AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,7

sur 108 notes
5
3 avis
4
6 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Noces de sang (Bodas de sangre en espagnol) : avec un titre pareil, pas de doute, vous savez que vous allez rigoler un bon coup.


Donc. Attaquons. García Lorca s'est servi d'un fait divers survenu en 1928, devenu le matériau de cette pièce écrite en 1932. Andalousie, terre sauvage, mère endeuillée : le drame qui va suivre est déjà en germe depuis bien longtemps dans la petite communauté où nous entrons. Dès le départ, la mère (qui n'a pas de nom, pas plus que la plupart des personnages), parle de couteau, de mort, de deuil. Elle voit déjà son dernier fils, qui va se fiancer, courir à la mort à la suite de son père et de son frère. On sent la malédiction peser dès le départ sur cette femme. Pourtant, elle veut préserver son dernier fils, elle veut des petits-enfants. Elle veut le préserver, peut-être, de fiançailles funestes (ce qu'elles ne seront bien entendu pas, je rappelle que le titre nous incite à penser que tout se passera très très bien). Elle cherche à apprendre quelque chose, n'importe quoi, sur cette fiancée mystérieuse, qui vit dans un lieu reculé, et dont on dit vaguement que c'est une fille bien. Elle interroge une voisine, qui n'en dit pas beaucoup. Car personne ne souhaite dire grand-chose dans cette pièce : les non-dits, les silences, les allusions sont pléthore.


Mais bien vite le lecteur est submergé (puisque les êtres humains ne veulent rien révéler) par des signes. Les chansons, le cheval qui galope dans la nuit, la chaleur écrasante, la poussière, les motifs du couteau, et, bien entendu, celui du sang, sont omniprésents. Et cette histoire qui semble se répéter inlassablement. Pas une histoire de vendetta qui n'en finit plus, comme chez Mérimée, mais une histoire plus ancienne, qui vient peut-être même de la nuit des temps. D'où, sans doute, l'absence de noms (excepté un), qui rend cette histoire intemporelle. La mère a vu son mari mourir, puis un de ses deux fils. Son dernier fils lui paraît bien parti pour suivre le même chemin. La fiancée aurait hérité de sa mère, dont on ne parle que par énigmes, une nature maudite. La cousine de la fiancée dit quant à elle clairement qu'elle est en train de revivre la même chose que sa propre mère. Vous l'aurez compris, Noces de sang, ce n'est pas juste une histoire de fiançailles et de mariage traditionnel arrangé qui tournent court, c'est une histoire de passion et de désir irrépressibles, de mort, de destin inéluctable. Même la Lune s'en mêle et y va de ses tirades - morbides, ça va de soi.



Je regrette que García Lorca ait un peu trop appuyé sur l'allégorie de la mort. On voit une mendiante apparaître, qui discute notamment avec la Lune, et on ne saurait se tromper sur son identité. Pourquoi, alors, avoir précisé un peu plus loin que la mendiante était la Mort ? On avait compris, quand même ! Mais surtout, j'ai eu la sensation de me heurter à certaines barrières. La première, c'est celle de la langue. J'ai lu la pièce en français, je n'ai pas eu accès à une version bilingue, et j'en ai été très frustrée, car j'avais la sensation qu'il me manquait quelque chose d'essentiel - on ressent souvent ça chez Shakespeare, entre autres, et assez souvent dans le théâtre, mais pas forcément à ce point. Il faut préciser que cette pièce est composée de façon très spécifique. Beaucoup de chansons traditionnelles, voire de danses, y sont insérées, et le changement de style est fréquent. On peut passer de dialogues qui passeraient pour réalistes à des passages carrément lyriques. Et ne pas connaître la poésie de García Lorca - ce qui s'applique à mon cas - n'aide pas vraiment non plus, pour le coup.


Noces de sang mériterait donc que je me remette sérieusement à l'espagnol et que je m'intéresse de plus près à l'auteur - sans parler de voir la pièce sur scène, ne serait-ce qu'à cause de la musique et des danses. Malgré ces inconvénients, je trouve que c'est une pièce qui vaut la peine d'être lue, même en français, et que l'écriture de cette critique m'a aidée, je pense, à l'appréhender.


Et puis, on ne le répétera jamais assez, qu'est-ce que c'est rigolo !



Challenge Théâtre 2020
Commenter  J’apprécie          360
Despierte, la novia! Lève-toi, la mariée!
Le ciel est sombre à l'aube de la noce. La promise qui l'attend a été fiancée à l'homme qui a tué son frère. La mère du promis, elle, se souvient et ne pardonne pas.
L'atmosphère est déjà lourde à l'ouverture de la pièce, mais va s'obscurcir encore, inéluctablement, quand à l'issue de la noce la mariée s'enfuit avec celui qu'elle n'a pas cessé d'aimer.
Tout marque la tragédie dans cette pièce âpre comme une vallée sans eau: les mots sont durs et tranchants au milieu des chants des convives qui se transforment en cris, le climat devient insoutenable au point que l'on accueille la mort comme un soulagement.
Rien ne vaut de voir le spectacle vivant, mais le texte se tient également seul et ouvre à toutes les évocations grâce au talent de l'auteur, maître du climat.

Commenter  J’apprécie          320
Federico Garcia Lorca se lance dans l'écriture de Noces de sang quelques années après avoir lu dans un journal l'histoire tragique d'un couple.

Dans un petit village andalou, un jeune homme s'apprête à se marier, et donc à quitter la maison familiale, laissant sa mère inconsolable, elle qui a déjà perdu son mari et son fils aîné morts assassinés. Une fois la cérémonie achevée, la fête bat son plein, mais la mariée demeure introuvable. On découvre que la jeune femme s'est enfuie avec son ex-fiancé, devenu par la suite le mari de sa cousine, mais aussi membre de la famille des assassins de la famille de son mari. Tout le village se lance à la poursuite des fuyards.

Dès les premières scènes, la violence est évoquée à travers les couteaux, qui servent à la fois à travailler la terre, la vigne, et à tuer. L'attachement à la terre qu'il faut fertiliser est primordial, empreint le premier acte d'une sagesse paysanne. Si le second acte est le récit de la noce, avec beaucoup de mouvement sur scène, de chants, de danses, le troisième acte prend une dimension fantastique avec l'entrée en scène de la Lune et de la Mort. le drame devient universel, le fait que les personnages ne soient pas nommés renforce cette impression. J'ai trouvé le texte bouleversant, poétique, même si parfois c'était un peu hermétique, ce que je redoutais. Je n'ai pas encore eu l'occasion de voir cette pièce, si cela se présente, je n'hésiterais pas une seconde !

Lien : http://bene31.canalblog.com/..
Commenter  J’apprécie          150
Un jeune homme, dont le père et le frère ont été assassinés par des membres d'une autre famille plus pauvre, est fiancé à une jeune fille, qui fut autrefois fiancée à un homme de la famille en question. Tout ceci finira très mal.

Je n'aime pas vraiment les personnages (par rapport à d'autres pièces de Lorca comme Mariana Pineda), même s'il est difficile de ne pas sympathiser avec la douleur de la mère du fiancé. Mais ce qui est magnifique dans cette pièce, c'est l'écriture poétique. le premier arc est très tendu, lent, tout en tension et en non-dits. le second, sur les noces, est comme une immense chanson, mais avec des courants malsains que l'on devine. Dans le troisième, les vérités sont enfin dites pleinement, l'écriture devient plus riche encore, et des entités symboliques s'animent, comme la mort, ou la lune qui souhaite réchauffer ses rayons froids au sang des jeunes gens.
Commenter  J’apprécie          40
j'ai adore ccette piee comme les deux autres que j'ai pu lire du maitre un rythme soutenu, un suspense et des rebondissements une belle peinture sociale une velle decouverte de cet auteur!
Commenter  J’apprécie          10
Cette pièce de Garcia Lorca nous présente l'archétype de la société andalouse traditionnelle. La vraie richesse, c'est la terre, travaillée durement sous un soleil de plomb. Cela, c'est pour les riches. Ils se marient entre eux; la femme apporte sa dot et accepte par avance sa fonction de "reproductrice" quasiment cloitrée. A part cela, pour les hommes, le moteur de leur vie, c'est leur honneur: les couteaux sortent à la première occasion...
Dans cette pièce il y a peu de personnages, dont on ne connaît pas toujours le prénom. "Le fiancé" va épouser "la fiancée", malgré certaines réticences de sa mère. C'est un mariage de raison. Autrefois Leonardo a voulu se marier avec la fiancée; mais cela n'a pas été possible, donc il a fondé une famille avec une autre femme. Le jour même de la noce, la passion resurgit avec violence entre la fiancée et Leonardo: ils s'enfuient ensemble. Evidemment, le fiancé veut se venger... la fin sera tragique.
Voici un théâtre qui plonge dans la réalité sociologique d'une Espagne archaïque, que le Garcia Lorca décrit magnifiquement. Mais le réalisme n'exclut pas (à l'acte III) un fort lyrisme, qui semble si naturel chez un poète comme lui.
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (298) Voir plus



Quiz Voir plus

Que aventura tendra Federico ?

Je suis né le 5 juin 1898 en Andalousie à Fuente ...?... Naci el 5 de junio de 1898 en Andalucia en el pueblo de Fuente ...?... precisamente.

Ovejuna
Vaqueros

10 questions
13 lecteurs ont répondu
Thème : Federico Garcia LorcaCréer un quiz sur ce livre

{* *}