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3,76

sur 1023 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà, ça c'est ce que j'appelle de la Littérature. Un écrit qui a du souffle, de l'ambition, de l'intelligence, de l'imagination, du vocabulaire, du style. Qui engendre toute une gamme de sensations : émotion, agacement, rire, malaise, admiration et même suspense. Et qui ne prend pas le lecteur pour un c…
Ouf, n'en jetez plus, me direz-vous, c'est bien trop pour un seul homme, ou un seul livre. Difficile à croire qu'on trouvera tout cela dans Les Corrections, quand on sait que la trame consiste banalement à nous parler d'une famille banale, issue banalement de la classe moyenne supérieure d'une non moins banale ville du Midwest américain. Et pourtant…
Or donc, dans la famille Lambert, je demande les parents, al et Enid, vieillissant dans leur maison encombrée par une accumulation de 40 ans de choses inutiles et/ou inutilisables. Al, le patriarche, glisse dangereusement sur la pente de Parkinson et de la démence sénile. Lui qui n'a jamais su exprimer ses sentiments, le voilà prisonnier d'un corps et d'un esprit défaillants. Enid, sa femme souvent insupportable de morale bêtifiante et obsessionnellement attachée à sauvegarder les apparences, est tout aussi obsédée par l'idée de réunir une dernière fois la famille pour Noël.
J'appelle ensuite la jeune génération, guère plus brillante : Gary, Chip et Denise, la quarantaine aujourd'hui, se sont empressés de fuir le foyer étouffant pour éviter de reproduire les erreurs des parents, coupables de n'avoir su créer un cadre familial harmonieux et aimant. Mais les « corrections » voulues par les rejetons ne s'avèrent pas plus efficaces. Chip, professeur d'université raté et viré, s'embarque dans d'improbables tribulations « magouillantes » en Lituanie. Gary, dont on pourrait croire qu'il a « réussi sa vie » et est le seul être sensé de la famille, a si peur de sombrer dans la dépression qu'il en devient paranoïaque. Denise, la petite dernière, jamais à court d'idées de recettes pour le restaurant gastronomique dont elle est le chef, se trouve bien dépourvue quand il s'agit de savoir qui elle est vraiment.
Et ça se chamaille, ça s'engueule, ça se critique (ouvertement ou non, peu importe, pourvu que les voisins n'en sachent rien), ça se déteste, ça s'entraide, ça se laisse tomber, enfin bref, ça s'aime même si ça ne s'en rend pas compte. Une famille formidable ? Que nenni, on est loin de la vision idyllique. Au contraire, la plume est trempée dans un cynisme vitriolé plutôt que dans le coulis de guimauve. L'analyse est réaliste, brassant les thèmes des relations familiales principalement, mais aussi du capitalisme, de la vieillesse, de la maladie et des conventions sociales, alternant humour corrosif à la hache (ahh, les conversations téléphoniques entre Gary et sa mère…les déboires de Chip…), effroi distillé au bistouri glacé (les délires d'al font froid dans le dos), et en fin de compte et entre les lignes, compassion distribuée à la petite cuillère.
Alors oui, ce roman « mesure » 700 pages. Mais pour une fois, qualité rime avec quantité, malgré certaines longueurs. Mais attention, ce n'est pas un pavé « facile ». L'auteur est exigeant, il n'est pas du genre à enchaîner les romans commerciaux insipides vendus au rayon lecture du supermarché. Je reste admirative devant tant de talent : intelligence d'écriture, envolées littéraires, sens de la formule, saut passé/présent en deux mots sans rendre le récit chaotique. Il faut passer l'obstacle des premières pages déroutantes, s'accrocher parfois, ne pas renoncer car le jeu en vaut la chandelle : un grand roman par un grand auteur.
Les esprits chagrins trouveront ce roman prétentieux, indigeste ou déprimant. Moi je remercie Monsieur Franzen de tirer la littérature – et les lecteurs – vers le haut.
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Connaissez vous Jonathan Franzen ? Non ! dommage
Connaissez vous " les corrections" et la famille Lambert ? Re-non ! re-dommage
La spécialité de Jonathan Franzen c'est la famille, mais plutôt une famille qui part en vrille.
Prenez par exemple les Lambert, une famille qui aurait pu voter Trump en 2016, une famille du middle west comme tant d'autre.
Chez les Lambert il y a le père, Alfred, ingénieur à la retraite des chemins de fer. Il est plutôt taiseux Alfred, sa retraite il l'a passe dans son garage entre ses inventions et son fauteuil bleu qu'il quitte de moins en moins depuis qu'il a la maladie de Parkinson.
Enid la mère au foyer, celle qui fait tourner la maison. Enid est une femme d'un autre temps avec des idées biens arrêtées comme " pas de relation sexuelle avant le mariage". Son obsession, les fêtes de noël.
Pour l'instant le model familial à la sauce aigre douce de Franzen est à peu près normal, il y aurait peut-être quelques " corrections" à faire. La famille c'est comme une mécanique bien huilée, on peut entendre le doux ronronnement du moteur. Sauf qu'au moindre grain de sable la mécanique se grippe. Je vais vous présenter les grains de sables, les enfants Lambert.
Gary est le fils ainé, le chouchou de sa maman, son travail est d'acheter et vendre des actions boursières. Marié à Caroline et père de trois garçons.
Gary est matérialiste normal pour quelqu'un qui travaille dans la finance.
Il est plutôt fier de sa réussite sociale, il se croit indispensable, voudrait régenter son monde mais ne maitrise rien, surtout pas sa femme qui le mène par le bout du nez.
Chip le deuxième fils est le contraire de Gary, il manque d'assurance, comme si le frère ainé avait tiré la couverture à soi.
Ce professeur d'économie, licencié de l'université où il enseignait à des rêves d'écrivains.
Et pour finir je vous présente Denise, chef cuisinier dans un restaurant gastronomique de Philadelphie ou plutôt était car Denise a été licenciée pour faute grave.
Jonathan Franzen ne prend pas de gants, comme à son habitude il égratigne, il sait de façon habile rendre ses personnages agaçants voir insupportables. Avec " Les corrections " l'auteur de "Freedom" et de " Purity" nous renvoie à nous même et à nos travers. Un grand roman comme les écrivains américains savent le faire.
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Une famille moyenne dans une ville moyenne décortiquée par la plume brillante de l'auteur, c'est du plaisir à l'état pur. Il y a l'odeur du vieux dans la maison familiale avec Alfred, le père, qui glisse doucement mais sûrement dans la démence sénile avec toutes les conséquences hygiéniques qui vont avec la maladie. Nous sommes avec lui dans son cerveau avec ses réactions, ses peurs, ses problèmes pour bouger correctement, plus de notions d'espace, de temps, mieux qu'un film d'horreur. Enid la mère, me fait beaucoup penser à la mienne, passe son temps à tout cacher, surtout le courrier, accumule objets inutiles et souvenirs. Inutile de lui demander, elle ne sait plus où les objets et le courrier sont rangés. Elle essaye de sauver les apparences, nie la maladie de son mari, ne pense qu'à faire des croisières, à fêter le prochain Noël dans sa maison avec tous ses enfants, n'écoute rien, n'en fait qu'à sa tête, adore faire culpabiliser ses enfants pour obtenir ce qu'elle veut, du grand art d'une mère loin d'être parfaite et très énervante. Les trois enfants ont quitté dès que possible ce foyer, chacun avec son fardeau, ses obsessions et surtout le désir de ne pas devenir comme les parents. Gary l'aîné, le plus clairvoyant, mais se battant avec ses propres démons, essayant de sauver sa propre famille du naufrage conjugal. Chip, brillant mais autodestructeur se mettant dans toutes les situations délicates comme si la normalité le rapprochait trop de sa famille. Denise, la petite dernière, peut être la plus stable, un appartement, un métier, mais des sentiments amoureux indécis. Si vous n'avez jamais lu du Jonathan Franzen, lancez-vous, c'est dérangeant, brillant et jouissif.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Ce confinement m'aura permis de me lancer (enfin !) à la découverte de Jonathan Franzen, dont les romans hantent ma bibliothèque depuis des années. Un pavé que celui-ci, par son nombre de pages, sa densité narrative et l'exigence du style.

Mais diable ! C'est de la littérature, et de la bonne ! Contemporain et intemporel, il réexplore la famille dysfonctionnelle : la mère insupportablement tyrannique (victimaire, culpabilisante, manipulatrice), le patriarche bourru et obtus, les trois enfants - le financier névrosé, là chef cuisinière en dérive et l'intellectuel oisif. de cette trame d'un classicisme apparemment paresseux, Franzen tire une épopée sans âge, dans le temps long de l'exploration intime de la famille et de chacun de ses membres. Les personnages sont d'une incroyable épaisseur et forcent empathie, dérision, ironie et agacement à partir de petits riens, filés et déliés avec jubilation. Et intelligence.

Un (très) long moment de lecture dont on ne veut pas sortir.
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Qu'elles soient pour ou contre, certaines critiques postées ici sont d'une telle qualité qu'il est difficile de passer derrière!

J'ose quand même quelques lignes pour témoigner de mon très, très grand enthousiasme pour Franzen, découvert il y a deux ans, et en particulier pour ces "Corrections". Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu quelque chose d'aussi talentueux et cela fait du bien.

Certes, c'est un peu long, et aussi un peu prétentieux par moment (Mr Franzen cachera mieux son gros melon dix ans plus tard dans "Freedom")

Il n'empêche que cette radiographie minutieuse, sans concession mais profondément empathique d'une famille de la middle class du Midwest américain est un vrai bonheur de lecture.
Beaucoup d'intelligence et d'humour dans l'écriture, un regard d'entomologiste sur la société américaine, un soin extrèmement précieux porté à chaque personnage : je me suis régalée.
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ça c'est un roman! un vrai, un bon, un passionnant, un de ceux qu'on ne quitte pas (un peu lourd dans le sac, mais peu importe), un récit formidablement écrit, un roman qui reste en mémoire. Et pourtant, l'intrigue ne fait pas dans l'originalité: Enid souhaite, désire, veut, exige de réunir ses enfants pour Noël. C'est tout? Euh... oui, c'est tout. Mais le génie de Franzen est là justement, dans l'art de choisir sur la photo l'insignifiant détail, de repérer le défaut attachant et la qualité exaspérante (ce n'est qu'une question de point de vue), de mettre le doigt sur les mesquineries, les ressentiments, les petites manipulations sans importance, les compromis, les enchaînements inévitables. Ses personnages sont attachants mais odieux (ou l'inverse), ambitieux mais mesquins, honnêtes mais corruptibles, brillants mais ils échouent dans leur carrière: ils sont vivants. Et dans un roman, c'est le bonheur.
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Cela faisait tellement longtemps que je voulais lire ce livre que je craignais d'être déçue.
Et quelle claque !

Jonathan Franzen nous amène au coeur de la famille Lambert. Une famille américaine qui en apparence porte toutes les caractéristiques de la famille moyenne du Midwest. Mais lorsqu'un auteur comme Franzen scrute la normalité, toute la folie et les désirs non assouvis se dévoilent pour notre plus grand plaisir. Il réussit avec un doux mélange de satire et d'ironie à donner toute leur humanité à ses personnages.

J'ai adoré ce livre et mon seul regret est de ne pas l'avoir lu plus tôt.
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LES CORRECTIONS de JONATHAN FRANZEN
On découvre la famille Lambert, Enid et Alfred, en état de guérilla permanente, chacun à son étage. Alfred est atteint de la maladie de Parkinson et Enid n'a plus qu'une seule préoccupation dans sa vie, réunir chez elle ses trois enfants, Gary, Denise et Chip pour Noël. Chip est prof mais juste avant sa titularisation il a eu une relation avec une de ses élèves et s‘est donc fait virer rendant son futur difficile. Denise est une cuisinière qui fait la une des journaux et s'interroge sur sa sexualité, se découvrant lesbienne et plutôt bi! Quant à Gary, marié avec Caroline, il doit gérer ses enfants, son couple et la pression que lui met sa mère pour Noël.
Le hasard va faire que le mari de Julia la dernière maîtresse en date de Chip, propose à ce dernier un boulot en Lituanie, travail à la limite de la légalité qui bien sûr juste avant Noël compromet sa présence au fameux dîner d'Enid. L'état d'Alfred se dégrade rapidement, il couche de plus en plus souvent dans la baignoire et n'arrive plus à en sortir…
Cet hypothétique et si important Noël est le prétexte pour nous faire participer à toutes les interactions familiales entre les frères et la soeur le mari et la femme, les amants et maîtresses et tous les jeux pour s'arranger à venir ou non au repas. Je n'avais relu Franzen depuis Freedom et la Zone d'inconfort, c'est de loin le meilleur des trois, les personnages sont croqués avec humour, disséqués au scalpel et il est très vraisemblable que beaucoup se retrouvent dans ces jeux familiaux que ce soit aux États Unis ou de l'autre côté de l'Atlantique.
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Je viens de lire la critique de Litterature et chocolat alors que je m'approche de la fin de ce livre.
Hormis la première phrase qui qualifie de simplet l'image que Frantzen doit avoir de son lectorat, j'apprécie beaucoup cette critique... bien que la satisfaction que je tire de cette lecture soit exactement à l'opposé de ce que pense Litterature et chocolat.
La seule chose que je peux reprocher à Frantzen est que j'en viens à plus aprrécier la mécanique intellectuelle de l'auteur que son livre.
Le livre est d'une crudité, d'une cruauté, mais peut-être aussi d'un réalisme incroyable.
Il livre une théorie de l'homme matérialiste et l'analyse à la manière d'un scientifique.
Tout est cohérent, la théorie se tient formidablement mais elle reste une théorie...
Peut-être même n'est-elle qu'un point de vue, une opinion.
Mon goût pour l'analyse me fait classer ce livre parmi les meilleurs.
J'irai chercher le rêve ailleurs.
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J'aime bien les histoires compliquées de familles atypiques. Et les Lambert en sont toute une illustration! Chaque membre de ce clan a son histoire bien particulière, son caractère tranché et ses inquiétudes existentielles plus ou moins avouées. À travers eux se dessine une Amérique contemporaine tiraillée entre un conservatisme aussi hypocrite que dépassé, un capitalisme absolument immoral et un éclatement des valeurs personnelles et familiales. le cynisme est de mise et l'espoir semble bien mince... Malgré quelques digressions ici et là, cette histoire m'a touchée et fait réfléchir. le personnage d'Alfred en particulier, confronté à l'inévitable déchéance de la vieillesse m'a ému. Et comme tout le reste est de haut niveau, cette lecture restera mémorable.
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