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EAN : 9782246857914
200 pages
Grasset (02/10/2019)
3.82/5   118 notes
Résumé :
Dans le Paris de l’insurrection, un enquêteur indépendant  : Étienne Dardel. Une jeune réalisatrice, Vicky, qui tombe aux marches de l’Assemblée nationale. Sa mère, sur un rond-point du Tarn, passée du Parti socialiste au Rassemblement national. Le directeur de l’Ordre public, un républicain qui veut croire en la police. Place Beauvau, un ministre qui tweete et qui tangue.
Et tout un monde qui traverse Dernière sommation comme un tableau vivant  : garde du co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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«  France et souffrance,
France sans le sou,
France du dessous » .
«  Les dominants dominaient, table ouverte partout; quand les dominés tombaient sous les balles des LBD.
Dix avaient perdu un oeil; trois , une main; et des dizaines porteraient à vie des séquelles de leur bataille. »

Deux extraits de ce roman de l'insurrection, en urgence, filmographie et webographie, tweets pressés , vus et revisités par un certain Etienne Dardel, enquêteur indépendant , visionnant des Vidéos , au sein de cette crise des gilets jaunes du Paris d'une guerre sociale , un soulèvement prenant de court et de vitesse toutes les habitudes et toutes les certitudes. ..

Les gueux d'aujourd'hui, ceux qui-ne-sont- rien, ce roman historique , vivant, parfois poétique , entraînant, décrit l'urgence, , enquête en grand :
Mouvements de foule , armes de guerre, violences, mutilations , colères, souffrances et incompréhensions, tourbillon d'images, sidération , blessés légers ou graves , une poignée de mutilés , oeils perdus , mains arrachées ..

C'est la guerre des laissés pour compte, des sans - voix, c'est subit, brutal, non structuré , incontrôlable , spontané , bruits de bottes , barres de fer qui tombent , ploc ploc ploc des LBD , son sec des matraques sur les boucliers .
——Vicky: une jeune réalisatrice qui tombe aux marches de l'Assemblée nationale .
——-Sa mère, sur un rond- point du Tarn , passée du PS au RN.
Un certain directeur de l'Ordre Public , un républicain croyant en la police .
——Place BEAUVAU, un ministre tanguant et tweetant ...

Et tout un monde qui traverse à toute vitesse ce tableau glaçant de vérité , terrifiant comme une scène de cinéma rejouée des milliers de fois, préfet sur le qui - vive , président assiégé , conseillers apeurés , policiers contrôlés , fatigués, ou en roue libre, éditorialistes compromis , entre mensonges et raison d''état , montages télés amplificateurs ou sournois, stratégie du pourrissement ..

@ Place BEAUVAU , c'est pour un signalement , on demande enquête approfondie , sur tous les cas d'usage excessif de la force.,.
Manoeuvres , dénonciations de la répression , condamnation des casseurs?
Feu partout : au ministère , au château , dans les journaux, arrestations préventives , ultra - droite ou ultra- gauche?
Poignant , brûlant , ce roman donne à voir un très vieux pays qui rejouerait ses barricades de toujours dans un décor d'aujourd'hui et la technologie au milieu .
Sidérant!
On en ressort essoufflé !
Allo ——@ Place BEAUVAU —-
Édition spéciale ...

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Vous n'avez vu le mouvement des "Gilets Jaunes" qu'à travers le prisme des médias mainstream, vous n'avez pas voulu (osé ou pu) manifester malgré votre colère ?

Ce roman vous décrira au plus près les mouvements des foules, les blessures, les armes de guerre, les mutilations, les décisions politiques et policières…
Terrifiant, glaçant de vérité, un roman qui colle tellement à la vérité, rédigé par un journaliste qui nuit après nuit, visionne les vidéos, les vérifie et les signale à Place Beauvau. Il en a tellement vu qu'il en pleure sur le plateau de télévision.
Tout y est dans ce roman : les doutes, les colères, les violences, les souffrances : les images et les mots explosent.
J'ai juste regretté le style journalistique, descriptif, sans dégager d'émotions.

Merci à David Dufresne pour son travail de journaliste, un vrai, qui a été récompensé par ses pairs.

Grâce à ce témoignage, on ne pourra jamais dire "on ne savait pas".

Fermez la télé, ouvrez vos cerveaux et lisez "Dernière sommation"

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« Allo @Place_Beauvau – c'est pour un signalement. » David Dufresne, journaliste indépendant, recense les victimes de violences policières depuis les premiers actes des gilets jaunes. Après avoir effectué un travail de vérification, il partage les photos ou les vidéos de ces brutalités sur les réseaux sociaux. Les images sont insoutenables : main arrachée, manifestant éborgné, mâchoire détruite… Dans ses tweets, le journaliste interpelle le Ministère de l'Intérieur car à ses yeux, ces blessures sont les conséquences d'une politique de répression assumée, et non de malheureux incidents. Ce spécialiste du maintien de l'ordre dénonce la stratégie du pourrissement adoptée par le gouvernement. le choix des armes symbolise ce pari de la violence : pourquoi la France est-elle le seul pays européen à utiliser des grenade GLI-F4 ? Et est-il acceptable que des policiers tirent intentionnellement des projectiles au niveau des visages des manifestants ? Dans « Dernière Sommation », le journaliste retrace une histoire succincte du mouvement des gilets jaunes en adoptant différents points de vue : du militant au policier, d'un rond-point de province à la salle de commandement de la préfecture. le journaliste nommé Etienne Dardel, double fictionnel de l'auteur, livre ses états d'âme et son décryptage des événements. Si le travail de David Dufresne est utile, si ses alertes doivent nourrir un débat sur le maintien de l'ordre, je ne suis pas convaincu par son recours à la fiction. le roman lui offre la liberté d'en dire davantage et d'exposer une lecture subjective des événements, mais son récit est trop éclaté et expéditif pour capter le lecteur.
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Dans un style cinématographique, l'auteur retrace l'histoire des Gilets Jaunes.
Un écrivain, qui est aussi scénariste et surtout journaliste, double de David Dufresne (d'ailleurs je me demande pourquoi il n'a pas utilisé sa vraie identité), recense les signalements de violence policière sur le site, d'Allo Place Beauveau.
Plusieurs personnes se rencontrent, se télescopent et même changent de trajectoire après ces évènements qui, pour certains ont transformé leur vie à jamais, comme celle par exemple du jeune lycéen blessé et traumatisé.
Le livre se termine sur l'acte d'hommage aux mutilés, en 2019.
Et tous les faits sont bien entendu réels.
Je salue le nécessaire travail de recueil de témoignages sur cette période de l'auteur.
Cependant, je n'ai pas été bouleversée par cet énoncé de faits, certainement parce que le livre que j'avais lu précédemment retraçait, lui, des atrocités commises durant la seconde guerre mondiale (même si, parfois, dans le livre de David Dufresne, on peut penser à un champ de bataille).
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Au prétexte d'une auto-fiction criante de vérité, David Dufresne raconte ses mois passés à collecter et recenser les violences policières.
(...)
On comprend le choix de la fiction avec les ultimes pages. Au-delà de la simple « protection des sources », de la liberté prise avec la réalité sous prétexte romanesque et pour la construction d'une intrigue plus efficace, il s'agissait de rendre crédible et envisageable la conclusion d'une infernale spirale activée par l'ouverture de la « boîte à pandores », par l'adoption d'une doctrine répressive fondée sur le seul usage de la violence. La résurrection du mystérieux commando qui revendiqua l'assassinat de Pierre Goldman devrait prêter à bien des réflexions. Excellente enquête, habillement déguisée pour mieux convaincre. C'est une superbe et puissante démonstration que met en scène David Dufresne. de Max Weber à Hélder Pessoa Câmara, en passant pas les Clash, tout est dit.

Article complet sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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critiques presse (1)
Culturebox
04 novembre 2019
Cet ovni littéraire à l'écriture fluide mêlant habilement auto-fiction, documentaire, essai et polar, se dévore d'une traite. [...] On se demande aussi de quel côté de la barricade se situe cette Dernière sommation. Tout autant qu'un avertissement des forces de l'ordre, elle pourrait aussi être le dernier ultimatum d'un peuple exaspéré avant que la prochaine mèche, venue d'on ne sait où, ne l'embrase à nouveau.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
Un cri, un hurlement d’après la douleur, inconnu et interminable, une stridence de l’impensable.
Étienne Dardel, sursauta, pétrifié.
C’était un cri indéfini, un homme, une femme, difficile à savoir. Il durait l’éternité de neuf secondes, avant qu’une femme en blanc ne surgisse de la droite de l’écran, enserre la victime et l’accompagne dans une course folle au pied du mur d’enceinte de l’Assemblée. La street medic criait à son tour, cordon ! cordon ! cordon !

Au sol, un bras n’avait plus de main. L’image était effroyable par ce qu’elle montrait et comment elle le montrait de façon clinique, du sang, et des tendons ; de la chair qui pend, et une vie qu’on prend.
Et les autres street medics qui se précipitent, en blanc, croix rouge sur le casque, le cordon qui se forme et, à nouveau, un cri, mais différent, un cri-chorale, dix, vint, trente manifestants qui hurlent ensemble, d’effroi et de colère, les putes les flics !
Un hurlement – et une cavalcade.
C’était un soir de février, avec sa pluie fine et agaçante, son froid humide, et ses milliers de marcheurs qui zigzaguaient dans les bas degrés et les beaux quartiers, en quête d’une liberté prise à des ennemis pas toujours bien définis – à l’État, aux voitures, aux JT, à l’ordre établi.

Dardel sentit des larmes couler. C’était sa cinquième main arrachée, en deux mois. Il suffoquait, il pleurait comme un gamin, lui qui en avait trois, et la vie déjà bien entamée, mais il s’épuisait à visionner encore et encore les images.
Pour être sûr, pour bien comprendre l’incompréhensible, ces armes de guerre envoyées sur des civils, en plein Paris. Les images fusaient maintenant de partout, sous tous les angles, côté gendarmes mobiles, côté manifestants, en Facebook live ou en Twitter Periscope, parfois grossies, ralenties, zoomées, dézoomées, avec ou sans sigle, avec ou sans floutage, avec ou sans façon.
David prit son clavier :

allo @Place_Beauvau – c’est pour un signalement 412
Attention IMAGES TRÈS DURES
Main arrachée devant Assemblée nationale, 19 h 30
Grenade explosive #GLI-F4 (comprend 25 g de TNT).
Paris, #ActeXIII, @EtienneDardel

Les images avaient été tournées par une vidéaste, intrépide et impeccable, de toutes les manifs sauvages depuis le début du mouvement, capable de tenir sept ou dix heures d’affilée, non stop et non fiction, précaire comme la plupart de ses pairs, une génération spontanée qui filmait ce qu’elle vivait au quotidien, l’injustice et l’écrasement.
Étienne Dardel pouvait distinguer le moindre détail. Au loin, la garde statique des riches décorations en bronze doré du pont Alexandre III ; plus proches, les grilles de l’Assemblée, puis le brouillard des lacrymogènes, les palets des grenades, les masques, les casques, les silhouettes déterminées, celles un peu perdues, les corps entraînés et les enjambées entraînantes, les déchets des uns et des autres, drapeaux déchirés et douilles explosées – et la Seine, et toute la scène. Une bataille suprême et désuète du pavé parisien, sublimée par le cadrage fragile.

Dardel était au cœur de l’action, chaque samedi une nouvelle séance, avec ses tensions du regard et ses joies de slogans. Dardel y allait comme au front, le cinéma de son quartier, le cinéma direct, sans filtre, sans script ; la vie même dans ce qu’elle a de plus saisissant : la tragédie humaine.
Le monde avait bien basculé : ce qui n’était qu’un mythe de sa jeunesse, les snuff movies, était devenu une réalité, sa réalité, son quotidien : le trépas live, les gueules cassées en direct, les mutilés sous ses yeux, c’était possible, terrible, et c’était maintenant.
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– Les mots ont un sens.
C’était la phrase fétiche du Patron. Frédéric Dhomme, 57 ans, dont trente passées ici à la Préfecture de Police de Paris, l’État dans l’État. Frédéric Dhomme connaissait la boutique mieux que personne. Des préfets, il en avait connu, des pièges, esquivés par dizaine ; des pressions, subies par centaines – sans flancher. Frédéric Dhomme était le grand flic, serviteur de l’État, discret, craint de ses subordonnés, apprécié de ses supérieurs ; à la fois solide et anguille, à l’aise dans les intrigues et suffisamment retors pour avoir l’air de ne jamais avoir l’air.
– Les mots ont un sens, insistait-il.
Son embonpoint était un signe : suivez-moi, et vous vivrez bien. Les galons sur les épaulettes faisaient le reste. Dhomme, s’il n’inspirait pas confiance, forçait le respect. Il avait la veulerie requise avec les supérieurs, et l’autorité nécessaire avec les autres. Sa carrière parlait pour lui, comme les médailles dans sa vitrine. Depuis son divorce, il n’était plus tout à fait le même, son bégaiement avait repris de plus belle, mais chef il restait. Et dans ce théâtre c’était bien ce qui comptait : on pouvait être mauvais acteur, ou du moins fébrile, seuls importaient le rôle – et les répliques. Dhomme était les deux : fragile et cassant ; touchant à force d’être insaisissable.
Face à lui, un aréopage de chefs d’état-major, à qui, lui, le grand patron de la DOPC, la Direction de l’ordre public et de la circulation, il revenait de cadrer les ardeurs. Son bureau était assez massif, de quoi disposer de grandes cartes sur une grande table, avec antichambre pour conversations discrètes, et espace protégé pour cigarettes électroniques proscrites. Ses officiers connaissaient la musique, et l’endroit. Tous rêvaient d’en être un jour le chef d’orchestre. Et tous savaient que tous le savaient, à commencer par Frédéric Dhomme lui-même.
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Les street medics avaient formé un cordon et passé un accord avec les gendarmes mobiles : c’est bon, oui, ils pouvaient emmener la blessée à l’abri, entrez ici, la grille au fond, puis la porte visiteurs sur votre droite. Vicky se retrouva propulsée au cœur du pouvoir, dans la salle des Quatre Colonnes où les pompiers avaient installé leur poste avancé.
Vicky s’amusait de l’ironie de l’histoire : elle qui ne votait pas, elle qui luttait contre un Etat qui ne représentait que lui-même et ses serviteurs ; elle était là, dans cette salle des jours de questions parlementaires, où élus et journalistes se prêtent depuis toujours au jeu imbécile de la petite phrase. Ce jeu dont Vicky et les siens avaient décide de modifier les règles.
Vicky voulait appeler sa mère, lui raconter ; sa mère refusait de rire à sa mauvaise blague, à son histoire de main arrachée et de perchoir, de République abattue et de mutilation, de sang et de pompiers. La douleur se réveilla à ce moment-là, la secrétion d’endorphines ne pouvait plus rien, le mécanisme de protection céda – et la mère de Vicky comprit.
On ne jouait plus.
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«  Qui étaient ces gueux, et ces facétieux , ces dangereux. et ces séditieux ?
Une galerie des horreurs s’installait sous ses yeux fatigués. Dardel y croisait des blessés , des légers, des graves, des indéterminés, une poignée de mutilés .Une jambe brisée, deux yeux crevés , et rien sur LCI. »
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« Le pays était devenu violent parce que les colères sociales ne trouvaient plus d’écho ni de relais; on avait fracassé les corps intermédiaires, écrabouillé les syndicats, criminalisé les militants. Sans soupapes , la cocotte explosait désormais et le couvercle qu’on lui imposait prenait les atours du bouclier CRS .
Le pays était devenu violent jusqu’à ne voir qu’une catégorie de violences, celle qui le mettait en cause.
Hormis quelques - uns, les médias , précaires ou concentrés dans les mains de milliardaires, courbaient l’échine ; comme leur audience , la désertion. »
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Videos de David Dufresne (24) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de David Dufresne
Rencontre au Cirque électrice le 17 novembre 2022 Captation par Anthony Francin Paul Rocher est l'auteur de "Que fait la police ? et comment s'en passer" (https://lafabrique.fr/que-fait-la-police/) et de "Gazer, mutiler, soumettre Politique de l'arme non létale" (https://lafabrique.fr/gazer-mutiler-soumettre/) Frédéric Lordon est notamment l'auteur de "Figures du communisme" (https://lafabrique.fr/figures-du-communisme/) et de "Vivre sans? Institutions, police, travail, argent..." (https://lafabrique.fr/vivre-sans/) À lire également : "Police" avec les contributions de Amal Bentounsi, Antonin Bernanos, Julien Coupat, David Dufresne, Eric Hazan et Frédéric Lordon (https://lafabrique.fr/police/) Un grand merci à la librairie Planète Io (Rennes)
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