Citations sur Nous, l'Europe : Banquet des peuples (75)
Réjouissez-vous, peuples,
Les généraux tombent,
Et désormais vos chants de lutte sont des hymnes de liberté.
Terres lointaines d’épreuves,
Noms de lieux devenus cicatrices.
Venez…
Venez,
Dépêchez-vous, Fracas et utopie,
Apportez tout avec vous.
Que l’Europe redevienne l’affaire des peuples
Ce sera heureux.
Approchez,
Chauffe,
Tourne,
Comme à l’origine
Mais non pas de vapeur sueur, cette fois,
Non, de rage et d’idées.
Chauffe, tourne.
C’est cela que nous voulons :
Que l’ardeur revienne.
Que l’Europe s’anime,
Change,
Et soit,
À nouveau,
Pour le monde entier,
Le visage lumineux
De l’audace,
De l’esprit,
Et de la liberté.
Hue !
Il faut aller plus vite,
Plus loin.
Les yeux rivés, toujours, sur ses voisins.
Avoir l'avantage.
Ne pas se laisser distancer.
Il faut être celui qui éclaire, influence, domine;
Hue !
La rivalité pour seule règle.
On appelle ça libre-échange, vous connaissez ?
Sommes-nous vieux ?
Sommes-nous jeunes ?
Quel âge avons-nous vraiment ?
Parfois vieillards,
Parfois jeunesse élancée,
Nous sommes héritiers de tant d'années accumulées,
Longue fossilisation de langues, de cultures,
Dépôts successifs de tant de passés qui se sont mélangés, enrichis, superposés,
Des strates de guerres,
De commerce,
D'échanges
De conquêtes,
Nous sommes fils et filles de la sédimentation des siècles,
Quel âge avons-nous vraiment ?
Les frontières ont bougé,
Les pays ont grandi,
Les empires chuté,
Nous sommes traversés d'un long fleuve d'Histoire qui nous donne l'épaisseur du temps,
Peut-être sommes-nous cela : des enfants vieux,
Alliance de la fatigue et de l'enthousiasme,
Qui peut désigner le jour exact de notre naissance ?
L'Europe sait très bien hésiter.
Visage laid,
Impuissance confortable.
Nous le connaissons bien, ce désir de ne pas agir.
Il est là, en nous,
Se nourrit de notre nombre,
De la complexité du monde,
Flatte notre confort.
Il est là,
Jour et nuit,
C'est notre plus proche ennemi.
L'indifférence s'empare des peuples fatigués
Et les assèche, les diminue...
Que peut l'Europe contre la fatigue de ses propres
peuples ?
Vous parlez d'un élargissement trop soudain ?
D'une adhésion qui aurait dû être plus progressive ?
Mais comment était-ce possible ?
Aux frères retrouvés, il aurait fallu dire : "Attendez..." ?
Aux vies qui sortent de quarante ans de peur, il aurait fallu dire : "Patience" ?
En 1989,
L'Europe a souri d'un visage large,
Fière,
Comme cela ne lui était jamais arrivé.
Notre continent a inventé des cauchemars, fait gémir ses propres peuples, mais il a aussi su faire naître des lumières qui ont éclairé le monde entier.
Nous sommes traversés d’un long fleuve d’Histoire qui nous donne l’épaisseur du temps.
Il faut travailler charbon et ça ne s'arrête jamais parce que dans les mines, il n'y a pas de saison.
Et, à la fin, crever grisou ou crever craché, c'est selon.
Gueules noires, gueules cassées.
Longue lignée qui s'use.
Morts, vivants, on finit par ne plus très bien savoir.
Une vie entière dans les entrailles de la terre pour que d'autres vivent en pleine lumière.