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L'eau vive tome 1 sur 2
EAN : SIE268116_416
Le Livre de Poche (01/01/1968)
3.87/5   35 notes
Résumé :
Bien des gens croient que le jour commence à l'aube et finit quand ils ferment les paupières. C'est qu'ils imaginent les jours longs comme une flèche, une route, quelque chose qui va vers un but. Ils se trompent, dit Jean Giono. Les jours ont la forme ronde, cette forme des choses éternelles. Ils sont comme des fruits et notre rôle est de les manger.
'Goûter les jours, savourer la douceur d'une aube ou d'un crépuscule sur la haute Provence, assister à la marc... >Voir plus
Que lire après L'eau vive, tome 1 : Rondeur des jours Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
La première nouvelle 'Rondeur des jours' de 5 pages est d'une beauté à couper le souffle. 15 autres suivent faisant une éloge à la nature, la faune, la flore, aux vieux métiers et aux paysages magnifiant Manosque et la Provence. Un nouveau pic élevé avec 'Vie de Mademoiselle Amandine'. Puis, j'ai commencé à me lasser sur les dernières. Cela m'a fait du bien de vagabonder livresquement dans la nature lors de cette période de confinement !
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Je m'intéresse ici au "Voyageur immobile".

Que je lise Giono ou Pagnol, c'est toujours pour moi un agréable moment de lecture. le Voyageur immobile fait partie du recueil Rondeur des jours. Après L'eau vive, nouvelle dans laquelle il faisait l'éloge des artisans d'autrefois, ceux qui éprouvaient un véritable amour pour le travail, qui le transcendaient pour le faire devenir un art, bref, ceux qui transformaient la matière en merveille, ce texte rend hommage à une ancienne épicerie, très certainement celle de son enfance si le narrateur est bien l'auteur. Mais peu importe car là n'est pas le problème. La poésie de Giono rend ce court texte magique. On croit apercevoir toutes les senteurs de cette épicerie mais également toutes les senteurs de son enfance. On fait un retour en arrière formidable. Merci Monsieur Giono !
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Dans cette quinzaine, seize exactement, de textes courts et lumineux, Giono philosophe naturaliste, nous hisse à son niveau, nous prête ses yeux pour voir ce nous n'avons pas le temps de voir, pressé que nous sommes face aux merveilles que le monde nous présente chaque jour.
Tentation bien humaine de ramener le monde à son image et non pas l'inverse voir l'homme à l'image du monde, ce que n'a cessé de faire Giono, souvent mal compris.
Dès le premier texte qui donne son titre au recueil, Giono écrit :
"Les jours sont ronds.
Nous n'allons vers rien, justement parce que nous allons vers tout, et tout est atteint du moment que nous avons tous nos sens prêts à sentir."
Vient ensuite "l'eau vive" : ode au rémouleur, potier, boucher, fontainier, cordonnier.Tous ces humbles, chantent :
"Parce qu'elle est dans le regard de ce fer de couteau aiguisé comme un assassin malheureux."
"Ce qui compte dans un vase c'est le vide du milieu"
"Je me fais des gargoulettes (...) pas plus gros qu'un pinson (...) mais, dedans, au lieu de la tripe c'est vide."
Et de conclure :
"Tout, monsieur, c'est tout de l'eau, l'eau enseigne tout, la vie, c'est de l'eau."
Giono regrette que l'on utilise aujourd'hui des "balances qu'on lit avec une table de logarithmes."
L'épicerie-mercerie du village se meurt, celle où l'auteur qui y accompagnait sa tante les jeudis, en était le voyageur immobile.
L'étiquette du "fil au chinois", les morues séchées suspendues aux solives, le tiroir à café, la boite au poivre, le sac aux pois-chiches et la corbeille aux oignons, tout était motif à voyage.
Il serait vain de passer en revue tous ces textes, de refaire parler les sauterelles comme dans Les Larmes de Byblis, de manger le pain avec Joseph et Anaïs, de goûter à la soupe d'épeautre de Mlle Amandine, de marcher vers Prébois les trois kilomètres restant après l'arrêt de bus, de vivre l'hiver et l'entrée dans le printemps, de parler aux pigeons et ces milles choses que nous enseigne Giono dans ce chant à la Provence.
Donnons lui la parole :
"Et tout le monde buvait du vin. Quand nous sortions du Tivoli, le dimanche, bras dessus, bras dessous, avec les "filles" en robe de bure, nous allions à la chambrée manger des tortillons et nous assembler autour des bouteilles où flamboyaient les rayons de toutes les lampes."
Lumineux je vous dis.

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« Ma petite est comme l'eau
Elle est comme l'eau vive… »

Bien sûr vous connaissez la chanson, Guy Béart avait été sollicité pour écrire la musique du film « L'Eau vive » (François Villiers – 1958), d'après une histoire de … Jean Giono. Mais, contrairement à ce qu'on pourrait penser, il ne s'agit pas de la nouvelle du même nom issue du recueil éponyme, qui fait l'objet de la présente chronique, mais du scénario du film, écrit dès 1956, à laquelle l'écrivain donna une suite, ou plutôt une préquelle, sous le titre « Hortense » en 1958. Cela dit la chanson, poétique et fraîche, convient parfaitement à ce recueil qui fleure bon la nature, et la vie d'autrefois.
« L'Eau vive » se présente comme un ensemble de 22 récits écrits pour la plupart entre 1930 et 1937 (quelques antérieurs, de beaucoup). Contrairement à ses recueils précédents, « Jean le Bleu » ou « Solitude de la Pitié », qui présentaient une certaine unité, celui-ci se caractérise par sa diversité : diversité de format, d'abord, certains récits sont très courts, d'autres constituent de petites nouvelles qui couvrent plusieurs pages ; diversité de sujets, ensuite : si certains récits relèvent de la fiction, d'autres sont à classer parmi les reportages, les comptes rendus de promenades, les descriptions de paysages ou de types campagnards, voire de véritables poèmes en prose.
« L'Eau vive », qui donne son titre au recueil, est un des plus beaux parmi ces récits : il se présente comme un hommage appuyé à ces petits métiers de la campagne (ou de la montagne), pour la plupart aujourd'hui disparus, et qui constituaient pour nos ancêtres un véritable statut social, entre l'artisan (lui-même voisin de l'artiste ou du poète) et le travailleur qui tient sa place dans la communauté, comme le maire, le curé ou l'instituteur. C'est ainsi que Giono nous fait partager son admiration et son amour pour ces « beaux artisans » : « Je ne veux pas parler de ceux qui ont des métiers de luxe « ou pour ainsi dire », comme ils disent, mais des humbles : le rémouleur, le potier, le boucher des petits villages, le fontainier, le cordonnier ».
D'autres récits (les plus longs) ressemblent à des nouvelles (« La vie de Mlle Amandine » ou « Mort du blé », entre autres) où l'auteur utilise des textes non utilisés, des ébauches de romans, des essais poétiques, et où il nous conte par personnages interposés, ses apprentissages d'homme et par-là même d'écrivain.
Giono, en poète qu'il est, nous gratifie de belles pages lyriques, où la poésie s'accorde avec une pensée que nous commençons à connaître qui unit l'homme, la terre et les éléments dans un même ensemble : « Rondeur des jours », « Automne en Trièves », « Hiver », et bien d'autres récits sont de véritables poèmes en prose.
Et n'oublions pas ce petit manuel touristique intitulé « Provence » (mais le tourisme signé Giono, on y va les yeux fermés, ou plutôt grands ouverts) : « Ce que je veux écrire sur la Provence pourrait également s'intituler : Petit traité de la connaissance des choses.». L'auteur y chante son amour pour cette terre qui lui fait dire : « Il n'y a pas de Provence. Qui l'aime aime le monde ou n'aime rien ».
Nous savons, nous, que Giono aime sa Provence.
S'il faut en déduire qu'il aime le monde, lui, le pacifiste, lui l'écologiste, lui l'amoureux de toutes les beautés de la nature et de l'univers… eh bien, ça ne nous étonne pas !


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Mue par un élan à tout dévorer, je porte mes pas à l'aveuglette (mais dans l'ordre chronologique) à travers la bibliographie de Jean Giono. Ces miscellanées n'ont pas fait long feu entre mes mains. Entre démonologie, recueil de chansons, évocations d'enfance, attendrissements, je n'ai pas trouvé matière à accroche en-dehors de quelques passages joliment tournés qui enchantent ma sensibilité.

"Les jours commencent et finissent dans une heure trouble de la nuit. Ils n'ont pas la forme longue, cette forme des choses qui vont vers des buts : la flèche, la route, la course de l'homme. Ils ont la forme ronde, cette forme des choses éternelles et statiques : le soleil, le monde, Dieu. La civilisation a voulu nous persuader que nous allons vers quelque chose, un but lointain. Nous avons oublié que notre seul but, c'est vivre et que vivre nous le faisons chaque jour et tous les jours et qu'à toutes les heures de la journée nous atteignons notre but véritable si nous vivons." (7)

Une réflexion, cependant, m'a vivement éclairée sur une perception que j'ai de ses écrits et que je n'arrivais pas à formuler :

"Le plus magique instrument de connaissance, c'est moi-même. Quand je veux connaître, c'est de moi-même que je me sers. C'est moi-même que j'applique, mètre par mètre, sur un pays, sur un morceau de monde, comme une grosse loupe. Je ne regarde pas le reflet de l'image; l'image est en moi. le grossissement, c'est au milieu de mes nerfs, de mes muscles, de mes artères et de mes veines qu'il s'écarte. Il n'est pas question de théâtre antique, d'arc de triomphe, d'alignement de pierres tombales : la connaissance que j'ai des choses est aussi entièrement moderne que le battement de mon coeur; elle est aussi préhistorique que le battement de mon coeur, et les jouissances de ma curiosité successivement satisfaite me font vivre en leur succession comme les battements de mon coeur. A ce moment-là, le monde extérieur est dans un mélange si intime avec mon corps qu'il m'est impossible de faire le départ entre ce qui m'appartient et ce qui lui appartient." (174)

Je trouve qu'il y a là tous les éléments pour comprendre la singularité de ses descriptions et de son rapport à la nature, la manière dont ses personnages s'insèrent dans leur environnement. Un jeu trouble entre intérieur et extérieur qui ne manque pas d'une certaine réalité biologique.

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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
"Sauterelle, où vas-tu ?
- Sur l'autre versant du bois,
- Mante verte, où vas-tu ?
- Sur l'autre versant du bois.
- Pourquoi quittez-vous la clairière si fraîche ?
Vous le savez pourtant où vous allez, là-bas, les feuilles à poison et l'humide chaleur de l'herbe vous tueront.
- Ecoute, source, tu ne sais pas, toi, tu es là attachée à ton rocher comme un paquet de cheveux blancs. On va te dire. Ecoute : il ne faut plus aller dans la clairière aux sapins. Au milieu des hautes herbes, les Erynnies se sont cachées. Elles sont là et elles guettent les dieux. Ce matin, elles ont étouffé Vénus, et elles ont dansé sur elle avec leur large pied de fer, et le sang a ruisselé d'elle comme le vin d'une outre foulée. Maintenant, c'est une Harpie qui règles les jeux de l'amour."
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Les jours commencent et finissent dans une heure trouble de la nuit. Ils n'ont pas la forme longue, cette forme des choses qui vont vers des buts : la flèche, la route, la course de l'homme. Ils ont la forme ronde,
cette forme des choses éternelles et statiques : le soleil, le monde, dieu. La civilisation a voulu nous persuader que nous allions vers quelque chose, un but lointain. Nous avons oublié que notre seul but, c'est vivre et que vivre nous le faisons chaque jour et tous les jours et qu'à toutes les heures de la journée nous atteignons notre but véritable si nous vivons. Tous les gens civilisés se représentent le jour comme commençant à l'aube ou un peu après, ou longtemps après, enfin à une heure fixée par le début de leur travail; qu'il s'allonge à travers leur
travail, pendant ce qu'ils appellent « toute la journée »;puis qu'il finit quand ils ferment les paupières. Ce sont ceux-là qui disent : les jours sont longs.

Non, les jours sont ronds.

Nous n'allons vers rien, justement parce que nous allons vers tout, et tout est atteint du moment que nous avons tous nos sens prêts à sentir. Les jours sont des fruits et notre rôle est de les manger, de les goûter doucement ou voracement selon notre nature propre, de profiter de tout ce qu'ils contiennent, d'en faire notre chair
spirituelle et notre âme, de vivre. Vivre n'a pas d'autre sens que ça.

Tout ce que nous propose la civilisation, tout ce qu'elle nous apporte, tout ce qu'elle nous apportera, rien n'est rien si nous ne comprenons pas qu'il est plus émouvant pour chacun de nous de vivre un jour que de réussir en avion le raid sans escales Paris-Paris autour du monde.

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Voilà l'épicerie-mercerie de Mlle Alloison. Ah ! Mlle Alloison ! Un long piquet avec une charnière au milieu. Ça se ployait en deux, ça se frottait les mains, ça disait: «Ah ! Janot, on est venu chez la tante, alors ?» Ça avait la taille serrée dans la boucle d'une cordelière de moine, et un large ciseau de couturière lui battait le mollet. Elle était tout en soupirs et en exclamations. Un soir on avait dit, sans se méfier de moi, qu'elle avait été jolie en son jeune âge. Elle était l'entrepositaire du «Bulletin paroissial». Elle savait par coeur ce que je venais chercher; elle rentrait dans sa cuisine et elle me laissait seul dans l'épicerie.
Il n'y avait qu'une lampe à pétrole pendue dans un cadran de cuivre. On semblait être dans la poitrine d'un oiseau: le plafond montait en voûte aiguë dans l'ombre. La poitrine d'un oiseau ? Non, la cale d'un navire. Des sacs de riz, des paquets de sucre, le pot de la moutarde, des marmites à trois pieds, la jarre aux olives, les fromages blancs sur des éclisses, le tonneau aux harengs. Des morues sèches pendues à une solive jetaient de grandes ombres sur les vitrines à cartonnages où dormait la paisible mercerie, et, en me haussant sur la pointe des pieds, je regardais la belle étiquette du «fil au Chinois». Alors, je m'avançais doucement doucement ; le plancher en latte souple ondulait sous mon pied. La mer, déjà, portait le navire. Je relevais le couvercle de la boîte au poivre. L'odeur. Ah ! cette plage aux palmiers avec le Chinois et ses moustaches. J'éternuais. «Ne t'enrhume pas, Janot. - Non, mademoiselle.» Je tirais le tiroir au café. L'odeur. Sous le plancher l'eau molle ondulait: on la sentait profonde, émue de vents magnifiques. On n'entend plus les cris du port.
Dehors, le vent tirait sur les pavés un long câble de feuilles sèches. J'allais à la cachette de la cassonade. Je choisissais une petite bille de sucre roux. Pendant que ça fondait sur ma langue, je m'accroupissais dans la logette entre le sac des pois chiches et la corbeille des oignons; l'ombre m'engloutissait : j'étais parti.
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La vie c'est de l'eau.
Si vous mollissez le creux de la main,
vous la gardez.
Si vous serrez les poings,
vous la perdez.
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Les jours sont des fruits et notre rôle est de les manger, de les goûter doucement ou voracement selon notre nature propre, de profiter de tout ce qu’ils contiennent, d’en faire notre chair spirituelle et notre âme, de vivre. Vivre n’a pas d’autres sens que ça.
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Vidéo de Jean Giono
Denis Infante a publié son premier roman Rousse publié aux éditions Tristram le 4 janvier 2024. Il raconte l'épopée d'une renarde qui souhaite découvrir le monde. Un ouvrage déroutant par sa singularité. Son histoire possède la clarté d'une fable et la puissance d'une odyssée et qui ne laissera personne indifférent. L'exergue, emprunté à Jean Giono, dit tout de l'ambition poétique et métaphysique de ce roman splendide : "Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins et l'on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l'univers."
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