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EAN : 9782754833332
120 pages
Futuropolis (13/09/2023)
3.83/5   26 notes
Résumé :
Dessinatrice indépendante, Jeanne vit à Paris depuis sept ans. De retour à Morhange, sa ville natale, pour réaliser un reportage sur les gilets jaunes, elle est confrontée à sa mère et au milieu social qu'elle a fui.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Qui sème la misère récolte la tempête. Tout gouvernement devrait prêter attention à cette maxime.

La France du début des années Macron a vu l'émergence d'un mouvement social apolitique et d'un genre nouveau qui traduisait la révolte d'une certaine partie de la population abandonnée depuis des années par les pouvoirs publics. Il a fallu une augmentation de l'essence et une limitation de vitesse des routes départementales à 80 km/heure initié par Edouard Philippe pour mettre le feu aux poudres. C'est clair que les pauvres gens des campagnes se sont révoltés contre autant de mesures iniques.

Le parti pris des auteurs est de nous montrer une héroïne Jennifer devenue parisienne un peu bobo qui est au départ totalement hostile à ce mouvement comme d'ailleurs une bonne frange de la population car les journalistes de BFM TV ne leur sont pas très favorables dans les reportages montrés sur leur mouvement. A noter qu'on se situe juste avant leur basculement dans la violence urbaine qui a fini par les décrédibiliser.

Cette héroïne va progressivement changer de camp car elle va les comprendre même si elle jette un regard assez intéressant qui pousse à une certaine réflexion. Il y a tout d'abord les contradictions de ce mouvement qui se dit apolitique mais qui reflète parfois des idées assez nauséabondes comme le rejet de l'étranger responsable de tous les maux économiques du pays ce qui est d'ailleurs assez pratique pour dédouaner les vrais responsables de cette situation d'iniquité sociale. Cela s'illustre par exemple par les blagues racistes et douteuses de l'ancien petit ami ou même de la position de la mère pourtant médecin de campagne.

Il faut bien comprendre qu'on a affaire à des gens ordinaires qui ne croient plus au vote, à la démocratie pour changer leur quotidien. Ils ont besoin de choses concrètes et non de beaux discours ou de campagne d'image sur d'interminables débats stériles. Oui, il ne suffit pas de traverser la rue pour trouver facilement un travail bien rémunéré. La précarisation des métiers et les délocalisations d'usine sans compter la fermeture des services publics en province, ils connaissent !

J'ai été frappé que dernièrement, une révolte paysanne dans notre pays a obtenu une image beaucoup plus favorable alors que le combat était au fond un peu le même mais concentré sur une classe professionnelle précise qui ne vivait pas bien de son travail. Les conflits se succèdent mais ne se ressemblent pas ?!

J'ai bien aimé car c'est savamment bien construit et cela donne une photographie de la compréhension de ce mouvement social composé de petites gens qui ont du mal à joindre les deux bouts, qu'on soit d'accord ou pas. Il faut aller au-delà de nos préjugés ou d'un choix de classe ou de rang politique pour bien analyser cette BD.

Le temps des jonquilles a été un moment de révolte mais qui s'est soldé par un échec car on a renvoyé effectivement ces pauvres gens à leur vie de misère sans que cela ne change véritablement. Les bien-pensants ont encore de beaux jours devant eux... à moins que cela ne recommence un jour ou l'autre. Il suffit juste de continuer cette même politique pour 10 ans de plus ce qui creusera encore le fossé. 
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Club N°55 : BD sélectionnée
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François Ruffin fait une jolie intro de cet album.

J'ai aimé ce retour aux sources de l'héroïne poussé par une forte condescendance parisienne à revenir " en région " pour faire un reportage sur ces bandes de " réac' fachos " qui occupaient les rond-points.

Elle y va à reculons et puis finalement assume de mettre des nuances là où il est plus facile de ne voir que des péquenots en colère.

Gwen
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Gêné par les dessins des visages qui se ressemblent, par le manque de surprises et d'humour.

Je me suis un peu ennuyé.

JF
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J'ai trouvé humaine cette BD.

On ne s'ennuie pas.

Les on-dit, les apparences... d'aller au delà.

Nol
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Bonne petite découverte autant au sens du livre où de l'auteur héros qu'elle s'y retrouve où s'y perd tout en découvrant un monde qu'elle néglige à la base et qu'elle va comprendre et aimer après avoir mis de côté sa prétention.

Je l'ai trouvé ludique à un point national et sachant que je me suis un peu énervé avec eux juste avant un rdv du club BD à l'époque... petit coup de coeur dirait 'on...

JH
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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Le temps des jonquilles nous plonge dans le mouvement des gilets jaunes.Jeanne est une jeune graphiste. Elle souhaite intégrer un média important "Nouveaux regards". Jeanne a réalisé un reportage graphique sur les migrants. Son directeur éditorial trouve le travail de grande qualité mais ne veut pas publier ce type de dessins pour l'instant. Il propose à Jeanne de réaliser un reportage graphique sur les gilets jaunes et l'animation des ronds-points. Jeanne va accepter.

Jeanne est une provinciale qui est venue faire ses études à Paris. Elle a honte de ses origines modestes et de son milieu social et ment à ses collègues sur celles-ci, sur sa famille, même sur son vrai prénom, Jennyfer Jeanne va partir dans sa région d'origine, près de Morhange. Elle en informe sa compagne.

Jeanne redécouvre sa région sa famille. Sa mère est aide ménagère et doit travailler dur et tard. Une de ses patientes est une ancienne animatrice qui a donné le goût de l'art et de l'ouverture à Jeanne, qui l'a poissé à faire des études et à partir à Paris. La soeur de Jeanne élève seule ses trois enfants. Elle reproche à Jennyfer de donner peu de nouvelles et de peu venir voir sa famille.

Jennyfer va rencontrer un de ses anciens petits copains qui va l'entraîner sur la vie des ronds points. Jeanne-Jennyfer ne va pas régler la véritable raison de sa présence. Anne-Sophie Reinhardt, Laurent Galandon et Amandine Puntous nous font découvrir l'animation des ronds-ponts des gilets jaunes de l'intérieur. Ils exposent les motivations des acteurs et les raisons de leur mobilisation. Comme Jennyfer, nous découvrons la réalité des personnes qui travaillent mais n'y arrivent pas, celles qui n'ont que des emplois précaires, des petits boulots et souvent sont incapables de se projeter dans l'avenir. Ce sont aussi leurs interrogations sur l'avenir de leurs enfants et sur le monde que nous allons leur laisser.

Les trois auteurs réalisent une étude sociologique sans complaisance. Ils nous montrent aussi la diversité des gilets jaunes et la communion qui peu à peu les a réunis. C'est un mouvement solidaire de ceux qui n'avaient parfois que leur amitié à partager, c'est le sentiment de se sentir plus forts à plusieurs, c'est la volonté d'être entendus par ceux qui les ignorent depuis trop longtemps. C'est un peu la révolte des sans grade, de ceux qui veulent être entendus.

Les auteurs montent aussi l'évolution de la position de Jennyfer, évolution que l'on voit aussi dans ses dessins. Elle met les acteurs en valeur dans leur simplicité et leur sincérité. le regard de Jennyfer change en même temps que changent ceux que sa famille porte sur elle. Jennyfer ouvre ses yeux sur un monde qu'elle avait oublié de voir, elle retrouve du sens et voit comment son graphisme va pouvoir aider à porter la parole des gilets jaunes.

Le graphisme d'Amandine Puntous est toute en délicatesse, il est simple et peu de détails attirent le regard du lecteur en dehors de l'action principal. Amandine Puntous décrit des gestes simples de la vie quotidienne, des moments simples de vies simples, en bref elle illustre la vraie vie. Les couleurs sont adaptés à la région, aux décors mais aussi à l'état d'âme des acteurs.

Le scénario de Laurent Galandon et Anne-Sophie Reinhardt suit le cours des événements jusqu'aux émeutes avec les blacks blocks. Il suit l'évolution de Jeanne-Jennyfer, même celle de ses sentiments amoureux.

Peut-on vivre en oubliant ses racines ? Peut-on oublier d'où l'on vient ? la trahison de classe sociale existe-t'elle ? Peut-on approcher de son idéal et y renoncer ?Le discours tenu est un peu angélique car tout n'est pas aussi simple dans la vraie vie.

J'ai trouvé que cette histoire, sur un sujet difficile, était bien menée, avec délicatesse et surtout un regard plein de compassion sur les héros du quotidien. Je rejoins François Ruffin quand il dit que Jeanne-Jennyfer lui était antipathique au début pour finalement avoir envie de la soutenir. En toute modestie c'est la même chose pour moi.

À partir de faits d'actualité, une histoire bien racontée avec des héros du quotidien. C'est une belle découverte.



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Jeanne est envoyée en reportage sur les ronds points par la rédaction de pour dessiner des portraits de Gilets jaunes, parce qu'elle a… « un point de chute ne province ». Parisienne depuis sept ans, enchaînant les petits boulots en attendant de percer, elle se prétend nancéenne. Si le sujet ne l'intéresse pas du tout, qu'elle se moque avec ses amis de partir en « safari », elle va rapidement découvrir que tous les gens qu'elle connaît à Morhange sont impliqués dans le mouvement, à commencer par sa mère et sa soeur.
(...)
Le scénario de Laurent Galandon et Anne-Sophie Reinhardt propose un point de vue sur la complexité du mouvement et de ses acteurs, déconstruit les idées reçues en évitant tout démagogie : comme un reportage gonzo mis en abîme. Pourtant, plus qu'un récit sur les Gilets jaunes, le Temps des jonquilles est surtout le portrait d'une transfuge de classe avec toutes ses contractions, car « où qu'[elle] aille, [quoiqu'elle] fasse, [s]es origines lui reviennent à la gueule… »

Article complet sur le blog de la Bibliothèque Fahrenheit 451 :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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Tout part d'une commande du journal "Nouveaux regards" pour Jeanne, jeune illustratrice en quête de succès. Un reportage dessiné sur les gilets jaunes... Voilà Jeanne partie vers ses terres familiales pour un retour et une enquête dont elle n'a pas vraiment envie.

Un monde provincial et des liens familiaux qu'elle a préféré oublier, par honte, par envie d'évolution sociale et qu'elle va être amenée à redécouvrir, la Moselle et ses vrais gens, occupant les ronds-points, affrontant les CRS, martelant leurs revendications, loin de Paris ...

C'est, selon la préface de François Ruffin, à une "odyssée sociale de proximité" que nous convoquent Laurent Galandon et Anne-Sophie Reinhardt. Plus qu'un documentaire sur les gilets jaunes, c'est le cheminement d'une jeune femme, l'évolution de son regard sur une vie qu'elle a voulu oublier, qui nous intéresse ici.

Amandine Puntous dessine ces personnages avec empathie et douceur dans un camaïeu grisâtre digne de l'hiver 2018 Elle réussit même la difficile mise en abîme en créant un style "aquarelle" à la dessinatrice héroïne du récit. Elle parvient également à rendre de plus en plus attachant ce personnage complexe, d'abord plutôt antipathique.

"Le temps des jonquilles" parvient plutôt bien à éviter l'écueil des clichés en racontant le dilemme social et intime que, moi le premier, nous sommes nombreux à avoir croisé..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
L'utopie n'est pas l'irréalisable, mais l'irréalisé.
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La gauche a abandonné la lutte des classes et laissé s’installer l'idée que l'immigré était la cause des injustices sociales. Cette idéologie nauséabonde a permis au capitalisme et à ses dérivés de se dédouaner de toute responsabilité.
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- Je n'ai pas d'opinions arrêtées, si tu veux savoir. Je mène ma vie et je m'occupe de moi, c'est tout et bien assez.
- C'est justement contre ça que les gilets jaunes se battent aujourd'hui : le chacun pour sa gueule.
Soit on lutte collectivement, soit on mène son petit bout de chemin de son côté, en regardant toujours jalousement ce qu'a l'autre et toi, t'as pas.
- Sérieux ? T'y crois vraiment ? C'est utopique, votre truc.
- L'utopie n'est pas l’irréalisable, mais l'irréalisé.

(pages 49 et 50)
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Depuis dix ans, j'enchaine les petits boulots et les périodes de chômage. Tu vois? Chez moi, à partir du 15 du mois, c'est pâtes et riz.
La vérité de ce système, c'est pas l'éradication de la pauvreté, mais la liquiddation des pauvres.

p.44
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Moi, ce que je vois, c'est une femme qui travaille, qui élève seule trois enfants et qui milite pour un monde plus juste. Et que son fils, malgré sa bêtise, a eu la présence d'esprit d'appeler les pompiers et mettre à l'abri ses sœurs..C'est pas ce que j'appelle tout foirer. C'est même une putain de réussite.

(page 72)
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