En général, les auteurs qui se prénomment Philippe me plaisent, je dirais même que mes écrivains préférés portent tous ce prénom : Djian, Roth, Claudel, Besson. Forcément, je ne suis pas tout à fait objective en ouvrant ce documentaire grand format acheté lors du Salon du livre jeunesse à Épinal : Zinc Grenadine.
Zinc Grenadine, c'est avant tout la fête des enfants. Tout est conçu pour leur plaire : un immense chapiteau aux couleurs chatoyantes, des canapés, des tapis, des coussins, on se croirait dans un décor des mille et une nuits d'autant plus que de drôles de personnages habillés d'écarlate et coiffés d'extravagants chapeaux y déambulent tout sourire. Si les brochettes de bonbons multicolores et les sirops parfumés attirent les enfants comme des abeilles, bien vite, les livres jeunesse exposés s'imposent rapidement comme l'attraction principale des enfants. Une fois son livre coup de coeur trouvé, il ne reste plus qu'à en rechercher son auteur qui se prête bien volontiers au petit jeu des dédicaces.
Si je choisis Mai 68 raconté aux enfants, c'est tout d'abord parce qu'en le feuilletant, je retrouve dans les nombreuses images de ce livre grand format, une atmosphère liée à mon enfance. Puis page 10, une photographie et sa légende me frappent : "Les Français se passionnent pour le pharaon Toutankhamon". Drôle de coïncidence, en pleine crise des Gilets jaunes, une exposition sur ce même pharaon a lieu en ce moment même à la Villette. De là à en déduire que les insurrections populaires passent et se ressemblent, il n'y a qu'un pas. Et sa lecture attentive de ne me déçoit pas. Mais oui, c'est vrai, en 68, il n'y avait que deux chaines de télévision et elles étaient contrôlées. Et le fameux rectangle blanc sur l'écran, celui qui faisait que les parents envoyaient leurs enfants au lit ! Je l'avais oublié.
À l'heure d'Internet de de la multiplicité des sources d'informations, il est important de faire prendre conscience aux enfants que la liberté ne s'acquiert pas d'office, qu'il faut souvent se battre pour l'obtenir et que développer son esprit critique est essentiel pour lutter contre les inégalités. La liberté de la presse, le droit de vote des femmes, l'avortement, le divorce par consentement mutuel, tout cela nous semble tellement normal aujourd'hui.
J'apprends certaines choses aussi car comme beaucoup de personnes, j'ai parfois des représentations fausses de cet événement. Je découvre par exemple que le slogan CRS... SS ne date pas de cette époque ou qu'il existait deux groupes distincts : le" Mouvement du 22 mars" et Les
Enragés". Bref, chaque double page me plonge dans l'ambiance d'une époque révolue mais dont les revendications sont finalement toujours d'actualité. Vivre mieux, tout simplement !
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p.56.
La grève continue à la télévision.
La France a passé plus d’un mois sans télévision : les personnels de l’ORTF qui étaient en grève depuis le 17 mai, reprennent le travail le 23 juin. Pas tous cependant, car les journalistes refusent de rester sous les ordres du gouvernement. Tous les ministères contrôlent en effet les informations qui les concernent, et le ministre de l’Information, Alain Peyrefitte, a la haute main sur le contenu des journaux télévisés.
Souhaitant une véritable démocratie, les journalistes poursuivent leur grève jusqu’au 12 juillet. La répression s’abat en août : 102 d’entre eux sont licenciés ou mutés à des postes, des « placards », où ils ne pourront plus faire entendre leur voix contestataire. La mainmise du gouvernement sur la télévision reste totale.
p.59.
« Élections, piège à cons »
Les gaullistes sont satisfaits. Ils pensent que la « majorité silencieuse », ces Français « moyens » qui ne s’expriment pas dans la rue, voteront pour leurs candidats. Leurs adversaires jugent que se produit une sorte de coup d’État non armé, car de Gaulle torpille le mouvement en appelant à aller voter. Les maoïstes lancent le slogan « Élections, piège à cons » que le philosophe J.-P. Sartre rendra célèbre en 1973 dans sa revue Les Temps Modernes.
p.18.
C’est mon corps !
En France, les femmes vivent encore moins bien que les hommes. Ce n’est que depuis 1965 qu’elles peuvent travailler et ouvrir un compte bancaire sans demander l’autorisation de leur mari ! Elles peuvent prendre la pilule comme moyen de contraception seulement depuis décembre 1967, mais n’ont toujours pas le droit d’avorter. Le divorce par consentement mutuel n’est pas toléré : il faut passer devant un juge. Le droit à l’avortement et le divorce par consentement mutuel ne seront accordés qu’en 1975.
[...] pour les ouvriers, obtenir un diplôme universitaire constitue le meilleur moyen de s'élever dans la société. C'est le fameux "ascenseur social" (p. 17).
p.55.
Comme le dit Michel, « il faut être benêt pour croire ce qu’affirme le journal télévisé ». L’information par le bouche à oreille a bien autant de valeur.
Du 1er au 6 décembre, le Salon c'est aussi à la télé, de 17h à 20h !
Prenons le plus grand soin du NOUS.
La Fabuleuse Histoire de la Terre, Aina Bestard, trad. du catalan Philippe Godard, Saltimbanque Éditions, 2020
Un délicat décryptage de l'exposition «Notre usine à Nous!» et des démarches de 8 artistes qui disent «Nous» en textes et en images.
Avec le soutien et la complicité de l'Institut Ramon Llull (Catalogne).