texte bref et dense (avec dessins et photos en une belle et intelligente mise en page)
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Imaginer un taliban devenu fou comme le devint Nadir Shah fils de son épée, petit ifls de son épée. Il attaque une valse non pas sur les touches bicolores mais en prenant entre ses bras un autre taliban et en se mettant à valser sur la terre battue, entre les trous du mausolée, non loin du cimetière russe.
La laine est lisse
C’est une liste
Je suis le chien
Lâche-moi
Ce qui mord ment
Le mien est mort
Un petit meurtre
Vous dites maintenant
Et le remord
Il vient
C’est lent
Tournevis
Le corps tournant
Pas pour toi
Derviche lent
Grandes maisons avec tours et meurtrières. Murs abattus. Mûriers dont on récolte et mange les fruits. Beaucoup de vignes. Maisons aux claires-voies détruites (on y séchait les raisins). Chakardara. Vallée du sucre. Poussière des camions. Chemin de terre vers la montagne. Avant Istalif le Takht avec ses immenses platanes. Eau de source. Fraîcheur. Pas de femmes (si, deux voilées, dans une voiture). Les hommes jouant aux cartes ou aux dés sur des tapis posés au sol. Leurs fils se baignent dans des trous d’eau. Ils boivent du thé, mangent des galettes, des figues et des mûres. Plus bas, dans les vignes, des femmes transportent des matériaux de construction
Tous les paysans venus avec leur récolte. Des raisins en masse, pastèques et melons. Des animaux vivants ou écorchés. À gauche, de grands bâtons rehaussés de tissus verts. Cimetière. Hommage aux martyrs. Route du nord. Champs de mines
Pashtoun ou dari, les poèmes ne sont que plaintes et malheur. Une violence modulée.
Que sont devenues les deux petites vaches enfermées à l’arrière de la voiture dont le moteur avait pris feu hier non loin du bazar ?
Mais ici, partout, dans la beauté du paysage, des traces de l’Enfer. Strophe après strophe. Auprès d’un champ de blé fraîchement coupé, un champ de morts avec ses bâtons aux étoffes vertes.
Avec Liliane Giraudon & Stéphane Bouquet
Rencontre animée par Pierre Eugène
Dans le cadre de « Zigzaguer / poésie & cinéma »
Liliane Giraudon et Stéphane Bouquet racontent, observent et interrogent leur rapport au cinéma dans leur vie et leur pratique poétique. Moins une affaire d'inspiration, de récits inoubliables ou de souvenirs émus que l'énigme d'un dispositif : celui de la salle et de sa projection dans le dos, avec l'étrange durée partagée qu'il impose.
Faut-il plonger dans le fleuve d'un plan-séquence interminable ou se confier à l'ubiquité cisaillante du montage, sautillant d'image en image, de lieu en lieu, de temps en temps ? le cinéma est-il la mort au travail ou permet-il à ses vivants spectateurs de trouver leur place dans la communauté humaine ? Que peut nous dire un corps à l'écran, et en quoi – vivant symbole, fantôme ou fantasme – nous regarde-t-il ?
Ces questions, et bien d'autres, disent aussi quelque chose, en regard, de la poésie.
Rencontre dans le cadre de « Zigzaguer / poésie & cinéma »
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« Zigzaguer / poésie & cinéma », à travers des rencontres, conférences, projections, lectures et performances, réunit chercheurs en cinéma et en poésie, poètes, cinéastes et artistes. Cette manifestation est organisée par Sally Bonn, Vincent Broqua, Pierre Eugène et Philippe Fauvel.
Ces rencontres se déploient sur trois villes, Amiens, Paris et Marseille en deux volets (novembre 2023 et mars 2024), au sein de nombreuses institutions partenaires, dont la Maison de la Poésie avec ce soir une rencontre et le mercredi 15 novembre toute la journée des conférences, projections et lectures (voir le programme détaillé de la journée )
En savoir plus – zigzaguer.com
À lire
– Liliane Giraudon, Une femme morte n'écrit pas, Al Dante/Les Presses du Réel, 2023 ; La Jument de Troie, P.O.L, 2023.
– Stéphane Bouquet, Neige Écran, Imec, 2023. « Poésie & cinéma » ensemble des Cahiers du cinéma, n°803, novembre 2023.
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