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Crossed : Terres maudites tome 11 sur 14
EAN : 9782809465600
160 pages
Panini France (13/09/2017)
3.33/5   3 notes
Résumé :
Nous remontons le temps jusquà la préhistoire afin de découvrir une des premières apparitions du virus qui infecte lhumanité. Entre les mains du scénariste Kieron Gillen (Dark Vador), Crossed na jamais été aussi sauvage !
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Crossed, tome 10 (épisodes 71 à 74, et numéro spécial 2014) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il contient les épisodes 75 à 80, initialement parus en 2015, écrits par Kieron Gillen, dessinés et encrés par Rafa Ortiz, avec une mise en couleurs du studio Digikore. Ces épisodes forment une histoire complète.

Quelques années avant le jour C (C-day, le jour de l'éruption de la contamination des Crossed), Washington (un étudiant en histoire) accompagne sa copine Amy à une conférence du paléontologue Nelson, avec leur pote Tommy. Celui-ci expose une théorie fantastique, pour expliquer la quasi extinction de la race humaine il y a 75.000 ans. Il ne souscrit pas à l'hypothèse du supervolcan Toba dont l'activité aurait conduit à la réduction de la population humaine à 2.000 individus ; il émet l'hypothèse de l'existence d'une autre race qu'il a baptisée du nom d'Homo Tortor.

Alors que l'épidémie de Crossed bat son plein, Washington et un groupe d'hommes armés (Ronnie, Warren, Lewis, Curtis) approchent de la base souterraine qui abrite les notes du professeur Nelson, contenant peut-être une piste de remède contre l'épidémie. En parallèle le lecteur suit les vicissitudes subies par Lio, Arrow et Sandstorm, 3 chasseurs, capturés par des Homo Tortor, il y a 75.000 ans.

Kieron Gillen est un scénariste ayant aussi bien écrit des histoires pour les Uncanny X-Men, que la série solo de Darth Vader (à commencer par Vader), ou encore les aventures pétries de mythologie d'un jeune Loki (voir Journey into Mystery), ou encore un récit historique comme ]]ASIN:1607069636 Three]], ou une série pétrie de références à la musique pop comme ASIN:1607069636 Three]], ou une série pétrie de références à la musique pop comme , ou une série pétrie de références à la musique pop comme The Wicked + the Divine. Dans une interview, il a déclaré qu'écrire une histoire de Crossed constituait un défi pour lui (du fait du niveau de violence et de sadisme), mais qu'il comptait bien le faire sans rien perdre de sa voix d'auteur.

Effectivement, Gillen introduit quelques éléments historiques, à commencer par cette diminution réelle du nombre d'êtres humains, ainsi que quelques animaux préhistoriques d'époque, tels que le Diprotodon (le plus grand marsupial de la mégafaune australienne du pléistocène). Mais sa personnalité d'auteur transparaît plus dans la manière dont il aborde les Crossed. Garth Ennis a créé une série reposant sur l'horreur inéluctable de ces zombies obscènes et barbares, laissant la bride abattue à toutes les pires pulsions de l'humanité. Jusqu'alors cette caractéristique conduisait les auteurs à donner la part belle aux horreurs les plus graphiques possibles. En feuilletant rapidement ce tome, le lecteur constate que les horreurs sont bien présentes, mais sans gros plan gore, ou surenchère dans l'obscène le plus explicite possible.

Pourtant à la lecture, les horreurs du récit sont cohérentes avec le sadisme débridé des Crossed, et l'effet choc atteint le lecteur de plein fouet. Kieron Gillen tient son pari en utilisant d'autres méthodes que l'horreur graphique. Il a choisi de développer 2 fils narratifs en alternance : celui au temps présent pendant l'épidémie de Crossed, et celui se déroulant dans la préhistoire. Dès le départ, il insuffle une solide personnalité à Washington en montrant que ses actions n'ont rien d'altruiste, qu'il n'hésite pas à mentir et à manipuler pour arriver à ses fins. L'auteur développe sa motivation de manière convaincante. Gillen maîtrise les caractéristiques de la série, puisque rapidement le lecteur constate que le personnage principal commet des actes dont l'immoralité n'a rien à envier à celle des Crossed, même s'il ne s'agit pas de barbarie ou de violence physique.

Le lecteur suit donc les actes de Washington pour survivre aux attaques de Crossed, tout en progressant vers son objectif qui est de retrouver les rapports du professeur Nelson. Rafa Ortiz utilise une approche de type réaliste pour dessiner. Il représente les êtres humains avec une morphologie normale, sans exagérer leur musculature, ou leur poitrine. Les tenues vestimentaires sont ordinaires et variées, avec une prépondérance des habits de type paramilitaires pour les membres de l'équipe menée par Washington. le lecteur peut identifier les modèles d'armes à feu, ainsi que celui de l'arc de type moderne. Cet artiste utilise une mise en page essentiellement sur la base de rectangles alignés et accolés. Il a parfois recours à des cases trapézoïdales pour accentuer un mouvement, ou des cases comme posées sur un dessin plus grand pour montrer la simultanéité des actions, ou accélérer le rythme de la lecture.

Il utilise un trait assez fin pour détourer chaque forme, sans aboutir à une impression d'inconsistance. En effet il ajoute des traits plus gras ou des taches noires pour donner du relief aux formes. le résultat est assez étrange. Dans un premier temps, le lecteur s'arrête à l'imprécision des dessins. Ces taches sont de formes irrégulières, un peu hirsutes, ce qui aboutit à un rendu pas très précis, en particulier au niveau des visages dont les expressions manquent de naturel. En même, ces taches produisent un effet de fatigue, de visages marqués par les horreurs contemplées, par le manque de nourriture, par la fatigue physique. Un fois habitué, le lecteur apprécie cet aspect rugueux des dessins qui rend bien compte des épreuves subies par les protagonistes. Ce mode de représentation trouve ses limites quand il doit représenter une forme très particulière comme celle du diprotodon (pas très convaincant).

Comme tous ses prédécesseurs, Rafa Ortiz doit choisir comment représenter les Crossed et leurs horreurs. Il avait déjà illustré une histoire des Crossed dans le tome 8, et il avait travaillé sur une autre série horrifique : Dan the unharmable de David Lapham. Conformément aux directives du scénariste, il met la pédale douce sur le gore en gros plan, et sur les détails d'éviscération, et autres plaies béantes. Il reste des représentations de ce type de sadisme, mais vues de loin, avec la même imprécision un peu sale que pour les personnages. Malgré tout, ce choix ne diminue pas le niveau d'horreur parce que les personnages (dans les dialogues, ou en pensée) apportent un commentaire, un jugement de valeur sur ces horreurs, leur rendant toute leur force.

Le scénario de Kieron Gillen comporte également des dessins pleine page ou en double page pour établir une vision d'ensemble d'un large paysage. Là encore, le mode de rendu d'Ortiz déconcerte. Il se contente parfois d'esquisser vaguement les formes, et de leur donner un peu de consistance avec un léger lavis. Contre toute attente (surtout par rapport à leur travail habituel), les studios Digikore accomplissent un remarquable travail de mise en couleurs qui complète et étoffe ces représentations, grâce à des camaïeux nuancés qui viennent donner du volume, et renforcer l'impression globale du dessin. D'habitude ils ont tendance à utiliser des couleurs saturées pour plus attirer le regard, et jouer sur des dizaines de nuances pour augmenter à fond l'impression de volume. Ici le travail est plus sophistiqué, et plus en phase avec les spécificités des dessins de Rafa Ortiz.

Ce mode graphique fonctionne bien aussi pour les séquences se déroulant il y a 75.000 ans, avec les Homo Tortor, une race beaucoup plus massive et musculeuse, face aux pauvres Homo Sapiens. Ortiz recrée de manière assez immersive cette époque préhistorique, et il a fort à faire car Gillen a introduit plusieurs éléments déconcertants. Jusqu'alors l'une des règles implicites des histoires de Crossed était que ces zombies constituaient la seule et unique différence avec notre réalité. Comme l'indique la couverture, Gillen a choisi d'intégrer un autre élément fantastique : l'Homo Tortor.

En fonction de son état d'esprit, le lecteur appréciera cette liberté artistique ou non. Il peut la rejeter en considérant qu'il s'agit d'un élément non voulu par Garth Ennis, et qu'en conséquence de quoi il est hors sujet. Il peut aussi accepter que Kieron Gillen s'en serve pour achever de faire sienne l'histoire. D'un côté, le début laissait croire que l'humanité avait été réduite à 2.000 êtres humains du fait d'une épidémie de Crossed, et que seule l'éruption du supervolcan Toba avait permis d'assainir tout ça. de l'autre côté, la couverture s'orne d'un représentant de la race de l'Homo Tortor, donc le lecteur n'est pas pris en traître.

Au final cette fantaisie préhistorique occupe environ un tiers du récit, et vient compléter la thématique des Crossed. Il s'agit d'une race d'individus utilisant leur savoir et leur résistance pour régner par la terreur sur d'autres races de l'époque. Kieron Gillen en rajoute encore une couche en créant 2 autres races d'individus doués de conscience à l'époque. Mais les unes comme les autres se montrent tout aussi fragiles face aux Crossed, comme l'Homo Sapiens. C'est d'ailleurs un thème sous-jacent du récit : plus l'individu se croit prêt à affronter la violence et l'indicible, plus il court à sa perte.

Cette histoire de Crossed sort du moule habituel, tout en respectant le canon établi par Garth Ennis. Kieron Gillen construit et développe de vrais personnages, plongés dans le maelström de l'épidémie. Il étoffe son propos en relatant une précédente épidémie de Crossed, il y a 75.000 ans. Il atteint l'objectif de montrer que les individus sont capables d'actes plus ignobles que ceux des Crossed, sans surenchère dans le gore, ou dans le sadisme, ce qui n'est pas une mince affaire. Il bénéficie d'un dessinateur respectant ses consignes, travaillant en phase avec lui, grâce à une approche graphique personnelle qui fonctionne d'autant mieux que les studios Digikore y ont adapté leur mise en couleurs. Malgré tout l'ajout d'un autre élément de science-fiction dans le récit constitue une prise de liberté pas entièrement convaincante.
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