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4,1

sur 3696 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Que dire de plus sur ce petit roman parfaitement ciselé de Laurent Gaudé après une soixantaine de critiques de qualité et plus ou moins longues ? Peut-être déjà que Laurent Gaudé a réussi son coup : La Mort du roi Tsongor, on l'attend tout d'abord, on la pleure par la suite, on se la dispute pendant un moment homérique, et enfin on l'honore.

Comme c'est son but avoué, à l'instar de la Guerre de Troie dans l'Illiade, La Mort du roi Tsongor exprime toute la force des serments, quintessences de l'honneur par-delà la mort et les combats, ces serments qui parcourent des vies, en ravagent d'autres et emportent celles qui restent. Dans ces six chapitres d'une rare intensité, Laurent Gaudé exprime la face tragique de la fidélité sous toutes ses formes : du simple conflit de palais à la guerre ouverte, du conflit psychologique en chacun de nous à la haine vivace qui dure toute une vie, la fidélité, la passion et la haine sont plus que jamais présentes dans ce roman. Court roman d'ailleurs, environ deux cents pages (cinq heures et demie d'écoute en livre audio pour ma part), La Mort du roi Tsongor brille par ses six chapitres très bien découpés, où la situation est sans cesse bouleversée, une situation qui avance vraiment et cela apparaît même dans l'enchaînement et l'alternance des personnages principaux, chacun ayant son moment de gloire, ses monologues, ses décisions à prendre.

Merci donc aux éditions Thélème et à l'opération Masse Critique de Babelio qui m'ont permis d'acquérir ce livre audio (au passage, le petit mot qui accompagne désormais l'envoi est toujours apprécié) ; en effet, les mots de ce roman, précis et pesants (plutôt bien rendus par le voix du comédien Pierre-François Garel), expriment toute la force de l'épopée par excellence, et le fait que tout cela se déroule dans une Afrique ancestrale, pour certains imaginaire, mais somme toute plausible, n'enlève rien, bien au contraire, à l'intérêt de lire La Mort du roi Tsongor !

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Au palais de Massaba, le roi Tsongor va marier sa fille, Samillia, avec Kouame, le prince des terres du sel.
Katabolonga, son serviteur, le porteur du tabouret d'or, sait qu'il va tuer aujourd'hui son ami et maître ...
L'ouverture de ce livre est intrigante, son écriture est élégante et racée.
Une vieille histoire vient prendre fin dans celle qui commence aujourd'hui.
Ce livre magnifique est de ceux qui sont au carrefour des littératures :
récit épique, amour tragique, légende antique ou mythe africain, philosophie ou brutalité, quête sans fin ou destin fixé ?
Dès les les premières pages, Laurent Gaudé installe une ambiance, sous-entend le drame qui se prépare dans une antiquité imaginaire, nous dit la quatrième de couverture.
En des temps lointains et incertains, certes !
C'est que le ton dramatique, épique de ce récit renvoie à ce que la littérature dite "antique" nous a donné de plus beau, de plus intransigeant.
Mais par la pincée de fantastique dont il est saupoudré, par l'existence du fantôme de ce vieux roi qui erre entre deux mondes, ce récit pourrait tout autant être qualifié de shakespearien.
On pourrait dire aussi de ce récit qu'il restitue la majesté de l'Afrique, sa grandeur, pour autant qu'elle ne lui est été jamais enlevée.
On pourrait prétendre également qu'il possède des accents bibliques.
Ce récit est aussi celui de l'éternelle tragédie de la femme écartelée entre les luttes de pouvoir et les les désirs de sa possession, récit sans cesse renouvelé dans presque toutes les littératures anciennes.
"Et toujours l'âme humaine vient piétiner ce qu'elle a construit de grand".
Un profond pessimisme et un désespoir cruel colorent ce livre sombre et guerrier qui finit pourtant sur une touche d'espoir, qui parle aussi du passage des générations, de la gratitude ou non des enfants, de la bienveillance du père et du poids des ancêtres.
Laurent Gaudé a signé là un grand livre que tant de choses rendent universel, un livre qui appartient à la meilleure des littératures ...

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Je fais une très belle découverte avec cet auteur. Cette tragédie est superbe, parfaitement contée. En fermant les yeux, le lecteur peut se représenter les différents personnages et leurs multiples facettes. Il est aussitôt plongé dans cette cité, il voit les troupes assiégés Mabassa...Vraiment une très belle tragédie qui n'a rien à envier aux classiques de la littérature grecque...Je lirai avec grand plaisir d'autres livres de cet auteur.
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Une fable de guerre au ton de fresque mythologique.

Il était une fois Tsongor, un grand roi africain qui devait marier sa fille au prince du pays du sel. Mais la princesse s'était promise à un autre et, malgré les sacrifices du roi, les prétendants se livrèrent une guerre terrible et détruisirent la ville.

Comme il s'agit d'un conte, il ne faudra pas s'étonner que les morts puissent parler, que des maléfices puissent détruire une armée ou que des âmes attendent de traverser la rivière vers l'au-delà.

Un court roman, mais grand roman d'émotions et de contradictions :
- fierté et honte du conquérant qui a bâti, mais qui a tué inutilement;
- honneur et horreur, fiers guerriers décapités ou éventrés, devenus charognes sur le champ de bataille;
- fidélité au serment donné et orgueil qui choisit la vengeance plutôt que la paix;
- leçons de vie et de mort, lorsque tout finit en cendres…

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Quand , par une promesse enfantine , Songo engage sa parole de faire sienne , un jour , la petite Samilia , il ne se doute pas qu'il les conduit tous les deux sur les chemins de la ruine .
" Croix de bois , croix de fer , si je mens , je vais en enfer . "

Rempli de ce désir , et pourtant si jeune encore , l'adolescent part courir le monde à la recherche de la gloire et d'un nom qu'il offrira à sa dulcinée en cadeau de mariage .
Il est bien sûr touchant de se représenter des juniors se jurer l'amour pour l'éternité ; à part que Samilia est la fille d'un roi , et , que celui-ci songe à de grands projets pour son unique fille , son trésor .

Le roi Tsongor garde un passé tumultueux qu'il a forgé pendant vingt ans , dans des chevauchées héroïques mais insidieuses aussi , et , ignobles , afin de s'offrir un empire immense .
Une ombre le suit sans cesse , celui qui lui a promis de le trucider pour tous ses assassinats . Pourtant , de bourreau il est passé ami . Il devient à sa mort le veilleur de son corps meurtri et le triste témoin du deuil éternel de la ville de Massala .

" le roi mariait sa fille Samilia .
(...) Samilia n'avait pas de prix .
(...) C'est ce que Tsongor avait dit à Kouame , le roi des terres du sel . Et Kouame avait décidé de venir déposer aux pieds de Samilia tout ce qu'il possédait . Il offrait tout . Son royaume . Son nom . " P. 25

" Personne ne vit que des hommes étaient là qui observaient , immobiles , la ville dans ses derniers préparatifs . Ils étaient là . Sur les collines du Nord . Avec l'immobilité du malheur . " P.25

Sango ne savait pas que sa belle lui avait fait une promesse de marin , car comment savoir quand on est des gamins si le coeur palpitera toujours avec le même entrain ou s'il se découvrira de nouvelles amours .

Gaudé utilise des paroles lumineuses , imagées mais d'une cruauté écoeurante . Il semble rechercher la noirceur qui habite nos âmes et l'amplifier au nom de l'honneur , de la gloire , de l'égoïsme et surtout de l'amour-propre .

" Je comprends ta peur , Songo Kerim . Elle est juste . Il n'y a pas de victoire " (... ) Et il sut que le siège de Massaba était une folie . " P. 141

Ce roman est très proche de " Ecoutez nos défaites " par sa sauvagerie et ses détails sanglants et abondants .
J'aime trop l'amour pour apprécier cette litanie de plaintes , de reproches et de lamentations car je n'y retrouve aucune de mes convictions : vérité et sincérité .
J'ai cru jusqu'à la fin de cette tragédie que Samilia aurait la capacité et la force de caractère de changer l'opinion de ses deux amoureux en les raisonnant ; j'ai espéré pouvoir croire en l'être humain .
Quelle naïveté .


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Un nouveau coup de coeur !!! Laurent Gaudé est sans aucun doute un des écrivains français les plus talentueux. Son écriture, poétique, musicale et puissante à la fois m'a transportée dans son univers aux allures de conte.
J'ai été séduite dès les premiers mots.

« D'ordinaire, Katabolonga était le premier à se lever dans le palais. Il arpentait les couloirs vides tandis qu'au-dehors la nuit pesait encore de tout son poids sur les collines. Pas un bruit n'accompagnait sa marche. Il avançait sans croiser personne, de sa chambre à la salle du tabouret d'or. Sa silhouette était celle d'un être vaporeux qui glissait le long des murs. C'était ainsi. Il s'acquittait de sa tâche, en silence, avant que le jour ne se lève. »

*
A nouveau, j'ai voyagé, cette fois-ci, dans l'Afrique médiévale. le roi Tsongor, après une vie de conquête sanglante, décide de marier sa fille unique Samilia. Mais voilà ! Deux prétendants souhaitent épouser la jeune femme. C'est à nouveau une guerre impitoyable qui va se déchaîner.
Le vieux monarque, juste avant sa mort, va confier une mission à son plus jeune fils Souba : celle d'ériger sept magnifiques tombeaux à son image de par le monde, dans des endroits reculés et de choisir un des tombeaux pour y déposer son corps.

*
Plusieurs récits s'entremêlent ainsi : la violence de la guerre, le sérénité et la bienveillance du vieux serviteur Katabolonga qui veille la dépouille de son roi, et le voyage de Souba qui s'apparente à une quête initiatique et qui fera sens une fois sa promesse acquittée.

*
Un récit court, mais dense. J'ai été touchée par l'écriture de Laurent Gaudé, par la beauté des mots et des phrases qui coulent rendant le récit mélodieux.
En quelques mots bien choisis, Laurent Gaudé nous parle de la folie des hommes habités de sentiments cupides ou haineux, de la futilité de la guerre pour des raisons d'égo et de fierté, mais aussi de transmission.

Que transmet-on à nos descendants ? des souvenirs ? l'amour ? la haine ? des biens matériels, des terres, un royaume ? la gloire ? des alliés ?

« La mort du roi Tsongor » est le premier roman que je lis de l'auteur, mais sûrement pas le dernier. Un beau roman tragique que je vous conseille chaudement.
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En lisant ce livre, je ne savais pas dans quoi je me lançais.
J'avais déjà lu un ouvrage de cet auteur, il ne m'avait pas emballé, mais j'avais apprécié son écriture. J'ai bien fait de persévérer, il en valait la peine.
J'ai beaucoup aimé ce conte de 200 pages. Un petit roman qui me donne envie de lire une plus grande aventure.
J'ai été touché par le récit, les combats, et la stupidité des hommes…
Un auteur à suivre !

Bonne lecture !
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Le roi Tsongor promet sa fille Samilia en mariage au prince Kouamé, sans se douter que celle-ci enfant, s'était engagée avec un autre, Songo Kerim. Ce dernier revient la veille de l'événement réclamer sa main.
Ni Tsongor, ni Samilia ne tranchent publiquement, croyant éviter un affrontement armé. En vain. C'est le début d'une guerre sans fin qui ébranlera la cité de Massaba.
La tragédie est à son comble car les motifs du conflit dépasseront la question des sentiments pour devenir une bataille d'honneur, une bataille d'orgueil. En face, un roi qui préfère "s'éclipser" plutôt que de constater la décadence de ce qu'il battit avec tant d'ardeur et de fureur.
Un excellent roman servi par une plume épique.
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« L'honneur, c'est comme les allumettes : ça ne sert qu'une fois ».
La mort du roi Tsongor sera scellée par deux serments : celui de sa fille, alors une enfant, et le sien, père aimant de celle qui sera devenue une femme honorable. Des promesses de mariage qui ne pourront honorer deux hommes, qui blesseront les fiertés de ceux qui cracheront sur le visage de cendres de cette femme déshonorée et sacrifiée en « femme de guerre qui fait naître la haine et le combat ». De cette folie appelée honneur naîtra une tragédie, un brasier qui consumera le royaume de Tsongor, dans ses cendres se connaîtra et sera apprise la honte et dans le grand craquement d'une dernière allumette elle sera acceptée et l'honneur sauf.
La mort du roi Tsongor est un conte homérique empreint de philosophie et de spiritualité qui se déroule en une terre africaine fantasmée. Ce court récit de Laurent Gaudé est une tragédie antique et théâtrale d'une beauté remarquable. Un conte envoûtant inoubliable.
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Dans une Afrique imaginaire et mythique, le vieux roi de Massaba s'apprête à marier sa fille Samilia. Mais en ce jour de joie, surgit un deuxième prétendant qui rappelle à la jaune fille ses promesses d'enfant. Commence alors une guerre pour la possession de Samilia qui devient très vite un prétexte à leur goût du sang.
Tsongo se suicide mais reste tout le roman dans un entre-deux, n'ayant pas reçu la pièce permettant de payer son passage. Il assiste avec Katabolonga, son double, ancien ennemi à la destruction de sa ville et de tout ce qu'il avait construit.
Seul Souba son plus jeune fils pour exécuter la promesse de son père de lui construire sept tombeaux, échappe à cette violence,cette haine et ce désir de vengeance qui seul devient le moteur de cette guerre. Souba dans une quête initiatique découvre qui était son père ainsi que la face sombre de l'humanité.
L'Hubris s'est emparée des hommes.
Un magnifique roman à la fois conte, épopée, tragédie, poésie.
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