et les ressources sont centrées et qui s'adresse à d'autres occidentaux pour leur expliquer la place provisoire de l'Occident dans le monde. du coup, on aimerait un livre écrit à quatre mains avec un homologue chinois ou indien par exemple qui accompagnerait les chapitres de son regard sur ce centre du monde et ses relations avec son propre territoire.
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Ce livre est une véritable somme sur la place de l'Orient proche et lointain dans l'histoire. Tout y passe des empires le plus anciens, d'Alexandre le Grand jusqu'aux événements les plus récents et le projet chinois actuel des nouvelles routes de la soie...un tour de force !
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