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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un grand coup de coeur pour ce premier roman et j'espère que d'autres suivront.
La dent dure est tout à la fois un roman picaresque, contemporain et féministe. Une dent va donner du mordant à trois femmes qui ne se laisseront pas abattre.
L'auteur professeur d'histoire de Moyen-âge est dotée d'une plume forte, acérée, amusante. Isabelle Garreau est tout à la fois poète et conteur.
Elle nous balade à travers les âges. Au Moyen-âge avec une guérisseuse, au siècle de Xerxès en Perse avec son harem, histoire qui nous mènera en Scandinavie.
Plus près de nous dans les années quatre-vingt où j'ai été très surprise par cette mentalité bourgeoise provinciale digne des années cinquante où une jeune femme sera contrainte de fuir son village et devenir SDF. Très intelligente et révoltée, elle pillera des églises, se livrera à un traffic de reliques car elle a une dent contre le directeur du pensionnat.
On passe, on glisse sur certains événements. Quand une femme tombe, d'autres femmes prennent le relais. La force des femmes est inébranlable, leur courage intarissable. Un court récit qui fait du bien. Et une histoire fort originale.
Merci aux éditions Dalva pour ce service presse.
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Experte en littérature médiévale, Isabelle Garreau délivre un premier roman singulier, magistral et nécessaire. Il lève le voile sur la cause des femmes de 752 à nos jours.
Un fil rouge, tel un flambeau, un symbole, un talisman. Une dent scellée dans de l'ambre. Objet divinatoire, surpuissant, passeur et spéculatif, toutes, dans ce récit d'ombre et de lumière auront sur leur poitrine, au plus profond de leur coeur, ce filigrane spéculatif.
Nous déambulons dans un texte fragmenté qui va transpercer les siècles.
Elles sont des proies, des soumises, des sorcières jetées en pâture.
« Règne après règne, de Chilpéric en Chlodebert, une solide muraille de pierre enroba le vaste fief des moines et la chapelle Saint-Prou. Une église, peu d'années après, vint magnifier leur espace sacré ; ils la consacrèrent à sainte Barbe ».
Les chemins de traverse dénoncent les religiosités, le poids lourd des diktats d'une société ployée sous les croyances et l'importance du qu'en dira t'on.
L'atmosphère est gémellaire de l'écriture. Superbe et captivante, on est en plongée dans un récit sombre, engagé, aux multiples signaux.
Éléonore prend place. Après Aléa la guérisseuse, Mksheta la conteuse, Ygdrasil, de la Perse antique à la France, toutes sont le reflet des prismes de souffrances et de luttes parce que nées femmes. Éléonore est notre contemporaine et elle est la force des courages. le poids de l'adversité sur les épaules. La métaphore des diktats d'une société empreinte de préjugés, de faux-semblants. le loup est dans la bergerie.
Éléonore veut garder son libre-arbitre. Elle ne correspond pas à l'image lisse que ses parents les Bondouffle veulent d'elle. « Mme Bondouffle née Charité exerçait le métier de femme de notable avec zèle. Les réunions Yves Rocher et Tupperware battaient leur plein et instauraient de façon insidieuse l'illusion qu'il existait un contre-pouvoir féminin. Enfin ces rendez-vous servaient surtout à s'occuper car les maris avaient à faire ».
« Depuis peu elle s'était mise en tête d'assurer une formation religieuse aux élèves de l'école Jean-Jaurès, qu'à son grand dam n'enseignait ni la couture ni la morale ».
Conformistes, catholiques, épris de tradition, ils vont confronter leurs volontés éducatives face à la liberté de conscience de leur fille.
Pour Éléonore : « Sa propre pratique religieuse tenait davantage du marxisme, du mysticisme ou du péplum, et malgré les éblouissements des vitraux et la magie des encens, malgré tous ces mystères exotiques, s'abstenir de poser des questions, elle n'y parviendrait jamais ».
De fil en aiguille, ils vont envoyer leur fille à l'Institut Bonne-Dame-De-Soulages. Afin de protéger leur fille des vulnérabilités du monde et des risques de dérapages. Ils sont obnubilés par la foi, les conformismes. Ils sont sacrifier leur fille sur la marche d'une école particulièrement hypocrite. Ils désirent une fille sage, sans désirs, ni passions. le féminisme jeté en pâture comme du pain moisi. « Elles priaient, balayaient, faisaient la vaisselle et les cours débutaient. L'année 1982 n'avait pas encore quitté les années trente ». « L'après-midi, les pensionnaires pratiquaient le chant, la couture, le repassage. L'horticulture leur tenait lieu d'éducation physique et sportive ».
Éléonore va être confronté au père Vignemale. Il va l'agresser, la violer. Faire de cette jeune femme ployée sous les affres une proie condamnable. Justifier ses gestes de violence en faisant d'Éléonore un péché véniel au regard de l'église.
Il va l'enfermer. Elle va fuir. Emporter avec elle la sacoche de cuir cachée sous un mur glacé. Dans cette sacoche : « La splendeur de l'objet lui conférait une sorte de magnétisme. Les pierres disparates qui l'ornaient, émeraudes, rubis, améthystes, et saphirs, avaient chacune une forme particulière, dont les sertissages épousaient les courbes… L'astre pénétra tout entier dans le magma orangé. Une dent minuscule apparut en intaille sur la lune... ».
Elle fugue. Se terre. Survit. Elle rencontre dans son périple de ténacité des SDF, des marginaux, et comprend que c'est ici qu'elle aura son droit de réponse, son droit d'exister.
Ce roman de combat est à l'instar d'un conte. Et pourtant c'est le reflet des endurances lorsque l'on est une femme. La vie comme une bataille constante. Mais il y a la dent. Cette image révolutionnaire, cette pépite salvatrice et qui est tout au fond ce qu'une femme doit faire pour s'en sortir face à un monde puissamment oppressant et inégalitaire.
C'est un roman prodigieux, qui claque et ne laisse rien passer. Il est dans cette magie intrinsèque d'une histoire d'elles, d'ailes. Il pointe du doigt là où ça fait mal et ne cède rien face à notre contemporanéité qui vacille sous les différences.
Il souligne également combien la route est rude pour le féminisme. Vigilance toujours !
« La dent dure » est également l'emblème du coûte que coûte. le rocher de Sisyphe et l'image d'une femme résistante. Une dent, et le contre-pouvoir prend place. Admirable et judicieux. Publié par les Éditions Dalva.
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Ce premier roman est un excellent roman !
Un voyage fort et érudit.
Un voyage fait de rencontres bouleversantes.
Un voyage initiatique.
Isabelle Garreau nous embarque à la rencontre de trois femmes, trois histoires sur trois époques bien distinctes.
- Dans la Perse Antique, Mksheta la conteuse au sein d'une communauté d'orfèvres et de chamans nomades apportera courage et évasion à ses « soeurs » de détentions dans le harem du fils de Darius.
- Dans la gaule mérovingienne, Aléa soigne les maux des femmes grâce à ses connaissances des plantes médicinales.
- Dans les 80'-90', Eléonore jeune fille issue d'une petite bourgeoisie provinciale s'enfuit sur les routes d'Europe…
Ces trois femmes sont unies par un précieux talisman très convoité : la relique d'une dent, enchâssée dans de l'ambre. Cette dent est le fil rouge de l'histoire.
Tout est là.

 J'ai découvert les éditions DALVA l'an passé et j'ai adoré ! Je partais donc avec un bon à priori et je n'ai pas été déçu.
 Un roman érudit mais à la lecture plutôt fluide.
 Un roman cru, brut mais aussi d'une grande tendresse pour ses personnages féminin dont les portraits sont fins et précis,
 « La Dent dure » est un roman qui m'a bousculée. Il est à la fois un conte historico-féministe, un roman d'aventure punk et un hymne aux femmes.
 Sa construction narrative singulière offre un page turner envoutant qui exprime sa toute puissance dans le dernier chapitre au twist final puissant.
 Nota bene : pour les sensibles comme moi, sachez que ce roman comporte quelques scènes de violence sexuelle... Autant un curé embroché je peux en rire (et là, j'ai bien ri, car l'autrice a un sens de l'humour qui bénéficie de ma totale adhésion), autant les scènes de violences sexuelles (qui ont pour victimes des enfants) … Argh... Généralement ce genre de scène insoutenables me font lâcher le livre. Et pourtant ! Ne lâchez rien ! Parce que dans ce roman, ces scènes sont plutôt brèves et tout à fait fondatrices pour la suite, parce que l'autrice (par un procédé dont je ne connais le nom) parvient dans cette accumulation d'horreurs à me faire esquisser quelques sourires, parce qu'elle me permet les respirations et le recul nécessaire à l'absorption de ces brèves scènes…J'ai pu aller plus loin et poursuivre ma lecture. Un immense MERCI !

Bref… Ce premier roman est une claque et un grand coup de coeur !
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Et c'est un coup de coeur pour ce premier roman !

« La dent dure » est un roman fort, brut, violent et cru, profondément féministe. Il relate le destin de trois femmes, sur trois époques différentes, toutes reliées entre elles par une mystérieuse relique : une dent enchâssée dans de l'ambre.

C'est magnifiquement écrit, on plonge dans le récit comme fasciné, à la fois par la violence que vivent Aléa et Éléonore et par leur résilience et la pulsion de vie qui les habitent.

J'ai adoré la construction du récit. La dernière partie du roman lui donne toute son ampleur et la dimension d'un conte initiatique.

Une lecture envoutante, mystique, intelligente, mêlant le moderne et l'historique.
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La dent dure est roman de l'insoumission, du rejet d'une quelconque forme d'oppression, qu'elle soit religieuse, sociale ou matérielle.

Cette insoumission est merveilleusement incarnée par les trois femmes de ce récit, dont la figure central est Eléanore, jeune femme évoluant dans les années 80.

La force de ce personnage, que l'on rencontre d'abord enfant, est qu'elle n'est pas naturellement portée vers la rage ou la colère, mais au contraire enjouée, gaie, curieuse. Sa rébellion ne viendra que face aux injonctions - celles de la mère, tout d'abord, sévère et bigote, puis celle de l'internat -. Alors son désir de liberté, d'abord joyeux, se mue en rébellion, puis en véritable révolte suite à un événement qui constitue un pivot dans le récit. Sa quête de liberté prendra alors la forme d'un vagabondage, au dénouement à la fois terrible et libérateur.

Construit comme un tryptique, son récit est encadré en début et fin de roman par deux autres portraits de femmes, ayant vécus à d'autres époques, et liées entre elles par un objet à la symbolique forte, mais surtout par des motifs se répétant d'un vécu à l'autre : l'insoumission, bien sûr, mais aussi la maltraitance des hommes, la quête d'indépendance, la survie, le rapport à la nature.

L'écriture est belle et fluide, l'action avance vite, sans longueur. Une autrice à suivre, ainsi que la jeune maison d'édition Dalva, qui me convainc pour la seconde fois.
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La dent dure est un récit passionnant, dans lequel nous suivons le destin de trois femmes, liées par une relique ancienne.

J'ai beaucoup aimé la plume de l'autrice, qui utilise un vocabulaire très riche et précis.

L'autrice aborde les thèmes de la domination des femmes par les hommes et la religion, les violences psychologiques et les abus sexuels dont elles sont victimes.

Attention, certains passages peuvent être assez difficiles à lire, je pense notamment à des scènes de viols, biens qu'ils ne soient décrits que brièvement et avec une certaine distance, j'ai été un peu déstabilisée pendant ma lecture.

Si vous ne connaissez pas, je vous invite grandement à découvrir ce roman et cette maison d'édition que j'affectionne particulièrement puisqu'elle met en avant des autrices contemporaines, leurs vécus, les rapports qu'elles entretiennent avec le monde et notre société.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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