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Citations sur Nous, l'Europe : Banquet des peuples (75)

L'Europe sait très bien hésiter.
Visage laid,
Impuissance confortable.
Nous le connaissons bien, ce désir de ne pas agir.
Il est là, en nous,
Se nourrit de notre nombre,
De la complexité du monde,
Flatte notre confort.
Il est là,
Jour et nuit,
C'est notre plus proche ennemi.
L'indifférence s'empare des peuples fatigués
Et les assèche, les diminue...
Que peut l'Europe contre la fatigue de ses propres
peuples?
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Nous savons ce que c'est que de disparaître,
Nous l'avons vécu si souvent :
La menace barbare,
Les Empires qui chutent.
Nous savons ce que c'est que d'avoir régné en maître,
Et de s'évanouir ensuite dans l'immensité du temps.
Chacun de nos pays a connu la lumière et la ruine.
Mais il y a autre chose,
de plus sombre :
Ce que l'homme peut faire à l'homme.
Tueur méthodique,
Inventeur de la mort à cadence d'usine.
Nous savons.
Ici sur cette terre d'Europe,
L'optimisme a été tué
et cela fait de nous
Des héritiers de l'angoisse.
(extrait wir, asche)
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L'Europe, c'est une géographie qui veut devenir philosophie,
Un passé qui veut devenir boussole.
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Et le 24 octobre 1929,
Tout s'écroule.
L'Europe arrête de danser :
La musique qui venait de New-York vient de dérailler.
Jeudi noir,
Puis, mardi noir, pire encore,
Puis, hiver noir, à ne plus pouvoir s'en relever,
Puis, Grande Décennie noire
Qui fera trembler les peuples.
Brouettes d'argent et vies ruinées.
L'Europe cul pas-dessus tête.
Non pas de ses blessures
Mais d'une hémorragie de billets.
Et tout se tend,
Les visages,
Les discours,
Les files de chômeurs grandissent.
Dépêchez-vous encore de jouir,
Si vous pouvez,
Mais déjà le cœur n'y est plus.
L'ivresse a été de courte durée.
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La guerre revient.
Elle ne creusera plus la terre en tranchées,
Elle va prendre possession du ciel.
Chaque pays entreprend de tapisser de bombes le territoire ennemi.
Les villes ont l'air si petites vues d'en haut :
Des damiers de vies serrées en noir et blanc.
Le siècle se remplit du son des Stukas,
Qui tombent en piqué sur les routes et les destins.
Les villes vivent au rythme des alertes.
Le Reich avance,
Avale les terres,
Multiplie les prises de guerre,
Plante son drapeau sur la Grand-Place de Bruxelles
et au Trocadéro.
Ceux qui résistent encore sont bombardés.
Il faut terrifier les populations et casser le moral de l'ennemi.
Puisque l'Angleterre est la seule à relever la tête, c'est
sur elle que se concentre la fureur des bombes.
Chaque jour désormais,
Les avions viennent larguer le feu et la mort.
Chaque jour,
On livre bataille dans le ciel inquiet d'Angleterre.
L'East End brûle dans un enfer de crépitement et
de hautes flammes.
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Nous avons des héros en partage:
La cellule Manoukian qui parlait tous les accents mais saignait en français.
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Oh, les villes qui changent...
Plus que tout, peut-être,
Nous sommes enfants de l'expansion monstrueuse des villes,
Qui deviennent monde,
Qui deviennent lumière, scène de théâtre,
Et taudis innommables.
II faut imaginer cela :
Les quartiers puants de Paris,
Les grandes halles où ça sent la viande et le sang froid.
Il faut imaginer les chevaux partout,
Quatre-vingt mille chevaux à Paris,
Ça en fait, du purin !
Il en faut des cantonniers et des balayeurs...
Plus de six cents, rien que pour venir à bout du crottin quotidien.
Les villes sentent encore la bête,
Mais plus pour très longtemps.
On espère Ies voitures,
Et Haussmann taille ses crayons pour tirer des traits bien droits dans la capitale.
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Et déjà certaines vies valent moins que d'autres.
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Jamais la rue politique n'a été si violente,
En Allemagne,
En Italie,
Jamais autant de bagarres, d'intimidations, de coups
de poing et de cassages de gueule,
Jamais autant de vitrines brisées,
De bureaux saccagés,
Et de meurtres.
Car on se met à tuer de nouveau.
De façon ciblée :
Syndicalistes,
Opposants,
Journalistes,
Penseurs.
On tue toute ce qui ressemble à de la démocratie et
de l'intelligence,
Et Rome s'habitue,
Berlin s'habitue.
Presque un mort par jour...
Matteotti, assassiné.
Walther Ratheneau, assassiné.
Les frères Rosselli, assassinés.
Tant d'autres qui n'ont plus de nom au regard de
l'Histoire.
Elle est légère, l'Histoire,
ça l'ennuie vite, ces listes infinies de victimes,
Elle brasse large et avance.
On ne peut pas tous les retenir, ces noms,
Il faut en prendre son parti.
Parti national fasciste
Voilà ce qui vient.
ça va vite.
Mouvement des travailleurs nationaux-socialistes,
Chanteurs à la main tendue,
Uniformes rutilants,
Et faces tournées vers le Guide.
Oh, comme il est bon d'obéir à nouveau.
Rien n'est plus beau que d'être à l'unisson,
Marquer le pas
Et bastonner l'ennemi.
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Comme elle est étrange, cette Europe,
Ce n'est pas ainsi que l'Histoire fait naître les pays ou les empires d'ordinaire...
Il y a toujours une révolution,
Un embrasement,
Une volonté populaire qui renverse tout.
Là, non.
L'Europe est née sans que les peuples la scandent dans les rues
Et c'est nouveau.
L'Europe s'est construite sans l'engouement des peuples,
Par prudence,
Parce que l'engouement des peuples avait mené au crime.
Parce que la passion en politique avait mené aux grands discours qui fanatisent les foules.
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