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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Le roman (antérieur, parallèle ou postérieur au jdr "Ecryme") est divisé en 2 parties pour un total de 280 pages : on peut tenter l'expérience sans se perdre dans des centaines de pages qui pourraient déplaire aux éventuels futurs lecteurs.

* "Les rives d'Antipolie" qui se résume en une quête des secrets de l'Ecryme dans une Europe divisée entre régimes autoritaires nationaux et mouvements révolutionnaires internationaux (chacun espère trouver dans la cité cachée de Bohème un avantage décisif dans les conflits qui s'annoncent)
* "Revolutsyia" qui pourrait constituer un mélange fantastique entre "l'Octobre" de Sergeï Einsentein et le "Docteur Jivago" de David Lean.

"Bohème" est une intéressante uchronie (qui utilise d'ailleurs le calendrier révolutionnaire français...) qui mélange des aspects steampunk avec ses trains, ses ballons et ses dirigeables, ses échassiers et ses scaphandriers, des aspects post-apocalyptique avec cette Europe rongé par un brouillard toxique qui ne cesse d'engloutir de nouvelles terres et de nouvelles structures, et des aspects fantastiques qui s'accentuent dans la 2e partie. Il s'agit d'un traitement original de l'Europe de l'Âge Industriel avec beaucoup de bonnes trouvailles, au-delà des mystères de l'Ecryme. le roman aborde à la fois les exactions des régimes autoritaires et les dérives des mouvements révolutionnaires. Aborder des thématiques politiques et sociales, c'est assez rare en fantasy pour être signalé. Quand le roman bascule dans le fantastique de nouvelles thématiques apparaissent, mais la fuite en avant dans l'onirisme nuit à la bonne compréhension de l'intrique et abouti à un dénouement très flou...

Mathieu Gaborit nous offre aussi une belle galerie de personnages de Louise Kelchelev la froide avocate duelliste à Igor Bladiek le complètement barré conteur populaire. Mais on d'autant plus de mal à s'attacher à eux que l'auteur lui-même se semble pas trop s'attarder sur leur sort : des personnages secondaires intriguent mais disparaissent au fur et à mesure que d'autres apparaissent comme le hussard Léon Radurin, l'assistant Igcho, la famille Koropouskine, les frères Bobovitch, Diotch le savant fou...
Je trouve que tout cela manque d'approfondissement et qu'on se retrouve avec un roman très inabouti. Mais il est tellement atypique qu'il pourrait quand même valoir le détour : aux futurs lecteurs de se faire un avis !

Un univers qui mélange fantasy et steampunk, de nombreuses trouvailles ingénieuses, des pistes intéressantes notamment concernant les problèmes politiques et sociaux, des héros auxquels on a du mal à s'attacher... Cela rappelle les oeuvres de China Miéville AMHA (mais ce dernier boxe dans une catégorie supérieure).
Malgré mes grosses réserves j'ai passé un bon moment surtout en écoutant durant la lecture "Les Braves Cosaques", "Plaine ma Plaine", "Korobeiniki", "le Rocher sur la Volga", "Troika", "Le Chant des Partisans", "Kalinka" et autres classiques...
http://www.youtube.com/watch?v=YtqYo831Brk
Lien : http://www.chemins-khatovar...
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Après l'excellente « Trilogie de la lune » de Johan Héliot, j'ai décidé de poursuivre ma découverte du « steampunk à la française » avec Mathieu Gaborit qui nous dépeint dans « Bohème » une Europe du XIXe siècle uchronique. Imaginez que la révolution industrielle ait été considérablement freinée par l'apparition sur tout le territoire d'une mystérieuse substance toxique baptisée écryme. Imaginez maintenant que seules quelques cités n'aient pas été englouties et soient reliées les unes avec les autres par un fragile réseau ferroviaire et aérien. Imaginez enfin que la stabilité de ces îlots soient remis en question par l'essor d'un mouvement révolutionnaire bien décidé à renverser les régimes autoritaires en place. Avouez que le décor a de quoi titiller la curiosité ! Ne manque plus à l'ensemble qu'un protagoniste suffisamment charismatique et bien campé pour s'intégrer dans un cadre tel que celui-ci. Ce personnage, c'est Louise Kechelev, avocate duelliste au caractère affirmé a qui on confie la périlleuse mission de récupérer la cargaison d'un dirigeable appartenant à sa famille et s'étant échoué dans l'écryme. La besogne n'est évidemment pas si simple, notre héroïne ne tardant pas à se retrouver entraînée dans un conflit beaucoup plus vaste opposant les révolutionnaires à la Propagande et qui lui permettra d'enfin percer les mystères de l'écryme.

Vous l'aurez sûrement déjà compris, Mathieu Gaborit ne manque pas de bonnes idées et nous dépeint ici un monde post-apo teinté de steampunk d'une richesse extraordinaire (univers qui sera d'ailleurs repris et développé dans le jeu de rôle « Ecryme »). Là où le bât blesse, c'est au niveau de l'intrigue qui se révèle bien trop décousue et qui aurait sans doute méritée d'être davantage étoffée. La première partie, « Les Rives d'Antipolie », relatant l'enquête de Louise du côté de l'Europe de l'Est se tient plutôt bien : l'auteur pose les bases de son intrigue tout en s'attardant sur certaines spécificités de son univers sans pour autant que cela nuise à la narration. La seconde partie, « Révolutsya », est plus problématique car si l'idée qui y est développée est véritablement passionnante, l'intrigue part en revanche dans tout les sens, comme si l'auteur s'était rendu compte un peu tardivement qu'il allait falloir rassembler tous les fils avant de conclure pour que le récit garde une certaine cohérence. C'est dommage, car encore une fois la plupart des concepts développés ici ne manquent pas d'originalité, de même que certaines des thématiques qui sont abordées avec beaucoup de finesse. La plume de l'auteur est quant à elle toujours aussi plaisante et soignée, donnant lieu à des passages mémorables desquels se dégagent une grande poésie.

En dépit d'une narration trop confuse et d'une conclusion peu satisfaisante, « Bohème » dispose de suffisamment d'atouts pour séduire le lecteur, qu'il soit amateur de steampunk ou non. Un roman qui mérite le détour, aussi bien pour la qualité de la plume de l'auteur que pour la singularité de son univers.
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"Bohème", publié en un volume par Mnémos en 2008, puis en format poche deux ans plus tard, est à l'origine un cycle en deux courts tomes datant de 1997 ; au moment de cette première parution, Mathieu Gaborit avait à peine vingt-cinq ans et était plus rôliste qu'écrivain. Mieux vaut garder ces données en tête afin de ne pas être trop déstabilisé durant la lecture.

Le pedigree rôlistique de l'auteur saute aux yeux, il se sent pour ainsi dire à chaque page. En l'occurrence, cela suffit à résumer les principales qualités et les principaux défauts de "Bohème" : une imagination débordante, de multiples trouvailles, un univers aux potentialités immenses, des personnages vivants et bien campés... Mais une intrigue décousue, une narration erratique, une multiplication parfois artificielle de situations et de personnages, comme si l'auteur était submergé par le flot de ses idées (à l'image d'un MJ dépassé par des événements qu'il ne contrôle plus) au point de ne faire souvent que survoler ce qui nécessiterait un plus large développement. On notera que ces qualités sont surtout visibles dans la première partie, et ces défauts dans la seconde.

"Bohème" est donc composé de deux parties distinctes, reliées par un fil ténu : "Les Rives d'Antipolie", racontant la quête de Louise, fille d'activistes révolutionnaires, chargée de récupérer la cargaison d'un aérostat écrasé dans une zone reculée d'Europe Orientale, et "Revolutsya", rapportant le combat qui oppose, dans une Moscou imaginaire, les révolutionnaires à l'ordre établi, la "Propagande". L'univers, à mi-chemin de la SF et de la fantasy, est mis en place dans la première partie, et l'action pure prend le pas dans la seconde ; d'où le fait que "Les Rives d'Antipolie" soit bon, et "Revolutsya" beaucoup moins.

La fin du roman est à cet égard révélatrice : grand-guignolesque, faisant rappliquer en catastrophe une Louise oubliée dans les chapitres précédents, elle tombe à plat faute d'avoir été suffisamment bien préparée en amont... En dépit des bonnes idées qui la sous-tendent, notamment le pouvoir de l'imagination, accompagné d'un hommage, maladroit mais sincère, à la culture "populaire", aux "mauvais genres".

Ce roman n'est pas si vieux, pourtant on peut penser qu'au vu de l'évolution de la SFFF francophone ces dix ou quinze dernières années, il ne serait pas publié aujourd'hui : le lectorat a mûri, les auteurs ont pris du recul par rapport au jeu de rôle, il n'est plus possible de se reposer uniquement sur de bonnes idées et une imagination débridée. Si "Bohème" a été réédité récemment, il le doit sans doute davantage à la renommée acquise depuis par Mathieu Gaborit qu'à ses qualités propres. Ce n'est pas une mauvaise lecture, principalement grâce à une première partie d'une rare inventivité, mais ce roman reste malgré tout assez dispensable.
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Une fois encore, Mathieu Gaborit témoigne de son merveilleux talent de créateur d'univers. le monde qu'il décrit est fascinant, rendu très vivant par une belle galerie de personnages secondaires. Chaque être que l'on croise ici a son histoire, retracée en quelques paragraphes, toujours intéressante et atypique. Leur prolifération, dans la deuxième partie du texte, est toutefois à double tranchant : si elle donne de la profondeur à l'univers, de la vie au récit, elle escamote un peu trop Louise dont l'évolution, pourtant essentielle, paraît du coup un brin bâclée.
J'ai énormément aimé la première partie de ce roman, à la fois plus concise et plus lente, mais la seconde, sans me déplaire, m'a un peu déçue. Trop de choses, trop de gens s'y entremêlent, trop vite, et cela devient assez frustrant. L'intrigue aurait besoin d'un peu plus de temps pour pleinement s'épanouir, et sur chacun de ces personnages, c'est un roman entier qu'on aimerait lire !

Une lecture très plaisante, mais qui avait assez de qualités – en terme d'imagination et de créativité – pour devenir bien mieux que ça, avec un peu plus de temps et de travail. Dommage.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Réédition d'un diptyque paru, je crois, originellement en 2008
L'auteur se révèle être un formidable créateur d'univers, ici steampunk, malheureusement assez largement sous exploité.
Ce monde baignant dans cette fange nauséabonde et mortelle, l'écryme, et parcouru de "traverses" aurait en effet mérité un peu plus d'épaisseur dramatique.
J'ai au passage beaucoup aimé l'idée de ces "pierrots" malfaisants qui pourchassent silencieusement les voyageurs égarés mais leur contribution à l'ensemble reste au bilan très anecdotique... Dommage.
Alors, j'ai très largement préféré la première partie. Elle est cohérente et riche en idées... même si toutes sont un peu vite expédiées... again. Ah et l'héroïne est aussi un peu clichée, genre Lara Croft mondaine, mais bon ça enchaîne bien.
Dans la seconde moitié en revanche, l'auteur part dans un tout autre délire et m'a perdu. le traitement des personnages y est foutraque et ça finit en plat de nouilles.
Une lecture pleine de frustration en quelque sorte même si je reconnais la grande inventivité de l'auteur.
PS: la couverture ne finira pas non plus accrochée à la porte de mon frigo.
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Si j'ai été déstabilisée, comme d'autres, par une construction un peu surprenante (qui aurait pu sans doute gagner en cohérence) j'ai réussi à trouver un fil conducteur en changeant mon point de vue : Bohème est un roman où tous les personnages sont secondaires. Où l'axe autour duquel tourne la narration est l'Ecryme soi-même. Voilà le véritable personnage principal, et avec son mystère et la vie qui semble s'en dégager, l'Ecryme mérite vraiment d'être perçue comme étant animée d'une vie propre.
Je me suis accrochée à cet élément de compréhension, qui m'a permis de faire fi de la thématique de la Révolution Russe, intéressante pour les réflexions philosophiques qu'elle engendre ainsi que pour le cadre historique qu'elle place (dans les années presque 20, à une période où le mouvement artistique Bohème bat son plein), mais qui ne m'a jamais séduite pour elle-même.
Bref, le roman est très caractéristique du mouvement steampunk, il apporte une réelle réflexion sur l'évolution industrielle et ses conséquences potentielles, ainsi que sur l'art, l'humain, son évolution sociale...
Pour moi, ce sont la thématique de la révolution soviétique pour elle-même et le côté très déstabilisant du roman en termes de construction qui ont un brin entaché la lecture. Une question de forme, et une question de goût. Pour le reste (et pour cela aussi), ça mérite d'être lu.
Lien : http://livre-monde.com/chron..
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Cette découverte a été en dents de scie. Je n'ai jamais autant changé d'avis pendant une lecture, et ce jusqu'à la fin. Pour moi c'est un énorme gâchis vu le potentiel de l'histoire.

Je vais commencer par les points positifs. J'ai adoré l'ambiance mi-steampunk, mi lovecraftienne. L'écryme qui telle une brume se répand entre les traverses (les rails) est à la fois fascinante et effrayante. Une partie de l'intérêt du lecteur réside dans l'envie de découvrir sa nature. le pouvoir de suggestion est le gros point fort. Certaines scènes sont très visuelles, d'autres esquissées. J'ai aimé cette alternance ainsi que les décors. Pas mal de passages vont me rester en tête et c'est d'habitude pour moi un indicateur d'un potentiel coup de coeur. Mais cette fois ça n'a pas marché.

Malheureusement, la construction du livre est très anarchique. Pas comme une histoire-puzzle non, comme un sentiment d'inachevé. On commence un arc narratif puis ça s'arrête brusquement pour longtemps, voire pour toujours. Ce texte aurait grandement gagné à être publié sous forme de nouvelles indépendantes avec les différents personnages : d'un côté Louise, d'un autre Léon et enfin Victor. Là leurs chemins se croisent mais sans qu'on ait le sentiment que ça apporte quoi que ce soit à l'histoire. À part Louise je n'ai pas réussi à m'attacher à eux ni à leurs interactions.

Le découpage est lui aussi très étrange. Il y a deux tomes inclus dans ma version. Et la fin du premier est vraiment géniale. D'ailleurs je vous recommande tout de même le premier tome. Mais le deuxième est encore plus chaotique et ne répond pas complètement aux attentes que j'ai eues à la fin du premier tome.

C'est dommage car les thèmes abordés sont profonds : comment concilier progrès et émotions ? Qu'est-ce que change le niveau de la technologie sur la nature humaine ? Comment sortir d'un schéma et pourquoi la vie urbaine occulte certaines réalités ? Mais c'est bâclé. C'est rare que je m'emballe autant dans le négatif mais c'est tellement inégal qu'on ne peut que déplorer que le texte n'ait pas été mieux mis en valeur.

Il paraît que les autres livres de l'auteur sont meilleurs.
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