Philémon, tome 7 : L'île des brigadiers

J'ai dévoré tout les albums quand j'étais petit.
Un auteur qui fait partie de la première génération de la bande dessinée française, mais souvent méconnu.
Moi tout ce que j'en sais, c'est que j'ai lu et relu tout ses albums avec un très grand plaisir, les mondes imaginaires étaient si étranges, irréels, impossibles et pourtant magiques, prenants, hilarants, et surtout très surprenant, on ne sait pas sur quelle étrangeté on va tomber avant de tourner la page, une oeuvre mystérieuse, pleine d'humour et de créativité, le dessin, plutôt brouillon, les images incrustées, les bouillons de couleurs et les océans qui tout à coup se transforme en palais, ne m'ont jamais rebuté, tout au contraire !
En voyant les albums en vente dans les librairies aujourd'hui, j'ai l'impression de pouvoir plonger dans le passé en ouvrant simplement l'un d'entre eux ... Hum ... Hum... Il n'y a plus de saison !

Il y a le Manu-manu, et le Manu-manu-Militari… du théâtre de marionnettes, un attrape-nigaud en forme de tapette à souris géante… Encore plein d'inventions délirantes dans une univers onirique, surréaliste, chargé de poésie, de lyrisme, l'imagination de Fred ne semble avoir de frontières. A lire et à relire, l'oeuvre de Fred est intemporelle, hors du temps, hors des modes, hors de la réalité. On franchit les portes du rêve avec lui, de rêves qu'il serait trop dommage de laisser tomber dans l'oubli.

Je dois bien l'avouer, ce tome 7 m'a un peu déçu. Félicien en est persuadé : Barthélémy va rejoindre l'île du A sur laquelle il chercher à retourner depuis tant de temps ! On commence à avoir l'habitude, les choses ne vont pas de passer comme prévu car Philémon se retrouve embarqué avec le puisatier. Ils arrivent sur une l'île des brigadiers que les habitants la nomment « île du A » (imaginez la déception de Barthélémy de voir l'île qu'il aimait tant totalement transformée). Les deux amis ont un destin tout tracé : ils seront bibelots sur une cheminée. Néanmoins, ils parviennent à s'échapper et découvrent alors ce qu'est un manu-manu.
Cet album est indéniablement bon car on y retrouve le style inimitable de Fred et quelques pointes de son onirisme mais ça s'arrête là. J'ai trouvé que toute la partie autour des manu-manus peinait à avancer dans un cadre qui me laissait indifférent. de plus, Fred insère beaucoup de grandes illustrations sur deux pages pour faire vivre l'histoire mais c'est une pratique de plus en plus récurrente avec laquelle j'ai du mal. Il a un dessin fantastique mais qui se regarde dans une case et qui perd un peu de sa fantaisie et de sa précision une fois agrandi. J'ai également été déçu par la fin. J'espérais que, suite à ce drôle de périple, tandis que la tension monte, Fred laisse pour une fois ses héros perdus au milieu de l'océan ou sur une île pour finir la lecture sur un suspens insoutenable. Toutefois, la fin est encore similaire aux albums précédents car les deux lurons, suite à un miracle comme il n'en surgit que dans les lettres, se retrouvent dans le monde réel. Cela m'emmène à me questionner sur l'avenir de la série (qui comporte 16 tomes) et à me demander si le même schéma ne va pas s'essouffler au bout d'un moment. En tous cas, j'espère que Fred et son incroyable talent ont été à la hauteur dans les prochains opus !

Philémon et son ami veulent partir sur la « lettre A ». Ils finissent par s'y retrouver… capturés par un pêcheur à la ligne. Celui-ci a l'aspect d'une marionnette géante: le brigadier du théâtre de Guignol. Dans le monde bizarre et inquiétant où il est prisonnier, Philémon est placé d'office sur un meuble comme un bibelot. Il s'échappe, mais il se retrouve confronté à une effrayante main nue qui semble aussi dangereuse qu'un énorme crabe.
L'histoire racontée dans cet album, le 7ème de la série, est sombre et presque cauchemardesque. A vrai dire, elle ne fait pas partie de mes préférées.

Une étrange aventure que vivront cette fois encore Philémon et son compagnon Barthélémy qui rêve toujours de retourner sur le A de l'Atlantique. Un monde étrange peuplé de marionnettes géantes, de mains sauvages et où les humains sont des bibelots qu'on expose sur les cheminées. Fred a une imagination débordante et nous enchante encore avec ce sixième album.