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4,28

sur 7701 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
À quoi bon ajouter une autre critique à un livre déjà encensé ? C'est que l'émotion que j'ai ressentie est la mienne, je prends plaisir à l'exprimer comme j'ajouterais mes applaudissements à la fin d'un spectacle. Je ne retiendrais pas mes battements de mains parce que les autres ont applaudi aussi, non ?

J'ai donc apprécié « La promesse de l'aube », un livre qui m'a amenée dans un malaise d'émotions contradictoires, paradoxales, où il y a toujours un envers de la médaille.

C'est autobiographique, mais c'est un roman où l'auteur peut se permettre de modifier, d'embellir ou d'enlaidir la réalité.

C'est la relation exclusive entre une mère et son fils, les promesses fabuleuses des premières années, l'amour intense qui donne confiance et qui pousse à survivre et à aller plus loin, mais aussi l'amour lourd, qui pèse, insupportable handicap qui paralyse l'enfant.

C'est aussi l'amour du pays, mais un pays choisi, adopté, une ambivalence quant aux origines.

C'est l'histoire d'un héros de la guerre, mais c'est aussi le refus viscéral d'infliger la souffrance.

C'est la qualité de l'écriture, mais aussi c'est le travail de l'écrivain, un travail acharné, pour satisfaire aux attentes de sa mère plus que par amour de l'art.
C'est aussi un traitement humoristique, un refus du désespoir, une autre contradiction quand on apprend le suicide de son auteur.

De cet auteur, c'est le premier ouvrage que je lis, c'est l'aube de lectures intéressantes…
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Un homme est allongé sur la plage de Big Sur, des larmes coulent sur ses joues, peut-être a t'il regardé trop longtemps le soleil. Sur cette plage de Californie, entouré de phoques et autres oiseaux marins des images défilent.
Il se revoit dans sa cachette faite de bûches de bois à Wilno en Pologne.
Nina sa mère, la cigarette à la bouche lui promet un avenir éclatant, écrivain peut-être, égal à Hugo ou Dostoïevski, tu seras un héros mon fils, général sûrement, et cette phrase martelée " ne reçoit jamais d'argent des femmes".
Le bruit des vagues lui rappelle la Méditerranée, l'hôtel pension Mermonts à Nice, l'adolescence, sa médaille gagnée en 1932. La France tant rêvée par sa mère. La guerre, la drôle de guerre, l'appel du 18 juin 1940...
Il revoit cette femme qui l'aima passionnément jusqu'au sacrifice, cette fierté slave, qui ne douta jamais de lui, Romain Gary.
Le cordon ombilical est enfin coupé, la séparation définitive, l'amour d'une mère pour son fils, passionné, exclusif, il lui reste les lettres pleines de certitudes.
Un bel hommage d'un enfant à sa mère, une façon aussi de saluer ma maman partie le 21 juin 2019 au solstice d'été.
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La promesse de l'aube ou comment l'amour fusionnel entre une mère et son fils va marquer pour toujours le destin de ce dernier. Ce récit écrit à l'âge de quarante quatre ans retrace l'enfance et la jeunesse de Romain Gary.
Un amour maternel dont le prix sera une injonction absolue de réussite: tu seras
un enfant prodige, un Yehudi Menuhin, un ambassadeur de France, un héros national, un grand artiste! Et avec les femmes: forcément un Don Juan , un Casanova! Il n'a eu que le choix de réussir: Impossible d'échapper à ce pacte scellé depuis l'enfance. Parce qu'elle avait toujours rêvé d'être une artiste, par loyauté filiale absolue, il y a mis toute son énergie.
«  Ma mère m'avait raconté trop de jolies histoires et dans ces heures balbutiantes de l'aube où chaque fibre d'un enfant se trempe à jamais de la marque reçue, nous nous étions fait trop de promesses et je me sentais tenu. Avec, au coeur, un tel niveau d'élévation, tout devenait abîme et chute.(...)Ma course fut une poursuite errante de quelque chose dont l'art me donnait la soif, mais dont la vie ne pouvait m'offrir l'apaisement.»
Il est parfois lourd très lourd d'être écrasé par autant d'amour, un amour qui ne fait plus la distinction entre moi et l'autre, un amour qui condamne au final à une inévitable solitude.
Magnifiquement écrit, ce récit autobiographique porte un regard extrêmement lucide sur une destinée incroyable et me laisse quant à moi, relativement perplexe sur le pouvoir de l'amour maternel...


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J'ai toujours un peu d'appréhension au moment d'ouvrir un livre de Romain Gary, car il est de ces auteurs qui m'arrachent le coeur, de par leur humanisme éhonté.
Dans ce livre, Gary raconte Roman Kacew : l'enfance en Pologne, l'adolescence en France, le début de l'âge adulte entre l'Angleterre et l'Afrique, en pleine seconde guerre mondiale. Ces trois périodes sont vécues sous l'immense aile protectrice de sa mère, ancienne artiste russe qui reporte sur son fils unique tous ses rêves de réussite ; ses injonctions au futur ("Tu seras Guynemer ! Tu seras Victor Hugo ! Tu seras Ambassadeur !") rythment la vie du jeune Roman. Toujours, sa mère le pousse vers le haut, se sacrifiant pour lui offrir des cours de toutes sortes afin de le façonner et multiplier ses chances de succès. Et le jeune Roman opine, bien décidé à honorer cette promesse de gloire qu'il lui a faite, en dédommagement de son dévouement sans limites.
Romain Gary dresse avec amour, pudeur et drôlerie, le portrait d'une mère- monstre écrasante, incontournable, incontrôlable. Et en le lisant, je me dis qu'il faut sans doute être un garçon pour accepter et supporter avec autant de légèreté toute cette surcharge d'amour maternel ; ça m'a toujours fait fuir. J'ai donc préféré la 3ème partie, davantage dédiée à l'armée et aux combats aériens, où j'ai découvert beaucoup d'anecdotes piquantes sur l'état des troupes françaises en 1939, bien loin du roman national établi depuis.
Et puis, j'ai retrouvé ce qui fait tant battre mon coeur chez Romain Gary : sa soif de justice, son incapacité à désespérer de l'humanité, son refus du cynisme, sa volonté de lutter contre toutes les oppressions -et toujours, son humour, son sens du tragi-comique. On rit, et en même temps, on pleure.
Enfin, certaines réflexions m'ont interpelée, qu'elles soient nimbées d'homophobie, minimisent l'inceste ou banalisent les violences envers les femmes : "J'ai toujours eu la plus grande difficulté à battre les femmes, dans ma vie. Je dois manquer de virilité." Je me demande si les tenants de la décontextualisation seraient prêts à jeter Romain Gary dans le bûcher de sorciers actuel. Faut-il brûler un homme qui écrit aussi : " Je continue à me voir dans toutes les créatures vivantes et maltraitées." ? Pour moi, la réponse est clairement non. Romain Gary reste un bel exemple d'humaniste du XXème siècle, qu'il ne faut pas hésiter à lire et relire -juste pour se sentir appartenir à cette Terre qui peut être parfois si jolie.
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La promesse de l'aube, c'est l'amour d'une mère pour son fils unique, ce fils qu'elle adore, qu'elle idolâtre presque. C'est la promesse, dès l'enfance, d'un amour immense, infini, inépuisable. Un amour qui vous porte, qui vous pousse, qui vous rend exceptionnel sur terre (au moins aux yeux de votre mère) et invincible …

Mais la promesse de l'aube, c'est aussi cette promesse tacite d'un fils à sa mère, celle de devenir un jour un grand homme, couvert de succès et de gloire, un héros de la République Française, adoré par les femmes, et si possible l'artiste que la mère n'a jamais été. C'est la promesse d'être le digne héritier des héros de Guerre et Paix ou d'Anna Karénine.

Tout le récit s'appuie sur ces deux personnages principaux : Romain Gary et sa mère, une comédienne russe, ayant fui la révolution bolchévique, exilée d'abord en Pologne puis en France, terre de tous les rêves … Les personnages sont tour à tour attachants, émouvants, exubérants mais aussi parfois agaçants … Et des deux, je ne sais dire lequel m'émeut le plus. le fils enfermé dans le rêve de sa mère ou la mère qui se sacrifie corps et âme pour son fils …

Dans les deux premières parties, Romain Gary retrace son enfance à Vilnius et en Pologne, puis son arrivée en France. La troisième partie, où il aborde la Deuxième Guerre mondiale, me parle moins. Combats, boucheries, faits d'armes, … très peu pour moi. Il y fait étalage de ses exploits militaires et y exprime une certaine idée de la femme aussi, qui je pense (enfin j'espère) a fait date. Mais derrière cette façade de guerrier viril et combatif, on retrouve sans aucun doute le petit garçon, naïf, optimiste invétéré, convaincu que sa maman veille sur lui, même au coeur des combats les plus intenses.

Un petit garçon qui croira probablement très longtemps « qu'on pouvait, en littérature comme dans la vie, plier le monde à son inspiration et le restituer à sa vocation véritable, qui est celle d'un ouvrage bien fait et bien pensé. ». Et qui peut-être n'a jamais supporté l'idée d'abandonner ce rêve d'enfant …
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Dans ce livre, Romain GARY nous livre une autobiographie de sa vie, et surtout des rapports avec sa mère qui l'a aimé d'un amour inconditionnel, étouffant, démesuré et excessif et l'influence qu'elle a exercée sur ce fils, qui était sa raison de vivre. La vie de Romain Gary a été conditionnée par les desideratas de sa mère. Il est devenu ce qu'il est parce qu'elle l'a voulu ainsi.

Il lui rend hommage et on sent bien tout au long du livre, l'impact qu'elle a eu sur son fils, qui se demandait, à chaque pas qu'il faisait, si c'est ce que sa mère voulait et si elle serait fière de lui.

Il faut dire également, les difficultés, à l'époque, pour une mère seule, sans mari, d'élever son fils unique et pour qui elle voulait le meilleur. le combat quotidien pour subvenir aux besoins de ce fils qu'elle adulait et pour qui rien n'était trop beau. Elle tenait grâce à lui. Il suffisait qu'elle le regarde lorsqu'elle était découragée, pour se relever. Elle refusait son aide et ne lui demandait qu'une chose : réaliser les ambitions qu'elle avait pour lui.

Que serait-il devenu s'il n'avait pas eu cette pression ? Il y a également l'amour de la France, de la France libre, de l'engagement de Romain Gary auprès du Général de Gaulle, là aussi parce que sa mère le lui a inculqué. Sa mère lui fera envoyer des courriers, bien après qu'elle soit décédée, afin qu'il ne faiblisse pas dans son engagement lié à la guerre. Ce n'est que 3 ans après son décès, qu'il découvrira jusqu'où portait son amour pour lui.

Livre intéressant, qui donne un aperçu de l'époque et de ce qu'une mère est capable de faire pour son fils et un fils de réaliser pour sa mère.
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Une nouvelle fois, mes déambulations dans les allées d'un marché aux puces ont guidé mes choix de lecture tout en ménageant mon porte-monnaie. C'est l'occasion de combler de sérieuses lacunes en matière de classiques, d'auteurs fameux et récompensés au siècle de ma jeunesse passée. La faute aux maths, puis à l'économie et à une adolescence compliquée... Je ne regrette pas cet achat, tant j'ai pris du plaisir à suivre l'apprentissage du héros, l'auteur, son cheminement de l'enfance à l'âge adulte, entre plusieurs pays, mais un seul vrai amour. Inconditionnel, intemporel et qui restera immaculé jusqu'à la fin de leurs existences terrestres. Celui d'une mère indomptable. Nulle ombre incestueuse ne ternit la narration, qui évoque le courage et l'abnégation d'une dominatrice dont il portera les espoirs et les sacrifices au fond de son coeur et jusqu'aux portes des Enfers. Elle lui donna la vie, le protégea de toute la force de son amour au cours de leurs pérégrinations à une période pour le moins troublée de l'histoire européenne. Elle le sauvera de la tentation du pire et offrira son bouclier salvateur tandis que la Camarde rôdait près de son lit. Comment ne pas être déçu ensuite par les autres femmes ? Tel est le fardeau que laissent les mères à leurs fils trop aimants. L'écriture est magnifique, teintée d'humour et de dérision. L'adaptation cinématographique est en cours de tournage et moi je me réjouis à l'idée de poursuivre la découverte de son oeuvre...
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Je m'en veux énormément d'avoir lu ce livre en cette période de rentrée qui n'est jamais la plus propice pour se vautrer dans les délices de la lecture. Alors, oui, je viens ici présenter mes plus plates excuses à Romain Gary et à ses fervents lecteurs car j'avoue ne pas avoir apprécié " La promesse de l'aube" à sa juste valeur.
Oserai-je faire la promesse de relire ce livre bouleversant à des heures plus calmes, plus sereines ?

Néanmoins, rassurez-vous, même si ma lecture fut plus que laborieuse et pour le moins hachée, j'en ai perçu l'essentiel, enfin j'espère !
Romain Gary se raconte de façon sublime, avec cette autodérision légère et si savoureuse. Ses premiers pas dans la vie, tourmentés, tumultueux comme le sont les remous de l'Océan.
" ...Parfois, je lève la tête et regarde mon frère l'Océan avec amitié : il feint l'infini, mais je sais que lui aussi se heurte partout à ses limites, et voilà pourquoi, sans doute, tout ce tumulte, tout ce fracas."

Les mots qui me sont venus en refermant ce livre furent : " Quelle vie bouleversante ! " Et pourtant, cette vie est narrée simplement, sans excès de zèle, sans chercher à appâter le lecteur, sans entourloupe. Les mots sont tout simplement couchés avec honnêteté, authenticité et naturel. Mais ce qui transperce de ces mots, tout au long du livre, c'est cet amour inconditionnel qu'il a pour sa mère. Ce n'est pas lui le personnage principal de son autobiographie, non, c'est sa mère. Une mère au caractère fort, castratrice même, mais une mère qu'il aime et qu'il s'emploiera toute sa vie à ne pas décevoir. Elle est cette étoile au ciel qui le fait avancer, qui l'empêche de flancher. Elle est cette Victoire contre la guerre, contre la mort elle-même.
Gary lui doit la vie et "La promesse de l'aube" sonne comme un vibrant "Merci".
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L'écriture de Romain Gary provoque un grand plaisir de lecture. Reprendre le livre chaque soir, c'est retrouver le plaisir de la conversation avec un ami brillant. Un ami que l'on écoutera sans chercher à savoir la part d'autobiographie et la part de légende, il aime tellement jouer avec les identités! Il faut accepter ce jeu qui consiste à se dévoiler en se cachant. C'est la règle de la littérature. Ce qui est très émouvant, tragique et douloureux, c'est la façon dont il s'est abandonné à l'amour de sa mère, la façon dont il lui donne son corps et son âme pour qu'elle se réalise, elle, à travers lui. Et lui, qui est-il alors?
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Romain Gary est non seulement l'un des écrivains francophones (et francophile!) les plus célèbres du XXème siècle, mais on peut dire que même son autobiographie, La Promesse de l'aube a gagné ses lettres de noblesse parmi les incontournables du genre. Et si l'on s'en tient à la définition d'Italo Calvino, on peut sans doute considérer que du fait qu'on connaisse la mère envahissante de Romain Gary avant d'avoir lu ce récit ainsi qua son passé d'aviateur : ce livre est bel et bien un classique !

Comme beaucoup de lecteurs je suis ravie d'avoir découvert ce récit, alors même que l'autobiographie est loin d'être mon genre de prédilection. Mais quelle plaisir cette lecture ! Il y a longtemps que je ne m'étais pas autant délectée du style d'un écrivain.

Si la lectrice du XXIème siècle que je suis a été choquée par certains passages provocateurs et sur cette mère adulée qui ne se sert de son fils que pour combler ses rêves non accomplis (ce qu'on appellerait aujourd'hui volontiers une mère "toxique" ) en revanche il y a tellement d'autres aspects plus marquants et forts à retenir de ce livre. Que ce soit son humour mordant, son regard caustique sur la société toujours d'actualité, son sens de la formule incroyable, l'analyse fine et pertinente de sentiments humains universels : il est difficile de nier le génie de ce romancier. J'ai aussi été très touchée par les portraits qu'il fait de certains personnes qu' il rencontre, notamment le fameux M. Piekelny, mais aussi par la gravité de certains épisodes de son enfance qu'il raconte pourtant sans le moindre pathos, sentiment qui l'aura pourtant tragiquement accompagné toute sa vie.

Si j'ai de très loin préféré la première partie, consacrée à son enfance, je comprends aussi pourquoi ce livre a une place si particulière dans le coeur des amoureux des lettres françaises, car au-delà d'une autobiographie, d'un témoignage d'un grand enfant qui aura toujours eu l'impression de ne pas être assez pour une mère qui ne le voyait que comme un moyen de briller par procuration, l'histoire d'une immigration, La Promesse de l'aube est aussi une très belle déclaration d'amour / un hommage à la France ou plutôt à l'image d'Épinal fantasmée que beaucoup d'immigrés du début du XXème siècle se faisait d'elle (pays des Droits de l'Homme, des grands écrivains, d'idéaux philosophiques ,de la mode et du raffinement).

J'ai maintenant hâte de découvrir son oeuvre romanesque qu'il évoque parfois dans son récit.
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