Franchement, je suis fan de ce format, j'adore les novellas gothiques. Une longueur que je trouve particulièrement bien adaptée pour le genre, même si ça paraît trancher avec les grands textes gothiques qui sont souvent déclinés en saga ou du moins se révèlent être d'assez beaux pavés. Mais le côté court-long de la novella donne l'impression de jeter un regard dans l'histoire, d'en voir suffisamment pour apprécier le contenu, tout en captant par sous-entendus, allusions et métaphores ce qui se faufile dans l'ombre des lignes. C'est un peu comme une fenêtre laissée entrouverte le temps d'une soirée nuageuse. Et si vous ne savez pas quoi lire un soir d'Halloween ou même d'été à la belle étoile, penchez-vous sur cette collection et vous ne serez pas déçu du voyage.
Miranda, c'est une histoire de fantôme et de vieille maison. Ça peut paraître réducteur comme ça mais c'est au contraire ce qui fait son charme, par la manière dont cela est mis en oeuvre.
Miranda est une adolescente qui vit dans la demeure familiale, seule depuis le départ de sa mère. Elle attend son retour, ne sait plus depuis combien de temps. Elle assiste à l'arrivée de nouveaux arrivants, qui viennent et repartent, qu'elle tente de chasser de chez elle. Eux le constatent, ils se passent des choses étranges avec cette maison au milieu de nulle part. Et un jour c'est la famille d'Allen qui s'installe. Allen, pour qui le coeur de
Miranda semble battre plus fort. Mais il ne la voit pas. Alors, elle va tout faire pour que ce soit le cas, sans laisser personne le détourner d'elle. Mais avec cette obsession, les souvenirs apparaissent eux aussi, et le Monstre.
En découvrant
Miranda dans ce texte, on découvre aussi ce qu'elle cache, aux autres et surtout à elle-même. Des souvenirs enfouis, refoulés et mutés loin dans son esprit, et qu'elle s'efforce de garder là pour ne pas avoir à leur faire face. Et avec Allen, elle croit avoir enfin trouver celui qu'elle attendait, celui qui la verrait, l'aimerait et règlerait tous ses problèmes. Mais elle est tellement détachée de la réalité qu'encore une fois, elle s'aveugle elle-même, encore et encore.
Tout ce qui est construit en si peu de pages autour du déni et de la solitude, c'est puissant et amené avec une sorte de délicatesse douce-amère qui ne laisse pas indifférent et qui convient tellement bien à ce type d'atmosphère. Il y a beaucoup de choses dans ce récit, mais ses 120 pages ne m'ont pas laissé sur ma faim. Ce n'est pas trop peu ou pas assez, le juste équilibre entre le dit, le sous-entendu et le non-dit est bien là et il est particulièrement appréciable.
Avec cette novella,
Nina Gorlier revoit très justement et avec beaucoup d'originalité le topos de la maison hantée.
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