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Citations sur Voyage en Italie (189)

Palerme, lundi 2 avril 1787
Le soir, le clair de lune nous a de nouveau attirés sur la rade et, après que nous fûmes rentrés, il nous a retenus longtemps encore sur le balcon. La lumière était étrange ; grands la paix et l’agrément.

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Puisque, en somme, la vie est comme le carnaval romain, qu'on ne peut l'embrasser du regard ni en jouir, qu'elle est même pleine de périls, nous souhaitons plutôt que cette insouciante société masquée rappelle à chacun l'importance de toute jouissance momentanée, qui souvent paraît de petite valeur.
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Naples, 22 mars 1787.

Si le caractère allemand, si mon désir, ne me portaient pas à l’étude et à l’action plus qu’à la jouissance, je devrais passer quelque temps encore dans cette école de la vie facile et joyeuse, et chercher à profiter davantage. Ce séjour serait délicieux, si l’on pouvait seulement un peu s’arranger. La position de la ville, la douceur du climat, ne peuvent être assez célébrées : mais c’est là à peu près tout le partage des étrangers.

Assurément, si l’on prend son temps, si l’on a du savoir-faire et de la fortune, on peut se former ici un bon et large établissement. C’est comme cela que M. Hamilton s’est fait ici une belle existence et qu’il en jouit au soir de sa vie. L’appartement qu’il s’est arrangé dans le goût anglais est délicieux, et la vue de la salle du coin est peut-être unique. A nos pieds, la mer ; en face, Capri ; à droite, le Pausilippe ; plus près, la promenade de Yillareale ; à gauche un vieux bâtiment de jésuites ; plus loin, la côte de Sorrente jusqu’au cap Minerve. On trouverait difficilement en Europe quelque chose de pareil, du moins au centre d’une grande et populeuse cité. M. Hamilton est un homme d’un goût universel, et, après avoir parcouru tous les règnes de la création, il est arrivé à une belle femme, le chefd’œuvre du grand artiste.

Et, après tout cela, après mille jouissances, les sirènes m’appellent sur l’autre bord, et, si le vent est bon, je partirai en même temps que cette lettre, elle pour le Nord, moi pour le Sud. L’esprit de l’homme est indomptable ; à moi surtout, il me faut le large. Actuellement mon objet doit être moins la persistance qu’une observation rapide. Que ie saisisse seulement le bout du doigt, il me suffira d’écouter et de méditer pour m’assurer bientôt de la main tout entière.
Chose étrange, un ami me rappelle en ce temps Wilhelm Meister et m’en demande la continuation. Elle me serait impossible sous ce ciel, mais peut-être l’influence de ce climat se fera-t-elle sentir dans les derniers livres. Puisse mon existence acquérir pour cela le développement nécessaire, la tige grandir, les fleurs s’épanouir plus riches et plus belles I Certes il vaudrait mieux ne pas retourner dans mon pays, si je ne devais pas y revenir un homme nouveau.

Nous avons vu aujourd’hui un tableau du Corrége qui est à vendre.- Il n’est pas parfaitement conservé, mais le temps n’a pas effacé l’heureuse empreinte de la grâce. Cette toile représente la Vierge et l’enfant Jésus, au moment où il hésite entre le sein maternel et quelques poires que lui présente un petit ange. Ainsi donc c’est un sevrage du Christ. L’idée me semble d’une extrême délicatesse, la composition, animée, heureuse, et naturelle, l’exécution, charmante. Cela rappelle d’abord les fiançailles de sainte Catherine, et l’on y reconnaît, à n’en pas douter, la main du Corrége.
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Sur la route, du 4 au 6 juin.

Comme je voyage seul cette fois, j’ai tout le temps de revenir sur les impressions des derniers mois, et je le fais avec beaucoup de plaisir. Cependant je reconnais bien souvent des lacunes dans mes observations. Si le voyage semble à celui qui l’a fait, passer d’un même cours, et se présente à l’imagination comme une suite continue, on sent toutefois qu’il est impossible d’en donner une juste idée. Le narrateur doit tout présenter isolément : comment cela formerait-il un ensemble dans l’esprit de ceux qui l’écoutent ? Aussi ai-je appris avec infiniment de plaisir par vos dernières lettres que vous vous occupez assidûment de l’Italie et de la Sicile ; que vous lisez des récits de voyages et que vous étudiez des gravures : l’assurance que mes lettres y gagnent m’est un grand soulagement. Si vous l’aviez fait ou si vous me l’aviez dit plus tôt, j’aurais montré encore plus de zèle. En réfléchissant que j’ai été devancé par des hommes distingués, comme Bartels, Mùnter, des architectes de divers pays, lesquels assurément poursuivaient des desseins extérieurs avec plus de soin que moi, qui n’avais en vue que les plus intimes, je me suis souvent tranquillisé, quand j’étais forcé de reconnaître l’insufOsance de mes efforts.

Si, en général, un homme ne doit être considéré que comme un supplément de tous les autres, et, s’il ne paraît jamais plus utile et plus aimable que lorsqu’il se donne pour tel, cela est surtout vrai des récits de voyages et des voyageurs. L’individualité, les vues, les temps, les circonstances favorables et défavorables, tout se présente diversement pour chacun. Si je connais les devanciers d’un voyageur, je le goûterai à son tour, je profiterai de lui, j’attendrai son successeur, auquel je ferai aussi un bon accueil, lors même que, dans l’intervalle, j’aurai eu le bonheur de visiter moi-même le pays.
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Rome, 2 février 1787
Il faut s’être promené dans Rome au clair de lune, pour concevoir la beauté d’un pareil spectacle. Tous les détails sont effacés par les grandes masses d’ombre et de lumière ; l’ensemble et les plus grands objets se présentent seuls aux regards.
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Frascati, 2 octobre 1787.

Il faut que je me hâte de commencer une petite lettre, afin que vous puissiez la recevoir à temps. A proprement parler, j’ai beaucoup et j’ai peu de choses à dire. Je dessine sans cesse en rêvant à mes amis. J’ai recommencé à sentir vivement, ces derniers jours, le mal du pays, et peut-être précisément parce que je me trouve fort bien et que je sens néanmoins l’absence de ce qui m’est le plus cher.

Vous n’imaginez pas combien il m’a été avantageux et pénible en même temps de passer toute cette année absolument au milieu de personnes étrangères, d’autant plus que Tischbein, soit dit entre nous, n’a pas répondu à mes espérances. C’est vraiment un excellent homme, mais pas aussi net, aussi naturel, aussi ouvert que ses lettres. Je me bornerai à vous décrire son caractère de vive voix, pour ne pas lui faire tort. Et que signifient les descriptions ? Le caractère d’un homme, c’est sa vie. J’ai maintenant l’espérance de posséder Kayser. Ce sera pour moi une grande joie. Fasse le ciel que rien ne vienne à la traverse !

Vous demandez, mes amis, que je vous parle de moi : vous voyez que je n’y manque pas. Quand nous serons réunis, j’aurai bien des choses à vous dire. J’ai eu l’occasion de réfléchir beaucoup sur moi et sur les autres, sur le monde et sur l’histoire, et je vous présenterai, à ma manière, sinon des choses nouvelles, du moins de bonnes choses. Tout cela se trouvera compris et renfermé dans WUhelm Meister,

Moritz a été jusqu’à présent ma société la plus chère, et pourtant j’ai craint et je crains même encore qu’il ne devienne avec moi plus habile seulement, sans devenir plus sage, meilleur et plus heureux. Cette crainte me détourne toujours de m’ouvrir à lui tout à fait.

En général, je me trouve fort bien de vivre avec beaucoup de gens. J’observe le caractère et la conduite de chacun. L’un joue son jeu et non pas l’autre ; l’un fera son chemin, l’autre aura de la peine à le faire ; l’un recueille, l’autre disperse ; à l’un tout suffit, à l’autre rien ; l’un a du talent et ne l’exerce pas, l’autre n’en a point et travaille sans relâche. Je vois tout cela, et moi au milieu ; cela m’amuse, et, comme tout ce monde m’est étranger, que je ne lui dois compte de rien, je n’éprouve jamais de mauvaise humeur. C’est seulement, mes chers amis, quand chacun agit à sa manière, en exigeant encore que l’on forme un ensemble, qu’on le maintienne, et surtout en voulant l’exiger de moi, c’est alors qu’il ne reste plus qu’à fuir ou à devenir fou.
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Naples, 30 mai 1787.

Cette nuit, en me promenant par la ville, je suis arrivé au Môle. Là j’ai vu d’un coup d’œil la lune, sa clarté sur les franges des nuages, son reflet, doucement agité dans la mer, plus brillant et plus vif sur la cime des vagues les plus proches, puis les étoiles du ciel, les lampes du fanal, le feu du Vésuve, son reflet dans la mer et beaucoup de lumières isolées, éparses sur les vaisseaux. J’aurais voulu voir un thème si varié exécuté par van der Neer.
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Mercredi 16 mai 1787.

Nous avons passé de la sorte l’après-midi, sans avoir pénétré, selon nos désirs, dans le golfe de Naples. Nous avons été poussés toujours plus vers l’ouest ; le vaisseau s’approchait de Capri et s’éloignait sans cesse davantage du cap Minerve. Tous les passagers étaient impatients et fâchés ; mais nous deux, qui observions le monde avec l’œil du peintre, nous pouvions être fort satisfaits. Au soleil couchant, nous avons joui de l’aspect le plus admirable qui se soit offert à nous dans tout le voyage. Devant nos yeux s’allongeait le cap Minerve, brillamment coloré ainsi que les montagnes voisines, tandis que les rochers qui s’étendent au sud avaient déjà pris un ton bleuâtre. Depuis le cap, toute la côte s’illuminait jusqu’à Sorrente. On apercevait le Vésuve, surmonté d’une masse énorme de vapeurs, dont une longue traînée s’avançait vers l’est, et pouvait nous faire présumer une violente éruption. A gauche, Capri se dressait vers le ciel ; nous pouvions distinguer parfaitement à travers la vapeur transparente et bleuâtre les formes de ses rochers. Sous un ciel parfaitement pur et sans nuages, brillait la mer à peine agitée, et qui, dans le silence absolu du vent, finit par se déployer devant nous comme un étang limpide. Nous étions enchantés. Kniep s’affligeait de ce que tout l’art du coloriste ne suffisait pas à reproduire cette harmonie, tout comme le plus fin crayon anglais n’était pas suffisant, dans la main la plus exercée, pour retracer ces lignes. Mais moi, persuadé qu’un souvenir bien moins fidèle que ne pourrait le reproduire cet habile artiste serait infiniment précieux dans l’avenir, je l’ai exhorté à faire un dernier effort de l’œil et de la main ; il s’est laissé persuader, et il a exécuté un de ses dessins les plus exacts, qu’il a ensuite colorié, donnant la preuve que le pinceau du peintre pouvait l’impossible. Nous avons observé d’un œil aussi curieux le passage du jour à la nuit. Capri était maintenant devant nous, tout à fait ténébreuse, et, à notre grande surprise, le nuage du Vésuve, tout comme les nuages traînants, s’enflammait de plus en plus ; nous vîmes enfin dans le fond de notre tableau une étendue considérable de l’atmosphère illuminée et même jetant des éclairs.

En présence d’une si belle scène, nous n’avions pas remarqué qu’un grand mal nous menaçait, mais le mouvement qui se fit parmi les passagers nous en instruisit bientôt. Plus au fait que nous des aventures de mer, ils faisaient au capitaine et à son pilote des reproches amers d’avoir, par leur inhabileté, manqué le détroit et mis en danger de périr les personnes et les biens qui leur étaient confiés. Nous demandâmes la cause de cette inquiétude, car nous ne pouvions comprendre que, par un calme parfait, on eût quelque malheur à craindre. Et c’était ce calme justement qui désespérait tout le monde. « Nous sommes déjà, disaient-ils, dans le courant qui tourne autour de l’île, et qui, par un singulier mouvement des flots, aussi lent qu’irrésistible, nous entraîne vers les rochers escarpés, où ne se trouve pas un pied de saillie, pas une anse pour nous sauver. » Attentifs à ces discours, nous considérâmes notre sort avec horreur. En effet, quoique la nuit ne permit pas de distinguer le péril croissant, nous observions que le navire, se berçant, et balançant, s’approchait des rochers, qui se dressaient toujours plus sombres devant nous, tandis qu’un léger crépuscule s’étendait encore sur la mer. On ne pouvait pas remarquer dans, l’atmosphère le plus faible mouvement. Chacun déployait et levait en l’air des mouchoirs et de légers rubans, mais il ne se manifestait aucun signe d’un souffle désiré. La foule était toujours plus bruyante et plus tumultueuse. Les femmes n’étaient pas à genoux en prières sur le pont avec leurs enfants, l’espace étant trop étroit pour qu’il fût possible de s’y remuer, elles étaient couchées côte à côte. Plus encore que les hommes, qui étaient assez sages pour songer aux moyens de salut, les femmes invectivaient et maudissaient le capitaine. On lui jetait à la face toutes les critiques qu’on avait faites à part soi pendant tout le voyage, le prix fort cher qu’il faisait payer pour un étroit espace et une mauvaise nourriture, enlin sa conduite, non pas malhonnête, mais mystérieuse. Il n’avait rendu compte à personne de ses actions, et, même le dernier soir, il avait gardé un silence obstiné sur ses manœuvres. Ils n’étaient plus, lui et le pilote, que des marchands venus on ne sait d’où, qui, sans connaissance de la navigation, avaient su, par simple cupidité, se procurer un vaisseau, et qui, par leur incapacité et leur ineptie, causaient la perte de toutes les personnes qui s’étaient confiées en eux. Le capitaine se taisait et semblait toujours s’occuper de notre salut. Pour moi qui, dès mon jeune âge, avais trouvé l’anarchie plus odieuse que la mort, il me fut impossible de me taire plus longtemps. Je m’avançai et je parlai à ces gens à peu près avec le même calme qu’aux oiseaux de Malsesine. Je leur représentai que, dans ce moment, leur vacarme et leurs cris troublaient l’oreille et l’esprit de ceux sur qui reposait notre unique espérance de salut, en sorte qu’ils ne pouvaient ni réfléchir ni s’entendre l’un l’autre. « Pour ce qui vous regarde, m’écriai-je, rentrez en vous-mêmes et adressez votre fervente prière à la Mère de Dieu, qui seule peut, s’il lui plaît, intercéder auprès de son Fils, afin qu’il fasse pour vous ce qu’il fit autrefois pour ses apôtres sur le lac de Tibériade, quand les flots s’élançaient déjà dans la barque et que le Seigneur dormait ; et cependant, quand les désespérés l’éveillèrent, il ordonna sur-le-champ au vent de s’apaiser, comme il peut maintenant lui commander de se mettre en mouvement, si d’ailleurs telle est sa sainte volonté. »

Ces paroles produisirent le meilleur effet. Une des femmes, avec laquelle je m’étais entretenu auparavant sur des sujets moraux et religieux, s’écria : Ah ! il Barlamè ! benedctto il Barlamé ! En effet, déjà tombées à genoux, elles commencèrent à réciter leurs litanies avec une ferveur extrordinaire. Elles pouvaient le faire avec d’autant plus de tranquillité, que l’équipage essayait encore un moyen de salut, qui du moins frappait les yeux. On avait mis à la mer la chaloupe, qui ne pouvait contenir que six à huit hommes ; on l’attacha par une longue corde au vaisseau, que les matelots tiraient à eux à force de rames. On crut un moment qu’ils le faisaient mouvoir dans le courant, et l’on espérait l’en voir bientôt dégagé. Mais, soit que ces efforts augmentassent la résistance du courant, soit par toute autre cause, la chaloupe et les hommes qui la montaient furent avec la longue corde rejetés circulairement vers le navire, comme la mèche d’un fouet, quand le cocher en a porté un coup. C’était encore une espérance évanouie !

La prière et les gémissements se succédaient tour à tour, et, pour rendre la situation plus affreuse, sur le haut des rochers, les chevriers, dont on avait vu les feux depuis longtemps, criaient d’une voix sourde qu’un navire échouait là-bas. Ils s’adressaient les uns aux autres bien des paroles intelligibles, et quelques passagers, qui connaissaient leur langage, croyaient comprendre qu’ils se réjouissaient du butin qu’ils espéraient pêcher le lendemain. On voulait douter encore que le vaisseau approchât réellement des rochers et fût dans une situation si menaçante, mais ce doute fut bientôt levé, quand l’équipage s’arma de longues perches pour écarter le navire des rochers, si l’on en venait à cette extrémité, jusqu’à ce que ces perches elles-mêmes fussent aussi brisées, et que tout fût perdu. Le vaisseau balançait toujours plus fort ; le ressac paraissait augmenter ; le mal de mer me reprit et me força de descendre dans la cabine. A moitié étourdi, je me couchai sur mon matelas, avec une sensation qui avait un certain charme, dérivé peut-être du lac de Tibériade : car j’en voyais flotter devant moi l’image, telle que nous la présente la Bible illustrée de Merian. Ainsi la force des impressions morales et sensibles à la fois ne se déploie jamais avec plus d’énergie que quand l’homme est entièrement refoulé sur lui-même. Je ne saurais dire combien de temps je passai dans ce demi-sommeil, mais je fus réveillé par un grand vacarme qui se faisait sur ma tête. Je pus entendre distinctement que c’étaient les cordages qu’on traînait sur le pont, et j’en conclus qu’on faisait usage des voiles. Au bout d’un moment, Kniep accourut fet m’annonça que nous étions sauvés. Il s’était levé un léger souffle de vent ; on était occupé dans ce moment à déployer les voiles ; il n’avait pas manqué de mettre lui-même la main à l’œuvre. Déjà on s’éloignait du rocher sensiblement, et, quoiqu’on ne fût pas encore tout à fait hors du courant, on espérait pourtant de le surmonter. Sur le pont tout était tranquille. Bientôt plusieurs passagers survinrent ; ils annoncèrent l’heureux événement et se couchèrent.

A mon réveil, le quatrième jour de notre traversée, je me trouvai sain et dispos comme je l’avais été après le même intervalle dans notre passage en Sicile, en sorte que, dans une plus longue navigation, j’aurais probablement payé mon tribut par un malaise de trois jours. Je voyais du pont avec plaisir l’ile de Capri, que nous laissions de côté à une assez grande distance, et notre vaisseau dans une direction telle que nous pouvions espérer d’entrer dans le golfe, ce qui eut lieu en effet bientôt après. Alors nous eûmes le plaisir, après une nuit pénible, d’admirer sous un jour opposé les mêmes objets qui nous avaient ravis la veille. Bientôt nous laissâmes derrière nous cette île de rochers si dangereuse.

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Fondi, 23 février 1787.


Nous étions en route à trois heures du matin. Au point du jour nous nous sommes trouvés dans les marais pontins, qui ne sont point aussi tristes à voir qu’on les représente d’ordinaire à Rome. On ne peut juger en passant une aussi grande et aussi longue entreprise que celle du dessèchement projeté ; mais il me semble que les travaux ordonnés par le pape atteindront, du moins en grande partie, le but désiré. Qu’on se représente une large vallée, qui s’étend du nord au sud avec une faible pente, trop profonde à l’est du côté des montagnes, mais trop élevée à l’ouest du côté de la mer. Sur toute la longueur, en ligne droite, est l’antique Voie Appienne restaurée : à sa droite est creusé le canal principal par où l’eau s’écoule doucement. Par ce moyen, les terres situées à droite, du côté de la mer, sont desséchées et livrées à l’agriculture. Aussi loin que la vue peut s’étendre, la terre est cultivée ou pourrait l’être, à l’exception de quelques endroits trop bas, s’il se trouvait des fermiers. Le côté gauche, qui confine aux montagnes, offre de plus grandes difficultés. Des canaux de traverse donnent, par dessous la chaussée, dans le grand canal ; mais la pente du sol incline vers les montagnes, et ce moyen ne peut suffire à le délivrer de l’eau. On veut, dit-on, ouvrir un second canal le long des montagnes. De grands espaces, surtout vers Terracine, sont parsemés de saules et de peupliers,
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Munich, 6 septembre 1786.

Je suis parti de Ratisbonne le 5 septembre à midi et demi. Depuis Abach, où le Danube se brise contre des rochers calcaires, le pays est beau jusque vers Saal. Le calcaire est compacte, mais généralement poreux, comme à Osteroda, dans le Harz. A six heures du matin, j’étais à Munich. Après m’être promené pendant douze heures, je vais faire un petit nombre d’observations. Je me suis trouvé dépaysé dans la galerie de peinture. Il faut que mes yeux reprennent l’habitude de« voir des tableaux. I1 y a des choses excellentes. Les esquisses de Rubens, de la galerie du Luxembourg, m’ont fait un grand plaisir. Ici se trouve un précieux joujou, le modèle de la colonne Trajane. Le fond est en lapis-lazuli, les figures sont dorées. C’est, à tout prendre, un beau travail, et l’on s’y arrête volontiers. J’ai pu remarquer dans la salle des antiques que mes yeux ne sont pas exercés à ces objets. Aussi n’ai-je pas voulu m’y arrêter et perdre mon temps. Bien des choses ne me plaisaient point, sans que je puisse dire pourquoi. Un Drusus a fixé mon attention ; deux Antonins m’ont plu, avec quelques autres choses encore. En somme, les objets ne sont pas heureusement placés, quoiqu’on ait voulu en faire montre, et la salle, ou plutôt la voûte, offrirait un bel aspect, si elle était plus propre et mieux entretenue. J’ai trouvé dans le cabinet d’histoire naturelle de belles choses du Tyrol, que je connaissais déjà, que je possède même en petits échantillons.
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