Citations sur Histoire intime de la Vᵉ République, tome 1 : Le .. (64)
Il faut savoir quitter les choses avant qu’elles vous quittent. CHARLES DE GAULLE
« Les Français sont des veaux, dit-il alors que, sous la IVe République, il s’est exilé à Colombey-les-Deux-Églises. La France est un pays de veaux… On ne fait rien avec un peuple couché. Les Français sont couchés et, voyez-vous, plus ils seront couchés, plus ils seront heureux. »
Moi aussi. Je suis entré à l’âge où il vaut mieux avoir mal partout au réveil. Sinon, c’est qu’on est mort.
L’année précédente, de Gaulle avait prédit à Malraux qu’après sa mort « on dressera une grande croix de Lorraine sur la colline qui domine les autres. Tout le monde pourra la voir et comme il n’y a personne, personne ne la verra. Elle incitera les lapins à la résistance ».
Depuis longtemps, de Gaulle soliloque devant les siens sur la nécessité d’une troisième voie entre le capitalisme qui transforme « l’homme en loup pour l’homme » et le collectivisme qui « en fait des moutons ».
Au conseil des ministres historique du 4 juillet, veille de la proclamation officielle de l’indépendance, de Gaulle expose en visionnaire, pour la postérité, la vraie motivation de sa politique : « On se rendra peut-être compte que le plus grand de tous les services que j’ai pu rendre à la France, ce fut de détacher l’Algérie de la France et que, de tous, c’est celui qui m’aura été le plus douloureux. Avec le recul, on comprendra que ce cancer allait nous emporter. On reconnaîtra que l’“ intégration”, la faculté donnée à 10 millions d’Arabes, qui deviendraient 20, puis 40, de s’installer en France comme chez eux, c’était la fin de la France.
Il ne manque que l’émotion. Salan aurait sans doute versé sa larme s’il n’avait eu l’habitude des éloges du Général. Il n’y a pas si longtemps, il a payé pour le savoir : c’est avec ce genre de discours que le Général embaume ceux qu’il considère comme morts.
Le même pessimisme sur la nature humaine qu’ils partageaient encore avec Napoléon qui affirmait : « On gouverne mieux les hommes par leurs vices que par leurs vertus. »
Même s’il n’a jamais été vraiment fasciné par Napoléon, de Gaulle est contraint de faire sienne, comme beaucoup de professionnels de la politique, une formule attribuée à l’Empereur : « On s’engage et puis on voit. » François Mitterrand, qui citait souvent cette formule, l’avait remaniée à sa façon : « On gagne et puis on voit.
Il fustige le principe d’assimilation au nom duquel la France fait réciter aux peuples colonisés : « Nos ancêtres les Gaulois » : « Ce n’est pas très malin. » « Voilà pourquoi, poursuit le Général, la décolonisation est tellement plus difficile pour nous que pour les Anglais. Eux, ils ont toujours reconnu les différences de races, de cultures […]. Nous, nous avons nié ces différences.