La Mort du roi Tsongor

Je termine ce roman et je suis encore sous le charme.

Charme est le mot juste car ce roman vous amène dans un monde différent, mais qui pourrait s'apparenter à un conte africain de part la végétation luxuriante.

Mais commençons par le début.. L'histoire...
Le récit est celui d'un roi âgé, qui par sa force et sa volonté, par défi aussi, a pu construire en plusieurs décennies un royaume, un empire, sur lequel il règne avec sérénité.
Mais la fin de sa vie approche et des choix s'imposent à lui, pour sa famille.

Un roman comme un conte où le fantastique rejoint les labeurs du quotidien mais aussi où la guerre succède à la paix avec les mêmes difficultés liées aux hommes, leur vanité, leurs déchirements.

Évidemment très bien conté, il incite à la réflexion et je vous laisserai porter vos propres conclusions sur ce qu'il advient du royaume et de la famille du roi Tsongor....

L'histoire incroyable d'un roi qui a tout conquis.
Un servant, ancien guerrier des plus charismatiques jurant de le tuer qui au fil du temps devient son ami, que dis-je, un frère.
Un homme de parole qui comprend le drame qui pèse sur sa cité et sur le monde mais qui ne peut y déroger.
Le code de l'honneur comprenant des valeurs et des principes, qui parfois est cruel.
Cette ultime quête donnée a son jeune fils, son héritage.

De Laurent Gaudé je n'avais lu que "Chien 51", autant dire que j'approche l'auteur tardivement et ce malgré le fait d'avoir plusieurs de ses romans à portée de main.
La mort du roi Tsongor m'a cette fois-ci fait de l'oeil, son heure était venue, ou peut-être est-ce la voix de Tsongor qui m'a guidée vers ce récit aux allures de conte fantastique, de légende africaine aux multiples couleurs et aux milles visages.

Quand une princesse se fiance avec sa parole distribuée à deux hommes, elle épouse la guerre, tue son père, son peuple et son royaume.
De son sourire amer se dessine tout son accablement, par ses larmes taries elle assèche les plaines assombries par les morts sur lesquelles déferlent maintes tribus avides de sang.
Le roi n'est plus , le roi Tsongor attend ses sept tombeaux dans l'antichambre de la mort, observe sa terre et son héritage partir en fumée, sa grandeur saigne, son repos fauché par la douleur accable ses traits cadavériques, son esprit éprouvé observe amazones et hordes sauvages à ses portes, embrase son coeur labouré à l'arrivée des milliers de spectres entaillés traversant le fleuve les menant sur la rive paisible d'un au delà.

"La mort du roi Tsongor", royaume maléfique d'une violence enfouie, auteur du déchaînement des dieux mettant en lumière les destinées des êtres contaminés par la barbarie, négligeant la vie, alimentant les oracles impassibles et la honte à jamais, pour toujours...
Une chose est certaine, le mythe du roi Tsongor aura une résonance jusqu'aux confins de mon esprit.

Un roman féroce d'une grande finesse

Ce récit contemporain porte en lui la plupart des grands mythes antiques. Pour épouser Samilia, la fille du roi Tsongor, deux hommes sont prêts à entraîner leurs peuples et leurs alliés dans une guerre sans merci et sans fin. Chacun des enfants du roi est, comme lui, condamné à voir s'accomplir son destin.
La bataille devant les murailles de Massaba prend des airs de guerre de Troie que rien ne peut empêcher d'avoir lieu, même quand chaque partie n'en espère plus rien. Car l'orgueil des hommes est immense et insatiable, et s'ils parviennent à s'élever, ce n'est que pour tomber de plus haut.
En parallèle de ces combats, le plus jeune fils du roi est chargé de construire et choisir un tombeau pour qu'il y repose en paix. Cette quête le contraint à une vie d'errance et de réflexion et nous éloigne du fracas des batailles. Ne demeure auprès du roi mort que son ancien ennemi devenu comme un frère.
L'écriture à la fois épique et tragique contribue à l'allure théâtrale du texte qui trouverait certainement aussi son public en étant adapté pour la scène.

Similaire à la guerre de Troie, Kouame, le prince des terres de sel et Sango Kerim, ami d'enfance de la famille, se disputent Samilia qui n'est autre que la fille du roi Tsongor…

Laurent Gaudé a réalisé un récit absolument passionnant parce qu'on comprend les points de vues des deux prétendants. Il a réussi l'exploit de rendre ces hommes légitimes dans leur demande, plus exactement dans leur envie de prendre Samilia pour femme. L'un par la promesse du passé et l'autre par la promesse du présent…

De plus on suit, Souba, le plus jeune fils du roi, qui a pour mission de se retirer de la vie de la cité pour partir bâtir sept tombeaux en l'honneur de son père. le corps de Tsongor pendant ce temps est veillé par Katabolonga, ami et serviteur.

J'ai tout de suite adoré ce double récit mélangeant la guerre - qui fait rage suite à la mort du roi Tsongor et à son indécision quant au mariage de sa fille - et la quête de Souba pour le lieu de recueillement de son défunt père.

Absolument renversante cette écriture, c'est captivant du début à la fin et les dialogues sont drôles, beaux et riches. Ce n'est pas un livre sur la guerre mais un roman dédié à la vengeance et à ce qu'elle engendre… souvent pas grand chose si ce n'est la folie des hommes et leur déraison… au -delà des ce sujet, il est également question d'une transmission (par le voyage de Souba) et de la fidélité à une parole donnée.

C'était une super lecture, un vrai voyage initiatique avec plein de sujets passionnants alors ayant également adoré l'Eldorado du même auteur, il me tarde de découvrir ces autres oeuvres !

Au temps d'une Antiquité imaginaire, le roi Tsongor a bâti un empire immense grâce à sa force de guerrier. le sang des innocents a souvent coulé mais le roi a réussi et il est en paix. Alors qu'il s'apprête à marier sa fille, il apprend la veille des noces que celle-ci a fait le serment de se marier avec un autre alors qu'elle n'était qu'une enfant. Ce prétendant oublié depuis revient et réclame la belle Samilia. le roi Tsongor ne sachant se résoudre à donner une réponse positive à l'un ou à l'autre, il se donne la mort. Il s'attendait à la guerre entre les deux prétendants et c'est ce qui arrive, divisant même les frères de Salina qui prennent partie pour l'un ou l'autre. Cette guerre (comme toute guerre) est ridicule, n'en finit pas (prend la place de presque tout le roman). Les morts s'amoncellent. Et quoi les récits de guerre ne m'attirent pas, j'ai été tenue en haleine du début jusque la fin. Un magnifique roman !

Waouwww www!

Un récit épique, homérique, empli des grands sentiments, des grandes valeurs qui font les grandes histoires : l'honneur, la bravoure, la vengeance, l'amour, la honte, l'orgueil...
Peuplé de personnages tous plus magnétiques les uns que les autres, comme le roi Tsongor, comme Katabolonga.

Ce roman ne se raconte pas, il se vit. L'écriture est magnifique, les paysages y sont grandioses, les destins y sont tragiques et les hommes y sont à la fois valeureux et faibles, courageux et vils, aimants et haineux, humbles et orgueilleux, fiers et honteux.

Un sublime roman qui vient d'intégrer la liste de mes coups de coeur

En lisant ce livre, je ne savais pas dans quoi je me lançais.
J'avais déjà lu un ouvrage de cet auteur, il ne m'avait pas emballé, mais j'avais apprécié son écriture. J'ai bien fait de persévérer, il en valait la peine.
J'ai beaucoup aimé ce conte de 200 pages. Un petit roman qui me donne envie de lire une plus grande aventure.
J'ai été touché par le récit, les combats, et la stupidité des hommes…
Un auteur à suivre !

Bonne lecture !

Il y a des livres qui vous emportent tout de suite, mais sans doute est-ce dû à leur auteur. Laurent Gaudé fait partie de ceux-là. Il me raconte une histoire et dès le début je suis captivée.

C'est une histoire totalement passionnante, où le roi Tsongor préfère mourir que de devoir choisir quelle parole donnée il doit honorer. La sienne ou celle de sa fille ?!
Samilia, la princesse, devient un enjeu, un orgueil bafoué à sauver, un territoire à gagner et accessoirement une future épouse, pour Kouame ou Sango Kerim.
Évidemment pendant cette lecture, mon âme féministe a fait des bonds dans tous les sens.

Le vieux roi mort voit tout, entend tout, mais ne peut rien faire. Finalement la mort ne l'a pas soulagé de ses maux. Car de l'au-delà, il assiste à une guerre fratricide, à la destruction de tout ce qu'il pensait avoir accompli pour sa descendance. Hélas, il s'est condamné lui-même à cette souffrance paroxystique où il ne peut être que le spectateur impuissant.

Il y a de la beauté dans cette histoire terrible car il est question de sacrifice, d'amour, de loyauté, de fidélité, de courage, mais aussi d'humiliation, de jalousie, d'envie, de rancoeurs, de revanche, de guerre et de mort. Sans doute la plus vieille histoire du monde en somme.

Laurent Gaudé est un conteur hors pair. À chacun de ses romans je suis embarquée immédiatement. Je crois que s'il pouvait raconter l'annuaire, il parviendrait à me passionner. Il fait partie de ces auteurs qui ne me déçoivent jamais !
Là, il m'a raconté un conte antique et fantastique, situé dans un monde imaginaire, qui dit la vanité de l'ambition et de l'orgueil, qui parle du sacrifice que les hommes font de la vie des femmes, et j'ai adoré !
Lien : https://mechantdobby.over-bl..

Laurent Gaudé signe avec La mort du roi Tsongor un récit qui tient à la fois de l'épopée mythique (je pense à Homère) et du conte initiatique (je pense à Voltaire). le contexte d'une Afrique fantasmée m'avait déjà séduite avec cette magnifique photo de couverture de femme noire aux peintures blanches et je me suis laissée emportée dans ce récit aux différents personnages plus ou moins attachants. Chacun est face à son destin, et lutte contre la mort, la frustration, la solitude : le roi Tsongor qui tente d'éviter la guerre en ne se positionnant pas, Souba qui se jette sur les chemins du royaume pour tenir sa promesse, Sango Kerim qui revient chercher sa promise et sa place, le prince Kouame qui refuse le déshonneur de son amour rejeté, Samilia qui se trouve l'oubliée des enjeux de pouvoirs masculins et refuse ce sacrifice, Katabolonga qui tient le rôle de confident et de conscience pour le roi Tsongor et fait le lien entre sa vie et la mort.
Un très très beau roman qui, malgré les longs chapitres de massacres et de destructions, ouvre une dimension philosophique d'introspection et de réalisation.