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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Rauli est un cubain blond aux yeux bleus et au teint diaphane des mulâtres.
Il a 10 ans, il a le malheur d'être différent.
Beau et efféminé, sa mère l'habille avec les vêtements de sa soeur jumelle défunte, il joue alors le rôle qu'on lui impose au beau milieu d'une famille décimée.
Rejeté par la plupart, il se réfugie dans l'Iliade, se reconnaît en Cassandre car Rauli a un don.
Il sait l'avenir.
Il aperçoit les catastrophes et la mort de chacun mais à défaut d'être l'annonceur de malheurs, il se tait.
Rauli prend vie en Cassandre.

Rauli se destinait aux études littéraires, il aime Edgar Allan Poe, TS Eliot, Kierkegaard.
À 18 ans pourtant, il partira en Angola pour se battre comme soldat, sur la terre de l'ancien monde, là où tout à commencé et où il s'est vu mourir.
Athéna lui a certifié qu'il repassera alors l'Hellespont, son temps alors prendra fin dans cet âge.
Il s'appelle Cassandre. le sang de Priam coule dans ses veines.

Engagé pour soutenir l'idéologie marxisme /leniniste contre l'UNITA, Rauli deviendra dans son unité "Olivia Newton-John" aux yeux de son capitaine violeur. Cassandre pressent durant tout ces sévices sexuels qu'Apollon veut le détruire.
Pour les sous fifres harceleurs et brutaux , il sera affublé du surnom de Marilyn Monroe. Rabroué et humilié, Cassandre, de tout son être , est à Troie, et Pâris est sur le point de causer sa perte.

Tableau du désordre.
Outrance de la violence débauchée.
Agitation de la cruauté assoiffée d'exactions.
Pour Cassandre, les Erinyes chantent à tue tête, naviguant dans des cercueils gris...

Nom de Zeus!
"Appelez moi Cassandre" est bel et bien ma première claque littéraire de l'année 2023.
Quel talent il faut pour traiter ce sujet devenu central et majeur dans nos sociétés sans tomber dans le pathos.
Gala en a, du talent, et pas qu'un peu.
C'est dans une toile de guerre et de folie totalitaire qu'il aborde de front le rejet systémique des différences qui est d'autant plus palpable abordé par le biais d'une odyssée imaginaire dans laquelle Rauli se réfugie afin de faire abstraction de sa propre entité face à la terrible réalité des brutalités conjuguées . Nous saisissons l'essence du malaise, la souffrance abrupte face au culte de la virilité . L'échappatoire libératrice, L'iliade, a un nouveau dieu , Raudi, sa force est celle de donner le courage aux persécutés via l'instruction de magnifier toutes les abjections et l'ignominie de l'ignorance.

Marcial Gala, ce virtuose qui souffle l'universel , permet l'élévation d'une thématique des plus essentielles qui bien loin des discours moralisateurs met en exergue l'isolement subi par les minorités , certains mouvements LGBTQIA+ devraient d'ailleurs s'en inspirer.
Il a cette classe de se parer de pudeur, en retrait total, il donne à ses personnages une dimension d'une profondeur éloquente. Sa plume, quant à elle, est un synonyme de transcendance et de distinction.

Merci, Zulma, encore une fois, d'éditer tant de talents , merci, Marcial Gala, pour ce moment que je ne suis pas prête d'oublier.

Un livre admirable qui devrait circuler afin de répandre un nouveau modèle de société plus inclusif...








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Parce qu'il fait deux centimètres de trop, Rauli, jeune homme rêveur qui se vit en Cassandre depuis sa découverte, enfant, de l'Iliade suite à un cadeau de sa mère, est envoyé en Angola pour seconder le parti communiste du pays, devenu majoritaire à l'indépendance du pays en 1975, en pleine guerre civile face à d'autres groupes refusant cette prise de pouvoir.

Puisqu'il est Cassandre, Raul, depuis son départ de Cuba pour l'Angola, sait ce qu'il adviendra de lui, de ses camarades soldats, de sa famille restée au pays, de son capitaine qui a fait de lui son amante... Puisqu'il est Cassandre, nous le savons aussi, et nous remontons le temps pour découvrir comment Raul est devenu Cassandre, au fil des années, des travestissements, d'abord désirés par sa mère en mal d'une soeur morte prématurément, ensuite devenus, comme une évidence, la véritable identité de celui, de celle, qui avait toujours été remarqué.e pour la finesse, la délicatesse de ses traits, de sa morphologie, et qui sera, de fait, le souffre-douleur de sa compagnie.

J'ai retrouvé, dans ce roman, ce que j'avais apprécié chez Marcial Gala dans la nouvelle lue en début d'année, qui me l'a fait découvrir : la violence sans fard du propos, qui n'a pas peur de décrire les corps et les âmes dans leur état le plus cru, mêlée à une atmosphère plus évanescente, plus éthérée, qui prend ici une allure épique par la réécriture du mythe de Cassandre, celle qui connaît la vérité mais que personne ne croit.

Une autre belle découverte de ce mois de décembre, j'aurai plaisir à relire l'auteur, encore dans ma PAL avec La cathédrale des noirs.
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Rauli, 10 ans, n'est pas un petit garçon cubain comme les autres, ils voient les morts. Non seulement ils les voient mais il sait prédire la mort des personnes qu'il croise et la sienne aussi.

Incompris de sa famille, ce jeune garçon chétif qui a du mal à trouver sa place et que ses camarades d'école appellent le Sans-Os et moquent sa sensibilité féminine se réfugie dans la poésie et la littérature. C'est l'Iliade qui lui révèle sa véritable identité : il est Cassandre, renvoyée par Zeus sous le nom de Raúl dans la ville de Cienfuegos peu après la révolution cubaine.
Cassandre, fille de Priam, roi de Troie, à qui Apollon a donné le don de prophétie en l'empêchant ensuite d'être crue, condamnée à subir le destin.

Subir, c'est bien ce que s'apprête à faire Raúl quand il est envoyé à 18 ans en Angola où il n'aura pas sa place non plus entre des soldats qui le surnomment Marilyn Monroe et le capitaine Santiago qui l'oblige à s'habiller en femme pour mieux en abuser.

Appelez-moi Cassandre est une tragédie moderne qui revisite le mythe de Cassandre, en transposant la guerre de Troie en Angola. Cassandre revenue sous les traits de Raúl pour témoigner à Zeus « Ô Zeus » de ce qu'est la vie d'un jeune cubain dans un système révolutionnaire et homophobe qui décide de tout destin.

Ce roman aux allures de poème épique éblouit par sa beauté, son intelligence et utilise subtilement l'imaginaire pour nous renvoyer à une cruelle réalité. Car finalement, ne sommes-nous pas à un moment donné tous des Cassandre, impuissant.e.s devant les abominations du monde ?
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La littérature, lors même qu'elle semble s'éloigner de tout réalisme, nous offre quelquefois paradoxalement la vision la plus lucide de la réalité, une leçon critique nous révélant ce que celle-ci voudrait nous voiler. le roman du cubain Marcial Gala, Appelez-moi Cassandre, illustre pleinement ce pouvoir de l'imagination, jusqu'à l'exposer dans une sorte de mise en abyme, en donnant à son personnage principal cette capacité de voir ce que les autres ignorent, la face cachée d'une guerre sale et violente derrière les discours d'honneur et de gloire militaires, la misère des comportements humains derrière l'exaltation des valeurs morales et patriotiques, la pauvreté et la tristesse du quotidien dissimulés sous les slogans pleins de ferveur du régime.
Rauli est depuis son enfance un être à part, sensible et rêveur, amoureux de la poésie, un garçon à la beauté féminine. Méprisé par son père, raillé sans ménagement par ses camarades de classe, il est régulièrement habillé en fille par sa mère, qui entend ainsi ressusciter sa propre soeur disparue, allant dans ce délire jusqu'à appeler son fils Nancy… A dix ans, il découvre l'Iliade, dévorant si bien ce texte qu'il en emprunte la chair… et devient un de ses personnages, cette Cassandre douée du don de voir ce qui est invisible aux mortels et, en particulier, l'avenir. Rauli, désormais, est habité par cette seconde personnalité, qui resurgit à tout moment, donnant à son existence une dimension fantastique. Envoyé comme soldat en Angola, il subit le harcèlement d'un sergent et d'un autre homme de troupe, une grande gueule de Carlos, qui l'appelle Marylin Monroe. Mais il est aussi obligé de satisfaire les désirs du capitaine, ses fantasmes sexuels, la cruauté de leurs mises en scène. Pourtant, il sait, lui, Rauli-Cassandre, quel destin sera réservé à chacun, à quelle heure précise et de quelle manière son père, son frère, le sergent et le capitaine… et lui-même mourront ! Pourtant, il sait aussi, lui, que seuls les dieux, ceux de l'Olympe comme ceux de la Santeria, à Cuba ou en terre africaine, détiennent les clés de l'existence…
le récit est ainsi structuré par cette alternance entre les deux temps, celui de l'enfance à Cienfuegos et celui du théâtre de la guerre en Angola. le passage régulier d'une époque à l'autre, tandis que l'être-Cassandre de Rauli demeure, lui, inchangé, suscite de curieux échos entre ces étapes de vie, provoquant l'impression d'un éternel retour du désespoir, d'une inévitable répétition des mauvais tours du destin, une étrange étrangeté qui nourrit pourtant l'intérêt et le plaisir du lecteur. Evoquant autant le réalisme magique d'un Garcia Marquez que l'imagination baroque et le lyrisme d'un Alejo Carpentier, rejouant avec brio des drames mythologiques sur le terrain des farces tragi-comiques de la politique et des guerres de la fin du XXe siècle, l'écriture de Marcial Gala convainc comme un beau discours divinatoire. Et si, à votre tour, vous écoutiez cette Cassandre ?
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Raúl vit en bord de mer à Cuba entre une mère déchirée par la mort de sa soeur et qui l'habille en fille, un père volage et un frère qui, comme les élèves de l'école, le trouve trop efféminé et se moque de lui. Il lit énormément, adore la mythologie grecque et se rend compte qu'il a le même don que Cassandre : il voit l'avenir mais sait que personne ne le croira. Quand l'armée cubaine envoie ses troupes en Angola soutenir la lutte pro-soviétique, Raúl doit aller combattre.
Le roman est construit sur l'alternance entre la vie à Cuba et les missions des soldats en Angola au début des années 80. Il donne un éclairage historique sur cette période marquée par la propagande, la virilité exacerbée et la traque des opposants. Dans une langue parfois crue, Marcial Gala dénonce l'intolérance et le racisme, et pointe l'hypocrisie d'une société prompte à la délation. Les portraits sont puissants comme celui de ce capitaine machiste obsédé par l'honneur mais qui abuse de Raúl, ou de cette femme russe qui offre au héros des livres lui permettant de s'évader. Les lettres de condoléances que Raúl rédige pour les familles endeuillées témoignent des horreurs de la guerre en Angola. Véritable tragédie, le roman est rythmé par les prophéties de Raúl, les paroles de chansons populaires et les références aux péripéties des dieux grecs.
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