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Citations sur Nous, l'Europe : Banquet des peuples (75)

Oh, les terres de convulsions…
Tant d’évènements,
D’agitations,
Tant de destins avalés…
Et vous trouvez que nous vivons dans une période troublée?
Mais quelle génération a connu plus de calme et moins de dangers?
Les deux siècles qui nous précèdent ne sont que courses, fièvre, assauts et révolutions.
Les siècles qui nous précèdent sont des ogres qui ont avalé le courage et le génie par vies entières.
Et nous sommes là,
Nous,
Avec ces mots qui nous ont été légués: « Nation », « Egalité », « Liberté »,
Que nous contemplons avec fatigue.
Depuis si longtemps nous sommes citoyens de l’ennui.
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Depuis quelque temps, l'Europe semble avoir oublié qu'elle est la fille de l'épopée et de l'utopie. Elle s'assèche de ne pas parvenir à le rappeler à ses citoyens. Trop lointaine, désincarnée, elle ne suscite souvent plus qu'un ennui désabusé. Et pourtant, son histoire est celle d'un bouillonnement permanent. Tant de feux, de morts, tant d'interventions et d'art, aussi. La littérature, peut-être, peut nous rappeler cela : que le récit européen est histoire de muscles, de verve, de ferveur, de colère et de joies. Les mots de la littérature, peut-être, peuvent replacer au coeur du récit la conviction et l'élan sans lesquels rien ne se fait. (p. 7)
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La révolution industrielle n’a pas inventé que des machines,
Elle a aussi inventé le prolétariat et la colère.
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Les nations se servent, les individus aussi.
Tout un pays pour un seul homme, vous croyez que c’est impossible?
Savez-vous à qui est le Congo?
« Propriété privée du roi des Belges ».
Léopold II,
Crachez sur son nom,
Avec sa belle barbe
Et son nez d’officier.
Pas « colonie Belge »,
Non,
« Propriété du roi »
Léopold II
Crachez sur son nom
C’est son jardin, le Congo,
Son terrain de jeu.
Et il n’aime pas les mains, Léopold,
Crachez sur son nom
En tout cas pas celles des noirs
Il doit trouver ça superflu…
Alors il les fait couper,
A grande échelle.
Pour tout travailleur Africain qui ne ramènerait pas assez de caoutchouc ou se serait enfui,
Pour tous les paresseux, les réfractaires,
Sanction!
Toujours la même:
Coupez!... Coupez!...
Vous trouvez ça monstrueux?
Pourtant, Léopold II a des statue à son effigie,
De ci de là,
Crachez sur son nom,
Place du trône à Bruxelles,
Place Wiertz à Namur
Une avenue à Paris qui donne sur la place Rodin.
Ce que nous avons mangé a fait de nous ce que nous sommes
Et pendant des siècles nous avons mangé le monde
Nos pays ont fait la course
Pour s’approprier les matières premières.
Etre celui qui vend et non celui qui achète,
Celui qui décide et non celui qui subit.
Tout s’est joué là pendant des décennies.
Qu’avons-nous fait lorsque nous avons régné?
Nous nous sommes bâfrés.
Et comme nos pays étaient trop petits,
Nous avons inventé la Conférence du Découpage,
C’est un modèle qui resservira,
Que l’on déclinera à souhait:
Quatre ou cinq hommes autour d’une table,
Une carte d’état-major dépliée,
Des verres de whisky et des cendriers, parce que les nuits de négociation sont parfois longues,
Et une règle pour pouvoir tirer des traits sur les pays à partager.
A toi,
A moi,
Des villes,
Des peuples,
Des civilisations entières,
D’un coté ou de l’autre,
A toi,
A moi,
Selon l’humeur et le rapport de force.
A Berlin en 1885, ils sont tous là: Français, Italiens, Anglais, Espagnols, Belges, Danois, Hollandais, Portugais, Russes, Norvégiens, Ottomans, Américains, Austro-Hongrois,
Devant une énorme assiette,
L’Afrique
(…)
La règle est simple: tant qu’il n’y a que des Noirs, c’est à nous.
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Depuis quand l’Europe a-t-elle perdu le sommeil ?…


Depuis quand l’Europe a-t-elle perdu le sommeil ?
Quand a-t-elle commencé à tendre l’oreille ?
Depuis quand est-elle inquiète,
Sujette aux cauchemars ?
« Il y a moins de sommeil aujourd’hui dans le mondé *. »
Écoutez la voix de Stefán Zweig,
Fils d’une culture qui bientôt n’existera plus.
Le monde ne sait plus dormir,
Tout n’est plus que fracas, nerfs à vif et couleurs vives.
Ça frémit sous les doigts des peintres.
L’homme est un cavalier bleu.
Die Brücke,
Der Blaue Reiter,
Inquiétude des formes.
Les corps se tordent,
Les bouches s’ouvrent grandes,
Jaillissement de rouge, de vert, de bleu insomniaque,
Tout s’inquiète
Et le monde, de plus en plus souvent, parle d’une voix de régiment.


* Le monde sans sommeil de Stefán Zweig
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Indésirables

Dans tant de villes, de régions, de campagnes, il faut fuir.
Pour tant d'hommes et de femmes, il faut essayer de se mettre à l'abri.
Des familles entières quittent tout pour rejoindre la France, la Suisse, l'Angleterre,
Ou passer aux Etats-Unis.
dès qu'ils sont sur les routes, ils ont un nom nouveau : "Indésirables" .
Le continent devient une carte compliquée de points de passage, de barrages et de frontières fermées. (p. 87)
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"Charbon",
Signera le siècle,
C'est toujours la même histoire :
Une époque se choisit une matière première et s'en
gave.
L'Europe s'est faite avec le charbon.
Les villes où nous habitons,
Les guerres que nous avons faites,
Les objets qui ont accompagné nos vies,
Ont longtemps porté ce nom : charbon.
Tout le monde en veut.
Il faut creuser.
Gueules noires,
En Angleterre, au pays de Galles, en Wallonie ou
en Pologne.
De père en fils,
De grand-père en petit-fils.
Gueules noires de femmes en femmes aussi.
Noires de frotter les linges souillés,
De vider la bassine au pied du lit où le mari crache
ses toux de nuit.
Gueules noires par famille entière.
Les usines tournent,
Machines à engloutir du charbon de bois,
Machines à bouffer des vies.
Peuple de gars fiers.
Descendre à la mine, remonter à la lumière,
Toute une vie comme cela,
Au pied de ces terrils qui poussent comme des
mausolées pour les tousseux.
Il faut travailler charbon et ça ne s'arrête jamais
parce que, dans les mines, il n'y a pas de saison.
Et, à la fin, crever grisou ou crever craché, c'est selon.
Gueules noires, gueules cassées.
Longue lignée qui s'use.
Morts, vivants, on finit par ne plus très bien savoir.
Une vie entière dans les entrailles de la terre pour
que d'autres vivent en pleine lumière.
Ce mot,
Charbon,
Pour dire le changement du monde.
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Elles sont nombreuses, les villes d'Europe qui sont mortes par le ciel.
Varsovie,
Guernica,
Rotterdam,
Belgrade...
En quelques minutes,
Le temps d'un vol,
Les bombes tombent par grappes lourdes.
Au hasard, la vie, la mort,
Au hasard, anéanti ou rescapé.
A Stalingrad,
Un déluge inconcevable fait plus de quarante mille morts en deux heures.
Elles sont nombreuses, les villes à souffrir et à mourir.
Athènes crève la bouche ouverte.
Megalos limos.
On meurt de faim à l'ombre du Parthénon et les rues sont maigres.
Et lorsque ce sera au tour de l'Allemagne de vaciller,
C'est encore par le ciel qu'on la châtira.
Cologne,
Lors de la Tausendbombernacht,
Essen,
Berlin.
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Nous avons des héros en partage
Qui ont plongé dans le chaos
Pour enfanter notre plus grande patrie.
Ils se sont opposés de toute leur vitalité
Aux vociférateurs en bras de chemise,
Aux marcheurs en cadence,
Aux petits notables de la collaboration,
Et aux tortures en sous-sol.
Nous avons des héros en partage
Qui nous ont légué un continent plus vaste qu'un
pays
Une terre que nous devons habiter,
Pour eux,
"Dans le vent de l'intelligence."*

*Hommage à Camus (lettre à un ami allemand)
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Depuis quelque temps, l’Europe semble avoir oublié qu’elle est la fille de l’épopée et de l’utopie.
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