Citations sur Les nourritures terrestres - Les nouvelles nourritures (306)
Agir sans juger si l'action est bonne ou mauvaise. Aimer sans s'inquiéter si c'est le bien ou le mal. Nathanaël, je t'enseignerai la ferveur.
Choisir, c'était renoncer pour toujours, pour jamais, à tout le reste et la quantité nombreuse de ce reste demeurait préférable à n'importe quelle unité. De là me vint d'ailleurs un peu de cette aversion pour n'importe quelle possession sur la terre; la peur de n'aussitôt plus posséder que cela.
Ah! Ménalque, avec toi j'aurais voulu courir encore sur d'autres routes. Mais tu haïssais la faiblesse et prétendais m'apprendre à te quitter.
Lorsque je considère et pèse ce mot Dieu que j'emploie, je suis forcé de constater qu'il est à peu près vide de substance; et c'est bien là ce qui me permet d'en user si commodément. C'est un vase informe, à parois indéfiniment extensibles, qui contient ce qu'il plaît à chacun d'y mettre, mais qui ne contient que ce que chacun de nous y a mis. Si j'y verse la toute-puissance, comment n'aurais-je pas pour ce récipient de la crainte ; et de l'amour si je l'emplis d'attention pour moi-même et, pour chacun de nous, de bonté ? Si je lui prête la foudre, si j'attache à son côté l'éclair-glaive, ce n'est plus devant l'orage que je tremble et m'effraie, c'est devant Dieu.
Le malheur de chacun vient de ce que c'est toujours chacun qui regarde et qu'il subordonne à lui ce qu'il voit.
Familles ! Je vous hais ! Foyers clos ; portes refermées ; possessions jalouses du bonheur.
Je t'aurai passionnément aimé, désert de sable. Ah ! que ta plus petite poussière redise en son seul lieu une totalité de l'univers ! - De quelle vie te souviens-tu, poussière ? désagrégée de quel amour ? - La poussière veut qu'on la loue.
L'infinie variété des paysages nous démontrait sans cesse que nous n'avions pas encore toutes les formes du bonheur, de méditation ou de tristesse qu'elles pouvaient envelopper. Je sais que, certains jours d'enfance, lorsque j'étais encore parfois triste, dans les landes de la Bretagne, ma tristesse parfois s'est soudain échappée de moi, tant elle se sentait comprise et reçue en le paysage - et qu'ainsi, devant moi, je la pouvais délicieusement regarder.
Ah ! Comme j'ai donc respiré l'air froid de la nuit, ah ! croisées ! et, tant les pâles rayons coulaient de la lune, à cause des brouillards, comme des sources - on semblait boire.
Ah ! croisées ! que de fois mon front s'est venu rafraîchir à vos vitres, et que de fois mes désirs, lorsque je courais de mon lit trop brûlant vers le balcon, à voir l'immense ciel tranquille, se sont évaporés comme des brumes.