Un livre sur le deuil et la renaissance basé sur le récit biblique consacré à Tobie qui ouvre vers les mystères de l'initiation et l'aide apportée par les anges.
La langue poétique et enluminée de l'auteure apporte l'esthétique et le merveilleux qui aide les humains depuis la nuit des temps à trouver consolation et espoir lorsque tout sombre dans leur vie. Tobie modernisé en orphelin revient pour porter un message d'espérance riche en symboles.
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Dans la région des marais Poitevin, sous la pluie battante, un petit garçon roule sur son tricycle. Il s'en va comme un beau diable, c'est son père qui l'a voulu. Ce petit garçon, c'est Tobie. Sa mère a perdu la tête (littéralement) lors d'un accident à cheval et le père de Tobie, Théodore, en perd lui aussi la tête. La douleur l'emporte et c'est à Déborah, l'arrière-grand-mère, de veiller sur le petit-garçon. Elle-même a connu bien des malheurs et des pertes. Devenu adulte, Tobie prend la route pour Bordeaux à la demande de son père, en compagnie de Raphaël, personnage énigmatique qu'il rencontre sur son chemin. Tobie va croiser également la route de Sarra, une jeune femme mystérieuse, poursuivie par une étrange malédiction.
« Tobie des marais » est inspiré du « Livre de Tobie », un livre de l'Ancien Testament. Les personnages d'ailleurs ont conservé pour la plupart le nom de leur modèle biblique et chaque chapitre du roman - à l'exception du deuxième - est précédé d'une citation du "Livre de Tobie" . Référence biblique donc pour ce roman de Sylvie Germain qui une nouvelle fois nous emporte dans un récit à la lisière du conte et du fantastique. J'ai aimé retrouver cet univers si cher à l'auteur, où l'histoire et les mots se complètent pour créer une atmosphère très particulière.
Les personnages tout d'abord semblent sortir d'une légende. La destinée de la famille de Tobie est marquée par la malédiction, frappant tout d'abord l'aïeule Déborah et ses proches. La mort d'Anna ensuite, la mère de Tobie, nous laisse sur la vision d'une femme sans tête chevauchant pour l'éternité sa monture. On ne retrouvera pas sa tête… Puis Raphaël, tout comme l'archange Raphaël de la Bible, accompagne Tobie afin de veiller sur lui et le mener sur le chemin de la rédemption. Et enfin Sarra, poursuivie par sa propre malédiction, qui avec l'amour de Tobie tentera de contrer le mauvais sort.
C'est ensuite l'écriture toute en poésie de Sylvie Germain qui donne corps à ce texte où irrationnel et réel se côtoient : références bibliques donc mais aussi passages fantastiques, descriptions magiques, légendes de la culture yiddish … le style de Sylvie Germain arrive à point nommé avec ce qu'elle nous raconte, il produit son effet et l'envoûtement est garanti.
Entre le réel et le merveilleux, « Tobie des marais » est un roman d'amour et d'amitié, de malheurs et de rédemption. Il est un des romans qui, pour ma part, représente le mieux l'univers si particulier de l'auteur, nourri de mythes et de légendes auxquels elle redonne vie. Et j'aime beaucoup.
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Déborah, polonaise, arrière grand-mère de Tobie est refoulée à Ellis island lors de sa tentative d'immigration. Elle s'installe dans le marais Poitevin où elle subit une sorte de malédiction qui décime toute sa famille proche et s'étend à Théodore, son petit fils. Tobie, aidé par Raphaël parviendra finalement à interrompre ce mauvais sort, simultanément à celui qui frappe également Sarra. L'auteure s'est inspirée d'un texte de l'ancien testament pour sa trame romanesque et donne libre cours à son imagination poétique avec un grand talent littéraire qui ravit le lecteur.
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Ce livre revisite l'histoire de Tobie (ancien testament), avec une bonne dose de surnaturel, d'onirisme et de merveilleux.
Un début accrocheur : la mère de Tobie vient de mourir décapitée, son père cherche partout la tête de sa femme, pendant que leur fils Tobie pédale vers une direction incertaine : son père lui a dit d'aller au diable. Arrive alors un Raphaël androgyne aux cheveux longs qui va accompagner Tobie sur son chemin de vie.
Le début haletant, original et rythmé m'a laissée dans une attente qui ne s'est pas poursuivie. le suspens et l'action ne sont pas centraux dans ce roman. Il ne s'agit nullement d'un thriller, mais bien d'un récit allégorique assez lent où s'entremêlent sorcellerie, spiritualité et fantasmagorie.
La mort est omniprésente, tout comme les références religieuses. le style, très travaillé et poétique, enveloppe l'histoire d'une aura irréelle et légendaire, avec de nombreuses descriptions sur la nature, le ciel, les nuages, ambiance entre conte, folie et texte biblique que confirment des malédictions, métaphores et souvenirs, comme par exemple les visions de l'aïeule Déborah.
Le travail littéraire est indéniable. Ceci étant, la prose poétique insistante et omniprésente éloigne souvent du concret, voire du sens. le procédé stylistique, un peu trop systématique même s'il est réussi, m'a parfois fait perdre le fil de la narration. On oublie presque qu'à côté d'une histoire familiale, c'est aussi un roman d'apprentissage avec un jeune Tobie à l'enfance malmenée.
Malgré tout, le travail sur la langue permet une musicalité et une approche artistique dont j'ai apprécié l'atmosphère ensorcelante et symbolique.
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