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3,76

sur 1023 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'analyse de la famille dysfonctionnelle, sujet battu et rebattu, trouve dans Les corrections les voies de l'excellence.

La complexité des relations entre les membres d'une famille et leur rapport au monde y sont décortiqués avec une précision et une pertinence formidables. Maladie, vieillesse, ambition, sexualité, amour, tout ce qui participe de la vie ordinaire des Lambert, américains moyens, est scruté avec une qualité dans l'observation qui lui confère une vraie valeur et une portée plus générale. Car chacun peut se retrouver dans ce roman ironique et cinglant, tendre et émouvant, d'une veine exceptionnelle.
A lire sans faute.
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Un grand roman américain que Les corrections ! L'auteur Jonathan Franzen nous présente la famille Lambert, en apparence bien ordinaire, qui vaut bien n'importe laquelle. Il fait même davantage : il la dissèque sous toutes ses coutures, révélant au grand jour un drame cruel et dérangeant mais ô combien fascinant. Au grand bonheur des lecteurs qui auront la patience et le courage de traverser ces quelques 700 pages.

Alfred Lambert, le patriarche, est un ingénieur-retraité d'une petite compagnie ferroviaire du Midwest américain. Un homme simple, foncièrement honnête mais surtout vieillissant, à la santé physique et mentale vacillantes, déclinantes. Cet homme malade, obstiné, qui n'en fait qu'à sa tête, se terre au sous-sol où il passe ses journées sur son vieux fauteuil laid. Sa femme Enid semble plus sympathique au premier abord. Mais elle dérange avec son insistance à vouloir sauver les apparences, à se mêler de tout et de rien, à picorer, à juger les gens selon ses valeurs d'un autre temps, figées, immuables. Et que dire de son obstination, de son obsession à vouloir rassembler tout son petit monde pour Noël sans le demander directement.

Puis il y a les enfants. Ils sont trois et ils ont fui leur petite ville de St. Jude (ou bien le nid familial ?). L'ainé, Gary, occupe une position enviable dans une boite de la Caroline du Nord. Marié, père de trois garçon, il a crée sa propre famille, parce que c'était la chose à faire. Mais il n'est pas nécessairement heureux, il lutte contre la dépression et cède devant les exigences de son épouse capricieuse. Aussi, il ne pense qu'à l'argent, le nouveau dieu des temps modernes. Il ne souhaite surtout pas finir comme son frère cadet, Chip. Ce dernier a été viré de son emploi de professeur d'université et survie grâce à des piges dans des journaux à New York. Il rêve de devenir écrivain mais ne subit que des revers et des déboires. Puis il y a Denise, plus stable en apparence, qui vit à Philadelphie. Après un mariage raté et un flirt avec le lesbianisme, elle concentre ses énergies à trouver des recettes pour son nouveau restaurant gastronomique (elle est chef) et à concilier tout le monde.

À eux cinq, les membres de cette famille dysfonctionnelle représentent différentes facettes de l'Amérique. Je crois que tout le monde peut s'identitifer à un des personnages, ou du moins y reconnaître quelqu'un de sa connaissance. Dans son roman, Franzen dresse un portrait impitoyable de cette classe moyenne supérieure, fait une critique sociale. Et c'est très réussi. Les Lambert sont autant victimes du sort (du destin) que des choix personnels qu'ils font. Ils se débattent dans un chaos dont ils sont à moitié responsables. Combien de fois ai-je lancé aux personnages (dans ma tête, bien sur) : « Fais pas ça ! Non ! » Inutilement, cela va de soi. Après tout, les Lambert sont tellement crédibles, complets, complexes. Ils sont humains !

Les corrections permet d'explorer des thèmes universels comme la vieillesse (et tout ce qu'elle entraine : déchéance, sénélité, sort réservé aux personnes âgées), la famille, l'argent, la quête de soi, etc. La vie tout court. Qui peut se vanter de ne pas se sentir concerté ? Et Franzen parvient nous interpeler encore davantage grâce à son style, qui mélange habilement humour (corrosif, cynique ou décapant, selon chacun) et intelligence. Il n'est pas moralisateur du tout, il ne s'appitoie pas sur les malheurs des Lambert comme tant d'autres l'auraient fait. Non, il ne fait que dérouler sous les yeux des lecteurs, avec un réalisme incroyable, leur histoire. Elle semble d'abord ordinaire et ennuyeuse (elle l'est un peu par moments, je pense à toutes pages sur les recherches et spéculations financières de Gary), mais elle se révèle compliquée, dure, éprouvante. Il faut s'y habituer, et ce, dès les premières pages. D'autant plus que l'auteur ne laisse que très peu de place à l'imagination. Tout y est décrit, raconté avec une froide précision. Bref, un ncontournable de la littérature américaine moderne, selon moi.
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Mordant, cynique, cet instantané familial lauréat du National Book Award fait de Jonathan Franzen l'un des plus grands satiristes américains. Sans la formuler en tant que tel, il soumet au lecteur cette hypothèse : et si les enfants n'étaient là que pour corriger la vie de leurs parents ? L'entièreté de son roman donne corps à ce postulat, crée des échos entre les générations et porte un regard sans fard sur les relations au sein d'un foyer (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2021/10/23/les-corrections-jonathan-franzen/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Tout d'abord, même si j'ai adoré ce livre, j'en ai trouvé la lecture assez éprouvante pour deux raisons: les personnages d'Enid, Caroline (ignobles garces manipulatrices) et Gary (imbuvable) et l'angoisse que m'inspirent les maladies neurodégénératives.
L'histoire de la famille Lambert traite de plusieurs thèmes: la famille et ses non-dits, la vieillesse et ses drames, l'ambition et les rapports à l'argent,...
J'ai dû m'accrocher au début, mais une fois passés les déboires de Chip avec son étudiante, le livre s'est lu tout seul. Quel régal, que cette chronique familiale! J'ai aimé suivre ces humains à moitié (ou complètement) paumés dans leurs combats quotidiens contre les ennuis dans lesquels ils se sont fourrés en suivant les uns, leur coeur, les autres, leur (dé)raison.
Je conseillerais ce livre avec un avertissement: accrochez-vous, même si la lecture est ardue, il en vaut la peine!
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Enid et Alfred Lambert, septuagénaires, vivent à Saint Jude, dans un état du Midwest, aux Etats-Unis. Leurs trois enfants ont quitté la maison et ont des situations diverses : Gary, vice-président de la CenTrust Bank, vit à Philadelphie avec sa femme Caroline et leurs trois garçons. Denise est chef de cuisine dans un grand restaurant et son talent est reconnu. Chip, l'intellectuel de la famille, est professeur dans une université de New-York.

Mais ce tableau idyllique est vite mis à mal par la réalité. Alfred a la maladie de Parkinson et son traitement médical provoque de nombreuses hallucinations. Enid refuse encore d'admettre qu'elle ne pourra bientôt plus s'occuper de lui à la maison. Elle s'accroche à l'idée de réunir enfants et petits enfants à Saint-Jude pour le prochain Noël et harcèle ses enfants dans ce sens.
Gary, coincé entre les exigences de sa mère et les manoeuvres de sa femme, lutte contre la dépression. Denise se laisse entrainer dans une aventure amoureuse aux conséquences désastreuses pour sa situation professionnelle. Chip s'est fait virer de l'université, à cause de la relation qu'il a eue avec une de ses étudiantes. Sa petite amie du moment, Julia, le quitte alors qu'il comptait sur elle et ses relations, pour faire accepter un scénario et se renflouer financièrement. A cours de ressources, il accepte la proposition de Gitanas Misevicius, homme d'affaires lituanien et mari de Julia, et l'accompagne en Lituanie, pour une mission assez louche !

Tour à tour dans ce livre, l'auteur s'intéresse à chaque membre de la famille Lambert et nous fait partager ses sentiments, sa vision de la vie, la difficulté de grandir, de s'assumer, de faire face à la vieillesse et la maladie.
Les mêmes situations sont racontées au travers des points de vue des différents protagonistes, ce qui est parfois assez dérangeant : je commençais à me faire une certaine idée de la situation et puis, la vision des choses d'un autre des personnages bousculait ces premières impressions. Mais c'est bien la réalité des relations familiales : Rien n'est jamais tout noir ou tout blanc, et les comportements de l'adulte en famille s'expliquent souvent par des épisodes de l'enfance.

Quelques évènements extérieurs à cette cellule familiale sont racontés avec beaucoup de brio et de férocité : Ainsi, le séjour de Chip à Vilnius est un épisode très cocasse, une parodie des affaires politico-financières qui se déroulent dans les nouvelles républiques de l'Est ! de même, la croisière luxueuse que font Enid et Alfred, en compagnie de scandinaves aisés et plein de préjugés envers les américains, est traitée avec beaucoup d'ironie.

J'avais lu ce livre de Jonathan Franzen lors de sa sortie en France mais j'en avais gardé peu de souvenirs. L'envie de le relire m'est venue à la lecture de sa préface du livre de Paula Fox, Personnages désespérés, qu'il analysait avec beaucoup de perspicacité.

Jonathan Franzen ne fait rien pour rendre les membres de la famille Lambert sympathiques et les faire apprécier de son lecteur. Comme dans Personnages Désespérés, j'ai éprouvé souvent de l'agacement à leur encontre, à les voir s'enfoncer dans des situations plus tordues les unes que les autres, se débattre dans des relations familiales frustrantes ! Mais c'est aussi dans cet environnement familial et ses contraintes que Gary, Denise et Chip trouveront des occasions de s'affirmer.
Ce livre a recu le National Book Award (l'équivalent du prix Goncourt) en 2001.
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Enid et Alfred sont un vieux couple blanc, hétérosexuel, relativement intégré dans sa ville de St Jude. Symbole vieillissant d'une classe moyenne supérieure américaine en plein doute, tiraillée dans un monde qui bascule entre tradition et modernisme, ils sont cette classe à la fois assez bourgeoise pour s'enorgueillir de ce qu'elle possède, mais pas suffisamment riche pour ignorer la frustration ou dépenser sans compter dans un monde où le consumérisme est à son paroxysme.

À leur trois enfants, Chip, Gary et Denise, ils ont donné un cadre à leur image. Pour réussir dans la vie il s'agissait de travailler, de le faire davantage et mieux que les autres pour que cela se remarque, avoir une bonne situation et le montrer, respecter les règles, donner une bonne image de soi et évidemment, fonder une famille et perpétuer les traditions.

Mais le schéma a beau être clair et précis, leurs enfants devenus adultes ne sont pas la lisse et parfaite incarnation de ce qui plait à St Jude. L'éloignement qu'ils ont pris soin de mettre entre eux ne fait que rendre plus chaotique leur manière de communiquer. Comme elle l'a toujours fait Enid prend soin de camoufler les failles par de coquettes oeillères (à commencer par la maladie de Parkinson dont souffre visiblement son époux depuis quelques temps).

Dans cette ambiance de faux-semblants, son insistance pour que toute la famille fête Noël dans la maison familiale semble peser sur tout le monde comme un mauvais repas indigeste. C'est pourtant là le point d'orgue du roman. En passant d'un personne à l'autre, Jonathan Franzen met à jour les fêlures personnelles, les névroses de chacun, les évitements, les petits arrangements avec la vérité. Il m'a fallu du temps pour créer du lien je l'admets volontiers, ce n'est pas un fonctionnement familial qui me parle de base. Pourtant Franzen a réussi à m'attendrir malgré tout. Ce revirement est dû en grande partie à l'humour désopilant dont il use sans avarice, à la justesse du rapport finement établi entre éducation et psychologie, et enfin parce que les "corrections" qui s'opèrent dans les regards des uns et des autres dans les 100 dernières pages amènent des émotions nouvelles qui valent à elles seules qu'on lise ce roman.
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Lu après Freedom, qui m'avait emballée et fait découvrir Franzen: je n'ai pas été déçue par ce grand roman, sur les avatars bien communs d'une famille américaine banale. C'est un roman anthropologique, scrutateur impitoyable des comportements et des modes de vie.Le nombre réduit des personnages, le huis-clos de leurs relations familiales inventoriées au scalpel, pouvait avoir de quoi lasser: point du tout!

al et Enid, les parents vieillissants, essaient de maintenir l'un sa conscience du monde et l'autre son apparence au monde, les 3 enfants,eux, entreprennent désespérément de "corriger" la trajectoire imprimée à leur vie par la marque parentale. Toutes "corrections" dérisoires qui sont pourtant le sens que chacun tente de donner à sa vie.

On n'a pas de véritable empathie pour ces personnages en pleine déréliction, on les regarde avec un intérêt entomologique...mais leur agitation souvent cocasse, voire comique, agit comme un divertissement pascalien: quand elle cesse, elle nous ramène immanquablement à nous-mêmes, et à notre humaine condition..Bilan sévère et amer. Oui, vraiment, un grand livre!
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En fait, ce qui fait le plus mal quand on grandit, c'est de s'habituer à voir ses parents avec des yeux d'adultes sans pouvoir couper le lien qui nous attache encore à eux.

"When had it happened that his parents had become the children who went to bed early and called down for help from the top of the stairs? When had this happened?"
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Très beau roman qui analyse chapitre après chapitre 5 personnages d'une famille américaine, avec leurs failles et leurs problèmes. Pas de véritable intrigue, mais une analyse toute en finesse des personnages. L'écriture de l'auteur est très agréable et permet au lecteur de ne pas s'ennuyer au cours de ces 700 pages.
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L'écriture de Jonathan Franzen est exigeante. On peut passer totalement a côté de ce roman, on peut même le laisser tomber assez rapidement. Cependant, si l'on consent à faire les efforts nécessaires, le monde de Jonathan Franzen s'ouvre à nous et on peut alors prendre du plaisir et apprécier la qualité de son écriture et de son style.
Le roman est composé de 5 chapitres, d'une intro et d'une conclusion (les corrections). C'est un long roman dont l'histoire est à la fois "transversale" et" linéaire". Il s'agit de la famille Lambert. al (le père), Enid (la mère), leurs trois enfants, Gary (l'aîné), Chip (le cadet) et Denise (la benjamine). L'histoire se déroule à la toute fin des années 90. al est à la limite de la sénilité, il perd son indépendance physique et mentale. Enid en est consciente. En partance pour une croisière, ils s'arrètent à New-York pour rendre visite et déjeuner avec leur fils Chip. Denise doit les rejoindre. Mais à peine sont-ils arrivés que Chip prend la tangente, beaucoup trop préoccupé par ses problèmes personnels qu'à accorder du temps à ses parents.
Au cours de la croisière al va effectuer une chute vertigineuse de toute la hauteur du paquebot. Il échappe à la mort mais son état physique s'aggrave irrémédiablement. Enid souhaite réunir ses enfants pour un dernier noel en famille.
Voilà la trame de l'histoire: Autant dire qu'il faut assurer pour appâter le lecteur. C'est cependant le coup de maître que va réussir Jonathan Franzen, maintenir notre intérêt alors qu'il n'est question que d'une banale histoire de famille.
A travers les 5 chapitres, on va découvrir chacun des personnages, connaître leur histoire personnelle, l'univers dans lequel chacun évolue, les liens qu'ils entretiennent les uns les autres, la domination du père, la soumission de la mère, la vie professionnelle, sociale et privée de chacun des enfants...
Un livre à lire mais attention à rester concentré!

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