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EAN : 9782081480407
960 pages
Flammarion (02/10/2019)
4.05/5   115 notes
Résumé :
D’Alexandre le Grand aux nouvelles Routes de la Soie, 2500 ans d’histoire comme vous ne l’avez jamais lue.

Avec son « histoire du cœur du monde », Peter Frankopan renverse notre récit traditionnel, qui gravite autour de la Grèce antique, de Rome et de l’irrésistible ascension de l’Occident. Une approche réductrice, qui mérite une relecture urgente et approfondie.
L’auteur élargit la perspective et tourne son regard vers « une région située à mi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Voilà un livre qui a bousculé ma vision de l'Histoire !
Tous nos manuels et livres nous narrent l'histoire comme si le centre du monde avait toujours été l'Occident (Europe et Etats-Unis), ici, Peter Frankopen déplace ce centre du monde vers Les routes de la soie, un territoire allant de la Méditerranée orientale aux frontières de la Chine.
Rappel utile pour constater que des villes comme Bagdad, Kandahar, Herat, Mossoul, Samarcande et tant d'autres furent en leur temps des villes importantes et riches, loin donc de l'image que nous en avons aujourd'hui...
Résumer ce livre d'histoire de plus de 700 pages est évidemment impossible, l'auteur entamant son récit à partir de la Mésopotamie, la Perse, les conquêtes d'Alexandre le Grand jusqu'à notre époque !
Ce ne fut pas évidemment un livre que je lus d'une traite; il fourmille de détails, de lieux, de personnages, d'événements
J'ai eu souvent recours aux diverses cartes contenues dans cet ouvrage, et ai essayé de replacer les lieux cités dans les frontières actuelles tant celles-ci ont été mouvantes.
J'ai énormément appris, trop peut-être pour me souvenir de tout - l' histoire du monde depuis la nuit des temps est vaste !
J'ai apprécié également le regard de l'auteur sur des événements récents : la chute du Shah d'Iran, Saddam Hussein, la guerre Iran-Irak, l'Afghanistan et l'importance qu'eut dans ces événements la vision à court terme de l'Occident, les Etats-Unis surtout soutenant l'un pour se tourner secrètement vers l'autre. Une vision d'historien m'a aidé à replacer ces faits et à m'en rappeler la chronologie.
C'est un livre d'histoire qui me servira de livre de référence et à qui je ferai appel à l'avenir.
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Peter Frankopan s'intéresse à deux millénaires d'histoire du monde, depuis la naissance du christianisme vus, non de l'Europe comme le plus souvent, mais du Moyen-Orient.
Il montre comment cette région de l'Asie, longtemps symbolisée par la Perse, a été au coeur des affrontements religieux (judaïsme, christianisme, islam) dans les premiers siècles.
Il montre également comment cette région a été au coeur des enjeux économiques et géopolitiques mondiaux : création de la route de la soie (et des épices) pour les échanges entre l'empire romain et la Chine, conquêtes d'Alexandre le Grand de l'ouest vers l'est, déferlement des hordes barbares venues du nord et de la Russie, puis conquêtes de Gengis Khan, de l'est vers l'ouest.
Même les grandes catastrophes semblent partir de là. Ainsi, l'épidémie de peste noire qui, au milieu du 14ème siècle, décima l'Asie, l'Europe et le nord de l'Afrique, prit-elle naissance dans les steppes humides de l'Asie centrale.
L'Europe se relèvera plus vite et plus forte de cette hécatombe : l'Italie avec ses grands ports (Gênes et Venise notamment), le Portugal et l'Espagne, grands explorateurs du monde, puis l'Angleterre e la Hollande, grands navigateurs, et enfin la Russie, avec son accès terrestre à la région.
C'est le pétrole, avec la découverte des immenses réserves de l'Irak, de l'Iran, de l'Asie centrale et de l'Arabie, qui remettra le Moyen-Orient au coeur de l'histoire, d'abord sous la domination des anglais. Mais ceux-ci sont progressivement chassés au 20ème siècle, et ce sont alors les États-Unis qui cherchent à en prendre le contrôle à distance, avec deux objectifs : conserver un accès à la ressource pétrolière et empêcher l'URSS d'étendre son influence vers cette région du monde.
Mais ils s'y prendront si maladroitement que la région échappera à leur contrôle, avec toutes les conséquences que l'on vit aujourd'hui. Et c'est maintenant la Chine qui apparaît comme la nation potentiellement dominante sur cette région.

L'ambition du livre semble assez bien atteinte : l'angle de vue choisi permet d'analyser l'histoire contemporaine sous de nouvelles perspectives, avec des analyses des événements qui sont des découvertes pour le lecteur. Cette volonté d'examiner l'histoire depuis un centre du monde qui n'est pas l'Europe est assez bien respectée, sauf me semble t'il pour la période qui va du 15ème au 18ème siècles, où le discours est plus centré sur l'Europe et l'Amérique. C'est avec l'émergence de la Russie au 19ème siècle que le livre va à nouveau se focaliser sur le Moyen-Orient.
Ce n'est pas un livre qu'on lit d'une seule traite : près de mille pages, plus de 700 sans les notes, nécessitant une bonne concentration. Mais on peut prendre son temps et le lire tranquillement chapitre après chapitre, comme je l'ai fait, sans difficulté.
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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L'auteur pratique avec talent une histoire panoramique et il n'est pas possible de résumer objectivement un livre aussi touffu : 732 pages dont 85 pages de notes et de références, 10 cartes, un index détaillé. le premier message reçu est la permanence des routes de la soie, depuis la préhistoire jusqu'au 21e siècle. le second est le changement de perspective pour ceux qui ont acquis par l'école ou les lectures une vision occidentale du monde eurasien. le troisième est la multiplicité et les renversements des alliances.

La permanence d'abord. Les échanges est-ouest sont attestés depuis la plus haute antiquité, bien avant la progression par l'ouest d'Alexandre et de ses successeurs et l'expansion des Hans en sens opposé. Ces échanges ont été fréquemment rompus ou confisqués par les descentes des « barbares » du nord, Vikings Rus', Huns ou Mongols. Barbares pour leurs prédécesseurs qui se voyaient légitimes, mais qui deviennent administrateurs avisés après leur conquête : la Pax Mongolica a assuré la sécurité des routes plus longtemps et plus efficacement que la Pax Romana.

Le changement de perspective. Si les « barbares » n'ont fait que des incursions transitoires en occident, c'est que l'occident n'avait guère d'intérêt pendant le haut moyen-âge. Il était pauvre, ignare et dépeuplé par comparaison à la Perse ou au monde arabe. La chrétienté elle-même était beaucoup nombreuse dans l'Asie de Constantinople que dans l'Europe de Rome. Un tournant survient à la première croisade, quand Constantinople s'épuise dans les guerres civiles et aux frontières. C'est alors que notre « histoire nationale » fait surface : « La chrétienté avait été sauvée par les braves chevaliers qui avaient parcouru des milliers de milles jusqu'à Jérusalem. La Ville sainte avait été libérée par les chrétiens – pas par les Grecs orthodoxes de l'Empire byzantin, mais ceux de Normandie, de France et de Flandres qui constituaient l'immense majorité de l'expédition » (p 174). Nous avons oublié le versant sombre de cet avènement : les carnages, la cupidité, le cynisme des croisés vis-à-vis de leurs frères orientaux, la renaissance d'un antisémitisme européen.

La multiplicité et les renversements des alliances. Les peuples voisins de la grande route sont multiples, organisés en empires, royaumes et dynasties dont beaucoup sont inconnus du public, et ce monde fluctue avec l'émergence ou la décadence des religions. « Le commerce avait ouvert la porte où s'engouffrait la foi » (p 53). Certaines religions sont en expansion comme la chrétienté, d'abord orientale puis romaine ; d'autres sont stables (le bouddhisme) ou en régression numérique (le judaïsme) ; une autre émerge dans un formidable élan : l'Islam, en partie développé sur les décombres de la Perse et du zoroastrisme. Pour l'auteur, la puissance de l'Islam est renforcée par ses origines guerrières et sa force économique : « Muhammad déclara que les biens confisqués aux non-croyants seraient conservés pour les fidèles. Les intérêts économiques et religieux étaient donc clairement réunis. Les premiers convertis furent récompensés par une partie plus importante des dépouilles, dans un système pyramidal de fait. La pratique fut officialisée au début des années 630 par la création d'un Diwan, bureau chargé de gérer la distribution de butin. La part revenant aux chefs de fidèles, au calife, était de 20 %, mais la majorité était partagée par ses partisans et ceux qui participaient aux attaques réussies. Les premiers fidèles étaient le plus grand bénéficiaire de nouvelles conquêtes, mais les nouveaux convertis aspiraient à jouir des fruits du succès. Il en résulta une force d'expansion irrésistible » (p 105). On verra dans les siècles suivants des alliances à bascule : une tolérance de l'Islam pour le judaïsme ; un soutien des juifs aux musulmans à l'encontre des chrétiens ; après la Réforme et la montée en puissance de l'Espagne enrichie par l'Amérique, la guerre des Anglais et la révolte des Hollandais qui s'allient avec les ottomans, faute de débouché transatlantique (ils créeront plus tard leurs compagnies orientales), sous un prétexte religieux. Et les Amériques précisément ? Un autre monde, une autre histoire, traités brièvement parce qu'ils sont « hors champ », mais qui n'ont jamais compromis les routes de la soie : bien au contraire, le nouveau continent fournit au seizième siècle les métaux précieux qui accélèrent l'inflation et l'importation des richesses orientales.

Suivent des chapitres sur la montée en puissance de l'Europe du Nord, sur les conflits anglo-russes en Asie centrale, sur « la route de la guerre », « la route de l'Or noir », « la route du génocide », sur la « nouvelle Route de la Soie » de Xi Jinping, et l'on comprend le pluriel du titre. Aux échanges de marchandises, de religions et d'agressions, il reste à ajouter les échanges de germes et les grandes épidémies, la « Route de la Mort et de la Destruction ».

L'impression dominante en fermant le livre est le pessimisme, une constante dans l'étude de l'histoire. Frankopan souligne que rayonnement de nos sociétés occidentales est le fruit de progrès dans la stratégie, l'architecture militaire, la construction navale et la précision des armes, avec pour moteurs la cupidité et le cynisme, bien plus que les Lumières. Les preuves du cynisme augmentent en nombre avec le temps et la précision des sources, mais il a toujours existé : le « doux commerce » de Montesquieu est une utopie des vainqueurs.

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L'Histoire, en Europe, on la connaît bien : d'abord les Grecs, puis l'Empire Romain, ensuite l'essor de la Chrétienté, à laquelle succèdent les Lumières, pour se terminer par la révolution industrielle. Toutefois, si on regarde plus attentivement, on remarquera que cette histoire ne concerne qu'un seul continent. Dans le meilleur des cas, on retiendra vaguement les Perses, Attila, Gengis Khan, l'empire ottoman, comme autant de piqûres de moustiques qui nous ont brièvement agacé.

Peter Frankopan vient remettre le Moyen-Orient au milieu de l'Histoire, avec ce colossal essai de 900 pages, dont 150 de références, excusez du peu. Il montre comment les empires meurent et naissent ; comment les pouvoirs politique, militaire et économique se sont baladés des bords de l'Atlantique à ceux du Pacifique en un mouvement incessant ; comment des petites cités-états deviennent le centre du monde en moins d'un siècle, et comment des empires tentaculaires s'effondrent sur eux-mêmes en quelques générations à peine.

À noter toutefois que l'essai se limite à l'Eurasie : de l'Afrique, on n'évoquera que le Maghreb, le continent américain ne fera son apparition qu'avec les États-Unis, tout comme l'Australie qui fera son entrée seulement comme colonie anglaise. Il y a cependant déjà de quoi faire, et une bonne dose d'idées reçues à briser.

L'histoire contemporaine reste bien développée, et montre que les récents conflits (Afghanistan, Iran, Irak, Syrie…) ont des racines historiques profondes. Les alliances et les inimitiés entre puissances peuvent avoir comme origines un lointain différent entre deux souverains ou une trahison encore mal digérée aujourd'hui.

Certains morceaux d'histoire m'ont paru être traités trop légèrement, donc je ne considérerai pas ce livre comme la vérité absolue ; mais comme Les croisades vues par les Arabes d'Amin Maalouf, il permet d'étudier un sujet qu'on pensait connaître par coeur sous un autre angle, ce qui est toujours enrichissant.
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Quel essai stimulant ! Les 750 pages de cet ouvrage valent la peine d'être lues. Et pour cause, c'est toute l'histoire du monde qui est faite et refaite à partir d'un angle d'approche nouveau : se concentrer sur l'Asie centrale plutôt que l'Occident.

Le début sur l'Antiquité est pour moi le plus intéressant. On étudie des périodes trop méconnues : Alexandre le grand, l'essor des monothéismes, les conflits entre l'empire romain et l'empire perse (mention spéciale au pauvre Valérien qui a servi de table vivante pour le shah perse avant d'être dépecé vivant...). Cette partie nous rappelle notamment que le christianisme était une religion plus asiatique qu'européenne, et que son adoption par l'empire romain l'a condamné en Orient.

Viennent ensuite l'âge d'or islamique avec de bonnes descriptions de l'avancée et du luxe de cette civilisation, les croisades, les invasions mongoles, le jeu des cités italiennes en Méditerranée. Bref, des périodes qu'on connaît, mais rarement en détail. Ce livre nous rafraîchit donc la mémoire en apportant son lot de petites anecdotes croustillantes sans délaisser la rigueur scientifique.

Puis on assiste à l'essor de l'Occident, on histoire en théorie plus connue, mais en pratique pas forcément comprise. Les richesses du nouveau monde sont accaparées par l'Espagne (notamment la mine d'argent de Potosi) mais profitent aussi à l'Asie centrale par les échanges économiques qui s'y tissent avec l'Europe (d'où la création, par exemple, du Taj Mahal au XVIIe siècle).

Vient ensuite la concurrence entre les pays européens pour dominer le commerce mondial. Une compétition dont, on le sait, les Anglais sortent vainqueur, même si en France on est rarement capable d'expliquer pourquoi. Les routes de la soie donne la solution (le contrôle d'une région qui commence par "Ben" et termine par "gal"...).

La dernière partie de l'ouvrage, sur le XXe siècle, a le mérite d'offrir un regard novateur sur la première guerre mondiale, dont l'auteur voit l'origine dans la rivalité anglo-russe (thèse paradoxale vu que les deux pays sont alliés, mais l'auteur est plutôt convainquant) ainsi que sur la seconde, où il insiste sur l'obsession nazi pour le contrôle de la moitié sud de l'URSS pleine de pétrole et de blé, des ressources dont le IIIe Reich manque cruellement. La suite est une série d'événement familiers : coups d'état de la CIA, rivalité entre l'URSS et les Etats-Unis, pays pleins de ressources qui souhaitent s'émanciper de la tutelle occidentale (qui se manifeste par les compagnies pétrolières...). Ces passages, les plus actuels, sont un peu longs et moins originaux. J'ai pourtant été surpris que l'auteur passe rapidement sur l'échec du panarabisme de Nasser, dont il oublie d'expliquer la cause par l'épuisement de l'armée égyptienne dans une guerre au Yémen. On en ressort avec une impression de gâchis, les diplomates américains étant autant à blâmer que les autocrates des pays d'Asie centrale, eux qui avaient les moyens de développer leurs pays, mais ont préféré investir dans l'armée, déclarer des guerres, et se neutraliser mutuellement, au grand damne de leurs populations (un scénario familier des Européens qui ont un peu de mémoire...).

Une fois la dernière page tournée, que nous reste-t-il ? L'impression d'avoir beaucoup appris, qu'on pourra à l'occasion relire un ou deux chapitres quand on s'intéressera à une des nombreuses périodes décrites. Mais aussi la frustration d'une histoire pas aussi décentrée qu'attendue. L'Europe, l'Angleterre, les Etats-Unis restent très (trop ?) présents à mon goût par rapport aux pays d'Asie centrale, la Chine, l'Inde ou encore la Russie. Quant à la conclusion géopolitique elle est aussi étonnante : il faudra collaborer avec des pays riches en ressources, l'auteur en cite beaucoup de réalisations comme preuves (par exemple la statue géante et dorée du président du Turkménistan qui tourne avec le Soleil), mais on est frustré de ne pas lire un mot clé : la malédiction des ressources naturelles. En effet, ces pays débordant de ressources naturelles (hydrocarbures notamment) ne brillent pas aux classements internationaux du développement. Ainsi, les déclin de la domination économique occidentale ne profite pas (encore?) aux populations d'Asie centrale.
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critiques presse (1)
LaCroix
02 novembre 2017
Entre Orient et Occident, les routes de la soie ont été le véritable « axe de rotation » du globe.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Au moment où les deux balles quittaient le barillet du revolver Browning de Princip, l'Europe était un continent d'empire. L'Italie, la France, l'Autriche-Hongrie, l'Allemagne, la Russie, la Turquie ottomane, l'Angleterre, le Portugal, les Pays-Bas, et même la minuscule Belgique, qui ne datait que de 1831, contrôlaient de vastes pans de la planète. Des le moment de l'impact commença le processus qui les vit redevenir des puissances locales. En quelques années c'en fut fini des empereurs s'invitant les uns les autres sur leurs yachts et se décernant de prestigieux ordres chevaleresques ; c'en fut fini de certaines colonies et domaines outre-mer — d'autres aussi entameront leur inexorable progrès vers l'indépendance.
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Une bonne décennie avant la guerre, un journaliste avait rédigé une critique cinglante du comportement anglais, et soutenu que les Iraniens étaient traités aussi mal que « la Compagnie de l’Inde Orientale était réputée avoir traité les Indiens deux cent ans plus tôt « . L’animosité était exacerbée par la manière dont les officiers britanniques insistaient pour être salués par leurs homologues iraniens quand ceux-ci les croisaient - sans avoir à leur rendre la pareille.
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[U]n schéma se reproduisait régulièrement [dans les conquêtes de Gengis Khan] : l'argent se déversait dans des villes qui étaient reconstruites et redynamisées, en prêtant une attention particulière au développement des arts, de l'artisanat et de la production. La caricature du Mongol barbare et destructeur est loin de la réalité ; c'est le legs des histoires écrites plus tard qui ont avant tout insisté sur la ruine et la dévastation. Cette vision gauchie du passé nous invite à nous rappeler que les dirigeants désireux de rester dans la postérité ont tout intérêt à enrôler des historiographes qui parleront en bien de leur ère ou de leur empire – chose que les Mongols manquèrent visiblement de faire.
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En 1757, une expédition conduite par Robert Clive fut dépêchée à Calcutta à la suite d'une attaque menée sur la ville par le Nawab du Bengale. Clive se vit proposer des sommes énormes pour favoriser tel ou tel candidat local désireux de remplacer le Nawab. Très vite, il se rendit compte qu'on lui proposait le contrôle du diwani - la recette fiscale de toute la région - et qu'il était en mesure de puiser dans les revenus d'une des parties les plus peuplées, dynamique et riche de l'Asie. En l'espace d'une journée ou presque, il devint l'un des hommes les plus riches du monde.

Une commission d'enquête, réunie en 1773 pour examiner les suites de la conquête du Bengale, devait révéler les sommes vertigineuses prélevées sur le budget dudit pays. Plus de 2 millions de livres - soit des centaines de milliards d'euros d'aujourd'hui - avaient été distribués en "cadeaux" qui, presque tous, finirent dans la poche d'employés de l'East India Compagnie. Le scandale fut redoublé par des scènes horribles et révoltantes. En 1770, le prix du grain n'avait cessé de monter, avec des résultats catastrophiques et l'irruption de la famine. La mortalité fut évaluée en millions, le gouverneur général lui-même déclara qu'un tiers de la population avait péri. Les Européens n'avaient pensé qu'à s'enrichir tandis que la population locale mourrait de faim.

Tout cela aurait parfaitement pu être évité. Au bien être du grand nombre on avait préféré le gain personnel. Non sans provoquer des hurlements sarcastiques, Clive se contenta de répondre - tel le PDG d'une banque en faillite - qu'il n'avait eu d'autres priorités que de défendre les intérêts des actionnaires, non pas ceux de la population locale.
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Durant des siècles avant l’ère moderne actuelle, les centres d’excellence intellectuelle de ce monde, les Oxford et les Cambridge, les Harvard et les Yale, ne se situèrent pas en Europe ou en Occident, mais à Bagdad et Balkh, Boukhara et Samarcande.
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Vidéo de Peter Frankopan
Extrait du livre audio "Les nouvelles routes de la Soie" de Peter Frankopan lu par Patrick Donnay. Parution numérique le 25 août 2021.
https://www.audiolib.fr/livre/les-nouvelles-routes-de-la-soie-9791035406158/
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