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4,19

sur 1463 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai honte mais sachez que je ne connaissais pas Pete Fromm avant d'être conquis par le désormais célèbre " Lac de nulle part " qui , je l'avoue m'a subjugué au point de " m' obliger " à m'intéresser aux autres ouvrages de cet auteur .
Me voici donc avec , entre les mains , un livre dans lequel , à la suite d'une décision d'abord enthousiaste, puis regrettée, enfin impossible à annuler , l'auteur va passer seul 7 mois en milieu hostile à surveiller un " bassin dont il devra assurer l'entretien pour permettre à ses occupants de se développer en toute quiétude..." . Je reste vague , très vague , mais sachez qu'en quelques minutes , la mission quotidienne est accomplie !!! Oui , mais que faire tout le reste de chaque journée d'un séjour solitaire qui n'en comprend pas moins de 200 ? Et bien , s'adapter , faire preuve d'ingéniosité, ne compter que sur soi même et se " fondre " dans cette nature hostile qui , avant de vous accepter , vous offre des épreuves dignes des plus pervers des bizutages de Grandes Écoles. ( Je déteste ces coutumes qui n'honorent pas l'intelligentsia de notre ...civilisation !!! ) . Seulement là , pas question d'analyser les faits , de les juger ou pas , il faut les affronter ...
S'immerger dans une nature aussi sauvage , c'est , pour le lecteur , endosser les vêtements ( ..) d'un Robinson Crusoe des montagnes rocheuses ...
Long ? 250 pages . Pas mal pour un homme seul perdu au milieu de nulle part . Mais c'est là que la magie opère : la plume de Pete Fromm. Incroyable .Sous sa plume , les mots viennent s'insérer dans le décor, nous faire pénétrer aussi dans les pensées du héros. Bref , comprenez le bien , ce livre véhicule tout ...sauf l'ennui . Que de beautés, que de réflexions, quelle initiation à la vie dans un autre monde et , malgré les réticences du début, quelle difficulté, au terme du contrat , de retourner dans le " monde ( dit ) civilisé. L'arrivée du printemps ...Je vous dis pas , je vous priverais d'une extraordinaire renaissance .
Voilà un roman à lire pour s'évader dans un milieu dont on n'imagine même pas la réalité. Lire ce roman , cet été, sur une plage bondée du Sud de la France , fera se lever de sa serviette ensablée ,le plus sensé des êtres humains et , " façon Georges Marchais " , vous risquez de l'entendre crier " Chérie, fais les valises , on part à Indian Creek ! " ( Je rejette toute révolte féminine quant à la préparation des valises , ça , c'était avant..même si c'était...) .
Je n'ai pas terminé, je vous l'assure , ma découverte des ouvrages de Pete Fromm . Vous comprendrez aisément que j'aimerais vous entraîner dans les traces de ses " raquettes " . J'ai adoré ce très beau roman initiatique mais ça, chers amies et amis , ce n'est que mon modeste point de vue .
A bientôt, bonnes vacances , je pars dans les grands espaces sauvages d'Indian Creek.....j'emporte des livres ...et seulement des livres ...
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Il est des propositions un peu folles que l'on pourrait accepter
sur un coup de tête, comme ça sans réfléchir,
parce qu'elles arrivent à un moment de sa vie
où l'on souhaite devancer son histoire, réinventer l'aventure !

C'est l'histoire de Pete Fromm qui accepte une mission :
Passer un hiver au coeur des montagnes Rocheuses de l'Idaho.
Sept mois en solitaire pour veiller sur des oeufs de saumon. Il va se retrouver seul face à que dalle dans une tente au milieu des bois, à parfois -40° et la neige comme tapis de sol. Ne sachant même pas couper du bois !
Il a vingt ans, est étudiant en biologie, citadin et fauché.
Il se cherche, s'enivre de récits de voyages d'aventuriers et ressent l'envie de vivre une aventure similaire, pouvoir réaliser quelque chose d'incroyable, avoir à le raconter un jour !
Il va écouter cette folie des grands espaces, l'âme des indiens et partir ...
Il m'intrigue, je suis curieuse de le voir relever ce défi. Alors je le suis. Je serai discrète jusqu'à n'être que l'ombre de sa chienne Boone ...
Il va très vite prendre conscience de son inexpérience.
Il ne sait rien, ne connait rien à la vie en forêt : il va tout apprendre, s'adapter à cette vie solitaire rustique.
Apprendre à couper du bois, briser la glace, cuisiner, chasser pour manger, se chauffer, jouer les Davy Crockett, se couvrir ...
Mais il apprend vite car il admet qu'il ne sait pas.
Il nous laisse à voir ses erreurs et ses peurs.
A l'automne, avant que la route ne soit fermée, bloquée par trop de neige, il fait connaissance avec les chasseurs, leurs histoires de chasse et de traques.
Quelques soirées bien arrosées, quelques bonnes tranches de viande et de rigolade, en compagnie de ces hommes soiffards et viandards mais chaleureux !
Et avec l'hiver, revient la mélancolie ...
Puis peu à peu il se sentira moins seul au coeur de cette solitude car émerveillé par cet univers d'une exceptionnelle beauté !
Il fait corps avec la nature. Cette nature hostile, rugueuse, l'hiver qui fige tout ... Mais elle sera sa plus belle découverte !
Il apprend le sens de l'eau en remontant la rivière, écoute son chant.
Au pays de l'hiver, il marche, il marche des miles et une nuit ... Enfoncé dans la neige, le froid aigre qui pique le visage, il observe fasciné la lune illuminant les crêtes, cette lumière spectrale, une éclipse de soleil et les animaux sauvages.

Ce récit est un véritable hymne aux grands espaces sauvages, une prise de conscience de la fragilité de l'homme face à cette environnement mais aussi sa capacité à s'adapter.
Pete Fromm conte avec humilité, autodérision : il ne se considère pas comme un héros mais un novice avec toute sa candeur.
J'ai aimé sa sobriété, sa délicatesse à me laisser m'imprégner, m'émerveiller sans remplir le silence par trop de mots, trop de qualificatifs ....
Il pose son regard sur cette expérience, son état d'esprit d'alors, une distance avec celui qu'il était.
La magie d'un instant est unique
La poésie qui s'en dégage, cette douce musique
Comme une première fois !
Qui ne se vit qu'une fois !
..........
Je perdrais l'eau de ma rivière

Si j'en parlais

Le caillou se refait poussière

Quand il lui plaît

Mais si ton âme s'appareille

À cause de mon peu de bruit

Navigue au coeur et à l'oreille

Arrive avant la fin des fruits
C'est le temps, c'est le temps

D'écouter la rivière

C'est le temps, c'est le temps

D'écouter cet oiseau

Tant qu'il reste de l'air dans l'air

Tant qu'il reste de l'eau dans l'eau
.......
Gilles Vigneault



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L'été approchant, j'avais déjà prévu de boucler mes valises, mon but ultime : lézarder sur une plage de sable fin à l'ombre des palmiers, à regarder quelques culs bien alléchants prenant le soleil, à mater quelques naïades sortant de l'eau au bikini mouillé et transparent. M'enfiler des punchs cocos et m'enfiler des naïades. Et puis, je ne sais pas ce qu'il m'a pris… Un coup de soleil, j'ai lu une petite annonce dans le journal pour un job d'été, son but ultime : surveiller pendant plusieurs mois une rivière afin que les oeufs de saumon puissent survivre jusqu'à leurs éclosions. Passionnant. Enrichissant même. Je me vois déjà dans cette contrée sauvage et hostile, à chasser l'élan, à boire un mauvais whisky autour d'un feu de bois que j'ai allumé en frottant deux bâtons, pendant que les loups hurlent la mort de l'autre côté de la rivière. Je m'imagine déjà dessiner des mandalas sur la neige fraîche avec mon jet d'urine fumant de se tiédeur. Un petit coin de paradis, en somme, et côté boulot, cela consiste juste à casser la glace du bassin à têtards. 15 minutes de taf, 23 heures et quarante cinq minutes de glandouilles. Mais attention, pas n'importe quelle glandouille. du genre glandouille extrême où il n'y a strictement rien à faire, où l'on s'emmerde ferme, seul, absolument seul, terriblement seul, sans même un épisode de ma série préférée à mater, et j'abandonne l'idée de voir le cul des autochtones – là-bas, il n'y a que de vieux trappeurs grincheux ou de vieux chasseurs alcooliques. Tout juste si je peux écouter le vent s'engouffrer dans les pans de ma tente. Ah oui, j'avais oublié cette précision, ni maison, ni mobil-home cinq étoiles, camping sauvage dans une tente, chiotte mixte derrière le grand érable, lumière tamisée à la bougie où il manque juste une gonzesse pour se réchauffer le dard qui a tendance à rapetisser avec les températures s'engouffrant dans les négatifs. La solitude du solitaire.

Dans la vie, il faut faire les choix, genre tirer à pile ou face le sens de sa vie ou le chemin de ses études, ou tirer à la courte paille la serveuse blonde pas très futée mais que ses gros seins lui pardonnent tous ses défauts. Je ne me souviens plus pour quelle raison mes études se sont tournées vers la biologie animale, toujours est-il qu'un concours de circonstance aussi fortuit qu'une belette prise dans un de mes pièges me donne rendez-vous avec cette nature enneigée où le bruit de mes pas dans la neige étoufferait n'importe quel cri de jouissance d'une serveuse blonde aux gros seins. Mais je divague, la solitude ça force les hallucinations - à moins que cela soit le whisky frelaté – et mon esprit s'éparpille dans les cimes enneigées de ce territoire inexploré par l'âme humaine. D'ailleurs, faut-il être saint d'esprit pour aller s'enfermer dans cette immensité blanche alors que ton esprit s'hypnotise devant les seins de cette serveuse du Montana.

Traînasser. Dans les Rocheuses en plus. Putain, si c'est pas prendre son pied ça ! Partager son petit-déjeuner avec des lynx, manger du steak d'élan découpé au silex, décongeler des pancakes sous les aisselles. La vraie nature que je te raconte là. Sauvage en plus. La nuit est froide, elle est sauvage-age… Un hiver au coeur des Rocheuses, c'est long et c'est gelé – et pour les esprits détraqués, je ne me parle pas de mon sexe aussi dur que gelé et qui se réchaufferait bien à tes côtés, que tu sois serveuse ou pas. Faut que j'arrête de faire une fixation sur les serveuses et leur tour de poitrine, sinon tu vas penser que je suis un obsédé – alors que pas du tout.

Mais revenons à la réalité… Bien sûr tu auras deviné mon penchant et mes préférences estivales, alors, pendant qu'une brune épicée m'apporte un verre en s'agenouillant devant moi, j'envoie l'autre, celui avec sa petite bite et son couteau, l'ami Hugo partir au bord de la Selway-Bitterroot dans l'Idaho. Ça lui plait bien cette ambiance solitaire, seul dans le froid et la neige, - le froid ça lui donne moins de complexe - et pendant ce temps, je m'occupe de sa choupette…
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Ceci n'est pas un livre pour amateur de salade et de petit confort douillet ! C'est un peu sanglant la vie, l'hiver dans les montagnes de l'Idaho.

Je suis surprise de m'être laissée entraîner aussi facilement dans ce superbe et rude récit d'apprentissage de vie dans la nature. Si les histoires de Robinson qui s'adaptent à la vie sauvage sont généralement fascinantes, c'est qu'il doit rester quelques traces de notre passé de chasseur cueilleur dans la mémoire du plus citadin d'entre nous. On se demande en lisant ces sortes d'histoire si on aurait le courage de chasser ou pêcher pour vivre, d'aller couper du bois, de tanner une peau de lynx.

Pete Fromm est un merveilleux conteur. Il nous fait partager son expérience de "gardien d'oeufs de saumon" pendant tout un hiver qui représente aussi sa naissance comme écrivain. Ces 7 mois ont fait d'un étudiant indécis et pas très dégourdis avec un couteau suisse, un homme débrouillard observateur et passionné par sa région. La montagne comme université, en somme, on apprend plus sur soi et le monde en marchant dans la neige.

Le cadre est grandiose, et la solitude redoutable et déprimante du début de l'aventure le quitte pour des moments de contemplation et de communion intenses avec les éléments, la forêt, les animaux. Sa passion est communicative. On a envie comme lui que partent les véhicules pétaradants troublant la quiétude de la vallée de la Salway, retrouver le silence de l'hiver.

C'était magique, un très beau moment de lecture.

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J'ai découvert Pete Fromm grâce à son article dans le dernier magazine America. Il racontait très brièvement son aventure de 7 mois en plein hiver dans l'idaho, seul, par des températures glaciales , à surveiller des oeufs de saumon. Du coup je me suis jetée sur son livre qui raconte son expérience. Et le moins qu'on puisse dire c'est que c'est fascinant ! Il a un talent de conteur qui rend la lecture addictive, il y a même du suspens à certains moments, de l'émotion...Il se lance dans une expérience en tant que novice et on peut donc découvrir en même temps que lui ce que cela représente comme difficultés mais aussi comme bonheur de passer sept mois seul au milieu d'une nature hostile. On en arrive à comprendre parfaitement son ressenti lorsque le printemps arrive et que les chasseurs et touristes envahissent son coin. On est complètement immergé dans le récit, les descriptions sont précises , on a presque l'impression de ressentir le froid et on arrive à imaginer parfaitement les paysages. C'est magique ! Seul petit moment un peu triste, c'est celui de son départ et la décision qu'il prend pour Boon, sa chienne fidèle.
Dans tous les cas cette ode à la nature m'a bien donné envie de découvrir d'autres livres du même genre.
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Quelle formidable découverte pour moi que ce récit de Pete Fromm ! Il raconte un épisode très fort qu'il a vécu lors de ses années d'études : Il a vécu seul pendant 7 mois dans les montagnes rocheuses ( dans le Montana plus précisément ) pour surveiller un bassin d'alevins de saumons !! Avec beaucoup d'humour et d'humilité, Pete Fromm raconte comment le jeune homme ( assez ignorant de ce qui l'attendait ) qu'il était s'est débrouillé pour survivre dans une nature sauvage et un hiver rigoureux ! Son style très imagé m'a permis de me projeter la bas ,et d'observer avec lui la faune et la flore de cette partie des rocheuses. J'ai beaucoup aimé la bouffée d'oxygène de ce livre que je recommande à tous les amoureux de la nature !!
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Dans ce récit très captivant, Pete Fromm nous raconte les 6 mois qu'il a passé au coeur des Rocheuses, en Idaho. Faisant une pause sur ses études en biologie animale, Fromm décide de répondre présent au poste qui le mènera à vivre seul, avec sa chienne Boone, dans une tente, afin de surveiller un vivier de saumons. Il aura à braver les froids extrêmes, les neiges tombantes sans fin, la faim, la crainte, le silence, mais surtout, il aura à apprendre à vivre avec lui-même, loin de la civilisation, coupé de tout. Un récit où la nature règne en maître, ne donnant d'autre choix que de vivre en totale communion avec elle. C'est long, c'est sur, c'est pas tendre... mais oh combien enrichissant ! Parce qu'il pourra se dépasser, aller au-delà de la peur, de la solitude et du manque. le manque de ses proches, le manque des soirées festives, le manque des discussions, même si, souvent, elles ne veulent rien dire... J'ai suivi son périple, j'ai eu froid avec lui, mais j'ai aussi vu les espaces majestueux, les ciels étoilés grandioses, j'ai senti l'air frais, l'air pur... Seul bémol pour moi à ce livre, c'est les scènes de chasses. Âmes sensibles s'abstenir... mais elles servent le récit, ne sont aucune gratuite... Alors, nous ne pouvons pas lui en vouloir. Un récit à lire !!!
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Nature writing / autobiographie / récits. Trois étiquettes tout autant prometteuses que risquées.
Risquées parce que frustrantes. Exemples : Sylvain Tesson, talentueux, certes, mais aussi modeste qu'un mausolée de maharadja, où qu'il t'amène, il faut qu'il convoque une douzaine de philosophes a minima, et si, par malheur, tu le lis, toi-même en voyage, va donc fourrer les 20 volumes du Littré dans ton sac à dos ! Mon oncle Martial, plus sympathique mais indéniablement moins doué. Depuis qu'il maîtrise le power point aussi bien qu'une souveraine britannique choisit ses galurins, deux fois l'an, nous sommes contraints d'affronter une version - 2.0 de son journal de bord et nous confronter à ses virées en Thaïlande, au Costa Rica ou même en Dalmatie… Pfff ! Que c'est long… Si l'intention est de réduire le contingent de touristes dans ces contrées, le contrat est réussi. Martial ou comment prendre en grippe les migrations des aînés fortunés.
Contre-exemple : 250 pages pour résumer sept mois de vie dans une montagne de l'Idaho, avec pour mission de veiller sur un bassin de saumons chinook. le défi a été relevé par Pete Fromm près de quinze ans après cette aventure. Il avait 20 ans, et de son propre aveu, n'avait sans doute pas mesuré les conséquences de cet exil volontaire dans une modeste tente alors que la température extérieure ferait passer mon congélateur pour une plage des Antilles.
Le lecteur partage ses joies, ses instants de grâce, la rencontre d'un lynx, une éclipse, un feu de bois, mais aussi ses difficultés ou ses peurs. Les doutes qui surviennent au cours de ce séjour insolite ne sont pas occultés. Pete Fromm retrace sa vie d'ermite sans tenter d'en mettre plein la vue. La précision des descriptions de la faune, de la flore, d'un quotidien qui peut se révéler aussi exaltant que répétitif se double d'une modestie remarquable. Pete Fromm a l'élégance de reconnaître ses erreurs, ses gaffes, cette forme d'auto-dérision n'est jamais excessive d'autant que si Indian Creek est un formidable plaidoyer pour la conservation des beautés de la nature, l'exercice ne va pas jusqu'à l'excès militant. C'est par le beau et également par le choix d'un vocabulaire précis mais jamais ampoulé, que l'auteur parvient à nous convaincre que la nature est un temple dont la fréquentation offre des perspectives d'introspection bien plus épanouissantes que les mirages médicamenteux ou les manipulations de cupides gourous.…
Indian Creek se termine par une postface qui mérite à elle seule que l'on découvre ce singulier livre et si attachant écrivain : comment ce livre est né puis quelques pages sur le retour à Indian Creek. Superbe !
Mon libraire préféré a le projet un peu fou, via ses potes de Gallmeister, de faire venir Pete Fromm dans son antre aux livres lodévoise. Je suis sûr, que, pour une fois, j'accepterai de sortir de ma caverne… Si finalement, c'est Sylvain Tesson qui fait le déplacement, je trouverai bien du bois à rentrer ou un carré de terre à greliner…
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C'est un peu par hasard que Pete Fromm, originaire du Wisconsin, se met à la natation. C'est encore un peu par hasard qu'il choisit de faire des études de biologie animal dans le Montana; Alors quand à la piscine de l'université, par le plus grand des hasards, on lui propose un boulot de garde-saumons dans un coin reculé des montagnes Rocheuses, il accepte sans hésiter.
Hasard, vraiment ? Évidemment non. Ce gars là est une graine de trappeur et va nous le prouver. Pendant sept longs mois, au milieu d'une nature sauvage, belle et parfois hostile, il s'acquittera de sa tache qui consiste à garder en vie le demi million de saumons implantés dans un bras de la rivière Selway. Tout l'hiver, par des températures extrêmes, il nous convie aux déneigements, randonnées, chasses au cougar, au cerf et autre gros gibier, aux dépeçages des fourrures, tannages des peaux, surveillance météo, coupe et gerbage de bois... etc. qui font son quotidien. Dans ce récit d'apprentissage captivant, notre Davy Crockett en herbe, qui pensait s'ennuyer à mourir (et nous avec !) durant ces longs mois en solitaire, va peu à peu tomber amoureux de cette vallée enneigée, de cette nature sauvage et de ses habitants. Il y a de très beaux passages sur ce changement d'état d'esprit, et on se surprend à « vivre » avec l'auteur ce basculement. Car la plume de Pete Fromm sait capter le lecteur : grâce en partie à un humour tout en auto-dérision mais aussi par la sincérité de son récit, il arrive à nous embarquer avec lui dans l'aventure. Ainsi je me suis émerveillé devant le spectacle des cerfs dans la prairie qui jouxte sa tente, j'ai ressenti le froid des montagnes de l'Idaho, tremblé pour le cougar en accompagnant les chasseurs; j'ai adoré jouer avec Boone, la jeune chienne de l'auteur, suer en dépeçant l'élan, nager avec les loutres, espérer la visite des gardes forestiers et m'assoir là, au crépuscule, devant l'immensité des grands espaces américains.
Un livre dépaysant, drôle et beau, que j'ai dévoré.
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que dire de plus , tant d'éloges, d'avis sur ce livre formidable. On est carrément plonger dans le récit, cette vie au milieu de nulle part. Cet hiver si rude, si long, comment y faire face. Et pourtant cet épisode de 7 mois sera le début d'une nouvelle vie, de toute une vie. Puisque je suis là à écrire un avis sur ce récit témoignage de l'auteur lui-même.
J'ai bien sûr dû m'épargner les épisodes de chasse, de mise à mort d'animaux. Hormis ces passages difficiles, je me suis ressourcer au milieu de ce silence, ce blanc, ce froid, cette grande solitude. C'est tellement reposant.
Un livre que je recommande si vous aimez les grands espaces, la vie de débrouille, ce besoin de s'échapper de nos vies trépignantes, ce ivre est fait pour vous.
A lire sous un plaid, au coin du feu, avec une tasse fumante d'un breuvage à votre convenance.
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