Philémon, tome 8 : À l'heure du second 'T'

Le Manu Manu les a suivi dans le monde réel, il faut le faire retourner dans le monde des lettres car il dépérit. Philémon et Barthélémy vont devoir affronter la fumée monstrueuse, se perdre dans un brouillard de chiffres, faire rire les polytechniciens à roulettes, échapper aux disjoncteurs du rire, marcher sur des escaliers inversés, rencontrer les leveurs de la nuit… J'adore cette idée des leveurs de nuit. C'est un épisode bourré d'inventions surréalistes, oniriques, et toujours plein de poésie et de bonne humeur, le rire tient d'ailleurs un rôle important dans cet album. Il y a des pages d'anthologie, psychédélique, baroque, loufoques, absurdes, avec des mises en pages tarabiscotées qui offrent une lecture originale. Fred est un maître de l'imagination débridée et cet album est vraiment superbe.

Fred continue, dans cet opus onirique, son voyage à nul autre pareil sur les lettres A.T.L.A.N.T.I.Q.U.E.
Nous, lecteurs, sommes ces enfants émerveillés que Maître Fred emmène dans son univers absurde, grave et d'une étrange réalité.
Fred a créé un univers de bulles, qu'il peuplait de personnages attachants dans des décors propres à son imagination inventive et unique.
Philémon est l'un des plus beau cadeau fait au lecteur de bande dessinée.

On poursuit l'épopée « Philémon » dans des périples à travers les lettres de l'Océan Atlantique et c'est un plaisir ! Là où j'évoquais mes inquiétudes dans le tome précédent, j'ai préféré celui-ci (bien qu'il ne soit pas non plus au niveau des premiers) mais je reste sceptique concernant une potentielle lassitude qui pourrait s'installer si Fred ne bouleverse pas le schéma de son intrigue. Cette-fois, le début est un peu différent car des agents, en provenance du second T, débarquent chez Félicien en empruntant le puits pour l'arrêter. En effet, son élevage de manu-manu des suites de l'aventure précédente et les passages à répétition qu'il ouvre sont un problème pour le monde onirique des lettres, ils l'emportent alors avec eux. Ni une ni deux, Philémon le jeune gaillard et Barthélémy, le vieux puisatier, partent à sa recherche en fouillant dans de vieux grimoires.
On retrouve ici ce qui fait la richesse de la série dans cet univers absurde, poétique et parfois très drôle avec de bonnes répliques subtiles. On y voit une montagne s'éplucher, des règles-à-calculs-pour-faire-rire-les-polytechniciens-à-roulettes, ainsi qu'un fond de l'air toujours aussi frais ! Mention spéciale pour la très jolie couverture qui sort du lot.

Le dernier album de la trilogie : Simbabbad de Batbad, (1970) / L'Île des brigadiers, (1971) / À l'heure du second « T », (1972-1973).
L'univers de Fred est à son paroxysme (si je puis dire). le dessin n'a jamais été aussi abouti, l'imagination aussi délirante. Et le pire c'est que tout se tient.
"Vous prendrez bien une tasse de thé ? de second "T" ?" demande l'oncle Félicien. Sans hésitation :-)

Une fois n'est pas coutume, mais je n'ai pas trop apprécié cette nouvelle aventure de Philémon. Je m'interroge d'ailleurs sur la cause de ce manque d'intérêt ? L'imagination débridée étant au rendez-vous, c'est l'histoire qui m'a paru moins féérique que d'habitude. A moins que ce ne soit une certaine lassitude qui s'installe. Ceci dit, cet album est quand même bourré de bonnes idées et ce n'est certainement pas ce petit accroc qui me détournera de cette fabuleuse série.