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EAN : 9782075089159
336 pages
Gallimard Jeunesse (26/10/2017)
3.88/5   125 notes
Résumé :
Un roman qui s’ouvre comme une valise pleine de secrets : des photos d’archives, des cartes, les notes d’un journal intime… et des lettres. Celles que s’envoient, par-delà les frontières, trois jeunes femmes emportées par la tourmente de Mai 68.
Cinquante ans après Mai 1968, le roman fait revivre la montée des événements en France, en Allemagne et en Grèce de 1966 à fin 1968.
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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1966. Athènes, Paris, Berlin.
Des lettres de Suzanne, Magda, Cléomèna, trois jeunes filles nées en Europe en 1949.
Elles sont issues de milieux sociaux favorisés - parents intellectuels et/ou bourgeois aisés.
Mais les contextes socio-politiques sont loin d'être idéaux, en revanche : les parents de Cléomèna, communistes, ont été déportés. Son frère et elle doivent se cacher.
Les familles de Suzanne et Magda ont dû fuir.

Les relations entre ces trois filles et leurs mères, essentiellement, nous présentent les problèmes de jeunes filles entre enfance et âge adulte, partagées entre raison et passion.

Je l'ai offert à une demoiselle souvent en colère, et plutôt trois fois qu'une (contre sa mère ?), pour qu'elle y trouve des échos, peut-être.

Outre les pages d'Histoire enseignées (dictature grecque, guerre froide en Allemagne, mai 68), cet ouvrage a le mérite de montrer qu'au seuil de l'âge adulte, rien n'est simple, ni avec les autres, ni avec soi-même. Et qu'une mère, c'est plus facile à aimer de loin...

Dans ce registre, j'ai préféré 'La décision', de la même auteur, 'Dans le désordre', de Marion Brunet, et 'Refuges', de Annelise Heurtier.
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Roman épistolaire entre jeunes femmes issues de milieux sociaux différents, il tisse néanmoins un solide lien entre elles, alors suspendues par leurs idéaux, leurs engagements et leur résistance au monde. L'autrice utilise ici la voix de Magda, Suzanne et Cléomèna pour témoigner de véritables faits historiques, des révoltes et des insurrections mais également des effrois, des trahisons et déceptions humaines. En somme, elle manie et exploite de petites histoires pour marquer la grande, universelle et mémorable, celle qui nous rassemble.

Déployé sur deux années, de 1966 à 1968, Isabelle Pandazopoulos ausculte alors une époque galvanisée par les bouleversements politiques et les évolutions socio-culturelles. le récit, documenté, enseigne autant qu'il inspire, et offre une nouvelle modalité pédagogique, davantage accessible et ludique que le traditionnel manuel scolaire. En outre, la plume de l'autrice, intelligente et fluide, permet l'appréhension des angoisses et interrogations intimes que chacun·e, au seuil de l'âge adulte, peut traverser. Un corps supplémentaire qui fournit une densité bénéfique au récit et qui le rend complet.

C'est un livre efficace qui souffle un vent de liberté. Intemporel.
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[Chronique complète sur le blog].

Trois évènements historiques contés à travers les yeux de différents personnages.

Il s'agit de trois jeunes filles issues de familles aisées : Suzanne, à Paris, qui s'ennuie dans sa famille bourgeoise et écrit à sa cousine qu'elle n'a pas vues depuis des années ; Magda, à Berlin-Ouest, la cousine de Suzanne, qui veut rejoindre sa famille de l'autre côté du mur ; et enfin Cléomèna, en Grèce, qui a été séparée de sa famille parce que ce sont des résistant·e·s communistes. Toutes trois vont écrire à leurs proches ou aux personnes qu'elles vont rencontrer durant ces deux années.

Afin de comprendre le récit, nous avons également les réponses à ses lettres – même l'absence de réponse, parfois, permet aussi de vraiment appréhender ce qui se passe – et c'est ainsi que ce roman épistolaire va se dérouler sur trois faits qui ont marqués l'Europe. Chacune à leur façon, les trois filles en colère vont se battre, et c'est avant tout ce combat que l'autrice nous raconte !

D'ordinaire, je ne suis pas friande des romans historiques, mais celui-ci m'a permis d'enrichir mes connaissances et d'apprendre de nombreuses choses sur cette période pas si lointaine, et j'ai poussé la curiosité jusqu'à faire quelques recherches pendant ma lecture. Et, surtout, je ne suis pas une adepte des romans épistolaires, mais ce style se prêtait parfaitement bien au texte et Isabelle Pandazopoulos écrit d'une manière qui ne pouvait que me séduire !
Lien : https://anaislemillefeuilles..
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♫ C'est le temps de l'amour, le temps des copains, et de l'aventure...

Tout d'abord, un grand et vif merci aux éditions Gallimard Jeunesse pour leur gentillesse de m'avoir fait parvenir cet ouvrage aux couleurs bariolées et éclatantes, qui vous sautent aux yeux et qui se montrent féroces et imposantes, à l'image des trois jeunes femmes de cette histoire sur fond des années soixante, trois étudiantes qui se cherchent, qui ont leurs incertitudes et leurs angoisses mais aussi une vraie rage de lion.

Etant très intéressée par cette période, qui me fascine au vu de son foisonnement culturel, ne serait-ce qu'au niveau musical, et surtout des tabous d'ordre sexuels et sociaux qu'elle a permis de mettre en avant par la suite, mais la connaissant au fond fort peu, il me tardait de me jeter sur cette oeuvre et de découvrir ce qu'elle avait à m'offrir. Je n'ai pas été déçue du voyage, qui m'a fait découvrir une autrice formidable ainsi que tout ce qui pouvait naître de génial de sa plume.

Pour commencer, j'ai énormément apprécié la forme épistolaire proposée par l'autrice, que je trouvais tout à fait appropriée. Cela permet dans un premier temps de plonger in medias res dans la vie des divers personnages, de se sentir au plus près d'eux et d'être comme des lecteurs privilégiés de leur courrier, comme si on lisait au-dessus de leur épaule, courrier qui révèle un bon nombre de choses en matière de la complexité de leur temps, de leurs sentiments introspectifs, de leurs craintes, de leur espoir, de leurs motivations, de leur appel à l'aide, de leurs relations avec autrui.

On se sent au coeur vibrant de ce récit mouvementé, loin d'être à bout de souffle, et décadent, aux premières loges, pile à la bonne place. Ensuite, cela offre au récit un champ multiple de points de vues, provenant de différentes générations, sexes, pays, époques, classes sociales. Cette pluralité de visions du monde est d'autant plus enrichissante et nous délivre un récit coloré, qui ne juge pas, qui écoute et qui retranscrit, tel un témoignage de la vie à brûle-pourpoint des personnages.

A ce niveau-là, j'ai trouvé le récit intense, bien amené, pertinent et très intelligent à de nombreux niveaux. Cela démontre aussi une certaine force insufflée dans l'écriture de l'autrice, qui est lumineuse, vivace, documentée et passionnée. C'est comme si le livre menait sa vie propre tant il nous parle et nous agrippe, notamment par le biais de coupures de journaux, de couvertures de magazine, d'extraits de journaux intimes, de cartes postales, de photographies et de rapports authentiques des événements relatés et des lieux où ils se déroulent, qui viennent agrémenter un ouvrage au contenu déjà riche et dense, à la contextualisation parfaitement maîtrisée et réussie et à la dynamique impressionnante.

Un autre élément au niveau du travail d'Isabelle Pandazopoulos qui est remarquable et fabuleux, c'est le fait que ses trois héroïnes, "ses" trois filles faites de chair d'encre et de papier, sont originaires des trois pays qui ont marqué la vie de l'autrice. En effet, cette dernière est gréco-allemande dû aux origines de ses deux parents et son lieu d'adoption est la France, et plus précisément Paris, qui se trouve être la ville centrale de l'histoire.

Ainsi, l'autrice nous fait vivre l'épopée de trois jeunes filles qui se retrouvent liées par les circonstances familiales, par le destin et par leurs idéaux tant politiques que sur leur existence même à travers une Europe qui peine à se reconstruire, à concilier les jeunes de la Seconde Guerre mondiale, désormais parents, leurs enfants nés de la vague déferlante du baby boom et même les grands-parents de ceux-ci, qui restent mutiques sur leurs éventuelles actions de collaboration... Secrets de famille seront au rendez-vous pour pimenter l'intrigue, sans pour autant en dénigrer le contenu historique et intellectuel, bien au contraire.

Ajoutez à cela que l'autrice est née en 1968, année charnière qui déchaînera les réformes pour une société moins sexiste, qui rend sa dignité aux femmes, qui laisse à la jeunesse sa chance de s'exprimer et qui est en faveur d'une Europe unie et solidaire (sur le papier du moins). Sans pour autant nous raconter une histoire qui aurait pu être exclusivement la sienne et celle de ses aïeux, l'autrice a préféré creuser ces pistes de son passé afin de nous livrer l'histoire rocambolesque d'un continent entier, multicolore et aux façons de penser parfois diamétralement opposées, qui nous laissent avec un paradoxe à l'ironie assez triste pour en pleurer.

Il suffit de voir le traitement imposé à la population d'Allemagne de l'Est par les communistes, quand ceux De Grèce luttent pour la liberté tout court et contre la dictature. Tout ça dans l'objectif de montrer les fruits d'un travail de recherche épatant et vigoureux dans le but de mieux comprendre pour moins diviser et aller de l'avant cinquante ans après. Brillant. Je suis admirative.

Chacune des trois filles a le droit à sa part du lion et, même si Cléomèna arrive un peu plus tardivement, elle fait très vite son entrée en matière dans l'histoire et son sacré ramdam, tant amoureux que politique et en tant que femme qui a réchappé au pire, ne manque pas d'attirer notre attention. Suzanne est cependant l'héroïne parmi les trois qui m'aura laissée la plus forte impression, on ne peut pas l'oublier notre petite Suzanne.

Née franco-allemande au sein d'une famille bourgeoise à première vue bien sous tous les rapports, la jeune femme à l'esprit libre et bouillonnant en a assez du confort étriqué de sa sublime demeure parisienne, auprès de parents qui jouent un rôle et qui l'étouffent et d'un frère qu'elle ne parvient pas à comprendre et inversement. Suzanne m'a beaucoup émue car, sous ses airs de jeune fille franchement trop spontanée qui cherche à être aimée et à s'intégrer à des groupes de personnes plus âgées et tapageuses, se cache une femme qui croque la vie à pleines dents, qui cherche à capturer l'essence même du monde, sa Beauté, sous ses formes multiples, qui veut s'accepter en tant que femme et se sentir bien dans sa peau, telle qu'elle est, sans pudeur et sans tabou.

On ne peut que comprendre son mal-être dans cette société de pète-secs et de non-dits, où la moindre évocation de la sexualité est d'une grossièreté vulgaire, inutile et scandaleuse. Suzanne est prête à se battre pour ce qui la fait vibrer, l'amour, la passion de la vie et de la lumière du monde, sa force et son essence de femme. Elle n'a pas envie d'entrer dans le moule ou de diluer ses couleurs chatoyantes sous prétexte que les femmes doivent rester dans l'ombre. Elle m'a apportée une vigueur, une témérité et une confiance en moi incroyables.

Sa mère, la pétillante et superbe Isle qui a perdu de son éclat, m'a touchée en plein de coeur de par sa vulnérabilité. Bafouée dans son droit de femme par un mari qui la trompe et qui se cache dans les jupes de sa mère, cherchant désespérément à atteindre et à discuter avec ses deux aînés qui ont été pris dans les feux de l'adolescence dégoûtée et révoltée, n'ayant pas choisi d'avoir son troisième enfant, le bébé Léon (qui n'a rien demandé, pauvre petit), dont elle a souffert de la grossesse et accouchée dans la douleur, Isle est a l'image de la femme-objet, qui n'a pas de libre-arbitre, pas de sexualité, qui doit constamment endurer l'autorité patriarcale et se soumettre, encore et toujours, sans quoi elle ne serait pas une femme convenable aux yeux de la société. La façon dont elle est traitée et ignorée m'a donné envie de vomir, et heureusement que des personnes comme le député Neuwirth ou Simone Veil se seront battues pour que les voix de ces femmes bafouées et traînées dans la boue soient entendues.

Magda, sa bien-aimée cousine, semble être plus timide et réservée mais, en réalité, elle aspire au même idéal de liberté, au droit d'oser jouer avec sa sexualité, de vivre d'amour et d'eau fraîche, de vivre pleinement, d'être vivante. Moins mémorable que son phénomène de cousine qu'elle aime si tendrement et dont elle est inséparable, leur amitié qui connaîtra certes des remous m'a profondément touchée tant elle est authentique de façon désarmante, les filles se confiant l'une à l'autre comme si elles étaient des livres ouverts.

De plus, c'est grâce à Magda que le dénouement des langues aura lieu concernant un passé qui ne passe pas, celui de la collaboration et de ces grands-parents qui sont mystérieusement morts, sans que l'on sache pourquoi... Magda, c'est celle qui ne se contentera pas de ce qu'elle a, qui bravera les interdits, qui voudra savoir et comprendre ce funeste héritage de la guerre qui pèse encore les générations suivantes, qui n'en n'ont été ni actrices, ni responsables, et qui en souffrent des cuisantes conséquences, tel le Mur de la Honte qui va irrémédiablement changé la vie familiale de la famille de Magda et leur écoute les uns des autres, pour le meilleur comme pour le pire...

Bref, le personnage de Magda a été plus intéressant pour moi de par le mécanisme qu'il permet de déclencher, pour ce qui est de l'éclatement des mémoires et l'éveil des consciences familiales concernant la guerre, aussi pour découvrir les deux pans du Mur funèbre, ainsi que pour sa relation avec Suzanne, plutôt que pour le personnage en soi. Néanmoins, il fallait qu'elle soit là.

Enfin, Cléomèna. Elle nous a offert le pan d'histoire le plus énigmatique pour moi et aussi le plus intéressant. Dans un premier temps, il s'agit d'une beauté grecque notre Cléomèna, à laquelle il ne faut pas se frotter de trop près. Sa famille est également redoutable pour ce qui est de la question de la Liberté, source de vie et de dignité humaine.

J'ignorais pratiquement tout de la Grèce et de sa condition dans les années soixante, du fait que cette île regorgeant de trésors naturels et antiques, méritant toutes les louanges et l'émerveillement possibles, était sous le joug d'un fascisme qui se révèle être décidément increvable, grand amateur d'incarcération et aussi meurtrier. Tandis que son père a été tué pour avoir exprimer ses idées trop fort et de façon trop virulente, que son frère et sa mère sont emprisonnes, la vivacité d'esprit, quant à elle, ne va pas rester étouffée trop longtemps au service de ces riches Français exigeants et tyranniques séjournant en Grèce et reprochant à la jeune fille, portrait tout craché de son père vénéré et qui lui manque cruellement, tout ce qu'elle est en somme.

A Paris, sous la protection de la famille de Suzanne, elle va pouvoir accéder à l'université, à ce droit précieux à l'éducation et à la culture, la richesse intellectuelle dont elle se nourrit, mais aussi, elle va se rendre compte qu'elle peut agir, lutter contre l'injustice et le désarroi qui manque souvent de la noyer, et hurler sa rage à la face du monde. Esprit fort et fragile à la fois, Cléomèna ébranle, émeut, suscite notre compassion et ne nous laisse pas de marbre. Impossible en effet d'éviter cette tornade tout droit débarquée de cette Grèce aux eaux turquoise et tremblotantes.

Pour conclure, je ne peux que vous conseiller cet ouvrage, qui saura sensibiliser un lectorat à partir de la pré-adolescence. Pour une oeuvre jeunesse qui ouvre un jeune lectorat à cette conscience de la révolte, du combat de la liberté et d'une époque qui a encore des répercussions et sa raison d'être aujourd'hui, le pari de l'autrice de nous sensibiliser et de nous interroger sur la question de notre identité, de notre conscience politique, de nos valeurs fondamentales, de notre pouvoir en tant que peuple, du vivre ensemble et de l'Europe aux multiples facettes est réussi et m'a donné envie d'approfondir encore plus le sujet, de me plonger de nouveau dans les sixties et de laisser ces dernières me parler, me raconter leur vécu et leurs innovations tout comme leurs horreurs.

En tout cas, Trois filles en colère a résonné dans mes oreilles tel un bon vieux rock de notre Jojo national des Yéyés de Salut les copains ! ou bien des gear Beatles et autres groupes qui swinguent de la British Invasion et je me suis laissée entraînée et emballée face à ce feu d'artifices qui explose de questions, de joie, de mots, d'insolence, d'un plaisir fou et contagieux !

Ce livre est comme une valise s'ouvrant sur un monde pluriel, déjà ancien et pourtant en pleine modernité, qui nous offre des reliques précieuses à voir, entendre, écouter, crier, sur lesquelles méditer et continuer l'avancée prodigieuse pour l'émancipation de la femme, le respect de ses droits et de ses décisions, le respect d'une jeunesse qui grandit et s'affirme aussi, l'égalité homme/femme, et la fondation d'un monde juste, tolérant et sans danger. Bon, c'est pas gagné mais ce livre m'a redonné ce regain d'énergie et d'insouciance de cette époque révolue et enchanteresse dans ses diverses nuances pour y croire, encore et toujours. Un livre qui trône fièrement dans ma bibliothèque, détonnant et vivifiant.

On s'en souvient... ♫
Lien : https://lunartic.skyrock.com..
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3 jeunes filles de la fin des années 1960 se livrent dans un échange épistolaire qui commence en 1966 et se termine en 1968, après les événements de mai. Elles sont d'horizons et de pays différents, et toutes vivent avec leur temps : lutte politique, vie dans un pays coupé en 2, dictature des colonels. Toutes ont des sensibilités de gauche, voire très à gauche et ont à coeur de changer la société étouffante, conformiste qui est la leur. Si le France n'est pas aussi étouffée que Berlin à l'ombre du mur ou la dictature extrêmement brutale en Grèce, aucune ne se sent à sa place là où elle est et cherche à sortir du marasme ; aucune ne correspond à l'idéal de la femme véhiculée à l'époque.
Le roman est également traversé par la question de la maternité, voulue ou non, les secrets de l'histoire dans certaines famille, la mort. Mais aussi par l'amour et l'amitié. Ces jeunes filles se construisent politique et personnellement. Les extraits de journaux intimes, les photos, les coupures de presse enrichissent encore ce roman déjà très intéressant de nombreux points de vue.
A mettre entre toutes les mains.
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critiques presse (1)
Ricochet
30 septembre 2018
Un récit essentiel pour ne pas oublier d'où l'on vient et souligner l'importance de garder un équilibre dans ce monde en mutations et en proie à des extrêmes nourris par la haine de l'autre.
Lire la critique sur le site : Ricochet
Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
[ Paris, mai 1968 ]
Les gens sont horrifiés par la violence avec laquelle la police et les CRS se ruent en plein jour et en public sur des jeunes qui sont seuls, à terre et désarmés, n'ayant que leurs bras pour se protéger des coups. Des passages à tabac sous les yeux des passants, des actes complètement gratuits, filmés et photographiés, dont ils ne se cachent pas, au contraire, ils se croient légitimes, on le sent, on sentirait presque aussi le plaisir qu'ils y prennent, d'être cinq ou six ou sept, d'être armés et de frapper ensemble sur un plus faible, sur un plus petit, sur un plus rien, sur une ombre ou même plus ! Les ordres qu'ils ont reçus sont clairs. Il leur faut faire la démonstration qu'ils ne sont pas du genre à se laisser emmerder par des mômes de vingt ans qui-n'ont-aucun-sens-des-responsabilités, des rêveurs, des parasites dangereux qui s'imaginent capables de menacer l'ordre social et que quelques coups suffiront à faire taire...
Quand je les vois, ces ombres sans visages vêtues de longues capes noires, avec leurs casques sur la tête et les poches lourdes de matraques et de grenades, quand ils s'alignent en se tenant pas la main, si convaincus d'eux-mêmes, de leur droit, de leur force, à chaque fois j'ai l'impression que ce n'est pas réel, parce que ces flics, comme ils sont là devant moi, déguisés en quelqu'un d'autre, on dirait des méchants de contes de fées, des ogres pour de vrai. Leur violence est comme celle d'avant la civilisation et d'avant la culture, et même d'avant la pensée, ces gens sont comme des animaux, mus par l'instinct le plus bas.
Je me mets en face d'eux et je cherche leur regard, et je sais qu'ils ressemblent trait pour trait à ceux qui ont torturé mon papa*, au nom de la loi, jusqu'à le rendre fou.

* père communiste, en Grèce

(p. 290-291)
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Ma chère Ilse, ma chère épouse,
Je t'écris un peu en désespoir de cause puisque tu tournes la tête quand tu me vois et que tu refuses de me parler. Tu n'arrives même pas à prendre ton bébé dans tes bras. Ce qui t'arrive me fait peur. Les médecins parlent de dépression et je n'y comprends rien. [...]
Je perds souvent patience. C'est tellement incompréhensible pour moi, tellement loin de la femme que tu as toujours été... Comment peut-on ne pas vouloir de son propre enfant ? [...] Quand je te demande ce dont tu as besoin, tu ne réponds rien. Ou tu pleures. Il faut que tu arrives à reprendre des forces, ma chérie, s'il te plaît, fais-le pour moi, fais-le pour nous. Le psychiatre m'explique que ce n'est pas une question de volonté. Et que c'est le propre de cette maladie de ne plus rien vouloir. [...]
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[ 1966 - impétuosité d'un petit mâle de 17 ans... ]

Il disait que je lui avais manqué, et que j'étais devenue une véritable obsession, la douceur de ma peau, de mes lèvres, il rêvait de me voir nue... C'était si fort, son désir, que ça l'empêchait de dormir.
Jamais aucun garçon n'avait manifesté un tel enthousiasme à mon égard. J'étais complètement fascinée par ce déluge de sentiments et ses caresses de plus en plus pressantes.
Fascinée mais distante. Je n'y étais pas. Peut-être qu'il m'a manqué les étoiles et le bruit de la mer pour me faire chavirer. Il me plaisait, il me troublait, et c'était toujours délicieux de sentir ses lèvres sur les miennes. Mais une autre partie de moi refusait de se laisser aller. Je lui ai dit que je ne savais pas, que ça allait trop vite, qu'il fallait me donner du temps.
Il a eu l'air déçu.
Et puis agacé.
Et au final, il s'est fâché. Il trouvait qu'on en avait déjà eu beaucoup, du temps, tous les deux, qu'il avait été patient et que les gamines capricieuses et sans expérience, c'était franchement pas 'sa came'.

(p. 29)
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Lettre 26
Ilse Lavagauleyne au député Lucien Neuwirth

Monsieur le député,
J'ai beaucoup d'admiration pour le combat que vous menez qui vise à faire adopter le projet de loi autorisant la contraception en France. Jamais je n'aurais imaginé que fussent possibles les propos délirants que votre proposition provoque, ces accusations de pornographie, cette peur de voir la France victime d'une "flambée d'érotisme". Je suis consternée par leur violence, par cet étalage de vulgarité, par la vision que les députés de notre Assemblée nationale ont de ce que doit être une femme. Plus consternée encore par la fureur de l'Église catholique et l'énergie farouche que déploient les prêtres pour empêcher que la question ne soit tout simplement posée et débattue avec un tant soit peu de sérénité.
Mais de quoi ces hommes ont-ils donc tous si peur ?
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[ Grèce, 1966 - oppression et déportation des communistes - des familles sont séparées ]

Maman,
Tu me manques. Je ne devrais pas te l'écrire mais penser à toi suffit à me faire monter les larmes aux yeux. Parfois, je marche dans la rue et quelque chose m'inquiète brusquement et sans raison apparente. Je cherche dans mes poches, comme si j'avais oublié les clefs de chez moi, je fouille les ombres des yeux et je finis par l'admettre, je n'ai plus de clefs, je n'ai plus de chez-moi.

(p. 39)
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Vidéo de Isabelle Pandazopoulos
Cette rencontre est organisée par la bibliothèque Robert-Desnos de Montreuil dans le cadre du festival Hors limites 2021.
Professeure de lettres au plus proche des préoccupations de ses élèves (Jean-Xavier de Lestrade, dans sa minisérie "3 × Manon", s'est en effet inspiré d'elle pour créer son personnage d'enseignante), Isabelle Pandazopoulos a toujours mis au coeur de ces romans les problématiques qui traversent la vie des adolescent·e·s. Ses livres sont de véritables miroirs pour ses jeunes lectrices et lecteurs, des outils d'optiques pour s'examiner soi-même et construire son histoire à travers celle des autres.
S'exprimer à voix haute, argumenter devant un public, affirmer son individualité dans les mots malgré la timidité, le sentiment d'illégitimité ou même le handicap, c'est bien le sujet de ses deux derniers romans, "Demandez-leur la lune" (Gallimard jeunesse, 2020) et "Parler comme tu respires" (Rageot, 2021). C'est, peu ou prou, la situation dans laquelle se retrouveront les membres du club de lecture LékriDézados de la bibliothèque Robert Desnos qui l'interrogeront, après avoir été accompagné par Sylvie Fagnart, journaliste en résidence dans les bibliothèques de Montreuil. Et sans doute ont-ils conscience qu'en la faisant parler d'elle, ils nous parleront sans doute aussi un peu d'eux…
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