Ce roman se base sur un matériau évoqué pour la première fois par
H. G. WELLS : la cavorite. Il a comme propriété d'être plus léger que l'air. C'est donc avec ce matériau que
Laurent Genefort a créé tout un monde utopique / steampunk où voitures volantes, voyages jusqu'à mars, sont de la partie.
A travers les yeux de ses 4 protagonistes, la découverte de ce monde capitaliste se fera. Chacun est bien différent et apporte un angle de vue intéressant. J'ai tout de même eu plus de mal avec un personnage en particulier. Georges est un jeune artiste... Qui n'a aucun talent, il va donc très vite devoir se débrouiller pour vivre dans Paris. Ce personnage m'était assez antipathique. Pourtant je trouve qu'il a apporté quelque chose d'intéressant à l'histoire, un point de vue "rebelle" voir anarchiste.
En dépit de dépeindre le monde, ces différents personnages nous présentent les différents parcours que pouvaient avoir un personnage dans ce Paris des années 20. Typiquement, on suit un autre personnage, un médecin qui nous montre une voix plus sombre, dans laquelle il a illégalement stérilisé des femmes. C'est le personnage typique que l'on aime détester.
L'éducation était bien présente, ainsi que le respect, l'amour et surtout la bienveillance à travers le personnage que j'ai préféré : Renée, une institutrice. Tout fraîchement arrivée, elle cherche un nouveau travail et entre temps fait refuge à un erloor, retrouvé blessé. Les erloors, provenant de Mars, sont des humanoïdes ailés ayant leur propre forme d'intelligence. Considérés comme inférieur, ils sont donc traités comme des animaux par les humains. À travers ces chapitres, le colonialisme nous est donc dénoncé : des êtres vivants chassés de leur terres et utilisés à des fins peu enviables.
Enfin, le dernier personnage principal (qui en regroupe en fait deux) est un policier qui enquête sur une contrebande de cavorite. En effet, ce matériaux étant au centre de l'économie, il est donc très prisé et détourné. Pour cette enquête, il fait appel à Marthe, une scientifique travaillant sur ce matériau, et qui l'aidera donc sur cette enquête. Encore une fois l'auteur nous dépeint ici parfaitement les travers d'une société du 20e siècle où le sexisme était de partie.
De plus, il nous imprègne aussi de cette époque grâce aux petites gazettes entrecoupants les chapitres des personnages, des articles relatant des faits divers concernant la cavorite.
Tout ça mélangé fut donc très intéressant à lire mais aussi très déroutant dans le sens où on n'avait pas de fil rouge précis et déterminé. Avec cette lecture, il faut savoir s
e laisser porter, essayer de deviner où l'auteur veut nous emmener et comment ces points de vues finiront par s'entrecroiser. Alors évidemment, j'ai trouvé le début un peu long à se mettre en place (sans être déplaisant) tandis que la deuxième moitié était beaucoup plus rythmée et donc entrainante.
Laurent Genefort à travers une plume maîtrisée nous dépeint donc une société dans laquelle, on ne jure que par la cavorite au dépend de l'humanité. Forcément, j'ai adoré la manière dont l'auteur pointe les différents travers : colonialisme, sexisme, politique, économie,etc. en réinventant le monde du 20e siècle (une première guerre mondiale qui n'avait pas les mêmes objectifs ou la même durée, un crash boursier qui survient à cause du matériaux...). Les personnages sont tous intéressants et ne sont tous ni bons ni mauvais mais des teintes de grises différents, parfois plus foncées que d'autres.
Si vous aimez avancer à taton vers une intrigue révélant ses mystères au fur et à mesure de l'histoire, les romans de sf qui portent sur une société critiquée et remodelée et suivre des personnages différents à bien des égards alors je pense que ce roman pourrait vous plaire !