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Jean-Marc Albert (Autre)
EAN : 9782715803091
576 pages
Balland (30/11/-1)
4.15/5   49 notes
Résumé :
Au premier siècle après J.-C., à des milliers de kilomètres de Rome, sur la lande balayée par les vents, au bord des rivages inhospitaliers d'Albion, vivent des tribus celtes, aux moeurs rudes, farouchement attachées à leur indépendance.
A la mort de Cunobelin, ses trois fils se disputent la succession. Profitant de ces querelles intestines, les légions romaines débarquent, écrasent les barbares, incendient leur place forte.
Accompagné de sa femme et d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Entre 55 avant JC et 61 après JC, Rome étend son pouvoir sur la Britannica, qui représente la partie sud de l'île de Grande-Bretagne.

Ça ne se fait ni dans l'unanimité, ni dans l'harmonie.
Les tribus autonomes en présence choisissent soit une alliance de plus en plus forte avec Rome, soit de s'en tenir le plus éloignées possible.

Les premières trouvent leur intérêt dans les échanges commerciaux qui enrichissent leurs seigneurs et leur souverain, l'abandon progressif d'un mode de vie traditionnel et de pratiques religieuses ancestrales au bénéfice de la "Roman way of life".
Les secondes souhaitent rester étrangères à l'influence romaine, protègent et cachent les druides, cherchent à préserver leur façon de vivre au sein de leurs tuathas (= famille, clan, peuple, nation).
Pour certaines, un accès plus difficile à leurs territoires favorise cette volonté.

Avec Les Seigneurs de la lande, Pauline Gedge se penche plus spécifiquement sur la période comprise entre 32 et 61 après JC, qui voit se soulever des tribus d'ordinaire alliées de Rome, et de remarquables tentatives d'union des royaumes d'Albion contre Rome, ses empereurs et ses implacables légions.

Ces trente années constituent un moment charnière pour l'hégémonie romaine sur l'Europe et pour la Grande-Bretagne. Les autres peuples ont plié, ces îles viennent naturellement comme un aboutissement dans l'esprit d'Auguste et de ses successeurs Tibère, Caligula, Claude, Néron.

Nous suivons le parcours de Caradoc (ou Caratacos, donc non, pas celui du Kaamelott d'Alexandre Astier !), second fils de Cunobelin, chef des Catuvellauniens très liés à Rome ; d'Aricia, fille unique du ricon des fiers et indépendants Brigantes, élevée dans la tuatha de Cunobelin avant d'être renvoyée dans sa tribu natale ; de Venutius, un autre Brigante ; de Prasutagos, ricon des Icènes, et de son épouse la fameuse Boudicca (ou Boadicée) qui accepte à contre-coeur l'alliance très étroite de sa tribu avec Rome parce que c'est le souhait de son pacifique époux... jusqu'à la mort de ce dernier.
Leurs destins s'entremêlent au gré des ententes et des prises de positions des tribus vis-à-vis de Rome, et de la volonté grandissante d'emprise des Romains sur tous les royaumes de la Britannica durant ces trente ans où le bruit et la fureur ne manquent pas.

Que sont-ils, ces habitants d'Albion ?
Des Barbares, dociles ou non, que Rome veut contrôler comme le reste de l'empire et dont elle attend qu'ils se dissolvent dans la Pax Romana.
Pax Romana, grande pourvoyeuse de pillages, d'esclaves, de déplacement de populations et de transferts dans les légions, sur les galères ou dans les arènes, un peu partout dans le vaste empire, n'hésitant pas à massacrer dans des proportions analogues et avec une brutalité égale à celle de ces "sauvages" qui lui tiennent tête.
L'Empire Romain et sa culture, son raffinement, sa grande expérience militaire, la discipline froide de ses légionnaires surentraînés.

Pauline Gedge raconte les prises de conscience, les retournements, les lâchetés, les erreurs commises, l'objectif d'union des tribus porté par les druides, auquel certains seigneurs adhèreront par idéal et d'autres par opportunisme.
Les liens unissant les tribus voisines, les obligations, les fonctionnements en miroir d'un royaume à l'autre participent de cette alchimie qui doit impérativement prendre pour résister.

D'un Conseil à l'autre, l'auteur peint ces rencontres, ces essais, ces ratés, ces revirements empêchant toute réussite.

La résistance des royaumes donne lieu à de terribles combats, à des batailles frontales que les tribus ne peuvent en aucun cas remporter, à un harcèlement des légions romaines contraire à leur conception de la lutte dans l'honneur mais dont l'efficacité affaiblit le pouvoir de l'empire.

Ses personnages sont complexes, tiraillés entre leurs sentiments et leurs devoirs, humains, tellement humains.
Ils prennent vie au fil des pages, et leur culture, leurs traditions, leur quotidien, Samhain qui ponctue le milieu de l'automne de ses rituels s'esquissent, se précisent sous nos yeux, nous deviennent familiers.

Nous traversons à leur suite les landes et les forêts, les montagnes si menaçantes pour ceux des plaines, les vallées encaissées, et le relief qui s'adoucit pour parvenir enfin au bord de mer dont le souffle iodé vient piquer les narines loin dans les terres.
Elle est si diverse et si belle, cette Britannica.

Comme toujours quand celui qui résiste semble si petit en regard de la machine qui le broie, j'ai été enthousiaste pour eux, découragée, déçue, révoltée, et j'ai voulu croire à ces alliances qui seules pouvaient offrir l'alternative au rouleau compresseur romain.
Malgré l'épuisement à rechercher un consensus qui leur glisse entre les doigts, à rassembler des carpes et des lapins, des tribus hardies et des tribus fragiles, des fières et des faibles, des indomptables et des conquises d'emblée.

Cette histoire de la mainmise de Rome sur la "perfide Albion", qui prendra des dizaines d'années, ne sera jamais complète et exigera des moyens gigantesques (dont la présence permanente de quatre légions, excusez du peu !), m'a énormément intéressée.
Si j'y ai retrouvé les ressorts habituels à tout échec (malheureusement !), j'ai vibré à chaque réussite, au plus petit lambeau de victoire, au moindre exploit pour y parvenir.
Et si l'amertume n'est pas absente de ces flamboiements, elle n'efface pas la témérité, l'héroisme de ces tribus farouches, confrontées à tellement plus organisé donc plus fort qu'elles.

Une belle lecture, qui m'a appris beaucoup et emmenée bien loin.
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Magnifique, une épopée qui vous prend aux tripes tellement elle sonne juste et vrai, un coup de coeur assurément !

Sous la plume de l'auteure, on assiste à la rébellion des tribus d'Albion contre l'envahisseur romain, rébellion sanglante et difficile car c'est toute une philosophie qui est remise en cause. La vie des clans étaient centrée sur l'honneur, la famille, la tribu et ses dieux et enfin, les druides, hommes et femmes de savoir et de sagesse ; l'honneur se récoltait en attaquant d'autres clans, en ramenant du butin, en se chamaillant avec fougue, en vivant en toute liberté. Et si certains ont succombé aux chants des sirènes romaines d'autres ont pris le taureau par les cornes et ont réalisé l'impossible : réunir sous une même bannière les clans rebelles.

Et c'est là que l'on rencontre Caratacos, roi des Catuvellauni, fils de Cunobelinos roi des Trinovantes qui le premier pointera du doigt l'horreur de la domination romaine. Par la force de sa parole, il arrivera à unir une partie des clans ce qui mettra en danger l'emprise de Rome. Défait par trahison, il terminera sa vie à Rome en rêvant de sa liberté perdue.

« Si le haut rang de ma naissance m'avait aussi donné la modération à l'heure de la victoire, c'est en ami que je serais entré dans cette ville, et non en prisonnier. Vous n'auriez pas hésité à accepter pour allié un homme d'une lignée illustre, à la tête de nombreuses tribus. La position dans laquelle je me trouve est humiliante pour moi. Pour vous, elle est un triomphe. J'avais des chevaux, des guerriers et de l'or. Que j'aie refusé de les perdre, qui s'en étonnera ? Faut-il donc, parce que vous voulez l'empire universel, que tous acceptent l'esclavage universel ? Si l'on me traînait ici comme l'un de ceux qui se sont rendus sans se battre, aucune gloire ne s'attacherait à ma chute ou à ma victoire. Si vous me punissez, on les oubliera toutes deux. » Discours de Caratacos devant l'empereur Claude à Rome extrait de Tacite.

Vient ensuite Venutius, époux de Cartimandua, reine des Brigantes, reine traîtresse qui donnera Caratacos aux romains. Devant une telle trahison, un tel abandon des valeurs profondes de leurs clans, Venutius va rejoindre les rebelles avec une grande partie du peuple Brigante et montrera à tous qu'il est de la taille d'un Caratacos. Mis hors jeu après de multiples escarmouches victorieuses, il restera avec d'autres rois, tapis dans l'ombre, attendant le bon moment…

Et enfin, Boudica, épouse de Prasutagus, roi des Icénes, roi honnête et droit qui croyait en une paix durable avec les romains. Et tant qu'il a vécu, ce fut le cas. A sa mort, les romains se sont jetés comme des vautours sur ce peuple paisible et « civilisé » et ont tout saccagé, volé, cassé, tué, violé,… Et la reine, fille de roi, s'est révoltée et là, les peuples du sud, depuis longtemps déjà sous domination romaine ont suivi. Car Rome, ce n'est pas juste des routes, des temples, des villes magnifiques, c'est aussi l'esclavage, la légion, les impôts et pour ces 'barbares', seigneurs et hommes libres, propriétaires de leur lopin de terre et ivres de liberté, c'est juste la mort assurée.

Une histoire vraie, des personnages bien compris et superbement décrits malgré le peu de sources disponibles, une maîtrise de la logique romaine ainsi que de l'insatiable soif de liberté des clans celtes, une plume acérée quand il faut, toujours vibrante et colorée, une émotion continue qui retient le lecteur jusqu'au bout, des larmes finalement qui coulent sur la liberté perdue à tout jamais.

Une histoire vraie, bouleversante et qui m'a fait réfléchir à notre époque où tous, on a soif de liberté et tous, nous sommes enfermés dans un carcan autrement plus puissant que celui des romains d'antan, le carcan des lobbies tout puissants qui dirigent notre monde...
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La célèbre Boudicca, reine celte vivant en Angleterre et qui se révolta contre l'occupation romaine, on connaît moins les années qui précédèrent, et qui virent progressivement s'accumuler le ressentiment de toutes les tribus qui se retrouvèrent sous le joug de Rome.
Dans ce livre, on fait connaissance avec les premières révoltes menées par Caradoc dont le royaume correspond à la Londres actuelle, aux trahisons de Cartimandua, reine des brigandes au nord de l'Angleterre qui, quant à elle, favorisa l'occupation romaine et livra à Rome les meneurs des insurrections, et on assiste au combat de la dernière chance, mené par Boudicca....
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Il y a peu de traces de la vie de nos ancêtres au 1ᵉʳ siècle (hormis à travers l'histoire des romains). Nous avons donc peu de référentiel pour se faire une idée de leur culture, et l'on ne peut qu'être surpris. 
Pauline Gedge nous fait vivre le quotidien des tribus d'Albion, leur organisation et leurs moeurs qui sont décrites avec une pertinence plausible. 
J'ai apprécié le fait de découvrir leurs us et coutumes bien particulières. C'est une lecture dépaysante, un peu déconcertante parfois mais c'est ce qui en fait une oeuvre intéressante, instructive et enrichissante. 
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Une fresque romanesque décrivant la lutte désespérée de quelques peuple du sud de l'Angleterre face à l'envahisseur romain.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Tog, tu étais faible et indiscipliné, tu piochais des deux mains dans le riche panier de la vie, et pourtant je t'aimais. Tu étais une étoile filante, tandis que moi… Il regarda ses doigts sales et tremblants… Moi je suis enchaîné à la terre et mes mains n'atteindront jamais les étoiles.
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Caradoc écarta les broussailles et les ronces et se retrouva enfin à l'air libre, échappant à l'obscurité menaçante de la forêt. Soulagé, il remit son épée au fourreau, resserra sa cape, et s'asseyant un instant sur la rive en pente douce, observa la rivière maussade. Il avait tourné en rond dans les halliers touffus et un instant, il s'était cru perdu.
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Rome nous apporte tout, sauf le droit si précieux de choisir notre destinée. Nous ne méritons le nom d'hommes que tant que nous savons conserver une dignité que confère la liberté.
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