AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

François-Michel Durazzo (Traducteur)
EAN : 9791038701069
288 pages
Zulma (01/09/2022)
3.94/5   36 notes
Résumé :
Rauli, garçon sensible et rêveur, grandit sous le ciel de Cuba. Son père roule des mécaniques dans une Chevrolet déglinguée tandis que sa mère l’habille en fille, en mémoire de sa sœur disparue. À dix ans, il plonge dans la puissance de la littérature. Il lit L’Iliade et découvre qu’il est Cassandre, princesse troyenne, maudite par Apollon pour s’être refusée à lui.
Comme Cassandre, Rauli peut lire l’avenir et c’est un piège. Né dans le mauvais corps, avec un... >Voir plus
Que lire après Appelez-moi CassandreVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (18) Voir plus Ajouter une critique
3,94

sur 36 notes
5
5 avis
4
6 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis
Abordant comme thème central le rejet des différences, l'auteur cubain, Marcial Gala, a choisi de le faire. La toile de fond est la guerre civile en Angola où des nombreuses participations étrangères sont à dénombrer. Ce conflit, ayant pourtant duré près de 27 ans, m'était inconnu. Cela me fût donc été une totale découverte historique ainsi qu'une première immersion dans la littérature cubaine.

Rauli, le héros principal, est un garçon cubain, blond aux yeux bleus. Vivant dans une famille modeste, il est entouré de son père, mécanicien trompant effrontément son épouse, de sa mère qui ne fait pas le deuil de sa soeur disparue en habillant son fils de ses vêtements et de son frère, qui a choisi le chemin des gangs. A 10 ans, il lit pour la première fois et découvre qu'il est Cassandre car il est en mesure de prévoir l'avenir et la mort des gens. Après avoir terminé le lycée, il est envoyé en Angola où il devient soldat et où il s'est vu mourir.

Le personnage de Rauli est attachant par ses différences. Très efféminé et mûr pour son âge, il grandit sous le joug d'un père assez autoritaire, dont la maîtresse russe va initier le jeune garçon aux pouvoirs de la littérature. Utilisé par sa mère comme un substitut de sa tante décédée de maladie, il parcourt les rues de sa ville déguisé en fille. Par les singularités entourant ce personnage, Marcia Gala louange un monde plus tolérant, où les individus « différents » ne devraient pas être mis au ban de la société.

Malgré les nombreuses qualités de ce roman, j'ai parfois eu du mal à m'y attacher à cause du style très décousu du récit. Passant sans cesse entre la vie cubaine et la vie militaire de Rauli, tout en poursuivant l'allégorie de l'Iliade, j'ai éprouvé des difficultés à vraiment m'imprégner de l'histoire.

Ce n'est pas du tout que je n'ai pas aimé ce livre, bien du contraire. Je dirais plus qu'il s'agit en quelque sorte d'un rendez-vous manqué….
Lien : https://www.musemaniasbooks...
Commenter  J’apprécie          280
Rauli est un cubain blond aux yeux bleus et au teint diaphane des mulâtres.
Il a 10 ans, il a le malheur d'être différent.
Beau et efféminé, sa mère l'habille avec les vêtements de sa soeur jumelle défunte, il joue alors le rôle qu'on lui impose au beau milieu d'une famille décimée.
Rejeté par la plupart, il se réfugie dans l'Iliade, se reconnaît en Cassandre car Rauli a un don.
Il sait l'avenir.
Il aperçoit les catastrophes et la mort de chacun mais à défaut d'être l'annonceur de malheurs, il se tait.
Rauli prend vie en Cassandre.

Rauli se destinait aux études littéraires, il aime Edgar Allan Poe, TS Eliot, Kierkegaard.
À 18 ans pourtant, il partira en Angola pour se battre comme soldat, sur la terre de l'ancien monde, là où tout à commencé et où il s'est vu mourir.
Athéna lui a certifié qu'il repassera alors l'Hellespont, son temps alors prendra fin dans cet âge.
Il s'appelle Cassandre. le sang de Priam coule dans ses veines.

Engagé pour soutenir l'idéologie marxisme /leniniste contre l'UNITA, Rauli deviendra dans son unité "Olivia Newton-John" aux yeux de son capitaine violeur. Cassandre pressent durant tout ces sévices sexuels qu'Apollon veut le détruire.
Pour les sous fifres harceleurs et brutaux , il sera affublé du surnom de Marilyn Monroe. Rabroué et humilié, Cassandre, de tout son être , est à Troie, et Pâris est sur le point de causer sa perte.

Tableau du désordre.
Outrance de la violence débauchée.
Agitation de la cruauté assoiffée d'exactions.
Pour Cassandre, les Erinyes chantent à tue tête, naviguant dans des cercueils gris...

Nom de Zeus!
"Appelez moi Cassandre" est bel et bien ma première claque littéraire de l'année 2023.
Quel talent il faut pour traiter ce sujet devenu central et majeur dans nos sociétés sans tomber dans le pathos.
Gala en a, du talent, et pas qu'un peu.
C'est dans une toile de guerre et de folie totalitaire qu'il aborde de front le rejet systémique des différences qui est d'autant plus palpable abordé par le biais d'une odyssée imaginaire dans laquelle Rauli se réfugie afin de faire abstraction de sa propre entité face à la terrible réalité des brutalités conjuguées . Nous saisissons l'essence du malaise, la souffrance abrupte face au culte de la virilité . L'échappatoire libératrice, L'iliade, a un nouveau dieu , Raudi, sa force est celle de donner le courage aux persécutés via l'instruction de magnifier toutes les abjections et l'ignominie de l'ignorance.

Marcial Gala, ce virtuose qui souffle l'universel , permet l'élévation d'une thématique des plus essentielles qui bien loin des discours moralisateurs met en exergue l'isolement subi par les minorités , certains mouvements LGBTQIA+ devraient d'ailleurs s'en inspirer.
Il a cette classe de se parer de pudeur, en retrait total, il donne à ses personnages une dimension d'une profondeur éloquente. Sa plume, quant à elle, est un synonyme de transcendance et de distinction.

Merci, Zulma, encore une fois, d'éditer tant de talents , merci, Marcial Gala, pour ce moment que je ne suis pas prête d'oublier.

Un livre admirable qui devrait circuler afin de répandre un nouveau modèle de société plus inclusif...








Commenter  J’apprécie          150
« Qui écrira la lettre qui annoncera ma mort ? Personne, car on ne retrouvera pas mon corps, je ne quitterai pas l'Angola, je serai emporté par le flux rétrograde du temps et je retournerai à Troie où je redeviendrai Cassandre. J'aurai de nouveau maille à partir avec le néant. L'effroyable, le sombre silence des dieux est-il audible ? »

Cassandre, fille de Priam, a le don de prophétie : elle sait, le destin de chacun, le sort de Troie, l'heure de sa mort. Mais parce qu'elle a mis en colère Apollon, il la condamne à ne jamais être crue. Savoir, sans pouvoir le dire, sans pouvoir agir, c'est la condamnation que le petit Rauli a en commun avec la sublime Cassandre. Lui grandit dans la Cuba communiste des années 70, et dès les premières années qu'il passe à lire et à regarder la mer, il sait qu'il est Cassandre, qu'il mourra en Angola à l'âge de 19 ans de la main du Capitaine de son unité, il sait et ne peut rien faire. Il court à sa perte, s'engage, se laisse humilier par ses camarades, abuser par son chef, mais ne peut rien faire. Il mourra.

Raul est un personnage d'une infinie douceur, il aime la littérature et s'habiller en femme. Il est beau, d'une beauté féminine qui le rend désirable et condamnable à la fois. Lui n'a pas de désirs sexuels, il subit les brimades et se dissimule, écrasé encore par le régime communiste, qui lui impose à 19 ans d'aller combattre l'impérialisme colonial en Angola. Qui pourra sauver Raul de son destin, sinon la force tragique de Cassandre?

Dans un aller-retour vertigineux entre l'enfance de Raul, la guerre en Angola et l'histoire de Cassandre, Marcial Gala compose un roman sombre et dérangeant. On se sent révoltés par le sort réservé à Raul/Cassandre, de l'école jusqu'aux rangs de l'armée, martyrisé et condamné par sa différence, par son impossibilité à se conformer à l'idéal masculin viril et violent porté aux nues par le régime.

J'ai aimé l'écriture brutale et lumineuse de ce roman qui porte en lui la grandeur de la tragédie. Une très belle découverte!
Commenter  J’apprécie          150
La littérature, lors même qu'elle semble s'éloigner de tout réalisme, nous offre quelquefois paradoxalement la vision la plus lucide de la réalité, une leçon critique nous révélant ce que celle-ci voudrait nous voiler. le roman du cubain Marcial Gala, Appelez-moi Cassandre, illustre pleinement ce pouvoir de l'imagination, jusqu'à l'exposer dans une sorte de mise en abyme, en donnant à son personnage principal cette capacité de voir ce que les autres ignorent, la face cachée d'une guerre sale et violente derrière les discours d'honneur et de gloire militaires, la misère des comportements humains derrière l'exaltation des valeurs morales et patriotiques, la pauvreté et la tristesse du quotidien dissimulés sous les slogans pleins de ferveur du régime.
Rauli est depuis son enfance un être à part, sensible et rêveur, amoureux de la poésie, un garçon à la beauté féminine. Méprisé par son père, raillé sans ménagement par ses camarades de classe, il est régulièrement habillé en fille par sa mère, qui entend ainsi ressusciter sa propre soeur disparue, allant dans ce délire jusqu'à appeler son fils Nancy… A dix ans, il découvre l'Iliade, dévorant si bien ce texte qu'il en emprunte la chair… et devient un de ses personnages, cette Cassandre douée du don de voir ce qui est invisible aux mortels et, en particulier, l'avenir. Rauli, désormais, est habité par cette seconde personnalité, qui resurgit à tout moment, donnant à son existence une dimension fantastique. Envoyé comme soldat en Angola, il subit le harcèlement d'un sergent et d'un autre homme de troupe, une grande gueule de Carlos, qui l'appelle Marylin Monroe. Mais il est aussi obligé de satisfaire les désirs du capitaine, ses fantasmes sexuels, la cruauté de leurs mises en scène. Pourtant, il sait, lui, Rauli-Cassandre, quel destin sera réservé à chacun, à quelle heure précise et de quelle manière son père, son frère, le sergent et le capitaine… et lui-même mourront ! Pourtant, il sait aussi, lui, que seuls les dieux, ceux de l'Olympe comme ceux de la Santeria, à Cuba ou en terre africaine, détiennent les clés de l'existence…
le récit est ainsi structuré par cette alternance entre les deux temps, celui de l'enfance à Cienfuegos et celui du théâtre de la guerre en Angola. le passage régulier d'une époque à l'autre, tandis que l'être-Cassandre de Rauli demeure, lui, inchangé, suscite de curieux échos entre ces étapes de vie, provoquant l'impression d'un éternel retour du désespoir, d'une inévitable répétition des mauvais tours du destin, une étrange étrangeté qui nourrit pourtant l'intérêt et le plaisir du lecteur. Evoquant autant le réalisme magique d'un Garcia Marquez que l'imagination baroque et le lyrisme d'un Alejo Carpentier, rejouant avec brio des drames mythologiques sur le terrain des farces tragi-comiques de la politique et des guerres de la fin du XXe siècle, l'écriture de Marcial Gala convainc comme un beau discours divinatoire. Et si, à votre tour, vous écoutiez cette Cassandre ?
Commenter  J’apprécie          70
Parce qu'il fait deux centimètres de trop, Rauli, jeune homme rêveur qui se vit en Cassandre depuis sa découverte, enfant, de l'Iliade suite à un cadeau de sa mère, est envoyé en Angola pour seconder le parti communiste du pays, devenu majoritaire à l'indépendance du pays en 1975, en pleine guerre civile face à d'autres groupes refusant cette prise de pouvoir.

Puisqu'il est Cassandre, Raul, depuis son départ de Cuba pour l'Angola, sait ce qu'il adviendra de lui, de ses camarades soldats, de sa famille restée au pays, de son capitaine qui a fait de lui son amante... Puisqu'il est Cassandre, nous le savons aussi, et nous remontons le temps pour découvrir comment Raul est devenu Cassandre, au fil des années, des travestissements, d'abord désirés par sa mère en mal d'une soeur morte prématurément, ensuite devenus, comme une évidence, la véritable identité de celui, de celle, qui avait toujours été remarqué.e pour la finesse, la délicatesse de ses traits, de sa morphologie, et qui sera, de fait, le souffre-douleur de sa compagnie.

J'ai retrouvé, dans ce roman, ce que j'avais apprécié chez Marcial Gala dans la nouvelle lue en début d'année, qui me l'a fait découvrir : la violence sans fard du propos, qui n'a pas peur de décrire les corps et les âmes dans leur état le plus cru, mêlée à une atmosphère plus évanescente, plus éthérée, qui prend ici une allure épique par la réécriture du mythe de Cassandre, celle qui connaît la vérité mais que personne ne croit.

Une autre belle découverte de ce mois de décembre, j'aurai plaisir à relire l'auteur, encore dans ma PAL avec La cathédrale des noirs.
Commenter  J’apprécie          110


critiques presse (2)
LeMonde
15 décembre 2022
La tragédie est là, implacable, énoncée dès les premières pages d’Appelez-moi Cassandre, dans une adresse directe à Zeus. Mais elle n’empêche pas Marcial Gala de tisser, à partir d’elle, un récit bouleversant, où l’amour et la mort, les ténèbres et la lumière, l’accablement et l’espoir se mêlent étroitement, comme dans un splendide poème épique où s’entrechoquent les passions et les ego.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Liberation
28 septembre 2022
Marcial Gala en tire un tableau foisonnant, à la fois fataliste et magique, où se déploie un langage luxuriant.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Je suis assis à regarder la mer.
À la maison, il est très tôt, tout le monde dort, alors
moi, je me suis levé, j’ai ouvert la porte et je suis sorti
sur le balcon. J’ai pris une chaise au salon pour être à
l’aise. J’ai dix ans et, comme c’est dimanche, je n’ai
pas école, je peux passer la matinée à regarder la mer,
un temps qui me semble infini, jusqu’à ce que j’entende
la voix de ma mère dans mon dos:
— Mais, Rauli, où tu t’étais fourré?
Je ne veux pas être ce Raúl-là, je le sens, je veux être
Cassandre, pas Raúl. Je ne veux pas qu’on m’appelle le
Sans-Os à l’école, je ne veux pas que ma mère m’appelle
Rauli, je veux passer beaucoup de temps à regarder la
mer jusqu’à ce qu’elle s’épuise dans mes yeux et ne soit
plus qu’une ligne blanche qui fait pleurer. J’habite à
Cienfuegos, une ville côtière au sud de l’île, je ne suis
pas encore ce guerrier de pacotille ici en Angola où il ne
pleut jamais, le capitaine ne m’a pas encore appelé dans
sa tente pour me dire:
— Déshabille-toi, on va jouer à quelque chose qui
va te plaire.
Commenter  J’apprécie          50
Mon premier poème, je l'ai composé un après-midi ou la pluie tombait aussi doux que mes mauvaises pensées. Ces premiers vers étaient aussi ma première prophétie.
Commenter  J’apprécie          170
La terre rouge de l'Angola est pleine de fantômes.
- Les sorciers et les sorcières de l'Angola sont des dieux morts, dit le capitaine. Nous sommes venus ici pour implanter le marxisme-léninisme et mettre fin à l'exploitation coloniale.
Il dit cela en regardant une compagnie de jeunes soldats de la FAPLA qui viennent faire leurs classes chez nous. Ils comprennent à peine l'espagnol, mais ils hochent la tête, bien qu'ils sachent comme moi que les dieux sont vivants. Rien de ce qui a un jour vécu ne peut mourir, ils le savent.
(p.35)
Commenter  J’apprécie          40
J'aurais préféré que ce ne soit pas si violent, que mon âme s'envole plus haut, que nous puissions nous dire tout ce que nous ne nous sommes jamais dit quand tu me regardais avec ces yeux où brillait une secrète lumière que je parvenais à peine à déchiffrer.
Commenter  J’apprécie          40
'' Comme le cheval mort que la marée inflige à la plage.'' Jorge Luis Borges (en préface)
Commenter  J’apprécie          30

Videos de Marcial Gala (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcial Gala
A l'occasion du Festival America 2022 à Vincennes, Marcial Gala vous présente son ouvrage "Appelez moi Cassandre" aux éditions Zulma.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2643942/marcial-gala-appelez-moi-cassandre
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
Visitez le site : http://www.mollat.com/ Suivez la librairie mollat sur les réseaux sociaux : Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mollat?ref=ts Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat Linkedin : https://www.linkedin.com/in/votre-libraire-mollat/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemollat/ Vimeo : https://vimeo.com/mollat
+ Lire la suite
autres livres classés : littérature cubaineVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus

Autres livres de Marcial Gala (1) Voir plus

Lecteurs (117) Voir plus



Quiz Voir plus

Monstres de la mythologie grecque

Je suis une créature hybride, mi-homme mi-cheval.

Le Minotaure
Le Centaure
La Cavale
La Manticore

12 questions
3425 lecteurs ont répondu
Thèmes : monstre , mythologie grecque , créatures mythologiques , mythologie , mythesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..