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Citations sur L'eau vive, tome 1 : Rondeur des jours (14)

La vie c'est de l'eau.
Si vous mollissez le creux de la main,
vous la gardez.
Si vous serrez les poings,
vous la perdez.
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Comme les hommes, les pays ont une noblesse qu’on ne peut connaître que par l’approche et par la fréquentation amicale. Et il n’y a pas de plus puissant outil d’approche et de fréquentation que la marche à pied.
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Les jours sont des fruits et notre rôle est de les manger, de les goûter doucement ou voracement selon notre nature propre, de profiter de tout ce qu’ils contiennent, d’en faire notre chair spirituelle et notre âme, de vivre. Vivre n’a pas d’autres sens que ça.
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"Sauterelle, où vas-tu ?
- Sur l'autre versant du bois,
- Mante verte, où vas-tu ?
- Sur l'autre versant du bois.
- Pourquoi quittez-vous la clairière si fraîche ?
Vous le savez pourtant où vous allez, là-bas, les feuilles à poison et l'humide chaleur de l'herbe vous tueront.
- Ecoute, source, tu ne sais pas, toi, tu es là attachée à ton rocher comme un paquet de cheveux blancs. On va te dire. Ecoute : il ne faut plus aller dans la clairière aux sapins. Au milieu des hautes herbes, les Erynnies se sont cachées. Elles sont là et elles guettent les dieux. Ce matin, elles ont étouffé Vénus, et elles ont dansé sur elle avec leur large pied de fer, et le sang a ruisselé d'elle comme le vin d'une outre foulée. Maintenant, c'est une Harpie qui règles les jeux de l'amour."
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Nous avons fait amitié sans rien dire, dit-elle. Mais cette maison va nous garder quelques temps ensemble et je crois qu’il est bon de parler un peu, et tout de suite, pour ne plus être obligés de parler après, quand nous voudrons savoir ce que nous pensons.
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Nos pieds veulent marcher dans l’herbe fraîche, nos jambes veulent courir après les cerfs, et serrer le ventre des chevaux, battre l’eau derrière nous pendant que nous écarterons le courant avec nos bras. Par tout notre corps, nous avons faim d’un monde véritable.
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Les jours commencent et finissent dans une heure trouble de la nuit. Ils n'ont pas la forme longue, cette forme des choses qui vont vers des buts : la flèche, la route, la course de l'homme. Ils ont la forme ronde,
cette forme des choses éternelles et statiques : le soleil, le monde, dieu. La civilisation a voulu nous persuader que nous allions vers quelque chose, un but lointain. Nous avons oublié que notre seul but, c'est vivre et que vivre nous le faisons chaque jour et tous les jours et qu'à toutes les heures de la journée nous atteignons notre but véritable si nous vivons. Tous les gens civilisés se représentent le jour comme commençant à l'aube ou un peu après, ou longtemps après, enfin à une heure fixée par le début de leur travail; qu'il s'allonge à travers leur
travail, pendant ce qu'ils appellent « toute la journée »;puis qu'il finit quand ils ferment les paupières. Ce sont ceux-là qui disent : les jours sont longs.

Non, les jours sont ronds.

Nous n'allons vers rien, justement parce que nous allons vers tout, et tout est atteint du moment que nous avons tous nos sens prêts à sentir. Les jours sont des fruits et notre rôle est de les manger, de les goûter doucement ou voracement selon notre nature propre, de profiter de tout ce qu'ils contiennent, d'en faire notre chair
spirituelle et notre âme, de vivre. Vivre n'a pas d'autre sens que ça.

Tout ce que nous propose la civilisation, tout ce qu'elle nous apporte, tout ce qu'elle nous apportera, rien n'est rien si nous ne comprenons pas qu'il est plus émouvant pour chacun de nous de vivre un jour que de réussir en avion le raid sans escales Paris-Paris autour du monde.

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... un soulier en peau de riche
pour les pieds de l'orpheline...
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Voilà l'épicerie-mercerie de Mlle Alloison. Ah ! Mlle Alloison ! Un long piquet avec une charnière au milieu. Ça se ployait en deux, ça se frottait les mains, ça disait: «Ah ! Janot, on est venu chez la tante, alors ?» Ça avait la taille serrée dans la boucle d'une cordelière de moine, et un large ciseau de couturière lui battait le mollet. Elle était tout en soupirs et en exclamations. Un soir on avait dit, sans se méfier de moi, qu'elle avait été jolie en son jeune âge. Elle était l'entrepositaire du «Bulletin paroissial». Elle savait par coeur ce que je venais chercher; elle rentrait dans sa cuisine et elle me laissait seul dans l'épicerie.
Il n'y avait qu'une lampe à pétrole pendue dans un cadran de cuivre. On semblait être dans la poitrine d'un oiseau: le plafond montait en voûte aiguë dans l'ombre. La poitrine d'un oiseau ? Non, la cale d'un navire. Des sacs de riz, des paquets de sucre, le pot de la moutarde, des marmites à trois pieds, la jarre aux olives, les fromages blancs sur des éclisses, le tonneau aux harengs. Des morues sèches pendues à une solive jetaient de grandes ombres sur les vitrines à cartonnages où dormait la paisible mercerie, et, en me haussant sur la pointe des pieds, je regardais la belle étiquette du «fil au Chinois». Alors, je m'avançais doucement doucement ; le plancher en latte souple ondulait sous mon pied. La mer, déjà, portait le navire. Je relevais le couvercle de la boîte au poivre. L'odeur. Ah ! cette plage aux palmiers avec le Chinois et ses moustaches. J'éternuais. «Ne t'enrhume pas, Janot. - Non, mademoiselle.» Je tirais le tiroir au café. L'odeur. Sous le plancher l'eau molle ondulait: on la sentait profonde, émue de vents magnifiques. On n'entend plus les cris du port.
Dehors, le vent tirait sur les pavés un long câble de feuilles sèches. J'allais à la cachette de la cassonade. Je choisissais une petite bille de sucre roux. Pendant que ça fondait sur ma langue, je m'accroupissais dans la logette entre le sac des pois chiches et la corbeille des oignons; l'ombre m'engloutissait : j'étais parti.
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Le poète doit être un professeur d'espérance.
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