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EAN : SIE130784_947
Fayard (30/11/-1)
3.73/5   11 notes
Résumé :
Sa réputation de grand artiste a précédé Jean-François Felze à Nagasaki et quand il arrive au mois de mai 1905 sur le yacht de son amie, la richissime Américaine Mrs. Hockley, le marquis Yorisaka le prie de faire le portrait de sa femme. Malgré le bref délai (une bataille navale est imminente, le Japon étant en guerre avec la Russie depuis février 1904, et Yorisaka désire emporter l'œuvre à bord du Nikkô où il est lieutenant de vaisseau), Felze accepte car il est so... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
"La Bataille" est une pièce en 3 actes inspirée par le roman éponyme de l'immense écrivain Claude Farrère. Elle a été représentée pour la première fois, en 1921, sur la scène du théâtre "Antoine" à Paris.
Cette transposition apparaissait comme difficile voire irréalisable.
Pourtant, la pièce finement construite, se révèle au final comme solide et complète.
Pierre Frondaie, afin de mieux respecter l'esprit du roman, n'en a pas suivi trop scrupuleusement la lettre.
C'est une pièce puissante et captivante, une description de l'âme japonaise et la relation d'une lutte sourde de deux hommes pour une femme.
Suivant deux actes où flotte une fine lumière teintée d'exotisme, l'épilogue produit un effet saisissant.
Le dernier acte est le tableau d'une bataille navale à laquelle les spectateurs peuvent croire qu'ils participent avec les canonniers enfermés dans la tourelle d'un cuirassé.
Une tourelle à bord du "Nikko".
C'est une chambre hermétique, toute cuirassée d'acier épais. Deux canons l'emplissent aux trois quarts. le tout est éclairé de façon formidable, pourtant la lumière du jour pénètre par les embrasures entre la cuirasse et les canons.
Douze marins sont à leur poste, des anonymes et des héros.
Au début de l'acte, le navire n'est pas encore en action. Il se hâte vers son poste de combat.
Yorisaka, le mari trompé qui commande la tourelle, fait soudain son apparition, provoquant un rigide garde à vous de ses marins galvanisés par la perspective du combat.
Puis, Fergan, l'amant, l'officier anglais invité, neutre dans cette bataille, l'ami, clôt derrière lui cet espace réduit où la tragédie va se nouer....
Pierre Frondaie a su rendre dans cette heureuse adaptation les deux attraits principaux du roman :
- la fine analyse du double caractère japonais moderne gardant farouchement dans son coeur les moindres traditions ancestrales de sa race
- et la vision d'une bataille navale moderne, avec les obus de gros calibre détruisant une escadre en quelques minutes.
A son époque, l'effort réalisé par le théâtre "Antoine" pour présenter cet épilogue saisissant fut un grand étonnement à la répétition générale, impressionnant que devait être le pivotement de cette énorme tourelle sur son axe, avec ses canons, ses obus, son escalier, sa machinerie et ses hommes.
A la lecture, aujourd'hui, de cette pièce sobre et émouvante, on ne peut s'empêcher de s'imaginer cette représentation et de regretter de pas y avoir assisté.
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Jean-François Felze est un peintre mondain de renom. La cinquantaine élégante, il aime et est aimé des femmes. Il voyage à bord du somptueux yacht de la riche américaine au corps de rêve dont il est épris et qui le traite en esclave. A l'escale de Nagasaki, il accepte de réaliser le portrait de la marquise Yorisaka, jeune épouse du marquis Yorisaka Sadao, officier de la toute récente marine nipponne formé à l'école britannique, un couple tout à fait acquis aux idées modernes de l'occident, et dont l'ami intime est l'officier de liaison anglais Herbert Fergan. Nous sommes en 1905 et on annonce l'arrivée imminente de l'escadre russe qui s'apprête à défier la flotte de l'Empire du Soleil Levant près de l'île de Tshou Shima.
Claude Farrère (1876 – 1957), auteur prolifique membre de l'Académie Française et aujourd'hui bien oublié, est lui aussi Officier de marine. Grand admirateur de Pierre Loti qui fut son Pacha à bord du Vautour, il sait de quoi il parle lorsqu'il décrit une bataille navale. le Japon qu'il évoque est celui que montrent les merveilleuses estampes d'Hiroshige. Beautés évanescentes au long cou d'ivoire et à la bouche étroite, douceur du climat aux incessantes pluies, jardins délicats étagés sur les hautes collines surplombant les eaux d'acier du fjord. le court roman qu'il publie en 1911 aura un énorme succès (un million d'exemplaires).
Passé la difficulté que représente pour le lecteur contemporain le côté délicieusement désuet de la langue, on est vite emporté dans l'intrigue qui se noue entre le marquis Yorisaka, avide d'arracher au lieutenant de vaisseau Fergan, aide de camp de Sa Majesté de Roi d'Angleterre, le maximum d'enseignements et de secrets pour que la marine japonaise soit en mesure de vaincre une marine occidentale, son épouse soumise Mitsouko et le vicomte Hirata, opposé à l'imprégnation du Japon par les manières et techniques occidentales.
Le roman nous entraîne sur la tourelle du Nikko, qui pointe ses énormes pièces de 305 sur l'escadre russe. La bataille est vécue en direct, elle ne touche pas seulement deux grandes puissances, mais aussi deux versants de l'âme japonaise, écartelée entre les vertus antiques de l'honneur et les nécessités du progrès. Une tragédie antique, dans le plus pur style des Daïmios.
Curieux tout de même qu'aucun exemplaire d'une édition récente ne soit disponible en librairie : j'ai dû acheter le livre d'occasion, publié en 1957 par la collection « J'ai lu » bien populaire (dont c'est le numéro 8), et affublé d'une horrible couverture ….
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Jean-François Felze, peintre connu, fait le tour du monde sur le bateau d'une riche américaine qu'il peut à la fois haïr et adorer, mais dont il dépend de toute façon. Ils font une escale au Japon. On est en 1905. La guerre russo-japonaise est en marche. Felze est reçu dans une famille japonaise distinguée, chez le marquis et la marquise Yourisaka. Ceux-ci sont complètement européanisés, contrairement à son ami chinois, qui se trouve lui aussi au Japon et à qui il rend visite. Ce sont deux mondes différents qu'il côtoie : l'un où l'on rejette les traditions et l'autre où on les vénère. Il commence le portrait de la marquise mais le marquis est appelé à livrer bataille. On a d'ailleurs un récit assez précis de cette bataille.
Il y a une légère intrigue amoureuse entre la marquise et plusieurs hommes mais cela reste finalement sans surprise.
Ce qui est intéressant, c'est la façon dont un peuple peut rejeter les traditions en vue de "paraître" face aux étrangers. On verra à la fin que la marquise n'a finalement pas tout oublié...
Ce qui est lassant, ce sont les multiples formes de politesse répétées et les citations employées par l'ami chinois.
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A l'origine du nom des Rita Mitsouko (via parfum, 1919)
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Cette conception nouvelle du réalisme au théâtre, c'est André Antoine qui l'expérimenta. En 1887, ce jeune employé du gaz, sans la moindre commandite, réunit trois cent abonnés et les convie, une fois par mois, en des salles de hasard, à juger de spectacles conçus dans un esprit neuf.
Par la suite, au théâtre qui prit son nom, puis à l'Odéon, il élargit le champ de ses recherches, mais son œuvre des jours héroïques demeure la plus significative.
Quel en était le principe ?
Revenir à la réalité sans concessions.
L'esthétique d'Antoine prend appui sur le "naturalisme" : jeter au public la réalité pour ainsi dire toute crue, par "tranches de vie"....
(extrait de "l'ère bourgeoise du théâtre", septième chapitre de "l'histoire du théâtre" écrite par Robert Pignarre et parue dans la collection "Que sais-je ?" en 1971)
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Le théâtre "Antoine" - ou tout au moins la salle qui l'abrite - compte déjà soixante-sept années d'existence. C'est, en effet, en 1866 qu'un nouveau théâtre, construit boulevard de Strasbourg sur l'emplacement d'un ancien café-concert, ouvrit ses portes.
Il s'appelait alors le théâtre des "Menus-Plaisirs", mais il devait changer fréquemment de nom et de genre.
En 1874, il devenait le théâtre des "Arts", en 1876, il prenait le titre "d'Opéra-Bouffe" pour redevenir l'année suivante les "Menus-Plaisirs".
En 1879, il fut le théâtre des "Arts".
Nouvelle transformation en 1881 sous le nom de "Comédie-Parisienne".
Enfin, en 1882, réapparaissait l'appellation des "Menus-Plaisirs".
Cependant, dès octobre 1890, Mr André Antoine avait transporté aux "Menus-Plaisirs" son "théâtre libre".
Celui-ci créé l'année précédente, avait d'abord donné ses représentations dans "la salle de l'Elysée des Beaux-Arts", puis au théâtre "Montparnasse".
Ce n'était pas un théâtre régulier.
Seuls quelques membres de la presse et quelques abonnés y avaient accès, et les spectacles commencèrent par être mensuels.
Le "théâtre libre", on le sait, fut un magnifique effort d'art qui a exercé une influence considérable sur toute l'évolution dramatique contemporaine....
(extrait d'une petite histoire du théâtre "Antoine" accolée en postface de "la Petite Illustration" n° 327 parue le 8 juillet 1933)
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Le salon de la marquise Yorisaka, dans le port de Nagasaki : un salon européen, élégant à la façon occidentale, et pour cela même étrange d'être un salon de Nagasaki.
Au dehors, en contraste avec cette installation, il y a tout le Japon qui s'affirme tout au large d'une immense baie.
Et l'on voit d'abord un jardin précis, frêle et minuscule, et une colline, pareille aux estampes d'autrefois.
Au lever du rideau, Jean-François Felze se trouve placé devant un grand portrait, presque achevé, et qui est celui de la marquise Yorisaka, en robe de bal européenne.
Une seconde il travaille en silence et puis....
(lever de rideau de la pièce extraite de "la Petite Illustration" n° 49 paru en mai 1921)
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Plus encore que notre jeu, nos danses sont incompréhensibles aux Japonaises, incompréhensibles et scandaleuses. Le Japon n'est point du tout une contrée où la pruderie règne en maîtresse ; mais homme ni femme ne s'aviserait d'y pousser l'indécence jusqu'à s'étreindre en public, taille à taille et poitrine à poitrine, pour donner à tous les yeux le spectacle éhonté d'une manière de coït...
Mais, saisie par le prince Alghero, la marquise Yorisaka oublia quelques principes de plus, et se laissa, sans grande résistance, guider dans l'impudique tourbillon.
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Video de Claude Farrère (1) Voir plusAjouter une vidéo

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Olivier BARROT, installé dans une chambre, présente une réédition de "La maison des hommes vivants" en poche Librio ; une histoire fantastique écrite par Claude FARRERE, auteur populaire, élu à l'Académie française.
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