Jamais deux sans trois. Voici le troisième roman de
Dorina Georgescu que je lis. Pour la traduction du titre, c'est un peu compliqué. La Halte du clown ? Cela pourrait convenir. (https://www.cnrtl.fr/definition/halte). Quoi qu'il en soit la signification du titre se veut profonde et légère à la fois. de l'autodérision à la métaphysique, il n'y aurait qu'un pas.
Eugen Stoian est Roumain (?!) et professeur (avec un doctorat) d'histoire. Il rencontre une Française, Cherie (sic !) à La Haye, au Pays-Bas (symbole de la Paix à mon humble avis), un an avant le présent de la narration qui coïncide avec un certain treize novembre à Paris, date à laquelle Cherie disparaît mystérieusement. Un coup de foudre pour le narrateur qui analyse longuement ses sentiments et ses émotions, souvent contradictoires. Plus il tente de trouver une explication rationnelle à cette perte, plus il échoue.
Des éléments quelque peu invraisemblables (Eugen n'a même pas une photo de Cherie, un oiseau le blesse alors qu'il est dans un appartement parisien) rendent le tout moins crédible que dans les précédents romans de l'autrice, mais l'humanisme idéaliste finit par triompher et le simurgh final apparaît comme un oiseau de bon augure.
Des réflexions du narrateur sur la guerre (qui le conduisent à des affrontements d'idées avec son père, ancien militaire), sur l'amour, sur l'évolution de l'humanité, émaillent la narration, renforçant le sentiment d'introspection et de questionnements sur le sens de la vie, sur l'harmonie (terme qui revient fréquemment dans le texte) et la paix.
Eugen semble en proie à une véritable crise existentielle qui le conduit à changer de vie, au point de démissionner (je ne dévoile pas la véritable raison de cet acte).
Un besoin viscéral d'exister à travers des passions nouvelles (la peinture, la revue d'histoire, les fouilles archéologiques) va naître chez le narrateur.
J'ai beaucoup apprécié la référence au poème le Gant de Friedrich Schiller ou celle à Blowing in the wind de
Bob Dylan.
Très émouvant l'extrait du témoignage sur Auschwitz d'Olivier Lustig (cité dans la préface du livre de
Matei Gall,
Rescapé. de la Shoah au stalinisme. Témoignage, cf. ma citation) ou bien celui de Dina Mironovna Pronichev.
Au final une écriture simple, mais efficace qui m'a encore procuré beaucoup de plaisir et m'a fait voyager (pour le final du roman) dans un endroit inattendu.