L'Incal est une date dans l'histoire de la bande dessinée. Il est de ces oeuvres qui surgissent et grimpent au sommet avec évidence.
Epopée futuriste, quête mystique, récit alchimique, dystopie délirante, c'est tout cela en même temps. le fond (le scénario de Jodorowsky) et la forme (les dessins de Moebius, dont certaines planches comptent parmi ses plus exceptionnelles) sont comme deux plateaux d'une balance remplis d'un poids égal…l'équilibre parfait.
L'histoire de ce détective privé sans envergure, John Difool, qu'on attrape en plein vol – c'est le cas de le dire ! –, va nous transporter dans un univers proprement ahurissant. L'imaginaire est ici rassasié jusqu'à se faire exploser la panse !
Publié au début des années 1980, L'Incal, imprégné d'une atmosphère underground, entre pop et punk, nous fait évoluer dans un univers décadent où s'affrontent des forces surnaturelles. Mélange des genres qui, pourtant, ne fait jamais perdre le fil, envahis que nous sommes par ce récit débordant de toute part.
Jodorowsky, ayant abandonné son projet de réaliser une adaptation cinématographique du Dune de
Frank Herbert – ainsi qu'expliqué dans Les Mystères de l'Incal –, imaginera donc cette aventure, qui se déroule en six tomes. Elle connaîtra ultérieurement de nombreuses déclinaisons, nettement moins abouties et parfois répétitives. A trop exploiter le filon, on le tarit !
Quant à l'originale, c'est une perle du 9e Art.