Ce n'est sans doute pas le peintre le plus connu de la Renaissance italienne, mais le Pérugin (Perugino) a toute sa place au panthéon de cette époque bénie.
Je me souviens d'être tombé en arrêt devant la Piétà du Musée des Offices à Florence, un deuxième choc après les Botticelli. Les personnages peuvent paraître hiératiques, mais ils dégagent une telle présence, un tel éclat, et en même temps de la retenue, de la pudeur, devant le corps déjà rigide du crucifié.
Ensuite, lors d'un passage à Perugia, une autre oeuvre majeure m'a enthousiasmé: les fresques du Collegio del Cambio. Une splendeur. Une telle variété tranquille dans les poses et quelle palette de couleurs!
Aucune de ces deux oeuvres ne figurait à l'exposition du
Musée Jacquemart-André, en 2015, à l'occasion duquel fut publié ce très beau catalogue (la deuxième pour des raisons évidentes!).
Pourtant l'expo était très riche. Surtout des sujets religieux, une magnifique série de Madones. C'est étonnant comme ces peintres pouvaient se renouveler et inventer sans cesse sur le même motif. Et de saisissants portraits sur fond sombre: le Christ et la Vierge,
Marie-Madeleine, deux moines. le reproductions sont de grande qualité et rendent compte de la subtilité des oeuvres.
Les textes en apprennent beaucoup sur la carrière du Pérugin (il travailla aussi à la Chapelle Sixtine au Vatican). Ils abordent la question débattue du passage de Raphaël comme apprenti dans son atelier, et conclut plutôt par l'affirmative, mais sans certitude.
Comme presque à chaque fois, pourtant, ces catalogues me laissent sur ma faim quant à la signification des oeuvres exposées, l'essentiel des textes étant consacré à leur l'histoire matérielle. Il faut sans doute se tourner vers un autre type d'ouvrage pour rassasier cette curiosité-là.