Histoire intime de la Vᵉ République, tome 1 : Le sursaut

Napoléon III avait un projet, un vrai, que de Gaulle aurait aimé mettre en œuvre. « La France aurait pu devenir la protectrice des intérêts musulmans depuis la Mauritanie jusqu’à l’Euphrate, dit de Gaulle, rêveur, le 19 décembre 1960, lors d’un déjeuner intime à l’Élysée avec les Peyrefitte et les Broglie. Elle aurait aidé tous ces pays à se moderniser, sans prétendre à les gouverner. » « Mais la politique de “l’Algérie française” a réussi, conclut-il, à nous mettre à dos tout le monde arabe.

Tout ce que je n’écris pas, je le renie », s’amuse-t-il un jour devant son futur ministre d’État Louis Jacquinot.

Il aime citer la formule de Chateaubriand : « Les forêts précèdent les civilisations et les déserts les suivent. » Est-il donc perdu pour la France ?

Certes, le pessimisme est une maladie sénile et l’optimisme une maladie infantile. Mais ce n’est pas la vieillesse qui m’amène à me tourmenter, c’est l’état de la France qui se meurt à petit feu dans un mélange de cynisme, d’effroi et de contentement de soi. La décadence française est en marche et l’on ne voit pas ce qui pourrait l’arrêter.