Le thème de ce roman avait tout pour attirer mon attention. le combat d'un libraire sous le régime nazi pour garder son commerce ouvert et permettre aux gens de continuer à avoir accès à la lecture. Car sa librairie est bien plus qu'un commerce. C'est aussi une bibliothèque, et un lieu de rencontre. Hans est un résistant qui s'est battu pour des armes très puissante : la lecture, la culture et la liberté.
Ce livre est tiré d'une histoire vraie. Il est extrêmement touchant de savoir qu'il y a eu un Alexander qui a dû fuir et qui a confié sa librairie à un Hans, allemand non juif qui s'est battu contre vents et marée pour sauvegarder « l'héritage » qui lui a été confié. Il est très touchant aussi de savoir que le personnage d'Alexander a pris forme à partir du libraire, mais aussi du grand-père de l'autrice. A la fin de l'ouvrage, on trouve une chronologie des événements historiques, et un glossaire de termes importants, comme autodafé par exemple.
Le nom du libraire juif, Alexander Mendel, est un hommage à la nouvelle de
Stefan Zweig,
le bouquiniste Mendel, qui raconte l'histoire d'un bouquiniste russe allemand, brisé par la police secrète pendant la première guerre mondiale car il continuait à échanger avec les pays ennemis dans le cadre de son travail de recherche d'ouvrages. Des héros forts du quotidien aux destins tragiques tous les deux.
Le roman est présenté sous la forme d'un journal, chaque chapitre étant daté, même s'il est raconté par un narrateur omniscient. On suit le quotidien de Hans au sein de la librairie, et on trouve aussi intercalées, des lettres qui lui sont envoyées par Liese, fille d'Alexander dont il est épris. le prologue nous raconte le dernier repas de famille des Mendel, en décembre 1933, avant que certains fuient, en Palestine ou en France, quand d'autres prennent la décision de rester au péril de leur vie.
On découvre avec effarement le quotidien de Hans à la librairie, quotidien indissociable de la grande Histoire, car il subit l'évolution politique de l'Allemagne avec l'arrivée au pouvoir d'Hitler, et les lois qui en ont découlé. Hans est un résistant, dans la mesure où il refuse d'enlever des ouvrages de ses rayons, ce qui lui vaudra des ennuis, et de proposer les ouvrages « conseillés » par le gouvernement, dont il est toujours en « rupture de stock ».
Le libraire de Cologne est un roman très immersif, dont on ne ressort pas tout à fait indemne. C'est un roman qui nous permet non seulement de découvrir le quotidien d'un allemand qui a lutté de l'intérieur contre le nazisme avec les moyens à sa disposition, mais aussi le pouvoir des livres et de la culture contre l'obscurantisme. On n'en ressort pas tout à fait indemne aussi hélas parce qu'il est trop actuel à mon goût, de par les idées abjectes contre lesquelles Hans lutte, tout comme de par la censure dont sont victimes certains auteurs et artistes en général. Il est en effet aberrant de penser qu'au XXIème siècle, dans certains pays on encore brûle des livres sur la place publique, mais aussi que dans certains pays dits civilisés, on peut censurer des oeuvres dans les bibliothèques au nom d'idées religieuses notamment. Scrineo édite une fois de plus un roman avec une thématique forte, d'actualité, qui ouvre à la réflexion et au dialogue.
J'ai reçu la version papier de ce livre dans le cadre de ma participation au Club des lecteurs Scrineo pour l'année 2020. Merci à eux pour la confiance.
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